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L’April rentre en campagne

Née il y a 28 ans, l’association April est la principale association francophone de promotion et de défense du logiciel libre. À ce titre, Framasoft est assez proche de cette association, avec qui nous avons par exemple souvent des stands en commun et des échanges sur notre fonctionnement associatif.

Comme beaucoup d’associations, l’April fonctionne grâce aux cotisations de ses adhérent·es, dont le nombre a un impact d’une part du côté des finances de l’association, mais aussi témoigne du soutien aux valeurs défendues par celle-ci. Si les enjeux du logiciel libre vous intéressent, nous ne pouvons que vous encourager à être (comme Framasoft) membre de l’April.

Cet article est donc écrit par Bookynette, membre de Framasoft, mais aujourd’hui avant tout au titre de présidente de l’April.

Ça fait très printanier comme titre et je nous imagine bien, vous et moi, allant nous balader en forêt ou dans les champs en ce beau mois d’avril où il faut rester quand même couvert pour ne pas attraper froid. Mais ce n’est pas le but de cet article…

L’April, dont il est question ici, est l’association qui promeut et défend le logiciel libre et les libertés informatiques. Au fur et à mesure des années, sa tâche s’est accrue, le nombre de dossiers à traiter, toujours plus urgents les uns que les autres, augmentant.

Et pourtant, depuis 2015, année de la dernière campagne d’adhésions, aucune campagne de soutien financier n’a été proposée. Neuf ans de silence !

Malheureusement, la situation financière n’étant plus à l’équilibre depuis deux ans, il nous a paru nécessaire de relancer la machine en 2024 avant que nos réserves soient totalement épuisées. Pour finir sereinement l’année 2024, nous avons besoin d’au moins 20 000 €.

Pour cette nouvelle campagne, nous n’allons donc pas vous proposer un seul et unique texte, aussi encourageant soit-il, sur un site de campagne… Mais neuf, un pour chaque vie de chat… et non pour combler chacune de ces années depuis 2015 !

Ce défi a été fièrement et, nous espérons, dignement relevé par notre équipe devenue, pour un temps, une rédaction de journalistes assidus. Soyez à l’affût. À partir d’aujourd’hui et durant neuf semaines, chaque mercredi paraîtra un exemplaire de ce magazine automnal : Le Lama déchaîné. Quatorze rubriques vous présentant les différentes actions de l’association depuis 28 ans ! Mais pas que, puisque nous avons invité également des plumes extérieures à l’April afin de parler du Libre et que nous vous confions quelques anecdotes rigolotes. Et j’ai failli oublier les mots croisés et le concours de dessins générés !

À vous de décider, numéro après numéro, si notre initiative est suffisamment convaincante pour susciter de votre part une adhésion ou, à minima, de faire de temps en temps un don ponctuel pour nous soutenir.

Sans des apports financiers réguliers, l’April ne pourrait pas agir aussi librement. Nous avons fait le choix de l’indépendance vis-à-vis des institutions en n’ayant recours à aucune subvention et le rescrit d’intérêt fiscal nous a été refusé deux fois. Premier rendez-vous donc, aujourd’hui, mercredi 16 octobre, pour le premier numéro, le numéro 0, car en informatique, tout commence à 0.

Lisez-le, dévorez-le d’un seul coup, dégustez-le lentement un ou deux articles par jour, parcourez-le rubrique après rubrique, n’hésitez pas à participer à l’un des numéros suivants en proposant un dessin ou un message sur les réseaux sociaux. Et surtout, parlez-en autour de vous et relayez le plus possible !

Nous comptons sur vous, merci d’avance et à bientôt !

Visiter le site de campagne de l’April

Khrys’presso du lundi 14 octobre 2024

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

L’amour en commun : essai subversif

À l’occasion de la parution de L’amour en commun, essai de la collection Des Livres en Communs (Framasoft), nous avons questionné les auteurices. Leur cheminement peut se mesurer à l’aune du premier point d’étape que nous avions publié en avril 2023. Un impressionnant travail d’écriture et de questionnement !

Margaux, Timothé, vous venez d’écrire un livre à quatre mains dans la collection Des Livres en Commun. C’est le premier ouvrage de la collection subventionné sur notre modèle de mise en commun de la connaissance et pour lequel vous aviez proposé un projet très motivant. Après presque deux ans d’efforts voici un travail remarquable et stimulant sur l’amour et comment le fait de penser nos relations sociales à travers cette notion permet aussi de proposer une alternative au capitalisme et ses imaginaires. C’est une grosse dissert’ de philo ou c’est autre chose ?

Margaux — À vrai dire, j’ai du mal à définir ce que recouvre cet essai. C’est peut-être un OVNI, un ouvrage non-identifié, un projet tentaculaire qui partait d’un questionnement sur les limites des modèles relationnels dans lesquels nous évoluions et qui est allé vers quelque chose de plus grand.

En fait, une fois que nous avions posé le constat que les modèles classiques de la famille et de l’amour étaient à réinventer, ce qui nous semblait évident, c’est comme si tout l’ouvrage restait encore à écrire. Qu’est-ce qui fait que le changement individuel ne marche pas ? Quelles structures sociales nous empêchent de nous aimer mieux ? Comment faire autrement ? Dans les expérimentations qui ont tenté de sortir du capitalisme, qu’est-ce qui peut nous inspirer et qu’est-ce qui a été mythifié et nous aveugle au contraire ? Nous avons avancé dans le projet au fil de nos lectures, en changeant de direction, d’avis, de plan d’ouvrage. Donc je dirais que c’est un livre de cheminement de pensée, qui recouvre deux ans de formation politique à grand coup de fiches de lectures, de rencontres et de discussions. Nous n’avons rien inventé, nous avons collecté, mis en lien, synthétisé ce que nous amassions. Avec la spécificité de faire tout ça à quatre mains, donc en se donnant une confiance et une liberté totale, y compris celle de ne pas être forcément d’accord au mot près avec ce qu’écrivait l’autre.

En bref, c’est un livre qui a suscité plus de questions que de réponses. Il en reste encore plein !

Timothé — Une « Grosse disser’t » de philo, c’est à la fois un peu dur et un peu gentil. Personnellement je ne pense pas savoir écrire une disser’t, alors je doute d’en avoir écrit une à l’insu de mon plein gré. En plus notre sommaire n’est, je pense, pas adapté à une dissert, il part dans trop de directions. Cet essai est plutôt entre un panier en osier et un topo d’escalade. Dans le panier, les idées s’accrochent et se mêlent pour donner un ensemble solide qui peut servir à accueillir de nouvelles choses. Avec un topo d’escalade, les parties peuvent être prises individuellement pour partir affronter la face d’une montagne, mais collectivement ces parties décrivent l’ensemble de la montagne. En plus, comme ledit Margaux c’est tout à fait un cheminement, et qui continue souvent à cheminer dans ma tête, avec de nouvelles idées qui surgissent… Mais bon, aujourd’hui nous avons décidé de ne plus rien rajouter pour pouvoir sortir le livre. Nous avons fait notre part et maintenant c’est aux lecteurices de prendre la suite si iels ont en envie. C’est un livre libre, alors servez-vous-en et enrichissez-le si le cœur vous en dit.

De l’amour courtois médiéval aux princes et les princesses des contes, de Marivaux à Titanic, les représentations de l’amour sont surtout des émergences du romantisme et du couple sempiternellement revisité, et caricaturé. Pourtant face à la diversité des sentiments, on nous ressert bien souvent la même soupe. Qu’est-ce que vous entendez par une idéologie de la domination ? et vous répondez quoi ?

Margaux — Pour répondre à cette question, il faut définir rapidement ce que j’entends quand je parle d’amour romantique dans cet essai. C’est un ensemble de normes, véhiculé par la culture occidentale et façonnant des imaginaires largement partagés sur ce que l’amour (le vrai) devrait être.

D’une manière un peu ringarde en effet, c’est le·a princesse charmant·e, c’est l’idée d’un·e âme sœur complémentaire, d’un·e partenaire qui nous est prédestiné·e, avec lequel nous pourrions fusionner dans une histoire d’amour sans fin. Mais c’est plus complexe que ça. Si nous sommes à peu près tous·tes d’accord pour rejeter cette représentation, l’amour romantique n’a pas disparu pour autant de nos manières d’entrer en relation. Le problème, c’est que l’amour romantique est une construction sociale indissociablement liée à celle du couple hétérosexuel :c’est sa forme légitime. Or le couple hétérosexuel, dans le mythe de la complémentarité entre ses partenaires, vient lui-même renforcer l’idée que le sexe se confond avec l’identité de genre et un désir pour le sexe opposé.

Autrement dit, les discours qui me préexistent, dont ceux sur l’amour romantique, m’amènent à penser que si j’ai une vulve, je suis une femme et je suis attirée par les hommes, et que si je souhaite avoir accès au couple et à la famille, il va falloir m’en contenter. L’idéologie de la domination, j’y viens, c’est donc le fait que sous le voile de l’amour romantique, on en vient à justifier des violences patriarcales, des inégalités et l’exclusion de toutes les personnes qui ne se retrouvent pas dans les schémas hétérosexuels, monogames et genrés.

Ce que je réponds à l’idéologie de la domination… c’est qu’on n’est pas sorti·es de l’auberge ! Je pense que sortir du patriarcat (ce qui me semble essentiel à des relations amoureuses saines), c’est sortir du binarisme de genre. Ensuite, il faut penser la question du pouvoir. Je trouve que l’amour romantique vient souvent hanter nos tentatives de réinvention du sentiment amoureux. Par exemple, que la non-exclusivité est une passade jusqu’à ce qu’une relation monogame se stabilise et évince les autres. Ou au contraire, que la coexistence de plusieurs relations, au nom de la réinvention du modèle amoureux, va légitimer une mise en compétition des partenaires et un fort individualisme affectif. La solution la plus convaincante que j’ai trouvée pour le moment, ce sont les réseaux affectifs de Brigitte Vasallo, et de se décentrer du rapport amoureux pour valoriser l’amitié. Mais là, il va falloir lire le livre parce que je suis en train de le divulgâcher :)

Timothé — C’est Margaux qui a travaillé sur cette partie, alors je n’ai pas grande chose à ajouter.

Les pirates Ann Bonny et Mary Read (1724, B. Cole). Wikimedia. Domaine public.

Les pirates Ann Bonny et Mary Read (1724, B. Cole). Wikimedia. Domaine public.

Depuis les années 1980, il y a une sociologie de la famille, une géographie de la famille, on s’intéresse au mariage, aux transmissions culturelles, l’apport structurel de la parenté dans la société, la parentalité, la sexualité, etc… mais cette notion dans l’histoire des sciences est assez instable et ne recouvre pas toujours les mêmes choses. Vous parlez d’un imaginaire de la famille, qui serait même « de droite », et vous pensez l’alternative de la parentèle : les pratiques sont-elles en train de changer ?

Timothé ­— J’espère ! ! !

Une statistique importante c’est qu’aujourd’hui presque la moitié des enfants vivent dans des familles recomposées. C’est une énorme modification. Après, de là à dire qu’elle est de droite ou de gauche…

Dans sa partie sur les « couples » Margaux rapporte des interviews qu’elle a faites, ce qui appuie de façon directe son propos. De mon côté j’en ai fait 3. Une dans un habitat collectif dont les membres retapent collectivement un corps de ferme pour qu’à la fin chacun.e y ait son logement. Une d’un couple qui a une petite fille et qui vit avec un ou deux colocs suivant les moments. Et enfin une de deux ami.es qui, dans la mesure du possible, essayent de prioriser leur relation sur le travail. C’était mes premières interviews, et je n’ai pas réussi à en faire sortir des citations que je pouvais facilement incorporer au texte. Donc je ne l’ai pas fait. C’est 3 groupes qui sont déjà une marque de changement et créent des pratiques qui, si elles existaient avant, étaient inconnues. Le fait que ces pratiques soient mises en lumière, notamment par notre travail, ne peut que participer au changement. Néanmoins, même ce genre de différence par rapport à la norme est difficile aujourd’hui, car il n’existe pas de structure juridique qui les rend facilement accessibles.

Il y a des volontés de faire différemment, mais si elles ne sont pas accompagnées par la législation, il faudra plus de temps pour qu’elles prennent en amplitude. L’absence de cadre légal n’est pas un frein suffisant pour empêcher les humain·es de faire famille comme iels l’entendent. Alors, au bout d’un moment, il faudra bien reconnaitre que ces nouvelles familles existent et faire avec.

Cob House. Maison en torchis, Zad de NDDL. Hambinfo. 2016.

Cob House. Maison en torchis, Zad de NDDL. Hambinfo. 2016. Wikimedia. CC-By-Sa.

Le système capitaliste nous impose ses modèles et ses imaginaires. Selon vous, en quoi les expériences concrètes de résistances collectives, de préfiguration, en particulier les ZAD et plus généralement des projets de vie en commun, permettent de penser différemment notre rapport à l’amour ?

Margaux — Pour expliquer comment nous sommes arrivé·es à nous intéresser à la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes et à la piraterie, je vais retracer rapidement notre chemin de pensée. Notre hypothèse de base était que réinventer l’amour par le biais de nos relations individuelles en changeant simplement de contrat (non-exclusivité, polyamour, etc.) ne fonctionne pas, parce qu’il faut s’attaquer aux structures sociales qui le définissent, donc in fine au capitalisme et au patriarcat.

À partir de là, nous avons cherché du côté des expériences et des luttes qui tentaient de construire des « contre-mondes », c’est à dire des bulles de résistance au capitalisme et qui, par leur existence, affaiblissent le système social et tentent de préfigurer une vie en dehors de lui. Nous supposions que, dans ces espaces, penser un rapport à l’autre différent serait envisageable.

MAIS, et c’est un grand mais, la réalité de ces luttes est plus ambigüe. Pour la piraterie comme pour la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, j’ai été marquée par l’importance du mythe, qui est constamment utilisé pour les raconter. Pour les pirates par exemple, il existe une multitude d’interprétations contradictoires de ce phénomène social. Si j’ai choisi la piraterie comme agent révolutionnaire, qui a permis pendant un temps éphémère de mettre en cause le développement du commerce maritime international, je sais que cela n’embrasse pas tout ce que cela a pu être. Sur la question précise du rapport à l’autre, la mythification des pirates empêche par exemple de penser la place des femmes au sein de ces contre-mondes, où d’interroger le rôle des pirates dans le commerce triangulaire qui a participé à la colonisation.

Pour la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, qui est devenue une référence de militantisme quasi-universelle (qu’elle soit plébiscitée ou décriée), c’est pareil. C’est un très bon exemple des dangers de la mythification d’une lutte sociale. Parce que quand on parle de la ZAD, on parle de quoi ? De la victoire contre l’aéroport ? De l’opération César ? Du collectif qui est resté habiter sur les terres en négociant avec l’État ? De la volonté de créer un nouveau rapport au vivant ? De ce que j’ai lu, il me semble que l’histoire de la ZAD est multiple, complexe, pas toujours reluisante, mais surtout que le récit de ce qu’a été une lutte est souvent écrit par les vainqueurs, aux dépens de celleux qui ont participé à une lutte et en ont été évincé·es. Donc de là à en faire une terre magique où l’on pourrait tous.tes s’aimer quel que soit notre genre, notre classe sociale ou notre couleur de peau… pour moi on en est loin.

Et cela rejoint peut-être une idée importante à mon sens :si sortir du capitalisme est indispensable pour mieux s’aimer, la lutte des classes seule n’entraînera pas la fin du patriarcat. Il nous faut lutter pour nos conditions matérielles d’existence pour survivre, tout en pensant nos relations en dehors du prisme hétérosexuel, hiérarchique et inégalitaire.

Timothé — C’est dur d’essayer de s’astreindre à l’objectivité. Il serait tellement plus simple de créer des mythes et de les encenser plutôt que de les écorner. D’une certaine façon cela nous rendrait plus forts, nous aurions un modèle, des plans et nous saurions où aller. Si nous proposons des imaginaires et des moyens alternatifs au capitalisme, nous reconnaissons aussi qu’aucun n’est parfait et adaptable partout. Finalement… tout ça pour rien ? Non pas vraiment, car retrouver de la diversité dans les modes de vie c’est nécessaire. Nous n’allons pas revenir à ceux du passé, car le monde à changé (physiquement) et tous ont présentés de gros red flags. Margaux parle des pirates et de la Zad. Moi, dans la partie sur les liens aux vivants, je parle d’une relation à la terre, à l’espace et aux non humains qui le peuplent en montrant que nous devrions retrouver un lien que nous avons perdu. Ce lien il a disparu, c’est comme ça, il ne faut pas vouloir le recréer à l’identique, car beaucoup des sociétés qui l’ont fait perdurer étaient bien plus patriarcales et nationalistes qu’aujourd’hui. Il faut le retisser avec les connaissances et l’état du monde actuel.

Pour ce qui est de la préfiguration, Il y a une interview qui m’avait mis des étoiles dans les yeux. Celle d’Alessandro Pignocchi, auteur avec Philippe Descola de Ethnographies des mondes à venir. Il dit qu’un modèle serait de créer partout des Zad vivantes en réseau. Sur le moment j’avais adoré l’idée, mais d’une part, il met sous le tapis les difficultés de Notre Dame des Landes et, d’autre part, il oublie que les Zads, si elles savent fabriquer des cabanes, ne savent pas fabriquer les outils pour fabriquer les cabanes (c’est une remarque de Frédéric Lordon). Tout cela pour dire que l’on ne lutte pas contre un système qui a tout uniformisé (le capitalisme) avec une autre façon d’uniformiser. C’est une des conclusions de nos réflexions :il n’y a pas de contre-modèle parfait, en revanche il y a plein de contre-modèles chouettes où piocher.

Imaginaire Tradwife

The Ladies’ home journal (1948). Wyeth, N. C.. Wikimedia.

Pour de nombreuses représentations, la famille est d’abord perçue comme un cadre social dédié aux soins, notamment pour les enfants, et à la transmission des valeurs, ce qui structure les relations de couple dans un référentiel figé voire traditionnel. La société de consommation a modifié ces dynamiques. Pour beaucoup qui ont du mal à l’accepter, il s’agit de revenir à une vision réactionnaire de la famille ou du couple. Or, à y regarder de plus près, la société de consommation n’a-t-elle pas plutôt amplifié des tendances comme le patriarcat, l’exclusivité, la hiérarchisation des émotions ?… En somme, justement des tendances réactionnaires.

Margaux — De mon côté, je me suis intéressée à l’irruption des notions de marché et d’économie dans la sphère amoureuse, notamment à travers l’ouvrage Pourquoi l’amour fait mal d’Eva Illouz. L’autrice soutient que dans une société de consommation néolibérale, le désir comme moteur de choix et l’utilitarisme comme modèle de décision traversent nos relations. C’est ce qu’elle appelle l’individualisme affectif, c’est-à-dire l’injonction à l’autonomie du sujet dans son épanouissement, qui grâce à sa rationalité est capable de faire les meilleurs choix sur le marché amoureux. Dès lors, l’individu ne tend plus à faire un choix satisfaisant, mais le meilleur pour ellui. Cela explique selon elle la difficulté plus grande à s’engager, comment être sûr.e que cette personne soit « la bonne » pour moi, alors qu’il reste encore d’autres partenaires désirables potentiels sur le marché ? Parallèlement, elle observe les effets de l’émancipation de la sexualité de la sphère de l’amour et du mariage. Cela a créé, à côté du marché des relations à long-terme, un marché de la sexualité sérielle où le capital social des individus augmente avec leurs expériences et le nombre de partenaires rencontré·es. Paradoxalement, avoir un capital sexuel élevé favorise également les individus dans le marché des relations à long-terme.

Or ce contrat est asymétrique :là où les hommes jouissent d’un plus grand accès au marché sexuel et amoureux, les femmes, plus contraintes par la temporalité biologique de leurs corps, si elles ont envie d’avoir un enfant, vont souvent voir cohabiter des stratégies de sexualité sérielle (comme attribut du pouvoir) et monogames (comme accès à la reproduction). Cela nourrit la domination affective des hommes sur les femmes, et une organisation de l’amour où la femme prend en charge le travail émotionnel pour permettre l’indépendance masculine, là où l’homme performe la masculinité par le détachement et un rejet de l’engagement.

C’est un résumé à grands traits, mais cela montre bien en effet comment la société de consommation et les effets du marché peuvent renforcer le patriarcat et les inégalités de genre au nom de l’amour.

Timothé — En effet la société de consommation s’entend très bien avec le patriarcat, tout comme elle pourrait probablement faire aussi sans. D’après mes recherches, elle a surtout dynamité des solidarités à l’échelle de petites communautés qui se sont dispatché pour chercher du travail et aussi parce qu’il y avait dedans un fort contrôle social. C’est bien que le contrôle social ai diminué, mais il est dommage d’avoir perdu les solidarités. Comme je l’ai dit précédemment, il ne faut pas vouloir revenir à quelque chose de passéiste, mais se rappeler que certains de ses bons aspects sont encore possibles.

Confrontation courte de deux concepts :hétérosexualité et capitalisme. C’est quoi le problème ?

Margaux — Bon, là il faudrait écrire une thèse, mais je vais essayer de résumer ce que j’ai compris de Frederico Zappino, qui a été une lecture très importante pour cet essai. Pour lui, l’hétérosexualité en tant que système de production du genre binaire (homme, femme) est un sous-bassement du capitalisme, qui se nourrit des inégalités patriarcales pour exister.

Frederico Zappino se base notamment sur la Pensée Straight de Monique Wittig, dans lequel elle avance que les catégories de sexe, féminin ou masculin, ainsi que la répartition des rôles et des valeurs qui leur sont assignés, sont produites par le système hétérosexuel pour justifier une relation inégale. C’est l’inégalité qui préexiste, pas la différence entre les sexes ou le genre binaire, qui sont construits après pour justifier la domination masculine. Le problème, c’est que l’hétérosexualité est obligatoire. C’est à dire que l’on se pense et on se construit à partir d’elle, à partir du genre binaire, à partir de notre appartenance ou pas à la norme hégémonique hétérosexuelle et cisgenre. Le capitalisme, lui, est un système économique, politique, idéologique basé sur l’exploitation des travailleur·euses par les détenteur·ices des moyens de production, pour générer une plus-value, réinvestie dans ce capital. Or le capitalisme se nourrit de l’inégalité hétérosexuelle fondamentale :l’économie productive ne pourrait exister sans une économie reproductive, du soin, sans la reproduction concrète opérée par la famille hétérosexuelle où les parents produisent une force de travail future. Si on va plus loin, les minorités de sexe et de genre (les femmes et les personnes trans) sont en première ligne quand nos conditions matérielles de survie se dégradent :potentielle dépendance à un·e conjoint·e ou enfants à charge, difficulté d’accès au marché du travail pour les personnes qui ne se conforment pas à la binarité de genre, plus grand risque d’isolement social…

Lutter contre le binarisme de genre, pour la subversion de l’hétérosexualité, c’est saper un des soubassements du capitalisme, ça fait donc partie de la lutte des classes ! Or la lutte pour les conditions matérielles d’existence et le féminisme sont trop peu pensés de concert aujourd’hui.

Pour conclure : l’avenir en commun pour vous, c’est quoi ?

Margaux — Une dystopie, mais une dystopie queer et féministe.

Timothé — Beaucoup d’inconnues, la sensation ambiante qu’il y aura des évènements important mais l’espoir que nous nous nous surprenions pour arriver quelque part de chouette.

Marche des fiertés, Rennes 2017

Marche des fiertés, Rennes, 2017. Missbutterflies. Wikimedia. CC-By-Sa.

Parution : L’amour en commun

C’est avec grand plaisir que nous annonçons la parution du premier ouvrage de la collection Des Livres en Communs !

Premiers lauréats de l’appel à projet Des Livres en Communs (Framasoft) en 2022, accompagnés par l’équipe éditoriale, Margaux Lallemant et Timothé Bodo ont travaillé durant deux ans à l’élaboration d’un essai original et fouillé dont la lecture est très stimulante ! En attendant une interview des deux auteurs, prochainement disponible sur ce blog, voici la présentation de l’ouvrage, sous licence Creative Commons CC-By-Sa.

Couverture du livre L'amour en commun

L’amour en commun (couverture)

Comment libérer l’amour des carcans du couple et de la famille pour en faire un projet collectif ? Cet essai explore les effets du patriarcat et du capitalisme sur nos relations et montre que réinventer l’amour ne peut se faire isolément.

À travers une analyse de dynamiques interpersonnelles — amour romantique, amitié — en relation avec les structures sociales qui les façonnent — genre, soin, travail, rapport au vivant — les auteur-ices interrogent les oppressions qui traversent l’amour au sens large.

À la recherche de « contre-mondes » où l’affaiblissement du système capitaliste semble possible, iels s’intéressent à la piraterie et la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, dans leurs mythes et leurs écueils.

Une invitation à envisager l’amour sous un jour nouveau, comme un espace d’émancipation et de création collective.

Présentation et téléchargements : L’amour en commun

Margaux Lallemant et Timothé Bodo, L’Amour en commun, Préface signée Yann Kervran (co-éditeur pour DLeC), Des Livres en Communs, oct. 2024.


Des Livres en Communs est un projet Framasoft. C’est un modèle alternatif radical (et anticapitaliste) à l’édition, basé sur l’expérience acquise avec dix ans de Framabook. Des Livres en Communs ne propose pas qu’un modèle alternatif d’édition théorique, c’est très concrètement que nous agissons pour créer des communs culturels pertinents et de qualité :

  • d’abord en accompagnant les auteur·ices tout au long du processus de création, car nous n’attendons pas que l’œuvre nous arrive toute cuite pour commencer notre travail éditorial ;
  • en mobilisant des fonds : dès le début du processus de création, les auteur·ices sont rémunérés pour leur travail, et non pas en attendant d’hypothético-faméliques émoluments basé sur un nombre de ventes (nous considérons qu’une œuvre versée dans les communs culturels n’est pas un capital rentier).

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site DLeC.

Khrys’presso du lundi 7 octobre 2024

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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  • Dans les couples hétéros, le risque de séparation augmente si la femme gagne plus que l’homme (liberation.fr)

    Selon une étude publiée ce lundi 30 septembre par l’Institut national d’études démographiques, « les couples dans lesquels la part de revenu apportée par la femme est supérieure à 55 % sont plus instables que les autres ».

  • Au procès des viols de Mazan, le récit glaçant de cet accusé venu violer Gisèle Pelicot à six reprises (huffingtonpost.fr)

    Le coaccusé a reconnu s’être rendu à Mazan pour violer Gisèle Pelicot, mais a tenté de justifier ces faits par une « sexualité incontrôlable ».

  • Procès des viols de Mazan : un accusé assure avoir lui aussi été drogué et dit ne se souvenir de rien (huffingtonpost.fr)

    « Je me suis retrouvé dans la voiture, je ne sais plus comment j’y suis arrivé. Puis je rentre chez moi », en direction de Lyon, à deux heures et demie de route.

  • Procès de Mazan : « Le sexisme est omniprésent, y compris dans l’attitude des accusés » (politis.fr)

    des liens fraternels se créent au fil des jours […] Ils forment un « boys club » qui se croit victime d’une manipulation, et par cette prétendue certitude, affirme avoir été « piégé ». […] Leur nombre important engendre une sorte de déséquilibre dans la salle, un rapport de force face aux parties civiles […] et leurs deux avocats, dont l’infériorité numérique est flagrante. […] À la sortie du tribunal, un confrère nous confie : « Sur le chemin entre le tribunal et mon hôtel, maintenant, à chaque fois que je croise un homme, je me demande : peut-être que lui aussi ? » Ma consœur m’adresse un de ses regards complices et sororal. Nous répondons en chœur : « Bienvenue dans la vie d’une femme ».

  • Procès des viols de Mazan : les journalistes et le public pourront finalement assister aux diffusions des vidéos (liberation.fr)

    Les avocats de la partie civile contestaient la décision du président de la cour d’exclure les journalistes de la salle d’audience pendant la projection des images des viols subis par Gisèle Pelicot. Ce vendredi 4 octobre, la cour est revenue sur sa décision.

  • Justice : contre l’introduction du consentement dans la définition du viol (humanite.fr)

    Prétendre introduire la notion de consentement dans la définition du viol place d’emblée celui ci sur le terrain de la sexualité […]Le viol n’est pas une relation sexuelle non consentie, c’est un acte de prédation, de prise de pouvoir. La jouissance du violeur provient du pouvoir qu’il exerce.[…] Au lieu de se concentrer sur la stratégie de l’agresseur, la justice se focalise sur un éventuel consentement de la victime.]([…]l’attitude de la victime est examinée dans les moindres détails. Les paroles qu’elle a prononcées, ou pas, la façon dont elle a agi, ou pas. Et tout le monde s’efforcera de déduire de cette attitude la présence ou l’absence d’un consentement à l’acte sexuel. Et donc la réalité ou pas d’un fait de violence.

Spécial médias et pouvoir

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Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les trucs chouettes de la semaine

  • L’association Le deuxième texte vous remet au défi en 2024 : dites-nous quelle autrice vous lisez et pourquoi vous la lisez en participant au concours #JeLaLis ! Détails et modalités ici (ledeuxiemetexte.fr)
  • Pour la 4e année consécutive, les Sans Pages vous proposent de participer au Drawtober : illustrez des articles Wikipedia sans images, liés aux biais de genre (biographie, fait de société, etc) ! Toutes les infos ici (wikipedia.org)
  • Le jeu Foune et flore (founeflore.wordpress.com)

    Foune et flore, c’est aussi un jeu de cartes. Le but : avoir la flore vaginale la plus protectrice possible, et se défendre contre les attaques de ses adversaires

  • « Ne plus se faire arnaquer » : la mécanique automobile, un outil féministe (basta.media)

    Apprendre la mécanique automobile au sein d’ateliers animés par des femmes, c’est possible avec les Déculassées, une association qui propose des tournées dans toute la France. Objectif : sortir de la dépendance technique aux garagistes.

  • Un simulateur de cour de récré (studios.ptilouk.net)
  • Du libre dans les écoles belges avec NumEthic (framablog.org)

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Du libre dans les écoles belges avec NumEthic

Aujourd’hui, nous partons à la découverte de NumEthic, une association belge qui œuvre pour promouvoir le libre notamment dans les écoles.

Pour commencer, pouvez-vous nous présenter NumEthic ? 

NumEthic est une association qui a pour but de promouvoir et de créer un espace de réflexions et de pratiques autour du numérique dans l’éducation et en particulier dans l’enseignement. Pour cela nous organisons et donnons des ateliers, des animations et formations autour de ce sujet. Nous voulons également accompagner des écoles dans la réflexion et la mise en place d’outils informatiques libres.

Logo de NumEthic

Vous êtes une ASBL, pouvez-vous expliquer aux non-belges ce que cela signifie ?

C’est une Association Sans But Lucratif. C’est l’équivalent d’une association loi 1901 en France. Pour faire simple, s’il y a des bénéfices liés à nos activités, ils ne peuvent pas être distribués aux membres de l’association. Ils doivent être réinvestis dans l’association.

NumEthic, votre nom d’association est clair. Mais, vous mettez quel sens exactement derrière cette notion de « Numérique Éthique » ?

Parce que nous avons une démarche démocratique et parce que nous nous sommes mal coordonnés ;-), voici ici et là deux réponses intéressantes et qui se complètent.
Émilie : Nous le comprenons dans le sens décrit par Éric Sadin, à savoir que l’éthique à pour base de permettre « le respect inconditionnel de l’intégrité et de la dignité humaine ». Ainsi, pour être éthique, il faut permettre à toute personne d’exercer son jugement, de pouvoir décider en conscience et sans être pris dans un quelconque engrenage marchand.  Notre objectif est donc clairement de provoquer une démarche de questionnement par rapport aux usages que nous avons du numérique car aucune technologie n’est neutre comme le défendait Jacques Ellul, que du contraire. À nos yeux, un numérique éthique serait un numérique respectueux de l’intégrité intellectuelle, morale, psychique de tout un chacun ; un numérique sobre et responsable qui se soucie des questions environnementales, démocratiques, citoyennes, humaines…
Manu : C’est une bonne question. Nous ne pensons pas qu’il y a une réponse simple et définitive. D’abord, parce que notre société et le numérique sont complexes et en mutations constantes, s’arrêter à une réponse, ce serait l’oublier. Ensuite, même si nous partageons une culture relativement commune chaque situation, chaque relation entre une personne ou un groupe de personnes et un objet numérique est singulière. Les enjeux, les besoins et les désirs ne sont pas les mêmes. Notre volonté est de mettre à disposition toute une série de repères, de grilles de lecture pour que tout un chacun puisse déterminer, avec les valeurs qui sont les leurs, ce que devrait être un « numérique éthique » dans leur contexte particulier. D’ailleurs, nous ne voyons pas le logiciel libre comme une fin en soi. Pour nous, c’est non seulement un moyen d’émancipation, par la liberté qu’il procure aux utilisateurs, mais aussi une manière d’expliciter, de mettre en évidence qu’il y a un intérêt à penser la relation que nous avons avec les logiciels, qu’il y a des enjeux philosophiques, culturels, politiques et écologiques. C’est donc une super porte d’entrée pour y réfléchir.

Tout le monde n’a pas la même vision de l’éthique ;-)

Vos actions ciblent principalement le monde de l’éducation. Pourquoi ce choix ?

Émilie : Probablement parce que les fondateurs sont tous les deux des enseignants ;-) plus sérieusement, l’école est un espace d’apprentissage et de découverte. À l’heure où elle est désormais investie par les grandes multinationales de la tech pour répondre à la « transition numérique » de l’enseignement, c’est un devoir moral presque d’éveiller les élèves (et les adultes de l’équipe éducative) aux enjeux du numérique -tant sociétaux qu’écologiques- et de leur proposer un panel d’outils plus respectueux de leurs données personnelles. Cela rentre dans notre démarche d’éducation AU numérique, qui souhaite donner des clefs de compréhension de la culture numérique et de son impact sur l’organisation de notre société.
Manu : Tous les membres actifs travaillent d’une manière ou d’une autre dans les écoles que ce soit en tant qu’enseignant, en tant que technicien en informatique ou les deux. C’est donc quelque chose que nous connaissons, où nous avons de l’expérience et un petit réseau. Même si la voie est libre, la route est longue, autant commencer par un chemin que nous connaissons un peu ;-).

Quel accueil reçoivent vos interventions de la part des enseignants ?

Émilie : Certains sont curieux,  intéressés voire déjà convaincus. Cependant, pour la majorité, le numérique n’est pas un enjeu, seulement un outil : ils et elles préfèrent alors rester dans la simplicité des systèmes dominants bien connus. 
Manu : Ça dépend vraiment des personnes et du sujet. De manière générale, c’est difficile de ne pas faire le constat que le numérique est quasi omniprésent et qu’il transforme notre société en profondeur, d’où le besoin d’y réfléchir. Les enseignants sont assez sensibles à l’aspect « manipulation » des GAFAM vis-à-vis des jeunes, mais l’effort nécessaire à la mise en place d’actions ou dispositif pédagogique bloque la majorité d’entre eux. Il faut savoir qu’en Belgique francophone l’utilisation de Google ou Microsoft est encouragé dans pas mal d’écoles. Le système d’enseignement belge est composé de plusieurs « réseaux ». Certains sont clairement pro-GAFAM, d’autres pas.

Et de la part des inspections (je ne sais pas si cela fonctionne comme cela en Belgique) ?

Nous avons des inspecteurs, mais ils sont là pour vérifier le travail des enseignants. J’imagine que ce n’est pas la même fonction en France.

En France, récemment, nous avons eu la chance de voir l’émergence de apps.education au niveau d’une branche du ministère. Est-ce qu’au niveau belge, il y a une volonté ministérielle de mettre en avant le libre ?

Au niveau du ministère, la volonté est des plus molles pour mettre en place du libre. Il y a bien un accès à une plateforme Moodle offerte à toutes les écoles ou encore une utilisation assez importante de pix.org, mais c’est malheureusement tout. Par ailleurs, il y a un déni évident de nos politiciens vis-à-vis de la violation de la vie privée de la part des GAFAM. C’est donc difficile de faire bouger les lignes même si nous ne désespérons pas.

Arrivez-vous facilement à intervenir dans les écoles ?

Ce n’est pas évident. En tant qu’association, nous existons seulement depuis 2021. Pour le moment, c’est principalement par le bouche-à-oreilles que nous avons accès à des écoles, et donc par des gens qui nous font déjà confiance. 

Parmi vos objectifs présents sur votre site, vous indiquez vouloir « privilégier la diversité de des outils ». Ne craignez vous pas que pour certaines personnes, avoir trop d’outils différents ne soit pas un peu déstabilisant ?

Si une personne est seule face à tous ces outils, c’est sûr que ce sera déstabilisant. C’est pour ça que nous n’envisageons pas les outils comme des « individus » hors de tout contexte, mais comme faisant partie d’une dynamique sociale, d’une communauté sur laquelle les personnes pourront s’appuyer pour faire face à la complexité du monde numérique. Une communauté qui pourra orienter les nouveaux venus qu’ils pourront intégrer par la suite. Et par communauté, j’entends NumEthic, Framasoft, les GULL, ceux autour d’un logiciel spécifique, etc.

C’est vous qui démarchez les établissements ou ceux-ci vous contactent directement ?

Dans la grande majorité des cas, ce sont les établissements qui viennent vers nous. Le peu de démarchage que nous avons fait n’a pas donné beaucoup de résultats.

Quels sont vos souhaits, perspectives d’évolutions pour NumEthic ?

Notre premier souhait, c’est de faire plus d’ateliers, d’animations, d’accompagnements d’école et de faire grandir une communauté autour du projet de NumEthic. Pour cela, nous aimerions engager quelqu’un de manière permanente. Nous espérons également faire plus de lobbying au niveau institutionnel. Et surtout rencontrer plein de chouettes gens :-).

Et pour finir, une petit question trollesque : pourquoi choisir une licence non libre (CC-BY-NC-SA) pour la publication sur votre site qui promeut les logiciels libres ?

C’est une chouette question, parce qu’il met en évidence une certaine tension entre ce que nous défendons en premier lieu, un numérique éthique, et comment, en pratique, celui-ci prend forme avec les logiciels libres par exemple. Dans ce cas, c’est la clause non-commerciale (NC) qui pose problème. Une clause qui s’attarde sur l’aspect économique que nous ne voudrions surtout pas mettre de côté pour penser l’éthique du numérique. Nous ne voudrions d’ailleurs pas tomber dans une vision éthique « absolue », mais plutôt « politique », c’est-à-dire qui s’intéresse à ce que cela produit chez celles et ceux qui la pratique, l’émancipation par exemple.

Pour être honnête, nous n’avons pas discuté du choix de la licence. En Belgique, il y a beaucoup d’acteurs commerciaux, grands ou petits. J’imagine que la clause NC nous permet juste de résister à ce contexte et de nous démarquer en tant que petit acteur.

Troll par Thodor Kittelsen (un de premiers à avoir représenté des trolls)

 

Un grand merci à NumEthic d’avoir pris le temps de nous présenter leur association !

Khrys’presso du lundi 30 septembre 2024

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Enquête Framalab : ce sont vos besoins qui comptent

Partagez vos retours et besoins sur les outils en ligne présentés sur Framalab en vous exprimant dans notre enquête. Vous avez 15 jours pour contribuer ainsi à Framasoft !

Framalab, un labo pour tester des services libres

Il y a trois mois, Framasoft ouvrait Framalab, un laboratoire ouvert à toustes, qui permet de tester des services libres en ligne.

Notre objectif est de savoir si de tels outils peuvent répondre à vos besoins, à vos attentes, et quelles améliorations leur apporter pour que vous les adoptiez.

Ces logiciels libres sont proposés « tels que développés par leur communauté » et vous permettent de :

illustration mettant en scène une femme réparant un coucou sur son étable, sous les yeux d'un viel homme et d'un chaton

Cliquez pour explorer le Framalab – illustration CC-By David Revoy (sources)

Essayer et s’exprimer, une autre manière de contribuer

Pour savoir comment vous aider à émanciper vos pratiques numériques, le mieux c’est encore de s’adresser : à vous ! C’est bien beau de vous proposer de tester les outils du laboratoire Framalab (et allez-y, hein : ça reste ouvert !) ; mais c’est quand même mieux de savoir ce que vous pensez de ces tests.

Du 24 septembre au 8 octobre, nous ouvrons donc une enquête Framalab, afin de récolter vos avis et vos besoins !

Répondre à cette enquête devrait vous prendre 10-15 minutes. Ces retours seront précieux pour Framasoft, car ils nous permettront de mieux décider sur quels services concentrer notre travail.

Nous sommes aussi persuadées que vos réponses à cette enquête seront importantes pour les communautés développant ces logiciels libres, et pour d’autres qui pourront s’en inspirer. C’est pourquoi nous nous engageons à en publier les résultats (après les avoir dépouillés et anonymisés, bien entendu ^^).

Illustration mettant en scène un Tux qui offre des outils aux personnes autour de lui.

Cliquez pour accéder à l’enquête – Illustration CC BY David Revoy (sources)

Rendez-vous sur Framalab.org

Nous nous donnons jusqu’au 8 octobre pour récolter vos réponses à notre enquête.

N’hésitez pas à partager l’info et ces liens autour de vous : on compte sur vos contributions.

Khrys’presso du lundi 23 septembre 2024

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Khrys’presso du lundi 16 septembre 2024

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  • Pérou : l’ancien président Alberto Fujimori est mort (liberation.fr)

    Alberto Fujimori, qui a dirigé le Pérou d’une main de fer entre 1990 et 2000, et passé les dernières années de sa vie en prison pour corruption et crimes contre l’humanité, est décédé mercredi à Lima à l’âge de 86 ans, laissant un pays profondément divisé à son sujet.

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A new application for Framaspace : OwnershipTransfer

Still more features on Framaspace ? Yes ! At the moment, we’re spoiling the users of this service, with the integration of quite a few features like the Forms and Tables applications, but also the ‘Intros’ app developed by Val, our summer intern. And because it’s Val, it’s festival (shameful rhyme !) : just before leaving us for a well-deserved holiday and a final year of studies, he delivered a new ‘Ownership Transfer’ application that will make life easier for administrators of Framaspace spaces.

 

 

Hi Val, we’re not going to ask you to introduce yourself, as you already did in the previous interview. We’ll just remind you that you’re doing an internship at Framasoft from the beginning of May to the end of August 2024, with the aim of developing tools to support Framaspace, and therefore Nextcloud free software.

Hi ! Check out my previous interview to find out more about me ! I introduce Intros, a Nextcloud app to help users get to grips with Framaspace.

At the end of the interview, I mentioned I was working on another Nextcloud app, OwnershipTransfer. Back then things were only getting started, but I cooked, and now it’s ready.

OK, so let’s talk about the OwnershipTransfer App. What’s it for ? Who is the target audience ?

As mentioned in the previous article, OwnershipTransfer makes it possible to transfer data from one user to another in Nextcloud. For example, when someone leaves an association that uses Nextcloud (say, on Framaspace 😏), it can be useful to move their files to another user before deleting their account. You could avoid losing important archives, invoices… The same goes for calendars or address books.

Well worry no more, OwnershipTransfer (or « OT » from now on in this article) does all that. It allows Nextcloud admins to transfer data from whoever to whoever. Initially mostly designed for files, I extended it to calendars and contacts transfer.

OT allows a transfer of all the data, but also a more fine-grained choice. One can choose the calendar, address book or folder they want to transfer, so they don’t end up with someone’s holidays pictures in their files.

Screenshot of Ownership Transfer (also available in English) Screenshot of Ownership Transfer (also available in English)

 

But… didn’t this feature already exist in Nextcloud ?

It did, but not the way we wanted it to.

Nextcloud already allows transferring your own files to another user, with a small graphical interface in the user settings section. You can only transfer your own files to another user, but not choose a source user : this isn’t suitable for an instance admin who would want to move files from one user to another.

An instance admin can also transfer files or calendars from one user to another, with an OCC command. OCC is Nexctloud’s CLI, via which admins can handle some server settings. You can only use it from the command line in a terminal, which to most human beings is… cryptical.

In short there are existing working solutions, but not with a simple graphical interface for admins. This is especially an issue in « Nextcloud farms » (an organization hosting Nextcloud instances for a lot of clients at once) like Framaspace, because admins don’t have access to the CLI in this case.

 

Technically, how does it work ?

Since it’s integrated with other Nextcloud apps, OT is heavily relying on existing Nextcloud APIs. The app also uses adapted parts of Nextcloud’s code. For example, I use the code from the existing files transfer feature, which I modified to fit with our requirements. The same goes for the calendar transfer.

However, I add to implement the contacts transfer, since it is not available in Nextcloud (not even through a cryptic CLI). It looks a lot like the calendar transfer, since both of them are based on the WebDAV protocol, so I had an example to work with.

The interface is built with Nextcloud’s Vue components, of course. They are pretty pleasant to use, and new ones are often released. It allowed me to build a complete graphical interface in no time, while staying consistent with the rest of Nextcloud’s UI.

 

Have you encountered any technical or organisational problems ?

Since Nextcloud’s documentation hasn’t miraculously grown since last time, I had to wander around in Nextcloud’s source code to find the functions needed. I could almost make a hobby out of that. Almost.

At least the features exist in Nextcloud already, so adapting them wasn’t the most difficult thing ever. I could also rely on tcit’s advice, co-director of Framasoft and Nextcloud contributor. In short : I write code, he looks at it, says « cool thing, but not scalable », and I correct it.

Scalability was the most common problem. It always works on my small test environment with 5 accounts and 7 folders, but it should also (and most importantly) work on big Nextcloud instances with lots of files. For example, the files transfer can take a lot of time and resources : it has to move all the files from the source to the destination folder, which takes more or less time depending on the amount of files to move and the underlying storage type. Because of that, it is handled in the background : instead of launching it upon receiving the request, it is placed in a jobs queue that the server periodically handles.

Calendar and contacts transfers do not have this issue : they only consist of a simple SQL query to change the right property on the right element. This operation is fast, so it can be handled in the foreground.

Besides the actual transfer, building the interface was also challenging. The app allows the admin to choose which element will be transferred, so they need an interface to choose it. For calendars and contacts, it’s fairly simple : with Nextcloud’s components, I could easily build a list of calendars or address books. But for files, things are getting complicated : we need a whole tree-style view to show the subfolders’ content.

Luckily, I’ve got back up. Romain, former fellow INSA Lyon student (in Telecom, just like me !) and former Framasoft intern, worked on Sorts a few years ago. The goal was to make an app to enhance Nextcloud’s file search, mostly with filters. And Sorts has something I was really interested in : a tree-style files view. Exactly what I needed.

Interface de Sorts avec l'arborescence de fichiers Interface adaptée à OT pour choisir le dossier à transférer

After a few tweaks here and there in Sorts’ code, which wasn’t necessarily easy, its tree-style view perfectly integrated with OwnershipTransfer. It helped a lot and saved a lot of dev time, and I could even improve it a bit with some lines to better view the current folder and some sharing icons.

 

Now that your internship is coming to an end, and you’ve been « eating » some Nextcloud for the past 6 months, what are your potential takes on this software ?

It’s rant time !

Anyways, besides the rant and all the things I could blame on Nextcloud (like its lightweight documentation, its occasional slowness or its imperfect UI), its a very functional software, and it’s all that matters for pretty much everyone. It could be better (and it’s already happening !), but I find it to be working just fine for most typical usages. I’ve been using it for 2 years on a Raspberry PI to backup my files and photos, and I’ve never had any major issues with it.

However, its collaborative features can definitely get better (things like multiple people writing on the same text or calc document at the same time), especially since they are very popular among the people who use Nextcloud. These features exist, but they are typically hard to use, especially the first time, and poorly optimized. So when I see Nextcloud bragging about how they now have AI integrated (which I think most people don’t find that useful anyway), while opening a shared file sometimes still causes a mess… I think they could focus on more important things. But I guess you do need something to make it look shiny.

 

We’ve been very very pleased and satisfied to work with you over the last few months ! Any final words ?

I was delighted to work at Framasoft ! I’ve learned a lot through this internship, and I want to thank the association again for its welcoming and comfortable working conditions.

Right now it’s time to relax, for me at least (before going to « class » again, but don’t mention it), and then to go back to work on my final internship at the beginning of next year ! I’m just saying, of course ;)

 


Main links for Ownership Transfer :

Une nouvelle application pour Framaspace : OwnershipTransfer

Encore des nouveautés sur Framaspace ? Et oui ! En ce moment, on gâte les utilisateur⋅ices de ce service, avec l’intégration de pas mal de fonctionnalités comme les applications Forms et Tables, mais aussi l’app « Intros » qu’a développée Val, notre stagiaire estival (rime riche !). Et comme c’est Val, c’est festival (rime honteuse !) : juste avant de nous quitter pour des vacances bien méritées et une dernière année d’études, il nous a livré une nouvelle application « Ownership Transfer » qui facilitera la vie des administrateur⋅ices d’espaces Framaspace.

An English version of this interview is available at : https://framablog.org/2024/09/10/a-new-application-for-framaspace-ownershiptransfer

 

Bonjour Val, on ne va pas te proposer de te présenter, car tu l’as déjà fait dans la précédente interview. On rappellera juste que tu es en stage à Framasoft de début mai à fin août 2024, avec pour objectif de développer des outils d’accompagnement à Framaspace, et donc au logiciel libre Nextcloud.

Salut ! N’hésitez pas à aller lire ma précédente interview pour en savoir plus sur moi ! J’y parle d’Intros, une application pour faciliter la prise en main de Framaspace.

A la fin de l’interview, je parle d’une autre application Nextcloud sur laquelle je travaillais, OwnershipTransfer. À l’époque c’était encore en cours de préparation, mais depuis j’ai cuisiné, et maintenant c’est prêt.

 

OK, donc, parlons de l’App Ownership Transfer. À quoi sert-elle ? Quel est le public visé ?

Comme indiqué dans l’article précédent, OwnershipTransfer sert à transférer des données d’un⋅e utilisateurice à l’autre dans Nextcloud. Par exemple, lorsqu’une personne quitte une association qui utilise du Nextcloud (sur Framaspace, au hasard 😏), il peut être bien pratique de transférer ses fichiers avant de supprimer son compte. Cela permet d’éviter de perdre des archives importantes, des factures,… De même pour ses agendas, ou même ses carnets d’adresses.

Ça tombe bien, OwnershipTransfer (qu’on abrégera par la suite « OT ») fait tout ça. Elle permet aux administrateur⋅ices d’un espace Nextcloud de transférer les données de n’importe qui vers n’importe qui. À l’origine surtout destinée au transfert de fichiers, j’ai pu étendre l’application au transfert d’agendas et de contacts.

OT permet de transférer toutes les données d’une application, mais aussi de choisir plus finement ce qui devra être transféré. On peut ainsi choisir l’agenda, le carnet d’adresse ou un dossier à transférer, pour éviter de se retrouver avec les photos de vacances de quelqu’un d’autre dans ses fichiers.

Capture écran d'Ownership Transfer Capture écran d'Ownership Transfer

 

Mais… cette possibilité n’existait pas déjà dans Nextcloud ?

Si, mais pas exactement comme on le voulait.

Nextcloud permet déjà de transférer ses propres fichiers à une autre personne, via une petite interface graphique dans les paramètres utilisateurs. On peut là uniquement transférer ses propres fichiers vers un autre utilisateur, mais pas choisir l’utilisateur source : ce n’est pas une solution pour les admins d’espace qui voudraient transférer des fichiers d’une personne à une autre.

Un⋅e administrateurice d’espace peut aussi transférer des fichiers ou des agendas d’un⋅e utilisateur⋅ice à un⋅e autre, via une commande « OCC ». OCC est la CLI de Nextcloud, via laquelle les admins peuvent lancer diverses opérations de maintenance ou de management. On y accède donc en ligne de commande via le terminal uniquement, ce qui a de quoi repousser la plupart des êtres vivants sur cette planète.

En bref cette solution fonctionne, mais ne propose pas d’interface graphique simple aux admins. Cela pose problème dans le cas de « fermes à Nextcloud » (une organisation qui héberge des instances Nextcloud pour beaucoup de clients d’un coup) comme Framaspace, dans lesquelles les administrateur⋅ices d’un espace n’ont pas accès à la ligne de commande.

 

Techniquement, comment ça marche ?

Comme elle s’intègre avec d’autres applications, OT se base essentiellement sur des APIs existantes de Nextcloud. L’application réutilise aussi des parties du code de Nextcloud que j’ai adaptées aux besoins de l’application. Par exemple, je réutilise le code de transfert de ses propres fichiers, en l’adaptant pour pouvoir choisir à la fois l’utilisateur⋅ice source et destinataire. De même pour le transfert d’agendas.

J’ai par contre dû implémenter le transfert de contacts, non disponible dans Nextcloud par défaut. Il est cependant très similaire au transfert d’agendas, dont je me suis inspiré, puisque les deux se basent sur le protocole WebDAV.

Pour l’affichage, j’utilise bien sûr les composants Vue proposés par Nextcloud. Leurs composants sont assez complets et agréables à utiliser, et ils en sortent de nouveaux régulièrement. Cela m’a permis de réaliser une interface graphique complète en peu de temps, et cohérente avec le reste du logiciel.

 

Tu as rencontré des soucis, qu’ils soient techniques, organisationnels, etc ?

La documentation de Nextcloud n’ayant pas miraculeusement centuplé en taille depuis la dernière fois, j’ai encore dû fouiller dans le code source de Nextcloud pour aller trouver les fonctions à utiliser. Ça commencerait presque à me plaire. Presque.

Mème d'un Val (avec quelques années de plus) face la (non) doc de Nextcloud.

Mème d’un Val (avec quelques années de plus) face à la (non) doc de Nextcloud.

 

Au moins, comme les fonctionnalités existaient déjà en partie dans Nextcloud, les adapter n’a pas été d’une difficulté monstre. Surtout que j’ai pu beaucoup compter sur les conseils de Tcit, codirecteur de Framasoft et contributeur bénévole de Nextcloud. En gros : j’écris du code, il le regarde, il se dit « Cool, mais ça passe pas à l’échelle ton truc », et puis je corrige.

C’était le problème la plupart du temps, le passage à l’échelle. C’est bien beau quand ça fonctionne sur mon petit environnement de test à 5 comptes et 7 dossiers, mais dans l’idéal il faut aussi que ça fonctionne sur les grosses instances Nextcloud avec beaucoup de fichiers. Par exemple, le transfert de fichiers peut prendre beaucoup de temps et de ressources : il faut déplacer tous les fichiers du dossier source vers la destination, ce qui peut être plus ou moins long en fonction de la quantité de fichiers et du type de stockage. Celui-ci est donc géré en fond : au lieu de l’exécuter au premier plan dès la réception de la requête, il est placé dans une file de « jobs » que le serveur effectue périodiquement.

Les transferts de contacts et d’agendas n’ont pas le même problème : il s’agit dans leur cas d’une simple requête SQL qui vient modifier la propriété de l’élément en question. Cette opération est rapide, et peut donc être exécutée au premier plan.

Outre le transfert en soi, réaliser l’interface a aussi été un vrai défi. L’application doit permettre à l’administrateurice de choisir quel élément doit être transféré, et doit donc lui proposer une interface pour faire son choix. Pour les agendas et les contacts, c’est plutôt simple : avec les composants de Nextcloud, j’ai pu facilement faire une liste d’agendas ou de carnets d’adresses. Pour les fichiers, ça se complexifie : il faut récréer une arborescence complète de fichiers, capable d’afficher des sous-dossiers.

Heureusement, un « insalien » n’est jamais seul. Romain, ancien étudiant INSA Lyon (du département Télécom, comme moi !) et ancien stagiaire à Framasoft, a travaillé il y a quelques années sur l’application Sorts. Le but de Sorts est d’améliorer la recherche de fichiers de Nextcloud, en proposant une recherche avec des filtres notamment. Mais Sorts a surtout quelque chose qui m’intéressait : une arborescence de fichiers en arbre. Pile ce qu’il me fallait.

Sorts interface with tree directory Sorts Interface adapted to OT for choosing the file to be transferred

Après avoir récupéré et adapté le code de Sorts, ce qui n’était pas forcément de tout repos, son arborescence s’intégrait parfaitement à OwnershipTransfer. Cela m’a permis de gagner beaucoup de temps de développement, et j’ai même pu apporter des améliorations, comme les lignes qui mettent mieux en évidence l’arborescence, ou les icônes de partage. Pas mal non ? C’est insalien 😎

Mème « Pas mal non ? C'est insalien »

Mème « Pas mal non ? C’est insalien »

 

Maintenant que ton stage s’achève, et après avoir « mangé » du Nextcloud pendant près de 6 mois, quels sont tes potentiels positionnements sur ce logiciel ?

Ah, c’est le moment où je râle !

Non blague à part, malgré toutes les critiques que je pourrais faire sur Nextcloud (notamment sa documentation légère, sa lenteur occasionnelle ou son interface qui laisse parfois à désirer), le logiciel est fonctionnel, et franchement c’est tout ce qui compte pour la plupart des gens. Des améliorations sont possibles (et sont en cours !), mais je le trouve déjà assez opérationnel pour la plupart des besoins que peuvent avoir ses utilisateur⋅ices. Je l’utilise personnellement depuis 2 ans sur ma Raspberry PI pour stocker mes fichiers, et je n’ai jamais eu de problème majeur avec.

Le logiciel peut par contre s’améliorer sur ses aspects collaboratifs, qui sont très demandés par les utilisateur⋅ices (écrire à plusieurs sur un fichier texte ou calc par exemple). Ces fonctionnalités existent, mais sont souvent encore difficiles à prendre en main et peu optimisées. Du coup, quand je les vois se vanter d’intégrer de l’IA au logiciel (alors que franchement, je pense que pour beaucoup ça n’a que très peu d’utilité) alors même que quand on ouvre un fichier texte en collaboratif c’est parfois encore le bordel… je me dis qu’ils pourraient mieux diriger leurs efforts. Mais bon, faut bien des annonces pour faire vendre.

 

Nous avons été très heureux⋅ses et satisfait⋅es de travailler avec toi pendant ces quelques mois ! Un dernier mot pour la fin ?

J’ai été très heureux de travailler à Framasoft ! Ce stage a été très enrichissant pour moi, et je remercie encore l’association pour son accueil et ses conditions de travail au top. Si les sujets que j’aborde dans cet article vous intéressent et que vous cherchez un stage dégooglisé, je vous encourage à venir à Framasoft (promis le dev Nextcloud c’est pas si terrible en vrai). Sinon, vous pouvez toujours faire un don !

Maintenant c’est l’heure des vacances pour moi (puis des « cours », mais ne le dites pas trop fort), puis de mon stage de fin d’études en début d’année prochaine. Je glisse ça là, au cas où ;)

Merci et bonne continuation, Val !


Pour information, si vous êtes étudiant⋅e, que vous aimez Nextcloud, et que ce genre de sujet de stage vous intéresse (de préférence à Lyon pour faciliter l’encadrement, mais télétravail possible), n’hésitez pas à nous envoyer rapidement une candidature spontanée sur stages @ framasoft.org !

Khrys’presso du lundi 9 septembre 2024

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Spécial France

Spécial femmes en France

  • À Paris, la Mutinerie menacée de fermeture : « On a besoin de ce lieu emblématique de la culture lesbienne » (liberation.fr)

    Écrasé par d’importantes dettes, le bar lesbien, queer et féministe risque la fermeture après plus de dix ans d’existence. La communauté LGBT + se mobilise pour sauver le lieu festif et militant.

  • Dans les Pyrénées, une randonneuse accouche à 1700m d’altitude sans assistance médicale (huffingtonpost.fr)

    Partie en randonnée avec ses proches autour du lac de Gaube, la jeune femme enceinte de sept mois et demi a eu des contractions au milieu de la nuit.[…] les secouristes un peu surpris ont été rassurés par la jeune femme et ses proches d’origine néo-calédonienne qui leur ont assuré que l’accouchement à domicile était courant en Nouvelle-Calédonie.

  • Hôpital : 42 % des directrices déclarent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles (francetvinfo.fr)
  • Une plainte pour viol confirmée par le procureur de la République, qui nie l’implication des forces de l’ordre à ce stade de l’enquête (francetvinfo.fr)

    “Le bureau politique du FLNKS souhaite aujourd’hui dénoncer un crime commis par les forces de l’ordre et dans ce cadre, il s’agit d’un crime cautionné par l’État.” […] Cette atteinte sexuelle présumée aurait été commise sur une jeune femme de 22 ans, au cours de la nuit du 30 août, à Montravel, à Nouméa.

  • Violences sexuelles : la fondation Abbé Pierre va changer de nom (humanite.fr)

    La Fondation Abbé Pierre a annoncé vendredi avoir « initié » des démarches pour changer de nom après la publication de nouvelles accusations de violences sexuelles, concernant 17 femmesDans le même communiqué, le mouvement Emmaüs annonce la fermeture définitive du lieu de mémoire dédié à l’Abbé Pierre, figure emblématique de la lutte contre le mal-logement et le sans-abrisme, à Esteville (Seine-Maritime)

  • Viols de Mazan : comment un procès public devient un moment politique (telerama.fr)

    Eux auraient préféré un huis clos. Elle a décidé qu’il n’en serait rien. Eux, ce sont les 51 hommes qui comparaissent depuis le 2 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. Tous accusés d’avoir violé la même femme, sous le regard et à la demande d’un mari qui leur livrait un corps inconscient, soumis chimiquement.

  • Procès des viols de Mazan : Caroline Darian, fille de Gisèle Pélicot, témoigne du « cataclysme » subi par sa famille (huffingtonpost.fr)
    À écouter, son témoignage enregistré l’an dernier dans Les Pieds sur terre : Affaire Mazan : contre la soumission chimique (radiofrance.fr)
  • Avant Gisèle Pelicot, Claudine Cordani première victime mineure à refuser le huis clos au procès (huffingtonpost.fr)

    C’était une intime conviction que j’avais : que ce n’était pas à moi d’avoir honte et que ce qui m’arrivait était profondément injuste. Je me suis dit que dès l’instant où des personnes intervenaient de cette façon dans nos vies, en en changeant le cours de manière si violente et criminelle, nous pouvions les exposer à la société.

  • Procès de Mazan : “Une occasion unique de déconstruire la domination masculine” (arretsurimages.net)

    Dans ce genre d’affaires, il y a ce qu’on appelle les stratégies d’altérisation […] Elles consistent à dire que les violeurs, c’est toujours les autres : c’est le fait de marginaux, de fous, d’étrangers. On essaie toujours de repousser parce que ce serait bien plus dérangeant de se dire que c’est intrinsèque à la société. Cette stratégie est pratique parce que, en repoussant aux marges, on n’a ainsi pas grand travail à faire sur la société. Alors qu’on le sait : il y a un vrai travail collectif à faire sur la masculinité et sur les rapports de genre.

  • Procès Pélicot : Pompier, militaire, père de famille… La vertigineuse banalité des accusés (20minutes.fr)

    Certains sont venus jusqu’à six fois, l’un d’eux a envisagé de reproduire la situation sur sa mère, un autre a violé sa femme selon le même procédé avec le principal accusé. Aucun homme n’a rebroussé chemin en découvrant l’état léthargique de Gisèle Pélicot. Et parmi tous ceux abordés sur le forum « à son insu » de coco.gg, moins d’un tiers a refusé son offre, a estimé au cours de l’instruction l’accusé. Aucun n’a signalé les faits.[…] « Les travaux ont confirmé ce que les féministes ont pressenti dans les années 1960-1970, à savoir que les abuseurs sexuels sont des Monsieur-tout-le-monde, ils viennent de tous les milieux, ont tous types de salaire, ont tous les âges » […] « L’image d’Epinal du violeur qui va agresser une femme la nuit, dans la rue, sous la menace d’un couteau, rassure parce que c’est plus facile de penser cela que de se dire qu’en réalité, les violeurs sont souvent des hommes a priori bien sous tout rapport, des hommes qu’on connaît, qu’on fréquente » […] les investigations ont permis de révéler que cinq des suspects étaient en possession d’images pédocriminels. Dans l’ordinateur de Nicolas F., journaliste, les enquêteurs ont exhumé 4.500 images et vidéos. Déjà placé en détention dans ce dossier, le pompier Christian L. a insisté auprès de sa compagne pour qu’elle récupère son ordinateur à la caserne, sous peine de quoi il « allait y rester longtemps », lui a-t-il dit. Les enquêteurs ont découvert à l’intérieur plus de 700 images pédopornographiques et un échange avec le père d’une adolescente de 15 ans, dans lequel il se dit intéressé à l’idée de la violer lorsque celle-ci serait rendue inconsciente par des somnifères.

  • Féminicide : une femme et ses deux filles tuées par son compagnon à Mormant en Seine-et-Marne (huffingtonpost.fr)

    En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France.

Spécial médias et pouvoir

Le Facepalm de la semaine

  • L’Observatoire du Wokisme (observatoireduwokisme.fr) mène des travaux de recherche sur la pénétration et l’impact du wokisme au sein des entreprises.

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial outils de résistance

  • Contre des lendemains qui pleurent (rappelez-vous.org)

    Puisque la mémoire s’efface inexorablement et que les reculs successifs entérinés par le gouvernement face à l’innommable ont anesthésié notre indignation, nous avons procédé à un inventaire non exhaustif de faits, structurels ou anecdotiques, qui ont caractérisé l’essence du pouvoir au cours des sept dernières années, pour que chacune et chacun puisse se rappeler, avant le premier tour des élections législatives, à quel point le macronisme est un anti-humanisme.

  • Festival Images Mouvementées – Édition 2024 (imagesmouvementees.fr)

    Il y a le monde qu’on rejette et le monde qu’on projette.

    Le programme complet (pdf)

Spécial GAFAM et cie

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Khrys’presso du lundi 2 septembre 2024

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  • Affaire Stéphane Plaza : l’animateur absent de son procès pour violences conjugales, l’audience reportée au 9 janvier (liberation.fr)

    L’animateur de M6, convoqué ce mercredi 28 août pour des faits de « violences habituelles » physiques ou psychologiques « par concubin » sur deux ex-compagnes, n’était pas présent au tribunal pour des raisons de « santé mentale ». Les juges ont reporté l’audience au 9 janvier, afin de lui laisser la possibilité de se défendre.

  • Viols et soumission chimique : pourquoi le procès qui s’ouvre lundi à Avignon est hors norme ? (humanite.fr)

    Pendant quatre mois, du 2 septembre au 20 décembre, la cour criminelle départementale du Vaucluse va juger 51 hommes. Ils sont accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, entre 2013 et 2020, droguée par son mari Dominique Pélicot qui filmait et photographiait ces viols. […] C’est le 2 novembre 2020 que Gisèle Pélicot a été convoquée au commissariat. Elle savait que son mari de 68 ans avait été pris en flagrant délit par un vigile de supermarché, photographiant sous les jupes des femmes. Mais une enquête plus poussée a mené les enquêteurs à d’autres éléments dans son ordinateur : de nombreux clichés et vidéo d’elle, violée dans son sommeil par des hommes au visage anonyme.[…] Ce recours récurrent aux sédatifs ne sera pas sans conséquences sur son épouse : fatigue sévère, absences, la victime se plaint régulièrement de ces étranges symptômes. Elle ne comprend pas son inflammation du col de l’utérus constatée par un gynécologue. Personne ne s’en inquiète, aucun professionnel ne croise les diagnostics : le procès devrait souligner aussi les écueils de notre système médical dans le repérage des drogues et médicaments largement utilisés pour agresser sexuellement.

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RIP

  • Henri Leclerc est mort (ldh-france.org)

    Président d’honneur de notre association, il avait, de façon constante et jusqu’au dernier moment, veillé à contribuer aux réflexions et aux engagements collectifs, à les enrichir de son souffle, obsédé qu’il était de transmettre les valeurs de ses combats. Il en avait évoqué l’essence lors de son discours de clôture à l’occasion des 100 ans de la LDH, en 1998 : « Ils sont toujours là, nos vieux adversaires. Nous les connaissons bien. Ils s’appellent l’arbitraire qui menace les libertés, l’intolérance qui détruit la fraternité, le racisme qui nie l’égalité, l’individualisme qui tue le citoyen. Elle est toujours présente, la misère, cette insulte à la dignité. Et devant nous, dressés, tous les pouvoirs dont on abuse. »

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Khrys’presso du lundi 26 août 2024

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RIP

  • Mort de Catherine Ribeiro, étoile filante de la chanson (humanite.fr)

    La chanteuse Catherine Ribeiro est morte à l’âge de 82 ans. Inclassable, irréductible, incorruptible, elle a chanté la passion, l’amour, la révolte. Elle est restée libre, jusqu’à son dernier souffle.

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Dégafamisation de L’atelier en Santé

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec aujourd’hui le témoignage de L’atelier en Santé, un centre de santé communautaire à Plounéour-Ménez dans le Finistère.

Merci à Gabriel et à Alex d’avoir voulu partager leur aventure en répondant à nos questions, bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ?

Je suis donc Gabriel Perraud, médecin généraliste et militant pour des solutions libres et respectueuses des données des utilisateurs dans le champ de la santé. Je me suis déjà investi dans différents projets à ce sujet avec notamment feu LibreHealthCare, puis maintenant, à mon échelle, au sein de l’association InterHop.

(ndlr : Ah oui, je me souviens de LibreHealthCare, je les suivais sur Diaspora*, d’ailleurs j’ai retrouvé le wiki du projet)

Logo de l'association InterHop, icône représentant deux têtes de personnes de profil, l'une ayant un symbole d'électrocardiogramme et l'autre une roue crantée.

Logo de l’association InterHop

Mais dis moi donc Gabriel, Peux tu nous parler de ce projet qui te tient à cœur, depuis un bon moment maintenant ?  tu avais été très évasif en 2019 lors de notre rencontre.

L’Atelier En Santé : Il s’agit d’une association qui a pour but la mise en place d’un centre de santé communautaire au sein d’une commune rurale du Finistère. La devise de notre association est : « Faire santé en commun ». Je vous remets ici des extraits de notre site web de présentation sur la présentation et la définition de notre projet :

  •  L’idée naît en 2018, à Brest, en Finistère, à l’initiative de 2 médecins et d’une salariée agricole. Le souhait de pratiquer la santé autrement. D’avoir le temps d’être pleinement à l’écoute des patients. De faire partie d’un collectif de travail où toutes les voix comptent. D’un collectif dont les patients seraient parties prenantes, qui s’appuierait sur leurs savoirs, encouragerait leur pouvoir d’agir. Et où leur santé serait appréhendée de manière globale, dans ses dimensions tant physiologiques que sociales, environnementales, économiques, etc.

  • « Santé communautaire », d’autres Centres, ailleurs en France qui pratiquent ce type de soin, se sont donné ce nom, source d’inspiration pour les personnes à l’initiative du projet.

  • Ce pourrait être en zone rurale où les soins se font rares. Dans les Monts d’Arrée où cette rareté rime avec un tissu étroit de solidarités. À Plounéour-Ménez où la mairie accueille favorablement le projet.

  • Depuis, l’équipe bénévole de l’association loi 1901 porteuse du projet, L’Atelier en santé (LAES), s’est modifiée et élargie. Elle compte aujourd’hui 9 membres bénévoles – 2 coordinatrices de projet, 2 médecins, 2 kinés (dont Alex), 1 sage-femme et 2 psychologues – qui œuvrent ensemble à la création du futur Centre de santé, qu’ils soient professionnels, futurs salariés du centre ou habitants concernés par le manque d’accès aux soins. »

Et comme on l’a vu dans ta présentation, les logiciels libres seront présents dans cette aventure.

Gabriel : Nous nous sommes mis d’accord dès les premières étapes du projet pour utiliser des logiciels libres tant que cela nous était possible sans mettre en péril la vitalité du projet. Nous avons pu ainsi mettre en place nos outils libres communs pour toute la phase de préfiguration de notre projet de centre de santé.

Vous n’êtes pas toustes des geeks , qu’est ce qui a fait que vous ayez eu envie d’utiliser des outils libres ? 

Alex : A vrai dire, je n’avais pas vraiment d’avis sur la question avant ma rencontre avec Gabriel. Je trouve très intéressant de mettre en commun et de rendre accessible des outils numériques. Il y a un véritable enjeu éthique derrière tout ça.

Cela ne t’a pas paru trop compliqué, Alex ? 

Au départ, oui, n’étant pas familier avec l’outil informatique…. Mais je ne saurai dire si c’est lié au fait que le logiciel soit libre ou non, ma pratique en la matière étant quasi nulle. Ceci dit, après un temps d’apprentissage, ces outils se révèlent extrêmement utiles pour le travail en collectif et permettent une efficacité d’action, si bien utilisés. Cela m’a un peu réconcilié avec l’usage de l’outil informatique.

Quel a été le déclencheur de votre dégafamisation ?

Pour ma part, un des premiers éléments déclencheurs a été le besoin de faire fonctionner de façon plus fluide mon Thinkpad T42 sous Windows XP lorsque j’étais étudiant. J’ai lu sur des sites d’informations numériques grand public la sortie d’une nouvelle version d’Ubuntu 10.10 et c’est là que tout a commencé. J’ai commencé à suivre un tutoriel sur, anciennement, « le Site du Zéro » pour savoir comment installer ce système d’exploitation gratuit qui avait l’air bien sympa.

Puis de fil en aiguille je me suis intéressé à la philosophie et aux enjeux politiques des logiciels libres. C’est arrivé au début de mes études de médecine et le lien s’est spontanément fait pour moi entre l’intérêt d’avoir des logiciels issus du mouvement open-source dans le champ de la santé, dans l’intérêt des professionnels, des patients et du système de santé en général.

Dans le cadre de LAES, nous avons mis en place ces outils dès le début. Nous avons d’abord voulu aller à ce qui nous semblait le moins onéreux et le plus flexible en auto-gérant l’infrastructure nous-même sur des serveurs OVH, via YunoHost que j’avais déjà testé à la maison pour divers projets personnels. La responsabilité restait cependant sur les épaules d’une seule personne de l’équipe. Pour rester en cohérence avec le souhait d’une gouvernance partagée et pour me laisser plus de temps à d’autres aspects du projet nous avons pu basculer la gestion des services que nous utilisions à d’autres personnes.

  • Forum/Discourse : cloud.girofle
  • Nuage/Nextcloud : cloud.girofle
  • Boîte mail : OVH
  • Site web/Wordpress : OVH
  • Pads : Cryptpad
  • Messagerie instantanée : on est resté sur Signal.

Parlons d’abord du processus de décision de cette transition. En amont de votre « dégafamisation », avez-vous organisé en interne des moments pour créer du consensus sur le sujet et passer collectivement à l’action (lever aussi les éventuelles résistances au changement) ? Réunions pour présenter le projet, ateliers de réflexion, autres ?

Oui, cela s’est fait lors de réunions. Dès le début avec une mise en commun des savoirs sur ce que comprenait le concept de logiciel libre et les enjeux techniques et politiques qui allaient avec. Nous avions cependant anticipé le fait qu’il n’existe pas (encore) de logiciels métiers (gestion de dossier patient, logiciel d’aide à la prescription) accrédités qui soient libres dans le cadre d’un centre de santé.

Cela ayant un fort impact sur le financement de notre structure et donc sur la vitalité du projet dans son ensemble, nous sommes tombés d’accord sur le fait que la vitalité du projet du centre passerait tout de même avant et que la recherche de logiciel libre se ferait « du mieux que l’on puisse ». Cela ne nous empêche donc pas de nous investir auprès d’Interhop et en particulier des projets Toobib et Goupile par exemple.

Nous avons également comme projet de mettre en place un fablab suivant l’état d’esprit lowtech orienté santé en parallèle du centre de santé pour le développement de solutions libres dans le domaine de la santé.

Mon médecin utilisait jusqu’à il y a 4 ou 5 ans des logiciels libres, mais il a été obligé d’arrêter. Pression des collègues du cabinet, difficultés avec les logiciels de la CPAM… Alors, quand j’entends parler de votre aventure je me demande si vous aussi vous rencontrez des résistances dans l’appropriation de votre écosystème numérique ? 

Oui, j’en parle au-dessus mais là c’est plus un retour d’expérience sur la préfiguration. Pour l’exercice, nous n’avons pas encore du tout libre, nous ferons au mieux. On est en lien avec Interhop/Toobib pour essayer d’avoir des solutions libres/éthiques accréditées.

Au sein de l’équipe, nous avons mis cet état d’esprit dès le début, il n’y avait pas de frein particulier.

En nous ouvrant aux habitants de la commune, l’outil Discourse nous permet d’avoir une interface suffisamment inclusive pour le moment pour permettre des échanges avec des personnes ayant différents niveaux de facilité avec le numérique. Nous utilisons également des pads de Framapad avec les habitants pour nos comptes-rendus de réunions et répartition des tâches.

Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Non pas franchement pour le moment avant ouverture du centre. Pour la phase d’exercice, nous allons faire des choix dans l’été justement et nous aurons des retours plus tard.

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Les logiciels métiers pour le moment, de ce que j’en comprends, l’accréditation peut-être techniquement compliquée et très onéreuse.

Quels étaient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numérique éthique ? 

Plutôt des ressources internes, la communauté de YunoHost pour les soucis techniques auxquels je pouvais faire face, puis la plateforme des chatons pour migrer nos outils auprès de personnes bien plus compétentes que nous tout en restant raccord avec nos valeurs et à un coût abordable pour notre structure (prix libre pour cloud.girofle).

Infographie sur la dynamique entre l’équipe projet, l’équipe salariée et les habitant⋅es

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle manière (formation, tutos, etc.) ?

Oui, avec des tutoriels à la demande, on essaie de simplifier l’accès aux outils au fur et à mesure de l’implication des adhérents. Et de réduire leur nombre également quand on peut.

On profite également des temps off, lorsque nous avons nos réunions en présentiel, pour résoudre les éventuels soucis techniques, faire une installation d’Ubuntu sur un PC qui ne tourne plus sur Windows, installer Aurora Store pour ré accéder à l’installation de Signal sur un vieil appareil Android (pour qui le PlayStore ne fonctionne plus comme il devrait), par exemple.

Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que ça soit libre ?

Pour le moment nous communiquons aux nouveaux bénévoles des raisons de nos choix de logiciels libres et nous faisons l’effort d’essayer au maximum de réduire l’écart possible entre les compétences techniques nécessaires à l’utilisation d’outil et les compétences/envies/besoins des habitants bénévoles. Là on fait un gros travail d’adaptation du forum pour une utilisation plus fluide avec les mails.


Nous devrons ensuite voir pour un choix de messagerie instantanée : utiliser les modules présents dans Discourse ? Proposer Signal à tout le monde ? Chercher d’autres solutions ensemble ?

Au niveau des patients, ce seront donc essentiellement des outils libres ou sans GAFAM que vous allez utiliser ? (prise de rdv, mails hors gmail et compagnie ?)  Qui sont les adhérents ? Des patients ou quiconque habitant votre secteur et n’ayant pas de suivi médical avec vous ? C’est étonnant ce système d’adhésion pour un centre de santé. 

  • Pour les mails professionnels nous allons également passer par les messageries dites sécurisées mises en place par les institutions et utilisées par les autres acteurs du système de santé avec notamment MSSanté.

  • Pour ce qui est du travail avec les adhérents de l’association et des logiciels hors logiciels métiers avec accréditations nous allons nous efforcer d’utiliser des logiciels libres au maximum : traitement de texte, espace nuagique, pads, etc.

  • Pour le système d’adhésion, il s’agit de la valence communautaire ou participative du centre. Ce n’est pas forcément le cœur de cette interview, mais en résumé, toutes personnes souhaitant avoir des soins sera pris en charge comme dans d’autres structures déjà en place (maisons ou centres de santé). Mais nous travaillons à la mise en place d’une gouvernance partagée avec les habitant.es et différentes parties prenantes de la commune à l’échelle du centre. Par exemple, nous avons pu organiser un ciné-débat avec des habitant.es bénévoles du futur centre, et nous avons pu utiliser comme outils informatiques : framapad, mails et Discourse. 

  • Il y aura donc la partie soin où nous allons répondre aux demandes réglementaires nationales tout en nous investissant auprès de Toobib et d’Interhop pour participer au développement de solutions éthiques et libres. Et il y aura la partie associative/participative sur laquelle nous allons avoir plus de marge de manœuvre pour la mise en place de solutions open-sources/libres.

 

Quels conseils donneriez-vous à des structures comparables à la vôtre qui voudraient se dégafamiser aussi ? (erreurs à ne pas commettre ? Astuces et bonnes pratiques éprouvées à l’usage ?)

Ne pas hésiter à passer rapidement, si ce n’est dès le début, par des services répertoriés sur les CHATONS. La gestion en interne de ces outils peut être plus ou moins compliquée lorsque ce n’est plus uniquement un projet personnel et que les enjeux ne sont plus les mêmes en cas de soucis techniques (perte d’accès à des services, incendie dans des datacenters), etc.

Sinon, par rapport à d’autres projets, cela reste plus simple, à mon sens, de proposer une infrastructure libre dans le cadre d’un nouveau projet. En choisissant un projet qui a relativement peu d’impact sur le reste de la structure et en montrant que ça marche, le discours autour du logiciel libre a de plus en plus d’impact dans les représentations que peuvent se faire les différentes parties prenantes sur la question.

 

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Un argument qui semble souvent fonctionner est le côté prosaïquement libre de ces outils. Si nous ne sommes plus satisfait d’un hébergeur, d’un gérant, d’un outil, il est plutôt aisé d’en changer de par les formats de données utilisés et les communautés présentes et aidantes autour de ces outils.

Encore merci Alex pour ta participation à l’interview ! Je sais qu’il n’a pas été simple de trouver du temps pour cela. Et merci Gabriel, pour l’interview mais aussi pour ton implication, depuis toutes ces années, dans les projets de logiciels libres en médecine  ! 

On en parle aussi dans les journaux locaux (Ouest-France et Le Télégramme) !

Khrys’presso du lundi 19 août 2024

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RIP

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  • Mort d’une bénévole des JO de Paris 2024 : ce que l’on sait (liberation.fr)

    Une jeune femme de 21 ans, accréditée pour la cérémonie de clôture des JO, a été retrouvée morte ce mardi 13 août, dans le logement de son compagnon, qui a été placé en garde à vue « dans un état semi-comateux ».

    Voir aussi Le féminicide : un crime politique (humanite.fr)

    Dans la nuit du 12 au 13 août, une femme a été retrouvée morte au domicile de son compagnon à Paris. Le féminicide n’est pas un fait divers, ni un « crime passionnel ». Il s’agit de la concrétisation d’une violence systémique profondément ancrée dans nos sociétés. Chaque féminicide porte en lui une dimension politique que l’on ne peut pas ignorer : c’est l’expression ultime et fatale de la domination et du contrôle patriarcal.

Pas RIP

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RIP

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Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Khrys’presso du lundi 12 août 2024

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Brave New World

Spécial Palestine et Israël

Spécial femmes dans le monde

Spécial France

RIP

  • L’animateur de télévision Patrice Laffont est mort à 84 ans (liberation.fr)

    L’ancien présentateur star des années 1990 est décédé ce mercredi 7 août dans sa maison du Vaucluse.Patrice Laffont – père de la comédienne Axelle Laffont et le fils de l’éditeur Robert Laffont – s’est notamment fait connaître pour avoir animé le plus ancien jeu de la télévision française : l’émission Des chiffres et des lettres, entre 1972 et 1989.

Spécial femmes en France

Spécial médias et pouvoir

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

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Khrys’presso du lundi 5 août 2024

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Les autres lectures de la semaine

  • Crise totale (blog.mondediplo.net)

    On n’imagine pas combien le processus de destruction d’une société peut être rapide sitôt qu’elle est aux mains d’une clique où se mêlent pervers et imbéciles. […] Alors la direction confédérale part en vacances. Un coup d’État est en cours, mais « JO », « vacances ». Sauvent l’honneur, ici la CGT Cheminots, là l’UD CGT-Paris. La direction confédérale, elle, fait des communiqués, appelle Macron à, déclare qu’il faut qu’il — sous l’effet de quelle menace sérieuse, de quel rapport de force réel, on le saura sans doute après les JO, après les vacances. […] Louper les fenêtres ouvertes par l’histoire, c’est n’avoir aucune perception des colossaux surgissements d’énergie politique qui s’y forment, du relatif peu de chose qui suffirait pour la coordonner et la mettre en mouvement — et n’avoir non plus aucune anticipation des effets sensationnels qui pourraient s’ensuivre, pourvu simplement qu’on essaye.

  • Des jeux et du spectacle… n’apportent pas les réponses politiques nécessaires (blogs.mediapart.fr)

    Que le président ne pense pas que le spectacle des jeux nous fasse oublier sa responsabilité première : nommer un-e Premier-e ministre pour que le nouveau gouvernement puisse répondre aux besoins de celles et ceux qui ont toutes raisons de se sentir rejetés, méprisés, niés.

  • Emmanuel Macron perdu dans le MacronVerse (lundi.am)

    Allez Monsieur Macron, il faut partir, maintenant ! Il faut nous laisser !

  • The nature of the last universal common ancestor and its impact on the early Earth system (nature.com)
  • Faut-il “éduquer le peuple” ? (frustrationmagazine.fr)

    Et si c’était, non pas aux classes populaires de montrer “morale blanche” à la gauche pour qu’elle les accepte et les défende, mais à la gauche de prouver qu’elle mérite les classes populaires ? […] Pourquoi parmi les publics cibles n’y a-t-il pas les grandes écoles (commerce, ingénierie, haute administration), les facultés de médecine ou de droit, les clubs de sport, les organisations politiques, syndicales, les formations des pompiers, gendarmes, policiers, militaires, les écoles de journalisme, les grands médias, le monde de la culture, du cinéma, de l’art, de la musique : les lieux dont on sait qu’ils renferment une forte culture du viol, misogyne, homophobe

  • Paris 2024 : Inclusion sélective et diversité linguistique en question (cheminez.fr)

    La majorité des linguistes rappelle que le mot amour est occitan, et a été adopté par la langue française sous l’influence prestigieuse de ce qui a été la première littérature européenne après le latin : la littérature des troubadours occitans. Premiers utilisateurs du mot et, pour ainsi dire, créateurs de la notion d’amour telle qu’elle se perpétue encore aujourd’hui ! C’était il y a à peu près un millier d’années. Avant que les territoires occitans ne soient envahis et colonisés, comme d’autres, par le pouvoir royal. Avant que la République n’entreprenne méthodiquement l’éradication (toujours en cours) de la langue d’oc, et du breton, du flamand, de l’alsacien, de l’arpitan, du corse, du catalan, du basque, des autres langues de l’Hexagone et des Outre-mer.

  • Wikipédia comme terrain de recherche : méthodes et enjeux de l’analyse des inégalités épistémiques genrées d’une encyclopédie collaborative (essachess.com)
  • Qui était Emmy Noether ? (theconversation.com)
  • Discrimination against trans Olympians has roots in Nazi Germany (vox.com)
  • Écologie : les idéologies réactionnaires en embuscade (revueladeferlante.fr)

    La pensée éco­lo­gique n’échappe pas à la tentation du conser­va­tisme. Même s’ils restent peu repré­sen­tés, ces courants éco­réac­tion­naires n’en consti­tuent pas moins une menace réelle.

  • En arrière toute (revueladeferlante.fr)

    Ces dix dernières années, des groupes religieux d’extrême droite se sont organisés en réseau aux niveaux européen et mondial. Très peu connus du grand public, ils s’appellent Ordo Iuris, la Fondation Lejeune ou One of Us. Une inter­na­tio­nale ultra­con­ser­va­trice qui fourbit ses armes pour s’attaquer aux droits fondamentaux.

  • Nous sommes les oiseaux de la riposte qui s’annonce (revueladeferlante.fr)

    L’autrice Fatima Ouassak nous invite à penser urgemment des formes concrètes d’organisation pour combattre, en fémi­nistes, l’extrême droite. Face aux attaques supré­ma­cistes, la militante anti­ra­ciste prône la mise en place d’une soli­da­ri­té entre femmes blanches et non blanches, pour l’égale dignité de nos enfants.

  • ‘Weird’ Times in American Politics : The New Democratic Playbook (readtpa.com)

    Remember when political debates were all about tax rates and foreign policy ? Yeah, me neither. Welcome to the era of political discourse where calling your opponent “weird” passes for a campaign strategy. […] This obsession with being seen as “normal” isn’t just about feeling good. It’s a powerful political tool. If you can convince people that your way of life is the default, then anything else becomes a threat. It’s why we see so much fear-mongering about the “radical left” or the “gay agenda” or whatever the boogeyman of the week is. But here’s where it gets interesting. By labeling the GOP as “weird,” Democrats are flipping this script. […] By pointing this out, Democrats aren’t just scoring political points. They’re shifting the entire conversation about what’s normal in America. They’re saying it’s normal to be accepting, to be diverse, to live and let live. And that constant policing of other people’s identities and expressions ? That’s what’s really weird.

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Intros, a Nextcloud app to help you get to grips with Framaspace

The Framaspace project currently hosts a cloud environment (files, calendars, contacts, wiki, kanban, etc.) for more than 1,200 associations and groups. That’s as many instances of the Nextcloud free software. Unfortunately, it’s not always easy to get to grips with Nextcloud, despite the documentation, forums and so on. So Framasoft decided to get an intern, Val, to work on the subject of supporting people using Nextcloud for the first time. Here’s his story.


Une version française de cette interview est disponible à l’adresse suivante : https://framablog.org/2024/07/31/intros-une-app-nextcloud-pour-faciliter-la-prise-en-main-de-framaspace

Hi Val, can you introduce yourself ?

Hi ! I’m Val, and I’m 22. I was raised in Paris’ suburbs, and I have been studying at INSA Lyon, an engineering school in Villeurbanne for 4 years now. I am parisian, lyonnais, suburbanite, or even Swedish, depending on the mood.
If everything goes as expected, I’ll graduate next year as an Telecommunication Engineer.

I like singing and playing music, climbing plastic walls, solving Rubik’s cubes and playing video games, when I’m not busy tweaking some lines of code. Over the last few years, I have also been active in multiple associations, including some at INSA or the Red Cross.

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

Photo of Val, Framasoft intern between May and August 2024

You chose Framasoft for your internship. Why ?

I had to search for an internship while being in Sweden, and it wasn’t really easy. Searching from another country didn’t help of course, and I also wanted an internship matching my personal values. Basically, being cheap labour to help big business get richer isn’t really my thing.

The year before, I participated in organising an event with the Exit Lyon association, at which a Framasoft employee gave a conference on queer emancipation through digital technology. Being engaged in associations, I already knew Framasoft from their web services, as many do. I still had her email, so I sent an application, and there I am !

It was kind of an ideal case : an internship in a non-profit, breaking with capitalism, and contributing to build more social justice in our society.

Mème Val

Val choosing his internship at Framasoft — Allegory

 

Let’s talk about your internship. What was the general objective ?

Framasoft’s collaborative cloud platform for associations and activist groups, Framaspace, has been active for 2 years now, and is based on Nextcloud. Even though it is a good solution, this open source software is far from perfect, and in particular is more difficult to use than other existing solutions (closed-source and maintained by GAFAMs, such as Google Drive or Microsoft 365).

Please note that Framaspace is a service reserved for French-speaking audiences. The Framasoft association, which provides this product free of charge only to associations and militant collectives, relies solely on donations. Consequently, it is our association that bears the technical support and financial costs of hosting and we cannot afford to host a worldwide audience.

 

My internship tries to solve part of this problem : how to make sure that first time someone logs into Nextcloud they don’t run away. My aim is to make the first use of Nextcloud easier, by supporting users and helping them using the software. It would encourage people to stay on a free solution that respects their privacy, and not run towards GAFAM solutions, considered easier to use.

Luckily, Nextcloud allows the community to create apps that integrate with the software to enhance it. Hence my first contribution to this mission is a Nextcloud app, « Intros ».

OK, so let’s talk about the Intros App. What’s it for ? Who is the target audience ?

Intros answers an user’s most simple question when meeting Nextcloud : « Where is the button to [insert a random action] ? ».

To answer it, Intros highlight elements, buttons or even parts of Nextcloud’s interface to explain what they do. For example, the app will highlight the small sharing icon and display a text explaining how to share a file to someone else. This applies to several Nextcloud apps, including files, contacts or calendar.

Video demonstration of how the ‘Intros’ app works

Technically, how does it work ?

The app uses the intro.js library, which helps creating step-by-step tutorials that highlight a web page’s elements. The library simply integrates to Nextcloud as any other javascript library would, and we can customise tutorials for the users.

That’s it ? No ! The library handles most of the visual aspects for us, but it had to be adapted to integrate to Nextcloud properly. For example, remembering when a tutorial has already been seen to not display it again, and making a menu to re-enable it if needed. Or even handling multiple languages, displaying buttons in Nextcloud’s style, highlighting elements nested in menus… Lots of small enhancements that allow a smooth integration of the library to Nextcloud.

Have you encountered any technical or organisational problems ?

Of course, otherwise where would the fun be ? As always when I’m coding something, sometimes it works and I think, « wow, I’m a genius », and sometimes (often) it doesn’t work and I think, « wow, I’m an intern ».

For example, during development I realised that the application sometimes had trouble finding some elements on the page. One of the problems with intro.js is that the library is designed to be deployed on a site that has been designed by the person who writes the tutorials. This person would have a good knowledge of the site’s structure, and would know which elements need to be selected for it to work every time… Except this person isn’t me. I’m integrating it into Nextcloud, which I obviously didn’t design, so I have to adapt to the structure of the existing pages. As if that wasn’t simple enough, the way the pages are built changes depending on the application (Files, Calendar, Contacts…) or even the version of Nextcloud. So I had to reverse-engineer the HTML DOM on a case-by-case basis, to find out which elements it was possible to select and avoid selecting elements that could change name, class or even completely disappear.

But even being careful, it sometimes didn’t work. The application couldn’t find certain elements, and displayed an explanation over empty space. Not ideal. In intro.js, by default, you give a list of elements to highlight and the explanations that go with them, and the library takes care of detecting them in the DOM when the page loads. This was the critical point in this case : when the page loads. The elements are all loaded at once, so they can’t change along the way. I had problems with this specifically in two cases :

  • first, elements nested in menus. We sometimes want to highlight an element that isn’t visible on page load, and would be after a user click
  • then, elements that aren’t loaded immediately on page load. Some Nextcloud apps take a bit more time to load their elements, so the library can’t detect them on load.

So what ? Well, press the keys on the keyboard, in the right order if possible, and after a while it makes code that solves the problem. Here, instead of detecting all the elements at once, I’ve made sure to detect them just before they’re needed. Each time the user presses ‘next’, the application detects the next element to be highlighted and replaces the default element with this element before launching the next step. This way, we don’t have to worry about page load times or the fact that the button is in a menu. All that’s left to do is simulate a user click with javascript for buttons in menus and tada ! It works.

Val "This is fine" Mème in English

Val « This is fine » Mème

Now that the app has been published, what’s next ?

What’s next ? It’s not really about me anymore ! I hope the app will be used by Nextcloud’s users, and it’s already in use in Framaspace.

We have also discussed with Nextcloud for a possible integration of the app to the software core (and not as a third-party app). That would make it easier to add new tutorial to the apps for developers, but Nextcloud had some remarks regarding this. One of them was that the app explains the interface, while they could simply improve it so it wouldn’t need an explanation.

 

And of course, the app can still be perfected (I’m only a humble intern, after all) to make it more efficient, easier to maintain,… It’s also very important since we want it to be maintained over the (frequent !) Nextcloud updates.

A little birdie tells me that you’re working on another Nextcloud application, can you tell us more about that ?

A new app is indeed on the road (#WIP). The OwnershipTransfer app will allow admins to transfer the ownership of files (or even other types of data ?) from one user to another. This would be especially useful for when someone is leaving an association that uses Nextcloud, and forgot to transfer their important files to someone else ! It will prevent them from losing a very important budget file, forever. However, it still doesn’t make coffee… sorry.

We’ve come to the end of this interview. Would you like to share a feeling about the work you’ve done during this internship ?

I’m really satisfied with what I accomplished. Over and above the fact that I designed and developed a Nextcloud application for the first time from A to Z, I’ve learnt a lot of new skills. Whether it’s PHP, a language I’d only just got to grips with before my internship, or software development in general, managing releases, issues and merge requests, and so on. I’m very happy to be able to have learnt a lot during this internship.

By the way, huge thanks to Framasoft’s employee team who’s always been eager to help me and answer my questions when needed !

Last question, a recurring one in our interviews : what question would you like to have been asked, and what would your answer be ?

« Tell me, what do you think of Nextcloud’s documentation ? »

It’s time to rant (after all, I’m French !). It’s… lightweight, to say the least. But you can see it from a good perspective : I guess browsing the source code to understand how the APIs work is a great learning experience !

Thanks Val !

 

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