En septembre 2019, Richard Stallman démissionnait de ses fonctions de président et de membre du conseil d'administration (CA) de la Free Software Foundation (FSF). De nombreux médias ont couvert la controverse qui a mené à cette décision, à l'époque acceptée par le CA de la FSF, qui est cependant resté silencieux sur la controverse elle-même. Le dimanche 21 mars dernier, à la surprise de pratiquement tout le monde, Richard Stallman annonçait publiquement qu'il était de retour au conseil d'administration de la FSF. Aucune explication de la décision du CA de la FSF n'accompagnait l'annonce.
Une vive polémique éclate au grand jour des suites de cette affaire, avec notamment depuis le 23 mars deux lettres ouvertes opposées, l'une demandant le départ de Richard Stallman et la démission de tout le CA de la FSF, l'autre demandant de résister à cette demande.
Bien que FACiL soit une organisation distincte de la FSF, nous nous sentons interpellés par l'affaire du retour de Richard Stallman. En effet, vu le rôle pionnier et central de la FSF, la décision de son CA de réintégrer Richard Stallman en son sein a un impact sur l'ensemble des communautés du logiciel libre de la planète.
Mal communiquée, l’annonce par Richard Stallman de sa réintégration a eu pour effet d’envoyer un mauvais signal sur l’importance que la FSF (et indirectement l’ensemble du mouvement pour le logiciel libre) accorde aux enjeux d’inclusion sociale, notamment l’inclusion des femmes. Ces enjeux doivent impérativement être pris au sérieux par l’ensemble du mouvement pour le logiciel libre. Un grand nombre de membres du mouvement exige, avec raison selon nous, un positionnement clair et indéfectible en faveur d’un meilleur accueil de toutes les formes de la diversité dans nos communautés.
La réintégration de cette personne controversée au sein du CA, sans explication ou positionnement sur la controverse qui l’a incitée à s’en retirer, ne nous permet pas de croire que la FSF prend au sérieux ces enjeux.
La «déclaration préliminaire» de la FSF, diffusée le 25 mars à minuit et qui porte uniquement sur sa «gouvernance interne», ne fait malheureusement rien pour indiquer une réelle volonté de changement.