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FRR dans cloonix dans podman

Cloonix est un outil d’aide à la construction de réseau virtuel. Il est basé sur Open vSwitch pour l’émulation du réseau constitué de switchs et LANs virtuels, sur crun et les namespaces pour la gestion de conteneurs et sur KVM pour ce qui concerne l’émulation des machines complètes.
Cloonix peut être considéré comme un hyperviseur qui permet de lancer des scénarios de démonstration impliquant des réseaux connectant de nombreuses machines virtuelles ou conteneurs. Ce logiciel open source permet d’automatiser et de rejouer des scénarios complets.

FRR est le logiciel open source qui permet de transformer une machine Linux en l’équivalent d’un routeur professionnel, ce logiciel implémente tous les protocoles de routage classique.

Podman est exactement comme Docker, un gestionnaire de conteneur.

Le but de cette dépêche est de présenter une démonstration qui tourne dans un podman et qui met en œuvre un réseau d’une soixantaine de conteneurs et qui peut être lancé en tant qu’utilisateur simple sans les droits root.

Il y a le lien « demo » qui montre une vidéo un peu accélérée de cette démonstration qui démarre les machines, les configure et les met en réseau. On peut ensuite y voir la convergence du protocole OSPF.

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TuxRun et le noyau Linux

Il y a quelques années, je vous avais présenté TuxMake, un utilitaire pour faciliter la (cross-)compilation du noyau Linux supportant une grande variété de toolchains différentes : TuxMake et le noyau Linux.

TuxMake facilitant la compilation du noyau Linux, nous nous sommes alors attaqués à rendre l’exécution de ces noyaux plus aisée : ainsi est né TuxRun.

Exemples

TuxRun propose une interface en ligne de commande simple pour exécuter un noyau dans QEMU. TuxRun se charge de fournir un environnement suffisant pour démarrer le noyau avec QEMU.

tuxrun --device qemu-arm64 \
       --kernel https://example.com/arm64/Image

TuxRun va alors télécharger le noyau et un système de fichier compatible avec ARM64 puis lancer qemu-system-arm64 avec les bons arguments et afficher les logs du boot.

La ligne de commande de qemu générée par TuxRun est la suivante :

/usr/bin/qemu-system-aarch64 \
    -cpu max,pauth-impdef=on \
    -machine virt,virtualization=on,gic-version=3,mte=on \
    -nographic -nic none -m 4G -monitor none -no-reboot -smp 2 \
    -kernel /.../Image \
    -append "console=ttyAMA0,115200 rootwait root=/dev/vda debug verbose console_msg_format=syslog systemd.log_level=warning earlycon" \
    -drive file=/.../rootfs.ext4,if=none,format=raw,id=hd0 \
    -device virtio-blk-device,drive=hd0

Il est également possible de lancer une suite de tests directement depuis la ligne de commande :

tuxrun --device qemu-arm64 \
       --kernel https://example.com/arm64/Image \
       --tests ltp-smoke

Les résultats de la suite de test seront analysés par TuxRun et la valeur de retour de TuxRun sera 0 uniquement si la suite de tests passe intégralement. Ceci permet d’utiliser TuxRun pour valider qu’une suite de tests donnée fonctionne toujours correctement sur un nouveau noyau.

Architectures

QEMU

Grâce à QEMU, TuxRun supporte de nombreuses architectures:
- ARM: v5/v7/v7be/64/64be
- Intel/AMD: i386/x86_64
- MIPS: 32/32el/64/64el
- PPC: 32/64/64le
- RISCV: 32/64
- sh4, sparc64, …

La liste complète est disponible dans la documentation.

FVP

Il est également possible d’utiliser FVP, le simulateur de ARM pour simuler un processeur ARMv9. FVP est un simulateur bien plus précis que QEMU au prix d’un temps d’exécution bien supérieur.

FVP permettant de configurer et simuler de nombreux composants du processeur, TuxRun propose une configuration permettant de démarrer et tester Linux dans un temps raisonnable.

tuxrun --device fvp-aemva \
       --kernel https://example.com/arm64/Image \
       --tests ltp-smoke \
       --image tuxrun:fvp

ARM ne permettant pas (pour le moment) de redistribuer les binaires FVP, il faut construire localement le container tuxrun:fvp.

Système de fichiers

Par défaut, TuxRun télécharge et utilise un système de fichier compatible avec l’architecture cible. TuxRun fournit donc 20 systèmes de fichiers différents, un pour chaque architecture disponible.

Ces systèmes de fichiers sont basés sur buildroot et comportent les outils nécessaires pour faire tourner la majorité des suites de tests supportés par TuxRun. La liste complète est disponible dans la documentation.

Il est également possible d’utiliser un autre système de fichiers :

tuxrun --device qemu-arm64 \
       --kernel https://example.com/Image \
       --rootfs https://example.com/rootfs.ext4.zst

Runtimes

TuxRun télécharge et utilise un container que nous maintenons. Ce container inclut l’ensemble des binaires nécessaires ainsi que QEMU. Par défaut, TuxRun utilise toujours la dernière version du container disponible.

Il est cependant possible de spécifier une version particulière afin de reproduire plus facilement une erreur. Les nouvelles versions de QEMU introduisent quelques fois des régressions dans les suites de tests. Il est alors nécessaire d’utiliser exactement la même image pour reproduire le problème.

Reproduire un test

TuxRun est utilisé, via tuxsuite notre service de compilation et de test dans le cloud, par le projet LKFT (Linux Kernel Functional Testing) de Linaro. Lorsqu’une régression est détectée, il suffit de fournir la ligne de commande TuxRun pointant sur les artefacts utilisés pour pouvoir reproduire le problème.

Les développeurs du noyau sont alors à même de reproduire et de corriger les régressions détectées par LKFT. TuxRun simplifie ainsi énormément la reproduction du test.

Un exemple parmi tant d’autres : selftests: sigaltstack: sas…

Installation

TuxRun étant un programme Python, il est possible de l’installer depuis pypi :

python3 -m pip install tuxrun

Nous fournissons également un paquet Debian, et un rpm.

TuxMake et Tuxrun

Dans un prochain article, je vous montrerai comment combiner TuxMake et TuxRun pour automatiquement trouver le commit responsable de la régression dans le noyau.

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Sortie de passbolt v4.5 : Gestion de l'expiration des mots de passe et autres améliorations

La version 4.5.0 de Passbolt, baptisée « Summer is Ending », vient de sortir. Elle introduit des fonctionnalités clés et des améliorations pour optimiser la gestion des mots de passe et de leurs cycles de vie de manière sécurisée et collaborative.

Pour mémoire, Passbolt est un gestionnaire de mots de passe Opensource, sous licence AGPL, qui se veut orienté «équipe», avec notamment des possibilités de partage de mot de passe à des personnes ou des groupes.

Nouvelles fonctionnalités

Gestion de l’expiration des mots de passe

Cette nouvelle fonctionnalité permet la gestion et le traçage des mots de passes expirés.
Un mot de passe partagé, ayant été consommé par un utilisateur, expire automatiquement quand l’accès de cet utilisateur a été révoqué. Vous pouvez en savoir plus sur l’article de blog dédié à ce sujet (en).

Animation montrant le fonctionnement de la fonctionnalité d’expiration des mots de passe

Support du Russe

Suite à une contribution communautaire, passbolt est maintenant disponible en langue Russe, ce qui amène le total des langues supportées à 14. Un énorme merci à notre communauté pour ses contributions de plus en plus fréquentes.

Capture d’écran montrant la langue russe disponible dans passbolt

Intégration de Microsoft 365 et Outlook dans les paramètres SMTP

Enfin, les paramètres SMTP ont été améliorés afin de permettre un meilleur support de Microsoft 365 et de Outlook.

En savoir plus sur la version 4.5.0

Pour en savoir plus et mettre à jour vers passbolt 4.5.0, consultez les notes de version (en).

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Libre en Fête 2024 : appel à participation

L'initiative Libre en Fête de l'April revient pour la 23ème année consécutive : pour accompagner l'arrivée du printemps, des événements de découverte du logiciel libre et de la culture libre en général seront proposés partout en France autour du 20 mars 2024, dans une dynamique conviviale et festive.

Titre de l'image

Le Libre en Fête

À l’occasion du Libre en Fête, tous les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres (GULL), les espaces publics numériques (EPN), les bibliothèques et médiathèques, les clubs informatiques, les fablabs et hackerspaces, et toute autre organisation ayant à cœur la promotion du logiciel libre et de la culture libre en général sont invitées à organiser des évènements à destination du grand public. Le site du Libre en Fête donne toutes les informations nécessaires pour participer à l’initiative.

Organiser un événement

Les événements organisés dans le cadre du Libre en Fête peuvent prendre de multiples formes : conférence de découverte, atelier d’initiation - à un logiciel libre, à un service en ligne libre ou à un projet collaboratif dérivé des principes du Logiciel Libre comme Wikipédia ou OpenStreetMap -, fête d’installation, exposition de panneaux sur le logiciel libre comme l'Expolibre, diffusion de vidéos ou films sur le logiciel libre, mise à disposition de postes informatiques sous logiciel libre, de jeux vidéos libres, etc. Bien sûr, il est possible de proposer plusieurs activités au sein d’une même journée de découverte. Et si vous prévoyez un fond musical, pensez à diffuser des titres sous licence libre - vous pouvez regarder du côté de la playlist de l’émission de radio de l’April Libre à vous !.

La coopération entre différentes organisations au niveau local est vivement encouragée. Les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de Logiciels Libres (GULL) peuvent notamment être sollicités en raison de leurs connaissances et de leur expertise en matière de Logiciel Libre. D’autres structures peuvent mettre à disposition d’autres ressources telles que les locaux, le matériel informatique et multimédia, voire des compétences en communication et/ou animation. Ainsi, le Libre en Fête, c’est aussi l’occasion de nouer de nouveaux partenariats et/ou de renforcer des liens existants. Des liens utiles pour la recherche de partenaires sont disponibles sur le site de l’initiative.

N’hésitez pas à utiliser et personnaliser les visuels (logos, bannières, affiche…) disponibles sur le site du Libre en Fête pour votre communication.

Référencer son événement

Le référencement d’un événement dans le cadre du Libre en Fête se déroule au travers du site de l’Agenda du Libre, en ajoutant le mot-clé libre-en-fete-2024 (sans accent) lors de sa soumission. Votre événement apparaîtra alors automatiquement sur le site du Libre en Fête.

Proposer un événement pour le Libre en Fête 2024

Liste de discussion et contact

Une liste de diffusion a été mise en place pour que les organisations participant à l’initiative puissent échanger leurs expériences et idées. L’inscription à cette liste est libre.

Pour toute question sur le Libre en Fête, vous pouvez contacter l’équipe de coordination.

Faites circuler cette annonce, merci !

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Parcours libriste avec Anca Luca — « Libre à vous ! » du 16 janvier 2024 — Podcasts et références

26 janvier 2024 à 13:14

Cent quatre-vingt-seizième émission « Libre à vous ! » de l’April. Podcast et programme :
- sujet principal : Parcours libriste avec Anca Luca (XWiki, Open Food Facts) ;
- chronique de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, sur « Markdown & vous » ;
- chronique de Gee sur « Mickey dans le domaine public ».

Rendez‐vous en direct chaque mardi de 15 h 30 à 17 h sur 93,1 MHz en Île‐de‐France. L’émission est diffusée simultanément sur le site Web de la radio Cause Commune. Vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio : pour réagir à l’un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur : +33 9 72 51 55 46.

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Appel à présentation pour le LibreGraphicsMeeting 2024

26 janvier 2024 à 06:38

Depuis 2006, le LibreGraphicsMeeting réuni une fois par an divers équipes et utilisateurs avancés des logiciels de créations graphiques. Nous parlons ici de Gimp, Krita, Inkscape, Scribus pour les équipes les plus régulières mais d’autres projets viennent régulièrement contribuer au groupe ou se faire connaître, présenter des projets moins visibles, plus ciblés voire des bibliothèques d’outils. Le but de ces rencontres est multiple : permettre aux contributeurs de se retrouver une fois l’an pour définir des objectifs annuels, définir des stratégies interlogicielles afin de favoriser l’interopérabilité comme cela a pu être le cas avec la création de format comme le OpenRaster…

Les effets du LibreGraphicsMeeting ont été importants dans le workflow de la création graphique mais cela n’est pas fini car le domaine évolue beaucoup en termes de besoin mais aussi en termes d’application avec de nouvelles pratiques et de nouvelles priorités.

2024 signe le retour du LibreGraphicsMeeting en présentiel, ce qui était l’objectif initial. Il se déroulera à Rennes du 9 au 12 mai dans les locaux d’Activdesign et sera organisé cette année par l’Association francophone des graphistes libres (AFGRAL) en remplacement du Grafik Labor avant de reprendre éventuellement sa mobilité internationale.

S’agissant d’une édition de reprise, l’objectif est de pouvoir faire un point sur les évolutions et nouveautés de ces dernières années par des conférences, et de permettre les rencontres lors d’atelier ou réunions de travail. Si vous souhaitez participer au LGM, n’hésitez pas à proposer une conférence avant le 2 février 2024, après quoi le comité de programmation se réunira.

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Claire Mathieu et les algorithmes

24 janvier 2024 à 08:01

Si on devait définir Claire Mathieu en mots-clés, ce serait, dans le désordre : algorithmes, Parcoursup, CNRS, pédagogie et éthique. Mais comme c’est très réducteur, ce portrait de celle qui a codé l’algorithme de Parcoursup évoquera, outre ces sujets, son parcours et son passage au Conseil présidentiel de la science. Et, si vous ne savez pas vraiment ce qu’est un algorithme, normalement, cette notion devrait vous être plus familière après la lecture de la dépêche, et qui sait, peut-être vous donner envie de vous y mettre.

Claire Mathieu, photo Patrick Imbert

Sommaire

Parcours

Claire Mathieu est une ancienne élève de l’École normale supérieure. En 1988, elle soutient une thèse en sciences : « Comparaison de modèles combinatoires et probabilistes : deux exemples en analyse d’algorithmes » sous la direction de Claude Puech, actuel directeur scientifique de la Fondation Inria.

En 1990, elle est Chargée de recherche au CNRS en informatique. Elle obtiendra le prix « IBM Jeune chercheur » en 1991.

À partir de 1997, elle occupe des fonctions de professeure d’informatique : à l’Université Paris-Sud (devenue Paris-Saclay en 2020), puis à l’École polytechnique (de 2002 à 2004) et à l’Université de Brown (en), USA (de 2004 à 2014). De retour en France, elle devient, en 2012, Directrice de recherche au CNRS en informatique, sera professeure associée au Département d’informatique de l’École normale supérieure de 2014 à 2018. Elle occupera la chaire annuelle d’Informatique et sciences numériques au Collège de France pour l’année 2017-2018.

En 2017 elle est chargée de mission « Parcoursup ».

En 2019, elle obtient la médaille d’argent du CNRS pour l’ensemble de son œuvre. Elle est élue la même année à l’Académie des sciences. Elle est actuellement directrice de recherche au CNRS en informatique au sein de l’Institut de recherche en informatique fondamentale (IRIF).

Qu’est-ce qu’un algorithme ?

Petit rappel de ce que sont les algorithmes, une notion devenue omniprésente. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, le 16 novembre 2017, Claire Mathieu constate d’ailleurs que :

ce mot a envahi les médias. Autrefois, lorsqu’on allait dans une administration et qu’on n’arrivait pas à obtenir ce que l’on souhaitait, la réponse était : « Ah, Madame, vous comprenez, c’est l’informatique ! » Maintenant on entend : « Ah, c’est l’algorithme. »

Au départ selon la notice étymologique du CNRTL, l’algorithme, vers 1220-30, s’appelait « augorisme » et c’était un « procédé de calcul utilisant les chiffres arabes ». Il deviendra « algorisme » puis, enfin « algorithme ». Le mot lui-même vient du surnom du mathématicien Abdallāh Muhammad ibn Mūsā : Al Ḫuwārizmī (qui est en fait son origine géographique). Et, si vous ne savez pas si on doit mettre ou pas un « y », retenez que ça n’a strictement rien à voir avec la musique ou la danse, donc, pas d’y.

Si une bonne part du lectorat de LinuxFr sait de quoi il s’agit, notamment parce que c’est leur métier d’en fabriquer, ce n’est pas forcément le cas de tout le monde, une petite explication s’impose. Un algorithme est ainsi une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat ou, pour reprendre la définition qu’en a donné Claire Mathieu dans sa leçon inaugurale : « un algorithme, c’est une méthode pour résoudre un problème de façon constructive en le décomposant en briques de base faciles à manipuler. » Elle donne l’exemple de l’apprentissage de la lecture par la méthode syllabique (découper les mots en lettres et syllabes) par rapport à la méthode globale (qui serait plus proche de l'apprentissage profond en informatique).

On peut avoir d’autres exemples simples, celui de la recette de cuisine ou encore, celui de modèles de tricot. Un algorithme reçoit des données à traiter (texte, nombres relations), les instructions peuvent être conditionnelles, passant les étapes suivies par l’algorithme vont varier, et, forcément, les résultats.

Trois sapins
Allégorie des résultats d’un algorithme avec des jeux de données différents.

Si vous voulez en savoir plus, je vous renvoie à la leçon inaugurale de Claire Mathieu au collège de France et à cet article de Jean Cardinal sur le site francophone The Conversation, vous apprendrez qu’il existe plusieurs « familles » d’algorithmes et comment cela fonctionne.

De l’importance des algorithmes

Pourquoi avoir choisi les algorithmes ?

Pourquoi avoir choisi les algorithmes ? À cette question qui lui a été posée à l’occasion de sa nomination au Conseil présidentiel de la science, en décembre 2023 par le site de l’Insmi (CNRS Mathématique), elle répond que cela date de sa formation à l’École normale supérieure de jeunes filles1.

Une question dans un projet de programmation « demandant un calcul par simulation de la profondeur moyenne des arbres 2-3 » l’avait «  plongée dans des abîmes de perplexité car la notion de “moyenne” dépendait de la distribution étudiée, qui n’était pas spécifiée : soit l’arbre est obtenu par une suite d’insertions aléatoires (facile à simuler), soit on considère la distribution uniforme sur tous les arbres 2-3 contenant n éléments » et « d’un cours montrant la borne inférieure n log n pour la complexité dans le pire cas pour tout algorithme de tri par comparaisons. L’idée qu’il était possible de montrer une borne inférieure sur tous les algorithmes imaginables de tri par comparaison, c’était magique. »

Dans la même interview, elle dira qu’elle aime l’aspect concret des algorithmes et « le fait que l’on puisse voir la solution en train de se construire. ».

Sur l’importance des algorithmes

Dans un entretien donné au magazine La Recherche en février 2020 elle explique que le rôle des algorithmes a toujours été important et ce, depuis le début de l’informatique. On se rappellera peut-être des regrets de Marion Créhange qui, dans un texte pour la revue Interstices déplorait le fait que les algorithmes conçus au départ pour économiser le temps et le volume d’informations à traiter par une machine étaient moins subtils.

Aujourd’hui, les algorithmes ne se concentrent plus seulement sur le fonctionnement des logiciels mais ce phénomène :

a pris une importance particulière en raison de la révolution numérique en cours, avec entre autres l’émergence d’algorithmes utilisant des réseaux de neurones profonds. […] Avec le passage au tout-numérique dans la société, l’utilisation des algorithmes partout et le succès des méthodes de l’intelligence artificielle, la proximité entre les algorithmes et les humains dans leur vie en société a changé.2

Et, évidemment, ce n’est pas sans conséquences, puisqu’à partir du moment où les algorithmes vont s’entremêler à la vie des êtres humains, des questions éthiques se font jour :

Cette omniprésence a fait apparaître de nouveaux critères, dont on ne se souciait pas auparavant, comme celui de vouloir que les algorithmes soient équitables et justes pour les humains. Jusqu’il y a deux ou trois ans, ce n’était pas vraiment une préoccupation des algorithmiciens. Cela a émergé d’un coup et pose de nouvelles questions : est-ce que ce sont les algorithmes qui décident et les humains qui suivent – ce qui n’est pas souhaitable – ou bien est-ce que les algorithmes sont au service de la société et des humains ? Que faire pour garantir que les humains gardent toujours le contrôle ?3

Claire Mathieu considère que les algorithmes peuvent contribuer au bien commun, pour peu qu’ils soient bien conçus et utilisés. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, par exemple, elle donne celui de la greffe de reins dont l’idée est d’apparier les reins des donneurs et donneuses aux malades ou encore celui du découpage électoral. Elle espère que « la perspective algorithmique fera partie de la culture des adultes de demain. »4.

Parcoursup : transcrire la loi dans le code

Parcoursup est un dispositif français concernant l’inscription dans les formations d’enseignement supérieur, notamment celles dont les capacités d’accueil sont inférieures au nombre de candidatures reçues, créé par la loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants.

Où la loi fait le code

En 2000, le juriste américain Lawrence Lessig écrit « Code is Law » pour Harvard Magazine, ce que l’on pourrait traduire par « le code est loi » ou le « code fait loi ». Il expliquait que, dans le cyberespace, c’est le code (informatique) qui fait la loi et que, dans l’exemple de l’identification, « l’architecture de certification qui se construit respecte ou non la vie privée dépend des choix de ceux qui codent. ». Il insistait sur le fait que quand l’État se retire, il laisse le champ aux intérêts privés.

Avec Parcoursup, c’est la loi qui fait le code. Laquelle loi fait partie du Code de l’éducation qu’elle a modifié, notamment dans son article D612-1.

Le principe : les lycéens, les lycéennes, les apprenti·e·s, et les étudiant·e·s en réorientation désireuses d’entrer dans l’enseignement supérieur formulent leurs vœux sur la plate-forme Parcoursup. Les capacités d’accueil des formations figurent sur le site de Parcoursup. Une commission d’examen des vœux pour chaque formation (chaque BTS, BUT, CPGE, chaque section d'école d'ingénieur, etc.) les examine et, au besoin met dans l’ordre les candidatures. Là, un algorithme va calculer l’ordre d’appel dans lequel les candidats et les candidates vont recevoir les propositions. Propositions qui évolueront à un rythme quotidien, du 30 mai au 12 juillet pour l'année 2024. Le temps de réponse accordé diminuant au cours du temps.

L’idée étant, idéalement, de faire correspondre les vœux et les capacités desdits candidats et candidates aux formations.

Quand la rédaction de la loi affaiblit les mariages stables

L’algorithme de Parcoursup fait partie de ceux qui servent d’exemple à sa leçon inaugurale au Collège de France. Elle y explique que le gouvernement voulait s’inspirer de l’algorithme des « mariages stables » de Gale et Shapley. Au départ, il n’était question que de classes péparatoires. Se sont ajoutées ensuite les formations non-sélectives avec plus de places que de candidats et candidates, puis les formations non-sélectives pour lesquelles l’offre est inférieure à la demande qui5 :

utilisent des critères géographiques (l’académie d’origine), ainsi que des critères dépendant des préférences des candidats.

Et, de facto, l’algorithme des mariages stables perd ses propriétés et la nécessité d’exprimer des choix stratégiques plutôt que des réelles préférences s’impose aux candidats et aux candidates ce qui « pénalise les candidats sincères » avec un autre effet secondaire :

malgré cela, les formations n’ont pas assez de critères pour départager les candidats et ne peuvent produire de liste ordonnée, d’où l’usage du tirage au sort. Cette extension de l’algorithme, du point de vue mathématique, était catastrophique.

Toujours, dans cette leçon inaugurale, Claire Mathieu en conclut :

C’est la loi elle-même qui dit que l’affectation peut se faire en fonction des préférences des candidats, et donc qui – indirectement – encourage la manipulation !
Ainsi, la loi a défini les contraintes. Du point de vue algorithmique, on peut dire qu’il y a eu une erreur de conception. Pour éviter ce genre d’impasse, la législation devrait peut-être être définie en concertation avec les algorithmiciens.

L’algorithme de Parcoursup est public ainsi que son explication (voir dans les liens) : « La transparence des algorithmes utilisée par le gouvernement est un moteur puissant pour une société plus démocratique. »6. Il a été primitivement publié sur un dépôt Framagit.

Quinze jours au Conseil présidentiel de la science

Le Conseil présidentiel de la science est un conseil national scientifique français créé le 7 décembre 2023 par le président de la République. Composé de douze membres, sa mission de tenir le président informé des évolutions scientifiques susceptibles d’être stratégiques. Les rapports de ce conseil ne seront pas rendus publics.

Claire Mathieu y est nommée ainsi qu’une brochette d’autres scientifiques de haut niveau. Elle en démissionne le 22 décembre en désaccord avec la loi sur l’immigration. Une loi considérée par ailleurs comme ni essentielle (les lois sur l’immigration ont été modifiées 133 fois en dix ans), ni vraiment souhaitée, dangereuse pour la politique de santé publique et votée dans des conditions démocratiques douteuses. Elle s’en explique ainsi dans un courrier adressé à Emmanuel Macron :

En effet, si au lieu de vous c’était l’extrême droite qui était au pouvoir, j’aurais refusé de participer à ce conseil. Or, la loi anti-immigration est une loi d’extrême droite, une loi xénophobe, d’exclusion et de repli sur soi.

Elle ajoutera sur X :

Maintenant déjà il est difficile à nos jeunes chercheurs étrangers de régler leurs problèmes de visas. Demain ce sera pire, et ils iront donc dans un pays plus accueillant. Cela accentuera le décrochage de la France en recherche.

Elle remarque au passage sur son compte Mastodon :

C’est drôle, il y a quinze jours j'ai reçu plein de messages de félicitations pour ma nomination au Conseil présidentiel de la science, et aujourd’hui je reçois plein de messages de félicitations pour ma démission du Conseil présidentiel de la science (y compris certains des mêmes personnes).
Je cherche le proverbe approprié pour décrire la séquence.

On suggérerait bien cette citation de Rabelais tirée de Pantagruel « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Post-scriptum

Vous avez dans les « Liens » ceux qui m’ont servi à rédiger ce portrait. Je ne saurais que trop vous recommander d’aller y jeter un coup de souris, au moins la leçon inaugurale. Sur le site de Claire Mathieu, vous trouverez son CV ainsi que des liens vers certaines de ses publications et ses présentations. Les présentations sont d’un intérêt relativement mineur car elles sont, et c’est comme cela que ça doit être, des supports de sa parole et là uniquement pour agrémenter son discours, elles sont donc assez peu informatives pour qui ne connaît pas le domaine, tout au moins.

La leçon inaugurale a fait l’objet d’une publication papier, épuisée, et de versions epub et pdf. On doit pouvoir l’emprunter auprès d’une « institution partenaire ». Cela dit le texte intégral est en ligne.

Pour lire l’interview de Claire Mathieu dans la Recherche, il faut le payer, soit en achetant le numéro, soit en acceptant de voir une publicité (on peut se servir un café pendant qu’elle passe). Personnellement je n’avais pas le bouton sur mon Firefox, question de réglage ou d’extensions sans doute, il m’a fallu utiliser Chromium. À vous de voir.

Pourquoi un portrait, si on peut dire, à mi-chemin entre une biographie et une interview ? Parce qu’une biographie se doit d’être exhaustive, ce qui n’était pas trop l’idée ici. Et qu’une interview ça prend du temps à rédiger et que les personnes ne répondent finalement pas forcément. Quitte à travailler pour rien, autant travailler pour quelque chose. Il y en aura peut-être d’autres, ou peut-être pas (j’ai un autre nom en tête et dans Zotero). Mais j’espère que celui-ci fera au moins un heureux.

Pourquoi pas sa page Wikipédia ? D’abord parce que je ne l’ai pas lu, ce qui règle la question. Ensuite parce que, justement, j’ai privilégié les sources primaires pour avoir la parole de Claire Mathieu. Et enfin parce que je pense que le lectorat de LinuxFr est tout à fait capable de la trouver lui-même.

Et un grand merci à finss pour ses précisions.


  1. ENSJF, elle disparaît en 1986 suite à la fusion des deux ENS. 

  2. La Recherche, mensuel 556, février 2020. 

  3. La Recherche. 

  4. Leçon inaugurale, Collège de France. 

  5. Les citations qui suivent sont extraites de la leçon inaugurale 

  6. Claire Mathieu, Le Monde, blog binaire, La transparence à l’école de Parcoursup, 5 juin 2018. 

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Appel à participation au village du libre JRES2024 pour des associations du libre

20 janvier 2024 à 05:17

JRES2024

JRES est, depuis 1995, une conférence biennale réunissant les membres de la communauté des technicien·nes et ingénieur·es en informatique pour l’enseignement supérieur et la recherche français. Elle est un forum d'échange et de transfert de compétences. La prochaine édition se déroulera du 10 au 13 décembre 2024 au Couvent des Jacobins, à Rennes.

Le logiciel libre est au cœur du métier de nombreux participant·es de la conférence, comme en témoignent le nombre important d’articles des éditions précédentes s’appuyant sur des solutions libres (https://archives.jres.org/). Pour cette raison, nous avons associé à l’événement, depuis plusieurs éditions, les associations promouvant le libre et son usage. Des stands et des entrées sont offerts gracieusement aux associations de promotion du logiciel libre qui acceptent de participer à l’événement.

La place du logiciel libre sera d’autant plus importante pour cette édition 2024 dont le slogan sera « Souveraineté et Sobriété ».
Vous êtes les bienvenu·es dans le « village du libre » de la conférence : un espace dédié au logiciel libre, bien identifié, convivial avec la possibilité d’y faire facilement des animations qui valoriseront votre association.

Rejoignez-nous !

Vous pouvez envoyer à Contact village du libre votre envie de participation avant mai 2024 en présentant votre association.

Pour le Comité de Programme JRES2024

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Appel à présentations - Conférence OW2con'24

12 janvier 2024 à 13:50

La conférence annuelle OW2con'24 aura lieu cette année les 11 et 12 juin 2024, sur le site des Jardins de l'Innovation de Orange à Paris-Châtillon. Communauté open source internationale et indépendante, OW2 est dédiée au développement de logiciels professionnels de qualité industrielle, et regroupe des entreprises, des collectivités et des organismes de recherche de premier plan dont Orange, l’Inria, la Mairie de Paris et l'institut allemand Fraunhofer Fokus. L'appel à présentations est ouvert jusqu'au 25 février 2024.

OW2Con 2024

OW2con est la conférence open source européenne organisée par OW2. Rencontre internationale de contributeurs, éditeurs, ESN, académiques, et organisations à but non lucratif, OW2con rassemble l'ensemble de la communauté open source. OW2con est ouvert à tous, l’évènement est gratuit et les conférences ont lieu en anglais.

Appel à présentations:

Cette année l'accent sera mis sur le thème du financement de l'open source : quelles sont les solutions actuelles pour les innovateurs, start-ups, associations ou ESN pour financer leur développement? financement privé ou public? les politiques publiques nationales et européennes sont-elles à la hauteur des enjeux?
Merci de soumettre vos propositions, en anglais, avant le 25 février 2024 dans ce thème ou dans l'un des sujets annoncés dans le formulaire de l'appel à présentations.

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Nouveautés de janvier 2024 de la communauté Scenari

Scenari est un ensemble de logiciels open source dédiés à la production collaborative, publication et diffusion de documents multi-support. Vous rédigez une seule fois votre contenu et vous pouvez les générer sous plusieurs formes : site web, PDF, OpenDocument, diaporama, paquet SCORM (Sharable Content Object Reference Model)… Vous ne vous concentrez que sur le contenu et l’outil se charge de créer un rendu professionnel accessible et responsive.

À chaque métier/contexte son modèle Scenari :

  • Opale pour la formation
  • Dokiel pour la documentation
  • Optim pour les présentations génériques
  • Topaze pour les études de cas

L’association propose un mini-webinaire intitulé « ScenariStyler : personnalisation des pages dans un skin pdf » le lundi 15 janvier 2024 de 17h à 18h heure de Paris, à l’adresse https://scenari.org/visio/miniwebinaire.
Pour préparer la session, vous pouvez participer à ce fil de discussion sur le forum Scenari.

Parcours est un nouveau modèle de chaîne éditoriale SCENARI qui assiste la création de parcours de formation en outillant la conception de conducteurs pédagogiques et l’exécution des sessions de formation.
Pour ceux⋅lles qui connaissaient l’extension « Conducteur pédagogique » d’Opale, sachez que Parcours permet de faire la même chose mais à la puissance 12 !
Cette première version est une application à installer en local sur votre ordinateur. Testez-la et partagez vos retours sur le forum Scenari.
De futures versions proposeront le stockage des ressources pédagogiques, différents types de rendus des étudiants, la gestion de notes et une interface de correction pour le formateur. Pour tester en avant première les futures fonctionnalités, demandez un domaine de test en répondant à l'annonce de Sam sur le forum.

Les Rencontres Scenari 2024 auront lieu du lundi 3 juin (midi) au vendredi 7 juin (midi) à l’Université Toulouse Capitole. Bloquez ces dates dès maintenant, les détails seront précisés bientôt.

Lors des Rencontres Scenari 2024 en juin à Toulouse, nous fêterons les 10 ans de l’association.
Nous souhaitons réaliser une campagne de communication originale au cours des mois précédents.
Si tu as des idées géniales (ou moins géniales) pour cette campagne, laisse un commentaire à cette dépêche.
Et si tu peux aider à l’élaboration et/ou réalisation et/ou diffusion de cette campagne, même chose, laisse-nous un commentaire à cette dépêche :)

URFIST Occitanie organise une formation présentielle dans ses locaux à Toulouse, et à distance, sur la manipulation de ScenariStyler pour créer des habillages graphiques, le mercredi 7 février 2024.
Gratuit à distance, et en présentiel pour les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, et pour les demandeur⋅se⋅s d’emploi.
Tarifs des autres modalités et détails, sur l'annonce en ligne.

L'Université de Sherbrooke, adhérente de l’association, propose un poste de Conseiller en technopédagogie.
L’une des missions est de « Concevoir dans Scenari des modules d’autoformation à Moodle et aux autres plateformes de l’environnement numérique d’apprentissage (ENA) de l’Université. ».
Plus de détails sur l'annonce en ligne.

Astuce : Il est possible de référencer plusieurs items (plusieurs Grains dans une activité Opale, plusieurs Pages dans un site web Optim…) simplement en les glissant-déposant en bloc depuis l’explorateur vers l’interface d’édition (les points d’insertion possibles apparaissent au survol).
Glisser-déposer plusieurs items pour les référencer d’un coup

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