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Échirolles libĂ©rĂ©e ! La dĂ©googlisation (4)

Par : Goofy
31 mars 2023 Ă  01:42

Dans ce quatriĂšme volet du processus de dĂ©googlisation de la ville d’Échirolles (si vous avez manquĂ© le dĂ©but) Nicolas Vivant aborde le complexe problĂšme de la fracture numĂ©rique, qui demande d’aller au-delĂ  de la mĂ©diation pour trouver des structures et des moyens adaptĂ©es aux pratiques diverses des citoyens : la stratĂ©gie numĂ©rique doit aller de pair avec l’action sociale.


DĂ©googlisation d’Échirolles, partie 4 : l’inclusion numĂ©rique

La fracture numĂ©rique : un symptĂŽme parmi d’autres

Avec 36 % de logements sociaux et 3 quartiers « politique de la ville Â» Échirolles est, sans nul doute, une ville populaire. Plusieurs Ă©tudes sur les difficultĂ©s liĂ©es au numĂ©rique ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur notre territoire : l’une par notre CCAS (2019), l’autre par un cabinet indĂ©pendant (2020-2021). Si elles n’ont pas montrĂ© de situation spĂ©cifique Ă  notre commune, elles ont permis de mesurer l’étendue des problĂ©matiques qu’il est indispensable de travailler.

Quelles sont les populations qui rencontrent des difficultĂ©s avec le numĂ©rique ?

  • Les personnes ĂągĂ©es ;
  • les personnes en situation de prĂ©caritĂ© sociale ou financiĂšre ;
  • les personnes ne maĂźtrisant pas bien la langue française ;
  • les jeunes qui possĂšdent les outils, mais ne maĂźtrisent pas les usages ;
  • les personnes en situation de handicap ou qui souffrent de pathologies.

Notre CCAS adresse avec sĂ©rieux l’ensemble de ces enjeux. Nos maisons des habitants (anciennement « centres sociaux Â») jouent un rĂŽle majeur dans leur prise en charge, partout sur le territoire communal. Des Ă©quipes existent, avec qui il n’est pas envisageable de ne pas travailler. Pour autant, dans un effort de cohĂ©rence avec le schĂ©ma directeur « Ă‰chirolles numĂ©rique libre Â», nos Ă©lus et notre direction gĂ©nĂ©rale ont choisi de rattacher l’inclusion numĂ©rique Ă  la DSCN (Direction de la StratĂ©gie et de la Culture NumĂ©riques).

Conclusion : la fracture numĂ©rique n’est pas un problĂšme en tant que tel. C’est un symptĂŽme d’enjeux sociaux qui doivent rester prioritaires dans l’aide apportĂ©e Ă  nos habitants. Traiter la fracture numĂ©rique sans prendre en compte les problĂ©matiques sous-jacentes serait un pansement sur une jambe de bois. Un travail en transversalitĂ© est indispensable.

La mĂ©diation comme unique solution ?

Les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es ont Ă©galement montrĂ© que les difficultĂ©s rencontrĂ©es par notre population ne se limitaient pas aux usages. Un vĂ©ritable effort d’inclusion numĂ©rique nĂ©cessite d’adresser 6 grands domaines :

1. L’accĂšs au matĂ©riel (PC, smartphones, systĂšmes d’impression) ;
2. l’accĂšs Ă  une connexion internet de qualitĂ© ;
3. la formation technique ;
4. l’information, l’éducation populaire aux grands enjeux du numĂ©rique ;
5. l’assistance aux usages, l’accĂšs au droit ;
6. le support matériel.

Les efforts de l’État et des collectivitĂ©s sur l’inclusion numĂ©rique reposent principalement sur la mĂ©diation numĂ©rique (les points 3, 4 et 5, donc). Dans le cadre du plan « France Relance Â», par exemple, l’ANCT (Agence Nationale de CohĂ©sion des Territoires) finance depuis 2021 le recrutement de « Conseillers NumĂ©riques France Services Â» dans les associations ou les collectivitĂ©s territoriales. Des « Maisons France Services Â» et des « Bus France Services Â» Ă©maillent Ă©galement nos rĂ©gions.

Pour les autres points (1, 2 et 6), seul le secteur privĂ© se positionne. On connaĂźt, par exemple, le travail d’associations comme EmmaĂŒs Connect pour la mise Ă  disposition de smartphones et de cartes SIM prĂ©payĂ©es, mais seuls les publics en grande prĂ©caritĂ© sont adressĂ©s.

La mise Ă  disposition, dans les communes, d’accĂšs publics, permet de rĂ©pondre, en partie, aux problĂ©matiques du manque de matĂ©riel et d’accĂšs Ă  internet. L’accĂšs aux tĂ©lĂ©services mis Ă  disposition (et souvent rendus obligatoires) par l’état et les grandes structures compĂ©tentes dans le domaine social, est possible depuis ce type de lieu. Mais la dimension intime de l’accĂšs au numĂ©rique n’est pas prise en compte : on ne contacte pas sa grand-mĂšre (ou sa compagne) en visioconfĂ©rence depuis un lieu public. On ne regarde pas une sĂ©rie ou un match de foot depuis une maison des habitants.

Sans faire l’effort de mettre Ă  la disposition des publics fragiles du matĂ©riel et une connexion Ă  internet de qualitĂ© Ă  domicile, on ne pratique pas une vĂ©ritable inclusion : ceux qui ont les moyens disposent d’accĂšs dans des conditions confortables et dans l’intimitĂ©, les autres doivent sortir, par tous les temps, pour bĂ©nĂ©ficier d’un accĂšs au numĂ©rique limitĂ©, Ă  des horaires qu’ils ne peuvent pas choisir et sous le regard de leurs concitoyens.

La mĂ©diation numĂ©rique ne peut constituer, Ă  elle seule, un dispositif d’inclusion numĂ©rique efficace et complet. Un travail plus ambitieux est indispensable. Nous essayons de nous y atteler (et ce n’est pas simple).

L’inclusion Ă  l’échirolloise

L’accĂšs au matĂ©riel

Pour la mise Ă  disposition de matĂ©riel pour ceux qui en ont le plus besoin, la ville a choisi de s’appuyer sur une association Ă©chirolloise rĂ©cente : PC solidaire (site en cours de dĂ©veloppement au moment oĂč cet article est rĂ©digĂ©). Le processus est en cours de crĂ©ation : notre DSI remettra son matĂ©riel usagĂ© Ă  cette association, qui se chargera de le reconditionner et de le remettre gratuitement, via les maisons des habitants, aux bĂ©nĂ©ficiaires.

L’association a eu l’excellente idĂ©e de se pencher sur le schĂ©ma directeur de la ville et a choisi, librement, de s’en inspirer. Le systĂšme d’exploitation par dĂ©faut devrait donc ĂȘtre le mĂȘme que celui est en cours de dĂ©ploiement : Zorin OS.

L’accùs à internet

C’est le point le plus difficile Ă  travailler, et de loin. L’offre Ă©tant exclusivement privĂ©e, nous essayons de nĂ©gocier avec les FAI (fournisseurs d’accĂšs Ă  internet) la mise en place d’une solution trĂšs abordable Ă  destination des bĂ©nĂ©ficiaires de logement sociaux. Des discussions sont en cours, mais aujourd’hui aucune offre vĂ©ritablement satisfaisante n’est en place. Seule proposition (pas suffisamment) connue, Ă  destination des populations bĂ©nĂ©ficiant des minima sociaux, celle d’Orange, « Coup de pouce Internet Â», Ă  15,99€/mois.

La formation, l’information et l’assistance

GrĂące Ă  un financement de l’ANCT, la Ville et son CCAS ont pu, en 2021, recruter 4 conseillers numĂ©riques. Ils interviennent dans les maisons des habitants, les bibliothĂšques et la maison des associations. SpĂ©cialisĂ©s dans la mĂ©diation numĂ©rique et formĂ©s dans le cadre du dispositif de l’État ils rĂ©alisent, depuis juillet 2021, des accompagnements individuels, des ateliers et des sessions de formation. Malheureusement, l’État annonce une baisse des financements et ces emplois sont menacĂ©s. Nous travaillons donc Ă  la mise en place d’un nouveau dispositif, pĂ©renne cette fois-ci, et qui ne dĂ©pendra pas de financements extĂ©rieurs.


Quelques-uns de nos conseillers, au travail dans une MDH

D’autres initiatives existent Ă  Échirolles depuis des annĂ©es : « Les Ă©crans, parlons-en ! Â», par exemple. Conçu par le service « Ă©ducation Â» de la ville en lien Ă©troit avec le CCAS, ce dispositif part du principe qu’une bonne hygiĂšne numĂ©rique passe aussi par l’éloignement raisonnĂ© des Ă©crans.

Mais encore ?

La ville a choisi de ne pas limiter son aide aux seuls habitants, mais aussi aux nombreuses associations qui animent le territoire (→ https://asso-echirolles.fr). Notre tissu associatif est riche de ses bĂ©nĂ©voles, dynamique et innovant dans ses actions. Sa contribution au « vivre ensemble Â» est majeure. L’étude « Ă‰chirolles numĂ©rique Â» de 2021 a montrĂ© que l’accĂšs aux ressources numĂ©riques Ă©tait trĂšs variable en fonction des associations. Nous avons donc dĂ©cidĂ© de leur apporter une aide sur deux volets : la crĂ©ation de sites web et (dans un second temps) la mise Ă  disposition d’outils numĂ©riques de gestion associative.

Le principe est simple : la DSI de la ville prend en charge l’hĂ©bergement, crĂ©e un sous-domaine dĂ©diĂ© Ă  l’association, installe un CMS (systĂšme de gestion de contenu) libre et gĂšre les mises Ă  jour (CMS, thĂšmes, extensions
) et les sauvegardes. 6 ateliers de formation sont organisĂ©s pour apprendre Ă  crĂ©er son contenu et Ă  faire vivre le site. À l’issue de ces ateliers, l’association administre son site en autonomie. En cas de problĂšme, un forum permet d’échanger avec le formateur et les autres associations qui bĂ©nĂ©ficient du dispositif. Le point fort : si les personnes en charge du site ne sont plus en mesure de s’en occuper, un retour en atelier est toujours possible pour qu’une nouvelle Ă©quipe s’en saisisse.

Inclusion vs dégooglisation

L’efficacitĂ© du dispositif d’inclusion numĂ©rique de la ville repose sur deux piliers principaux : le schĂ©ma directeur, boussole technique et politique de nos choix, et le travail en transversalitĂ©, qui garantit une prĂ©sence partout sur le territoire et la prise en compte de la problĂ©matique dans sa globalitĂ©. RattachĂ© Ă  la direction du numĂ©rique, il permet une action cohĂ©rente Ă  l’échelle de la ville.

Ce lien entre action sociale et stratĂ©gie numĂ©rique est l’une des forces d’Échirolles. Il est l’un des Ă©lĂ©ments qui permettent de faire rayonner le schĂ©ma directeur Ă  l’échelle de la commune, et pas seulement en interne. Mais une autre façon d’agir (et surtout d’interagir) au delĂ  sur pĂ©rimĂštre de la ville existe. Elle fera l’objet du cinquiĂšme et dernier article de cette sĂ©rie.

→ L’épisode 1 (structuration)
→ L’épisode 2 (transformation)
→ L’épisode 3 (solutions)
→ L’épisode 4 (vous ĂȘtes ici)
→ L’épisode 5 (fĂ©dĂ©ration)

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