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FreeCAD 1.0

FreeCAD est sorti le 18 novembre 2024 en version 1.0 (voir l'annonce officielle et sa vidéo associée). Cette sortie est marquée par une amélioration majeure : l'atténuation du problème de dénomination topologique.

Nouveau logo FreeCAD

Sommaire

La dernière dépêche sur FreeCAD remonte à avril 2021 pour la sortie de la version 0.19. Depuis, il y a eu les versions 0.20 (juin 2022) et 0.21 (août 2023). Cette version 1.0 a porté le nom de 0.22 pendant son développement.

Qu'est-ce que FreeCAD ?

Exemple 1 utilisation

Extrait de wiki.freecad.org :
FreeCAD est un modeleur paramétrique de CAO 3D open source sous licence LGPL. FreeCAD est destiné à l'ingénierie mécanique et à la conception de produits mais — étant très générique — il s'adapte également à une gamme plus large d'utilisations autour de l'ingénierie, telles que l'architecture, l'analyse par éléments finis, l'impression 3D et d'autres tâches.

FreeCAD propose des outils similaires à CATIA, SolidWorks, Solid Edge ou Revit et entre donc également dans la catégorie CAO, GCVP, CFAO, IAO et BIM. Il s'agit d'un modélisateur paramétrique basé sur les caractéristiques d'une architecture logicielle modulaire qui permet de fournir des fonctionnalités supplémentaires sans modifier le système de base.

FreeCAD est aussi multiplateforme. Il fonctionne sous Windows, Linux/Unix et macOS avec la même apparence et les mêmes fonctionnalités sous toutes les plateformes.

Historique

La toute première version de FreeCAD est sortie en 2002. FreeCAD est développé en C++, Qt et Python et son cœur repose sur les bibliothèques OpenCASCADE (ou OCCT) spécialisées dans la CAO.

Son développement est assuré par un large panel de contributeurs : certains sont historiques, d'autres sont spécialisés sur un aspect particulier et beaucoup sont plus ou moins occasionnels.

Les versions se sont enchaînées à un rythme quasi annuel, apportant moult améliorations et fonctionnalités nouvelles.

En 2021, quelques contributeurs historiques fondent la FreeCAD Project Association (FPA) qui est un organisme indépendant à but non lucratif pour collecter des dons et apporter un soutien au développement du projet.
Ce soutien passe notamment par leur programme "FreeCAD Grant Program", qui permet d'embaucher ou de récompenser des personnes pour des projets spécifiques. Ce programme a un budget de 50k$ pour l'année 2024. A titre d'exemple récent, 500$ ont été octroyés pour une étude sur les runners CI de Github, 1000$ pour un gros travail de correction de bugs, et enfin 500$ pour la création d'une vidéo sur les nouvelles fonctionnalités de cette version 1.0.

FreeCAD bénéficie d'une communauté impliquée permettant notamment d'avoir une documentation complète, à jour et traduite dans de nombreuses langues.

Le problème de dénomination topologique

C'était un des points noirs de FreeCAD jusqu'à cette version 1.0.
Il faut imaginer que dans ce logiciel, la modélisation d'une pièce (dans le sens objet physique) passe par une suite d'opérations mathématiques et géométriques en définissant à chaque fois des contraintes ou des paramètres. Une opération est par exemple la création d'un trou borgne de 5 mm sur telle face à 10 mm des bords haut et gauche. Un autre exemple est d'ajouter une « languette » sur telle face cylindrique. Ou bien d'ajouter un chanfrein de 2 mm sur telle arête, etc.

Ainsi, petit à petit, la pièce modélisée se construit, prend forme, se détaille et se complexifie.

Cet historique de ces opérations successives est toujours présent et modifiable. À tout moment, il est possible de modifier une des étapes intermédiaires.

D'un point de vue technique, vous aurez sans doute compris que chaque opération s'applique à un élément précis et existant de la pièce à ce moment-là (une face ou une arête par exemple). Dans FreeCAD ces éléments ont tous un identifiant unique (Face6, Edge9, etc.), continu et incrémental. Si l'objet a 13 faces à une des étapes, les faces seront numérotées de Face1 à Face13. Chaque opération est rattachée à l'identifiant de l'élément (Face5 par exemple).

Et le problème se situe à ce niveau : lors d'une modification d'une étape intermédiaire, il arrive souvent que cela change la géométrie globale de la pièce et donc que les nombres de faces ou d'arêtes augmentent ou diminuent. Et FreeCAD réattribue alors ces identifiants uniques aux différents éléments.
Ainsi, si l'objet passe de 13 à 11 faces, c'est l'ensemble des faces qui vont recevoir un nouvel identifiant dans la plage Face1 à Face11, avec un très fort risque qu'une face, pourtant non touchée par la modification, porte un identifiant différent.

Et vous voyez le problème arriver : si une des opérations suivantes dans l'historique était de faire un perçage sur la Face6 qui est maintenant devenue la Face3… Toute la modélisation part en vrille.

Ce problème de dénomination topologique est documenté sur le wiki de FreeCAD : problème de dénomination topologique.

Pour éviter cela, il était conseillé de suivre un ensemble de bonnes pratiques de modélisation sous FreeCAD : Édition de fonctions. Il faudra certainement suivre l'évolution de cette page avec cette sortie.

Cette version 1.0 marque donc l'intégration de codes correctifs de cette problématique. Les notes de version indiquent tout de même que tout n'est pas résolu, et qu'il y aura d'autres améliorations dans les prochaines versions. Cette petite vidéo en anglais vous montre la différence de comportement entre la version 0.21 et 0.22dev (qui a servi de base à la 1.0).

Les autres améliorations

Un outil d'assemblage par défaut avec solveur dynamique

Le terme assemblage désigne la fonctionnalité de regrouper plusieurs éléments afin d'obtenir un objet fonctionnel. Ce peut être, par exemple, une boîte constituée d'un couvercle sur charnières maintenues par des vis avec des rangements amovibles à l'intérieur. Ou bien un moteur thermique avec ses carters, vilebrequin, bielles, pistons, soupapes, etc. Il est parfois utile de pouvoir fournir des indications de positionnement et/ou de liberté des éléments entre eux, et de pouvoir animer le tout.
Ces opérations d'assemblage n'étaient pas intégrées dans FreeCAD avant la version 1.0. Elles étaient néanmoins possibles grâce aux ateliers. Plusieurs ont été créés pour cela avec chacun leurs spécificités et leurs approches mais aussi une incompatibilité entre eux : A2plus, Assembly3 ou Assembly4.
Cette version 1.0 propose un nouvel atelier mais intégré par défaut. Il a été mis au point par la société Ondsel (voir plus bas). Il est encore jeune, et il est encore trop tôt pour savoir s'il finira par s'imposer par rapport à l'existant déjà en place. Un tutoriel concernant l'atelier d'assemblage est d'ores et déjà disponible pour une introduction à cette nouvelle fonctionnalité de la v1.0.

L'atelier sketcher amélioré

Cet atelier permet de dessiner les esquisses techniques utilisées dans la conception mécanique. C'est dans celui-ci que sont dessinés les « plans 2D » avec les cotes et les contraintes dimensionnelles et spatiales. Cette version apporte un nombre conséquent d'améliorations et de nouvelles fonctionnalités rendant son utilisation plus facile, plus puissante et plus rapide. Le mieux est de regarder les notes de version animées.

Les ateliers Arch et BIM sont morts, vive la prise en charge native du format ouvert IFC

Si le titre est cryptique, c'est que l'on parle de BTP et d'outils destinés aux équipes de Maîtrise d'Œuvre impliquées dans la conception d'une opération construction (Architectes, Bureaux d'Études). Comme ce n'est pas forcément le lot commun des visiteurs de LinuxFr.org, résumons la situation:

  • L'atelier Arch, pour Architecture, exploite depuis longtemps les capacités de création 3D de FreeCAD pour dessiner facilement, fondations, murs, planchers, fenêtres, portes etc. Cet atelier se basait sur le format natif des fichiers FreeCAD, *.FcStd.

  • Dans l'atelier BIM (pour Building Information Model <= l'article Wikipedia_FR est bien écrit pour qui veut comprendre l'essentiel), on retrouve un certain nombre d'outils de dessin et de création d'objets qui s'avèrent redondants pour certains avec ceux de l'outil Arch tout en implémentant les paradigmes bien plus vastes qu'induit l'approche BIM d'un projet de construction <=> pas uniquement de la géométrie, mais aussi du prix, des données mécaniques, physiques, des fiches produit, du planning …

  • L'approche BIM tend à se généraliser dès lors que la complexité et le coût du projet le justifient. Elle repose (en théorie) sur un format d'échange IFC (pour Industry Foundation Class).
    Il est ouvert et au format texte.
    Oui avec vim, c'est possible de bidouiller ;)
    mais un fichier IFC fait rapidement quelques centaines de Mo voire quelques Go …

L'Association "Building Smart" en définit les caractéristiques. Tous les logiciels sur le marché savent ouvrir et exporter dans ce format, à la norme IFC 2.3 ad minima et IFC 4.2 voire 4.3 pour les up to date.

L'atelier BIM de FreeCAD utilisait jusqu'à présent IfcOpenShell, une application tierce Open Source pour convertir un fichier du format *.ifc vers du *.FcStd en passant (sans doute) par du OpenScad dans le processus.

Titre de l'image
Une image qui devrait parler au LinuxFrien (!) pour la classe IFC Material-Constituent-Set,

Pour la version 1.0 de FreeCAD, Yorik Van Havre, développeur historique de FreeCAD, (par ailleurs, architecte et Président la FreeCAD Project Association) a entrepris de fusionner ces deux ateliers, d'en faire une fonctionnalité native de FreeCAD, c'est-à-dire qui se passe du vaillant IfcOpenShell (grâce notamment au travail fait sur Blender-Bim) pour que FreeCAD puisse ouvrir et enregistrer directement au format IFC sans conversion inutile.

L'atelier FEM

Cet atelier d'analyse par éléments finis comporte également des améliorations considérées comme majeures avec cette version 1.0, détaillées dans un article de blog sur l'atelier FEM de FreeCAD.

Les avancées majeures sont liées à la prise en charge de fonctionnalités de CalculiX, un des solveurs utilisés par cet atelier : symétrie cyclique, analyses 2D et contraintes de corps rigide.

Le reste

Comme à chaque nouvelle version, beaucoup de choses ont été apportées, que ce soit dans l'interface, ou dans la plupart des ateliers intégrés. Les notes de version de la v1.0, comme très souvent détaillées en images, permettent de voir l'évolution de ce logiciel.

FreeCAD a également annoncé son nouveau logo, choisi après un appel à concourir auprès de la communauté (lien). Le logo en SVG est disponible sur cette page.

L'essai commercial d'Ondsel

Outre la création en 2021 de l'association FPA (voir plus haut), d'autres développeurs, notamment Brad Collette, mainteneur de longue date de l'atelier Path et auteur de deux livres sur FreeCAD, ont créé début 2023 la société américaine ONDSEL sous la forme d'une Public Benefit Corporation (PBC) qui pourrait se traduire par « une entreprise d'intérêt pour la société ». Malheureusement, après environ 2 ans, Brad Collette informe de l'arrêt de la société ONDSEL, faute d'avoir trouvé un marché.

La société voulait s'appuyer sur FreeCAD pour « apporter des fonctionnalités commerciales qui rendent FreeCAD plus utile aux utilisateurs commerciaux ». (Source)

Pour cela, ONDSEL a produit sa propre version de FreeCAD avec ses propres choix esthétiques et ergonomiques, et a fourni un cloud pour simplifier le travail en équipe et le partage.
À noter qu'ONDSEL indiquait soumettre ses améliorations à FreeCAD pour intégration et que son cloud était disponible sous forme de module dans FreeCAD. Ces améliorations se retrouvent dans cette version 1.0 de FreeCAD, notamment le nouvel outil intégré d'assemblage ainsi que les très nombreuses nouvelles fonctionnalités de l'atelier Sketcher.

La société ONDSEL avait détaillé sa relation avec le projet FreeCAD indiquant notamment leur mode de collaboration. Ils avaient également un blog en anglais intéressant, où ils abordent plusieurs thématiques, notamment sur l'évolution de CATIA ou bien la liste des nouveautés agrémentée de nombreuses animations.

Dans l'annonce de cet arrêt, Brad Collette revient également sur ce qu'ils ont apporté au projet FreeCAD. Tout ce qu'ils ont développé était en open source et déjà intégré pour la plupart à FreeCAD. Les fondateurs d'ONDSEL continueront de contribuer au projet directement.

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Thorium Reader, un logiciel open-source permettant de visualiser et lire des E-Books

17 novembre 2024 à 13:20

Thorium Reader est un logiciel gratuit et open-source (licence BSD 3) développé par EDR Lab permettant de visualiser les livres électroniques au format EPUB 3 sur Windows, Mac et GNU/Linux avec les DRM d'Adobe et les DRM françaises LCP et de lire les livres audio au format MP3.

Les DRM LCP sont utilisées notamment par les bibliothèques et médiathèques françaises et suisses, dans le cadre du Prêt Numérique en Bibliothèque (PNB). Elles sont considérées plus avantageuses pour les éditeurs, car elles évitent de payer les tarifs américains d'Adobe DRM. Les DRM Readium LCP ont été conçues par Readium Foundation, les spécifications sont publiques et existent en tant que ISO/IEC 23078-2:2024.

Thorium Reader permet de naviguer dans les catalogues OPDS. Côté accessibilité « les personnes incapables de lire les textes imprimés bénéficient désormais d'une application de lecture EPUB 3 qui prend en charge les lecteurs d'écran tels que Jaws et NVDA sur Windows, Voice Over sur Mac » (ainsi que Narrator qui fait partie de Windows 11).

Le logiciel est traduit dans 25 langues. Techniquement il repose sur typescript, electron, reactjs, redux, saga et i18next.

Le site Web d'EDRLab nous apprend que c'est une organisation à but non lucratif.

Son budget provient essentiellement de nos membres. EDRLab a démarré en France, mais compte désormais 60 membres en Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie. Le financement du projet vient des membres fondateurs (Editis, Hachette Livre, Madrigall, Médias-Participations, Cercle de la Libraire, Syndicat national de l'Édition), de subventions publiques françaises (CNL (Centre National du Livre), Ministère de la Culture) et de subventions supplémentaires des membres de l'EDRLab intéressés par l'ajout de fonctionnalités spécifiques (Fênix Editorial, Canadian Electronic Library, MLOL / Horizons Limited, Lyrasis).

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Les langues peu documentées et le libre : quelques enjeux scientifiques

Comme beaucoup de domaines scientifiques, la documentation de la diversité linguistique entretient une relation forte avec les mondes du Libre. Dans cette dépêche, je vous propose de découvrir ce domaine à travers la présentation de plusieurs logiciels et ressources libres ou en accès ouvert. La documentation des langues étant un thème peu courant sur LinuxFr.org, on commencera par une présentation de cette problématique. Nous continuerons par une description des deux ressources principales existantes pour cataloguer et se repérer au sein de cette diversité linguistique. Je parlerai ensuite d’ELAN et de FLEX, deux logiciels utilisés pour annoter des enregistrements audio-visuels, une étape clef dans l’analyse linguistique, et qui permet le partage et la réutilisation de ces enregistrements. Enfin, après un court passage sur la question de l’archivage, je présenterai deux compilations de corpus de documentation en accès libre, une pratique récente qui permet de nouveaux questionnements quantitatifs sur les langues orales peu documentées, et qui contribue également à la transparence et la traçabilité des analyses linguistiques.

    Sommaire

    L’étude des langues à travers le monde

    Actuellement, environ 7000 langues ont été recensées à travers le monde. Ce chiffre ne peut être qu’une approximation car, il n’y a pas de consensus sur la définition de ce qu’est une langue. Une difficulté par exemple est de définir à quel moment une langue est distincte d’une autre. Lorsqu’il y a variation, mais intercompréhension, de nombreux linguistes s’accordent à dire qu’il s’agit alors de dialectes d’une même langue, et donc, lorsqu’il n’y a pas intercompréhension, alors il s’agit différentes langues. Cette perspective considère que tout le monde parle un dialecte (que ce soit celui de référence, ou un plus régional comme celui de Paris, de Marseille, du Québec), la langue n’étant qu’une abstraction permettant de regrouper les diverses pratiques langagières. En ce qui concerne l’intercompréhension, ce critère n’est malheureusement pas absolu car elle peut varier selon les personnes et leur parcours personnel. Et lorsqu’on considère l’évolution d’une langue à travers le temps, sa diachronie, définir ce qu’est une même langue à travers ses évolutions temporelles se complexifie d’autant plus.

    Si certaines langues ont émergé récemment, on pense assez souvent aux langues dites créoles (le Bichelamar, les créoles malais, à Madagascar ou au Cap Vert), ou également lorsque certains dialectes se distinguent suffisamment pour ne plus être intercompréhensibles, la tendance actuelle est surtout à la disparition massive des langues. Cette disparition est souvent rapportée à travers la mort des derniers locuteurs et locutrices, on peut aussi considérer qu’une langue meurt lorsqu’elle n’est plus parlée d’une part, et qu’elle disparait si elle n’est pas documentée. Si certains aujourd’hui se questionnent sur la corrélation entre la diversité culturelle et la diversité écologique, il est évident que la disparition des langues correspond également à des inégalités et des tensions socio-politiques.

    Bref, la documentation des langues, c’est un sujet actuel, et d’un point de vue scientifique, la perte de cette diversité aura de tristes conséquences sur la connaissance des langues et de l’univers des possibles languagiers, encore souvent sous-estimé :

    • l’article The myth of language universals : Language diversity and its importance for cognitive science d’Evans donne un bel aperçu du débat qui existe entre les linguistes fonctionnalistes, notamment les approches générativistes telles que proposées par Noam Chomsky. Pourtant, régulièrement à travers la documentation des langues, des catégories cognitives jusque-là non-soupçonnés, voire rejetées car non-observées, sont identifiés. Nous nous sommes rendu compte récemment qu’un quart des langues grammaticalisaient l’emploi d’évidentiels, ces morphèmes qui indiquent la source d’une information. Au niveau de l’odorat, des neurologistes pensaient que si nous n’avions pas de termes abstraits pour catégoriser les odeurs, c’était lié au fait que notre cerveau ne le permettait pas. La description des termes liés à l’odorat en Jahai (par ici si vous souhaitez écouter du Jahai), qui possède donc des termes spécifiques pour catégoriser les odeurs, a montré le contraire.
    • accéder à des facettes non-matérielles de la préhistoire, non-accessibles à travers l’archéologie. La documentation des langues nous permet d’accéder, dans une certaine mesure, aux termes et aux concepts utilisés durant les différentes préhistoires à travers la comparaison des langues et de leurs structures. Les travaux sont nombreux et anciens en ce qui concerne les langues européennes, mais les recherches en linguistique historique (ou comparée) portent également sur toutes les langues connues à travers le monde. Les chercheurs et chercheuses de ce domaine collaborent assez régulièrement avec les archéologues pour retracer les mouvements de population.
    • mettre au point des systèmes d’écriture pour les langues orales, ou simplement des traitements de texte adapté aux écritures existantes. Parfois, certaines personnes savent écrire dans la ou les langues officielles du pays, mais ne connaissent pas d’écriture pour une de leurs langues régionales. C’est ainsi souvent le cas pour les personnes au Vanuatu. Le pays reconnait même le droit d’enseigner les langues locales à l’école, mais il n’existe que très rarement des ressources (que ce soit les personnes ou les manuels) pour cela. Parfois, les gens ne connaissent tout simplement pas de système d’écriture.

    Quelques concepts et termes liés à la documentation des langues

    Comme tout domaine de recherche, la terminologie et les concepts linguistiques évoluent au gré des discussions et peut se distinguer de l’usage attendu des termes. Une étape importante dans la documentation d’une langue est la production d’une grammaire décrivant les structures linguistiques de cette langue. De nombreux linguistes estiment alors qu’on peut dire que cette langue est décrite. Il ne faut pas se tromper cependant, aucun linguiste ne considère qu’une langue est alors complètement décrite. Une grammaire ne contient que quelques aspects estimés actuellement essentielles par les linguistes de terrain. Ces points sont, le plus souvent, une description du système phonologique d’une langue (c’est-à-dire comment les sons d’une langue sont organisés les uns vis-à-vis des autres), des morphèmes et des processus morphologiques associés (la conjugaison, l’expression de la possession, les déclinaisons, les genres, les classifications, etc.) d’une langue et souvent un début de description des processus syntaxiques. Il existe de nombreuses approches pour décrire les faits linguistiques, et la description d’une langue se fait souvent en dialogue avec les pratiques et terminologies qui ont été employées dans l'aire linguistique concernée.

    Depuis l’article Documentary and descriptive linguistics de Nicholaus Himmelman, qui a promu la distinction entre la documentation linguistique et la description linguistique, on accorde beaucoup plus d’importance à la production d’un corpus d’enregistrements annotés. On dit alors d’une langue qu’elle est documentée si des enregistrements annotés, de préférences audio-visuels, de cette langue existe. Enfin, il existe la problématique de l’outillage d’une langue, c’est-à-dire si ses locuteurs et locutrices ont accès ou non aux outils informatisés, du traitement texte aux dictionnaires informatisés en passant par la reconnaissance vocale, la transcription automatique, voire aujourd’hui aux modèles de langues et autres ressources nécessitant des corpus beaucoup plus grands.

    Les catalogues et base de données pour l’identification des langues

    Une problématique récurrente dans le domaine des langues est de clairement identifier la langue sur laquelle on travaille. Cependant, identifier une langue, ce qui relève ou non de cette langue, où elle est parlée, est l’enjeu de nombreux débats, souvent politique, et n’est pas une tâche simple. Quoi qu’il en soit, il existe des ressources, bases de données, qui proposent d’associer à des noms de langues, endonymes ou exonymes, des codes pour rendre leur identification univoque.

    L’Ethnologue et l’ISO 639 : une norme gérée par le Summer Institute of Linguistics (SIL)

    Ethnologue, Languages of the World, ou plus simplement l’Ethnologue, est une base de données développée et maintenu par l’organisme évangélique SIL, Summer Institute of Linguistic depuis 1951. Elle vise à recenser toutes les langues du monde. L’ISO 639 est une norme issue de ce catalogue, également maintenue par le SIL. Cet organisme est très actif au niveau de la documentation des langues et de la création d’écritures, car un de ses objectifs est de traduire la Bible dans toutes les langues du monde. Historiquement, l’Ethnologue est un des premiers catalogues dont l’objet a été de recenser les langues. Si cette norme semble le plus souvent suffisamment exhaustive pour les besoins liés à l’informatique, après tout, les internautes consultent Internet en très peu de langue, d’un point de vue linguistique, il possède de nombreuses lacunes.

    La liste SIL des langues

    Un premier souci est la nécessité d’avoir une granularité plus importante que simplement la langue. Les linguistes travaillent sur des dialectes et des variétés, sur des familles de langues, et parfois ont travaillé sur des distinctions qui n’ont parfois plus cours. Afin de pouvoir associer ces ressources à des langues, ou des entités linguistiques particulières, l’approche du SIL ne suffit pas.

    Enfin, la gestion du catalogue par un organisme religieux, donc avec parfois d’autres enjeux qu’uniquement scientifiques, le fait qu’il s’agisse d’une norme, donc la nécessité de collaborer avec l’ISO, et le fait que seule une partie du catalogue est accessible (il faut un abonnement pour accéder à la totalité de la ressource) rend la ressource moins pertinente pour de nombreux linguistes. Ces limites ont poussé des linguistes à proposer une ressource alternative.

    Glottocode : par le Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology.

    Le projet Glottolog, initialement développé par Sebastian Nordhoff et Harald Hammarström, catalogue non seulement les langues du monde actuelles et passés, les familles de langues et leurs différentes branches, mais également « les restes » des hypothèses de langues ou de regroupements historiques. Cette granularité permet de retrouver les documents associés à chacun de ces objets. Si le catalogue est dédié aux langues moins connues, les langues les plus centrales sont elles aussi répertoriées. Il s’agit actuellement du catalogue mis en avant par les linguistes documentant les langues à travers le monde. L’application Glottolog est disponible via la licence MIT.

    Aperçu du Glottolog à travers la liste des langues

    Si aux premiers abords, la liste des langues du Glottolog ne se distingue pas franchement de celle de l’ISO 639, c’est parce qu’il faut regarder plus en détail pour comprendre les différences essentielles entre les deux ressources. Notons tout de même la colonne « Child dialects » : « Dialectes enfants », et les champs vides au niveau des colonnes Top-level-family et pour la langue Abai Tubu-Abai Sembuak dans la colonne « ISO-639-3 ». La colonne « Child dialects » représente une information qui n’est pas documenté dans l’ISO 639, ce n’est pas son objet après tout, mais qui est intéressant pour les linguistes travaillant sur cette langue, indiquant qu’un minimum de données sociolinguistiques sont disponibles. Les champs vides dans la colonne « Top-level family » sont dus au fait que ces langues sont des isolats, c’est-à-dire que la linguistique comparée ne trouve pas de correspondances significatives entre cette langue et d’autres langues qui permettraient de les regrouper en une famille. Enfin, le vide dans la colonne ISO-963-3 révèle que la langue Abai Tubu-Abai Sembuak ne possède pas d’entrée dédiée dans la norme.

    Ainsi, lorsque l’on consulte une langue en particulière, ici le Nisvai, on voit apparaitre tous les embranchements existants associés à cette langue :

    La langue Nisvai dans le Glottolog

    Cette vue de l’arborescence associée à une langue particulière révèle tous les embranchements auxquels peut⁻être associée une langue. Et à chacun de ces embranchements, si des ressources linguistiques ont été identifiées par les mainteneurs du Glottolog, celles peuvent être proposées. Cette fonction permet aux linguistes de trouver des ressources sur les langues proches, non pas géographiquement (même si en pratique c’est le plus souvent le cas), mais d’un point de vue généalogique.

    Les autres

    Il existe d’autres initiatives pour cataloguer les langues du monde, que ce soit la liste proposée par Wikipedia, la liste de la CIA ou encore The Linguasphere Register, mais ces initiatives ne sont pas aussi pertinentes du point de vue de la documentation des langues.

    Documenter les langues

    ELAN : des schémas d’annotation flexibles

    ELAN est un des logiciels libres (GPL3) les plus utilisés par les linguistes pour annoter des enregistrements audio et vidéo. Il permet d’élaborer des structures d’annotation complexes permettant ainsi de rendre compte des analyses que les linguistes souhaitent associer à un enregistrement. Ces couches d’annotation sont reliées les unes aux autres par des relations logiques, avec le plus souvent une couche de référence indexée temporellement à l’enregistrement. Les annotations les plus courantes sont une transcription, une traduction et une annotation morphologique. Mais des nombreuses autres analyses peuvent être incluses, que ce soit les parties du discours, les références et anaphores, l'animéité, mais aussi les gestes, la structuration du discours, les signes pour les sourds et malentendants.

    Extrait d’une narration présente dans DoReCo, et vue sur les différentes couches d’annotation pouvant être associés à un enregistrement.

    Dans cette capture d’écran issu d’un texte de DoReCo retravaillé par l’auteur, on aperçoit un extrait de quelques secondes d’une narration nisvaie. Il s’agit d’un des modes de visualisation des annotations proposées par ELAN pour représenter les différentes couches d’annotation. Certaines de ces annotations ont été réalisées à la main par l’auteur, d’autres ont été retravaillées par les algorithmes mis en place par DoReCo, puis manuellement corrigés. Enfin, il y a également des couches d’annotation de la prosodie par le biais de SLAM+.

    FLEX : gérer un projet de documentation

    FLEX est un logiciel développé par le SIL et dont le code source est régie par la licence LGPL 2.1. Il est conçu davantage pour coordonner l’ensemble d’une documentation linguistique, de la gestion des textes à l’élaboration d’un dictionnaire, en passant par les analyses linguistiques. En revanche, il ne gère pas réellement l’annotation d’enregistrements. De nombreux linguistes l’utilisent en complément d’ELAN.

    Si le logiciel est prometteur sur le papier, à chaque fois que je l’ai essayé, j’ai été rebuté par son côté usine à gaz, et surtout ses nombreux plantages notamment lorsqu’on essaie de gérer des fichiers multimédia avec. Et il en est de même pour les autres logiciels développé par le SIL, tel que SayMore pour gérer les métadonnées des enregistrements, WeSay pour faire des dictionnaires en collaboration avec les locuteurs et locutrices, à chaque fois que je les ai essayés, enthousiasmé par leurs fonctionnalités, j’ai été déçu par le fait qu’ils ne fonctionnaient pas correctement sur mon ordinateur.

    Aperçu de Flex

    Cette capture d’écran illustre un des modes de saisie de FLEX, ici la vue tabulaire du lexique, qui permet de rentrer et gérer les définitions des lexèmes (les entrées du dictionnaire) de manière assez rapide. On aperçoit dans la partie en haut à gauche les autres modes d’édition du lexique, et en dessous les autres catégories liées à la gestion d’un projet de documentation : Texts & Words, Grammar, Notebook et Lists. C’est à travers la catégorie Texts & Words que l’on peut par exemple importer des textes transcrits, voire des fichiers ELAN pour peupler la base de données lexicales. Grammar permet de décrire les paradigmes grammaticaux, FLEX propose d’ailleurs quelques algorithmes qui aident à la construction des paradigmes grammaticaux. Notebook et Lists servent à la gestion du projet, le premier pour prendre des notes diverses, et le second pour créer des listes, en particulier des tâches encore à réaliser.

    Et il y en a bien d’autres encore

    Il existe de nombreux autres logiciels similaires, tels qu’EXmaralda pour l’annotation des enregistrements (surtout utilisé en Allemagne à ma connaissance), Sonal (non libre, et dont le développement semble arrêté) qui est utilisé par les sociologues et les anthropologues pour une annotation thématique de leurs entretiens, Anvil, qui semble intéressant mais que je n’ai jamais réellement vu utilisé, ou enfin le vieux Transcriber qui lui était encore employé par certains projets il y a quelques années. Rentrer dans le détail de tous ces logiciels dépasserait le cadre d’une dépêche comme celle-ci, mais énumérer la diversité logicielle montre qu’il s’agit d’un secteur un minimum dynamique, d’ailleurs la question de la transcription et de l’annotation des enregistrements ne se limite pas du tout qu’au domaine de la documentation des langues du monde.

    L’archivage et la compilation de corpus

    Afin de conserver et partager les corpus et donnée enregistrées par les linguistes, chercheurs voire simplement les personnes ayant documenté une langue, il existe des archives, le plus souvent en ligne. Il y a en France par exemple Pangloss, géré par le LACITO, dédié aux langues orales, ou ORTOLANG, plus générique, pour les corpus de langue. En Océanie, il y a Paradisec. Il y a aussi ELAR, autrefois à Londres, et qui a déménagé récemment à Berlin récemment.

    Ces archives proposent diverses interfaces pour déposer, gérer et parfois même consulter les enregistrements et les annotations réalisés par les linguistes et leurs collaborateurs·e·s. À noter que pour ces archives, Ortolang décrit son architecture logicielle qui repose sur des briques ouvertes, en revanche concernant Paradisec et Pangloss, bien que leur statuts soient sûrement similaires du fait de la démarche générale de ses ingénieurs, je n’ai pas trouvé de liens vers les logiciels employés. Quant à ELAR, le logiciel utilisé est Preservica, une solution propriétaire qui, quand on a le malheur de devoir l’utiliser, fonctionne bien lentement.

    La compilation de corpus, si elle se rapproche de l’archivage en ce qu’il s’agit également de recueillir, conserver et publier les corpus des linguistes, correspond également à une édition particulière de ces corpus. La compilation de corpus est réalisé à travers la mise en place de processus de qualité, d’annotations et de conventions particulières. Les deux compilations de corpus présentées ici sont des compilations de corpus de documentation de langues orales. Les enregistrements ont été systématiquement annotés en utilisant une convention nommée les gloses interlinaires (le nom fait en fait référence à la pratique ancienne d’insérer des explications entre les lignes d’un texte. En pratique aujourd’hui, ce n’est plus vraiment ce que font les linguistes, puisque le travail est informatisé et les annotations ne sont plus entre les lignes, mais, le terme a cependant été conservé).

    DoReCo

    DoReCo est une compilation de 52 corpus en accès ouvert (NdR : auquelle l’auteur a contribué). La compilation a nécessité la mise en place de processus de qualité afin d’assurer la cohérence de l’ensemble et de fournir un certain nombre de garanties quant aux qualités du corpus.

    Les langues dans DoReCo

    Une première qualité, et l’une des originalités de DoReCo, est de proposer un alignement temporel est très fin. La durée de chaque phonème, de chaque morphèmes, de chaque mot (ici suivant la définition de la personne à l’origine du corpus, car la définition d’un mot n’a rien d’une évidence) et enfin de chaque groupe de souffle est fournie. Une deuxième qualité a été de s’assurer que pour l’ensemble des retranscriptions, chacun des termes et des morphèmes possède une glose, c’est-à-dire qu’ils possèdent une explication linguistique.

    La compilation totalise une centaine d’heures d’enregistrements audio, en grande majorité des narrations monologiques. À noter que les corpus de la compilation sont accès ouvert, via une licence Creative Commons, mais que les droits d’utilisation varient d’un corpus à l’autre. Les données sont accessibles aux formats d’ELAN : .eaf, de Praat : . TextGrid, TEI.xml, et.csv.

    Multi-CAST

    Multi-CAST est également une compilation de 18 corpus de documentation de langues différentes. Les textes annotés via le logiciel ELAN. Contrairement à DoReCo, l’alignement temporel des annotations n’est pas réalisé de manière précise, mais manuellement, par les personnes à l’origine du corpus, à l’échelle de l’énoncé. Les textes sont également en grande majorité des narrations monologiques. L’originalité de cette compilation de corpus vient du fait que les textes contiennent trois couches d’annotation particulières : GRAID, Grammatical Relations and Animacy in Discourse, (voir), puis RefIND et ISNRef (Referent Indexing in Natural Language Discourse, voir Schiborr et al. 2018).

    La page d’accueil de Multi-Cast

    Cette compilation de corpus est aussi disponible dans plusieurs formats. XML évidemment, puisque c’est le format natif d’ELAN, mais aussi TSV et il existe également un paquet pour R. Tout cela est disponible via la licence CC-BY 4.0.

    Conclusion

    J’espère que vous avez apprécié cette introduction à la documentation des langues à travers les logiciels libres. L’idée est surtout d’attiser la curiosité, car il reste évidemment encore de nombreux aspects ou points à discuter et à approfondir. La prochaine fois que j’aborderai le thème de la documentation linguistique ici, j’espère que ça sera pour présenter mon application basée sur Django pour faire de la lexicographie.

    Il y a également un autre sujet sur lequel j’aimerais bien échanger ici prochainement : la question des licences des données collectés et la négociation lorsque l’on travaille avec des personnes à tradition orale. Si ouvrir l’accès aux données de recherche et aux corpus peut sembler être une évidence pour certains, il ne faut pas oublier que souvent, les chercheurs et chercheuses de terrain collectent des informations personnelles, que la connaissance n’est pas forcément considérée comme un bien public et les enregistrements, notamment les narrations, qui ne sont pas forcément perçues comme des fictions, sont souvent couverts par des droits locaux. Enfin, ouvrir ses données de recherche, si c’est permettre à d’autres de réutiliser ses données, requiert beaucoup de travail de la part des linguistes, c’est une tâche longue, ingrate et surtout peu valorisée. Alors qu’il est de plus en plus précaire d’être chercheur en sciences humaines, il est aussi difficile de demander à ces chercheurs et chercheuses de consacrer une grande partie de leur temps à des tâches qui ne leur permettront pas de se constituer un CV, nécessaire si l’on souhaite avoir un poste stable (c’est-à-dire plus de deux ans).

    Label sans IA : ce texte a été rédigé sans aucun aide de la part d’une LLM.

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    Codeberg, la forge en devenir pour les projets libres ?

    Face aux risques que fait peser GitHub sur le monde des logiciels libres suite à son rachat par Microsoft en 2018, une alternative semble avoir percé. Cette dépêche propose un tour d'horizon des problèmes posés par GitHub et expose comment Codeberg pourrait y répondre.
    Logo Codeberg

      Sommaire

      Les points forts de Codeberg

      L'association Codeberg e.V. 1 et son projet Codeberg.org ont été fondés en janvier 2019, suite au rachat par Microsoft de GitHub. En plus d'un statut associatif à but non lucratif, ce qui limite les risques de disparition du jour au lendemain, Codeberg est basé en Europe (à Berlin), ce qui est un plus pour nos données personnelles.

      Son logo représente un sommet enneigé sur fond de ciel bleu. En effet, en Allemand, der Berg veut dire la montagne et on pourrait donc traduire Codeberg par une « montagne de code ». Et effectivement, la communauté compte fin avril 2024 plus de 102 000 utilisateurs et plus de 129 000 projets y sont hébergés. L'association qui dirige le projet compte plus de 400 membres. Le financement s'effectue par les dons (déductible des impôts en Allemagne) et/ou contributions aux projets sous-jacents à la forge.

      La forge est basée sur Forgejo, logiciel libre sous licence MIT, dont le nom vient de l'Esperanto forĝejo, ce qui est cohérent avec l'attention portée à la langue de l'utilisateur et aux problèmes de traduction (service Weblate). Comme avec GitLab, la licence libre implique qu'un projet peut posséder sa propre instance s'il le souhaite. On notera que Forgejo est un fork de Gitea, lui-même fork de Gogs, et est donc écrit en langage Go, langage sous licence BSD avec un brevet. Le projet Forgejo, évidemment hébergé sur Codeberg, est très actif avec plus de 900 Pull Requests acceptées depuis un an.

      La problématique du tout GitHub

      GitHub, lancé en 2008, est devenu la plus grosse plateforme d'hébergement de codes sources, utilisée par un grand nombre de projets majeurs du monde du libre (Firefox, Matrix, Yunohost…). Ce qui par effet d'attraction — et de réseau centralisant, contraire au choix de git décentralisé par nature — conduit souvent à faire de Github un choix par défaut, facilitant les interactions avec les autres projets et permettant d'accéder à une large base de contributeurs potentiels. Quand on cite une URL GitHub dans un réseau social, on peut d'ailleurs voir apparaître ce genre de message :

      Contribute to Someone/my_project development by creating an account on GitHub.

      Cependant, si ce service fourni par Microsoft est actuellement encore gratuit, il est soumis à son bon-vouloir, avec le risque de voir se répéter l'épisode SourceForge (publicités trompeuses, installateurs modifiés, usurpation d'identité de projets partis ailleurs, etc.).

      Par ailleurs, derrière une communication favorable à l'open source, le code de la forge GitHub est volontairement fermé. Vous ne pouvez donc pas avoir votre propre instance de GitHub. En outre, cela laisse un flou sur l'exploitation de nos données (au sens large, le code lui-même et nos données personnelles, l'hébergement étant délégué). Avec l'arrivée du projet Copilot, il est cependant certain que nos codes servent à alimenter un outil d'IA, permettant à Microsoft de monétiser des suggestions de code en faisant fi des questions de licence. Une partie d'un code sous licence libre pourrait potentiellement se retrouver injectée dans un projet avec une licence incompatible et de surcroît sans citation de l'auteur.

      Des alternatives possibles

      On pense tout d'abord à GitLab, logiciel lancé en 2011, qui permet d'avoir sa propre instance serveur pour maîtriser l'ensemble (client et serveur sont libres). Parmi les grands projets libres, on trouve en particulier GNOME et Debian qui utilisent leur propre instance GitLab CE (Community Edition), logiciel sous licence MIT. Mais il faut nuancer : la forge GitLab.com utilise GitLab EE (Enterprise Edition) qui est propriétaire et propose des fonctionnalités supplémentaires. GitLab suit donc un modèle dit open core. GitLab compterait plus de 30 millions d'utilisateurs inscrits et l'entreprise GitLab Inc., lancée en 2014, génère plusieurs centaines de millions de dollars de revenus. On notera enfin qu'en 2018, le site migre de Microsoft Azure à Google Cloud Platform (USA), ce qui a posé des problèmes d'accès dans certains pays.

      Autres projets de forges libres plus modestes :

      • Codingteam.net (une initiative française, service clôturé en 2019).
      • SourceHut http://sr.ht (et https://sourcehut.org/), initié par Drew DeVault.
      • Disroot basé sur Forgejo comme Codeberg, mais il ne semble pas avoir attiré de projets d'envergure (le portail, sorte de Framasoft néerlandais, est néanmoins à recommander).
      • Chez un Chaton (GitLab ou Gitea pour la plupart).
      • L'auto-hébergement : chez-vous, dans un fablab, en datacenter sur serveur dédié…

      Pour vous faire venir sur Codeberg

      Premières impressions

      La page principale est accueillante et annonce que Codeberg.org ne vous piste pas et n'utilise pas de cookies tiers. Les statistiques actuelles sont affichées : nombre de projets, d'utilisateurs et de membres de l'association. Chose agréable, vous avez la possibilité de choisir le français parmi les nombreuses langues proposées pour l'interface. Petite icône qui attire l'attention : l'activité de chaque dépôt peut être suivie grâce à un flux RSS. Sinon, l'organisation générale est très semblable à celle de GitHub ou GitLab et la prise en main de Codeberg se fait donc sans effort.

      Fonctionnalités avancées

      • Codeberg pages : permet de disposer d'un site web statique pour le projet
      • Forgejo actions : pour dérouler automatiquement les actions nécessaires à l'intégration continue (CI/CD)
      • Weblate : pour gérer les traductions de votre projet. On peut d'ailleurs y constater que parmi les traductions de Forgejo, le Français est dans le peloton de tête.

      Projets ayant migré ou ayant un miroir sur Codeberg

      Un certain nombre de projets importants utilisent désormais Codeberg, ce qui est à la fois un gage de confiance et assure une base de contributeurs a minima :

      • libreboot : remplacement libre de BIOS/UEFI.
      • Conversations : le client majeur XMPP sur Android.
      • WideLands : jeu libre basé sur le concept de Settlers II.
      • LibreWolf : fork de Firefox axé sur la vie privée.
      • F-Droid : magasin d'applications libres pour Android.
      • FreeBSD : miroir de https://cgit.freebsd.org/
      • FreeCAD : miroir officiel.
      • Forgejo : fork communautaire de Gitea suite à la privatisation de celui-ci en 2022.
      • Fedilab : client Android pour le Fediverse.
      • irssi : client IRC.
      • Peppermint OS : une distribution Linux avec bureau minimaliste.
      • DivestOS : un fork de LineageOS orienté sur la protection de la vie privée.
      • VeggieKarte : un service pour trouver des restaurants végétariens/végétaliens.

      Comment migrer vers Codeberg ?

      Migrer le code source et l'éventuel Wiki associé ne devrait pas poser de problème particulier. Il suffit de configurer git pour pusher vers la nouvelle forge. Cette page décrit comment migrer l'ensemble de votre projet (incluant les issues, le wiki, les Pull Request, etc.) vers Codeberg : https://docs.codeberg.org/advanced/migrating-repos/

      Concernant les Workflows (CI), bien qu'il n'y ait pas de garantie de compatibilité avec les Actions Github, la syntaxe se veut similaire pour faciliter la transition : https://forgejo.org/2023-02-27-forgejo-actions/

      Au-delà de l'aspect technique, il reste aussi à faire migrer la communauté d'utilisateurs (la présence fortement suivie sur Mastodon peut être un avantage).

      Conclusion

      Codeberg est un outil prometteur. Il reste pour la communauté du logiciel libre à le faire grandir. Rappelons les statistiques : 100 millions de développeurs sur GitHub, 30 millions utilisant GitLab et 100 000 pour Codeberg. Le potentiel est grand, l'un des enjeux est de financer l'association pour accompagner la croissance de la communauté, tout en faisant monter en puissance l'infrastructure informatique.

      Sources / Liens

      Controverse GitHub

      Forges diverses

      Codeberg


      1. e.V. est l'abréviation de eingetragener Verein (association déclarée). 

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      L’informatique sans écran

      Lors d’un Noël de ma tendre jeunesse pré-adolescente est arrivé un « ordinateur » dans le foyer. Ce PC (Intel 386) a été installé dans le bureau et a vite dégénéré en console de jeux. Puis les années passant c’est devenu une formidable source d’expérimentation informatique pour un geek en devenir. À cette époque on sensibilisait la jeunesse à ne pas passer trop de temps devant la télévision et la console de jeux, puis devant l’ordinateur et les jeux vidéo violents. Mais on ne parlait pas vraiment de l’écran.

      Aujourd’hui les messages de sensibilisation se résument aux écrans :

      • « pas d’écran avant trois ans »
      • « nos jeunes passent leurs temps sur leurs écrans » (comme si les « vieux » n’y étaient pas non plus)
      • « attention les écrans fabriquent une génération de crétins »
      • « les écrans, les écrans, les écrans…»

      Il est vrai qu’aujourd’hui l’informatique ne se résume presque plus qu’à un écran. De l’ordinateur avec clavier+souris+écran, voire crayon optique, on est passé aux tablettes et ordiphones qui n’ont plus que l’écran (tactile quand même).

      Pour prendre le contre-pied de cette obsession des écrans, je me demandais donc s’il existait encore une informatique « sans écran ». La formidable multiplicité des activités que l’on peut avoir sur un ordinateur pourrait-elle se faire sans écran ? Dans quelle mesure peut-on coder, surfer sur le web, lire/envoyer des mails sans écran ? Cette informatique fantasmée par notre ex-ministre de l’éducation est elle une réalité ?

        Sommaire

        L’informatique, une histoire d’abord sans écran

        Si l’on date la naissance de l’ère de l’informatique avec Ada Lovelace, et qu’on estime l’arrivée des ordinateurs avec écrans à la fin des années 1970, alors on peut aisément dire que l’informatique a été plus longtemps sans écran qu’avec.

        Peinture d’Ada LovelaceMalgré son look cosplay de manga elle n’a pas subi trop d’écrans dans son enfance, elle.

        De même, il est raisonnable de considérer l’ordinateur comme l’outil principal pour faire de l’informatique. Il fut largement sans écran à ses débuts.

        Ken Thompson (assis) et Dennis Ritchie (debout) manipulant un DEC PDP-11
        Pas d’écran pour ces deux geeks qui ont développé UNIX et le langage C (source)

        L’altair8800, sorti en 1975 et sur lequel Microsoft a écrit son BASIC, se programmait avec des rubans perforées, voire avec des commutateurs, et l’affichage se faisait avec quelques diodes (DEL) en face avant.
        Les cartes à trous étant plutôt utilsées avec les gros ordinateurs (aka Big Iron).

        Vue de face de l’Altair8800Difficile de considérer ces deux lignes de diodes rouges comme l’écran de l’Altair8800

        L’écran ≠ la vue

        Pour faire sans écran, on pense instinctivement à utiliser d’autres sens que la vue comme l’ouïe ou le toucher (pour le goût ou l’odorat difficile d’imaginer la chose). Mais l’histoire de l’informatique nous montre que les premières interfaces homme-machine ne fonctionnaient pas avec des écrans, et pourtant utilisaient la vue (lumière, LED, imprimante, position mécanique…).

        Mais qu’appelle-t-on écran ?

        D’après la définition de Wikipédia, « un écran d’ordinateur est un périphérique de sortie vidéo d’ordinateur. Il affiche les images générées par la carte graphique de l’ordinateur. Grâce au taux de rafraîchissement d’écran élevé, il permet de donner l’impression de mouvement. »

        Donc si l’on s’en tient à wikipédia, un écran d’ordinateur c’est :

        • des images générées par une carte graphique d’ordinateur. Exit la télé cathodique avec un tuner analogique (qui devient rare aujourd’hui avec la TNT).
        • avec un taux de rafraîchissement élevé. Exit les liseuses et autres appareils utilisant un affichage type «  papier électronique ».
        • pas d’indication de résolutions.

        On peut sans doute rajouter les écrans (comme les télés) qui ne sont pas raccordés à une carte graphique dans la catégorie écran.

        Cela serait donc la résolution (définition et taille…) et le rafraîchissement (fréquence de balayage) du périphérique de sortie vidéo qui font un écran.

        La matrice 5 × 5 d’un micro:bit ne correspond pas à un critère de résolution suffisant, pas plus que les deux poussoirs ne pourraient prétendre à être un clavier.
        micro:bit Pourtant il affiche bien une « image » de cœur <3 !

        Les afficheurs 7 segments ne peuvent pas être considérés comme des écrans. Ils n’affichent que des chiffres et quelques symboles. Difficile de créer une impression de mouvement avec seulement des segments.
        Afficheur 7 segmentsEn faisant un effort, on arrive à reconstituer quelques lettres.

        En doublant le nombre de segments, on arrive à afficher l’ensemble des lettres de l’alphabet latin
        Afficheur 14 segmentsSans diacritiques, faut pas pousser

        Un « panel » LCD 20×4 et ses caractères de 8 pixels sur 5 forme un écran de 100 pixels sur 32, la résolution est déjà meilleure, même s’il est toujours prévu pour n’afficher que du texte. Néanmoins on se rapproche de l’idée que l’on se fait d’un « écran ».

        Du papier électronique ne peut pas être un écran. La résolution peut être excellente mais le rafraîchissement reste insuffisant.

        Finalement la définition de Wikipédia n’est guère rigoureuse ni efficace, entre l’unique LED du panneau de contrôle et l’écran haute résolution, il y a un continuum de périphériques de sortie utilisant des signaux lumineux pour former des images. Il faut peut-être alors chercher les systèmes informatiques qui, dans leur usage normal, utilisent d’autres périphériques de sortie ou pas de périphériques de sortie du tout.

        L’embarquée, une informatique massivement sans écran

        Bien sûr il faut définir le mot « informatique ». Si l’on se réfère à la définition de Wikipédia :

        L’informatique est un domaine d’activité scientifique, technique, et industriel concernant le traitement automatique de l’information numérique par l’exécution de programmes informatiques hébergés par des dispositifs électriques-électroniques : des systèmes embarqués, des ordinateurs, des robots, des automates, etc.

        Avec cette définition, le moindre dispositif électronique embarqué est de l’informatique. Lancer une machine à laver, programmer son four ou préparer une cafetière pour le lendemain est donc une forme de manipulation informatique… qu’on peut envisager sans écran.

        Cependant dès que vient le besoin de développer un système embarqué ou même de le réparer/déverminer, l’écran revient au galop. On a rapidement besoin d’un écran pour y connecter son environnement de développement et sa sonde de debug. Et même l’oscilloscope ou l’analyseur logique que l’on branche pour « voir » les signaux dispose d’un écran.

        En usage normal donc, certains dispositifs informatiques sont conçus pour ne pas nécessiter d’écran parce qu’ils disposent d’un autre périphérique de sortie. Certains centres commerciaux, certaines gares proposent des distributeurs d’histoires courtes : trois boutons comme périphérique d’entrée et une imprimante thermique comme périphérique de sortie. Appuyez et vous aurez de la lecture pour une, trois ou cinq minutes.

        Distributeur d’histoires courtes en gare de Lyon-PerracheSoyons optimistes : il n’y aura pas plus de cinq minute d’attente !

        Plus courant, une box Internet domestique est aussi un dispositif informatique sans écran.

        Livebox 6- Il est où l’écran ? - Dans ton… navigateur

        Il faut reconnaître que si l’usage courant, la connexion à l’Internet, ne nécessite pas d’écran sur la box, son paramétrage en utilise bien un : celui de l’ordinateur sur lequel tourne votre navigateur préféré.

        Les assistants vocaux sont des ordinateurs sans écran. Les principaux périphériques d’entrée comme de sortie sont audio : commande vocale, réponse également. Radio France fait d’ailleurs la publicité pour son offre pour enfants, une histoire et… Oli, sur cette absence d’écran, jouant, sans trop le dire, sur cette peur parentale des écrans.

        Pourrait-on pousser l’utilisation de ces ordinateurs pour faire du développement et «coder en vocal» ? Possible, il est tout à fait possible de programmer l’ouverture de ses volets, la lecture d’une musique ou le thermostat de sa chaudière avec. Mais ça n’est pas du développement.

        L’éducation numérique mais sans écran

        Il est largement possible d’apprendre l’informatique sans écran, et même sans ordinateur.

        La robotique pédagogique se développe depuis l’apparition de la tortue Logo. Actuellement, pour les plus jeunes dès l’école maternelle, c’est une abeille qui est proposée comme initiation à la programmation.

        Bee-Bot en actionSi, si, je suis bien un ordinateur

        La Bee-Bot se programme à l’aide de sept touches et les périphériques de sortie sont les moteurs de déplacement, un petit haut-parleur et en option un porte-crayon. Avec une interface HommeEnfant-Machine aussi simple, il s’agit plutôt d’une mémorisation de séquences de mouvements que de programmation à proprement parler et pour en utiliser toutes les capacités, un interfaçage avec une application ou un ordinateur plus conventionnel est possible, mais on y retrouve un écran ! De nombreux autres robots pédagogiques, un peu plus complexes et performants, existent mais ceux-ci utilisent un écran classique pour accéder à l’interface de programmation.

        Quitte à supprimer les écrans autant aller au bout de la démarche et supprimer l’ordinateur dans son ensemble. Des pédagogues ont ainsi inventé l’informatique déconnectée. Un papier, un crayon, ni écran ni matériel comme le jeu du robot idiot. Les esprits chagrins pourraient y voir une solution au manque de matériel des établissements scolaires.
        Plus que d’informatique il s’agit en fait d’initiation à l’algorithmie.

        Mais peut-on se passer d’écran pour développer ?

        Les plages braille

        Il existe une catégorie de population qui est contrainte de se passer d’écran pour se servir d’un ordinateur : les aveugles.

        Les personnes aveugles peuvent pourtant se servir d’ordinateur, notamment grâce à un clavier spécifiquement développé pour eux nommé « plage braille ». Grâce à ces plages brailles, les aveugles peuvent lire les caractères en braille en touchant une ligne munie de petites pointes pilotés.

        Le prix de ces appareils est assez prohibitif pour quelqu’un qui voudrait jouer avec sans en avoir réellement besoin (un geek quoi). C’est pourtant une bonne manière de faire de l’informatique sans écran. Pour le codage informatique, on utilise un braille à huit points au lieu des six habituels ce qui permet d’avoir 256 combinaisons, soit autant que la table ASCII. La table braille informatique actuelle a été approuvée à l’unanimité en 2007 par la Commission Évolution du Braille Français, elle porte le numéro TBFR2007.

        Que vaudrait un jeu vidéo développé pour une plage braille ? Et pourrait-on l’appeler jeu vidéo ?

        Avec du papier et un stylo/machine à écrire/carte perforé puis scanner

        On peut également faire beaucoup de choses un papier un crayon/stylo/pinceau puis le scanner pour qu’il soit utilisé dans l’ordinateur. Ça reste généralement qu’une étape du développement les programmes ne sont pas plus réalisés intégralement sur papier avant d’être intégré à l’ordinateur.

        Pour conclure

        Avec des écrits comme « la fabrique du crétin digital » et des propos comme ceux de notre ex-ministre de l’éducation, les écrans sont devenus la bête noire de tous les pédagogos.

        Mais l’important n’est-il pas de savoir ce que l’on fait avec un écran ? Faut-il vraiment s’acharner à s’en passer ?

        Sans doute pas.

        Il serait cependant intéressant d’apprendre à se servir d’outils réservés aux aveugles par exemple. Si nous n’avons plus besoin de la vue pour coder, nous pourrions être un peu plus multi-tâches et coder tout en… regardant la télé !

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