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20 ans de Framasoft… et un de plus grâce à vos dons ?

Par : Framasoft
19 novembre 2024 à 04:00

Grâce à vos dons, Framasoft accompagne plus de 2 millions de personnes dans leur émancipation numérique. Après une vingtième année difficile, notre association vous demande les moyens de poursuivre ses actions… et de relever les défis du futur.

🎈 Framasoft a 20 ans🎈 : Contribuez pour financer une 21e année !

Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit depuis 20 ans pour faire avancer le Web éthique et convivial. Retrouvez un focus sur certaines de nos actions en 2024 sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (nov. – déc. 2024)

 

Malgré une année difficile…

Sans rentrer dans les détails ni l’auto-apitoiement (car l’heure est à la célébration), cette année a été doublement difficile pour Framasoft.

Humainement d’abord, car des conflits significatifs (qui peuvent advenir dans toutes les associations… et toute aventure humaine) ont accaparé beaucoup d’énergies et affaibli le niveau de motivation.

Ainsi Framasoft conclut 2024 avec une fatigue cumulée, une équipe amoindrie, et une furieuse envie de se recentrer en 2025 sur nos actions au service de celles et ceux qui ont besoin d’outils numériques éthiques et populaires.

Or financièrement aussi, c’est pas la joie. Entre le fait d’avoir moins de forces humaines dans l’association, et une année morose pour tout le monde : inflation, fascisme aux portes du pouvoir, besoins de solidarités qui se multiplient…

Framasoft a vu (comme bien d’autres) ses dons baisser drastiquement. Ainsi, au 1er octobre 2024, Framasoft a reçu près de 50 000 € de dons en moins qu’à la même date, en 2023.

🎈 Soutenir Framasoft 🎈

…Framasoft est fière de son bilan 2024 !

D’ici la fin de l’année, nous vous présenterons en détail sur ce blog quelques actions marquantes réalisées en 2024. Bien entendu, Framasoft c’est beaucoup plus que cette sélection (on pense par exemple à l’ensemble des services Dégooglisons Internet)… Mais il faut bien choisir parmi les 100 pages de nos rapports d’activités.

🦄 Framaspace, le cloud associatif s’enrichit d’outils importants

Comptabilité, gestion des membres, formulaires, gestion simplifiée de données… toutes ces fonctionnalités viennent rejoindre les intros interactives, partage de propriété, agendas, contacts, chat et synchronisation de dossiers déjà proposés dans Framaspace.

Illustration - Dans l'espace, une licorne fait apparaitre des bulles de sa baguette magique. Dans les bulles, on trouve des symboles : un boulier, des fichiers, etc.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Si vous souhaitez que votre asso ou petit collectif obtienne un Framaspace et profite de ces nouveautés dès que possible, n’hésitez pas : les inscriptions sont toujours ouvertes !

🦄 Soutenir Framaspace 🦄

🤖 Framamia & [Projet L] : démystifier l’IA par l’explication (et l’exemple !)

Du miracle à l’apocalypse, l’IA est le lieu des fantasmes prophétiques. Framasoft s’est lancé le défi de nuancer le débat, et de revenir au concret en partageant des clés de compréhension.

Illustration. Autour d'une table, des pingouin chantent. Au centre, un petit perroquet mécanique prend des notes à la manière d'un sténographe.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avec le site Framamia nous voulons exposer, de manière claire, ce que nous percevons aujourd’hui de ce nouvel enjeu du numérique…

Quant au [Projet L] il se voudra une expérimentation, une démonstration du type d’outils qu’on peut créer lorsque l’on s’empare de l’outil IA sans chercher le profit, la croissance ou l’exploitation… mais juste à être foncièrement utile.

🤖 Soutenir Framamia 🤖

📱 L’application PeerTube : un univers de vidéos au creux de votre main

PeerTube n’est pas une plateforme de vidéos et de live : c’est un réseau de plateformes, autonomes, auto-gérées et interconnectables.

Cependant, il reste difficile de découvrir des contenus sur ce réseau, d’autant plus quand la majorité des vidéos en ligne sont désormais regardées depuis un téléphone.

Illustration - Sepia, læ poulpe mascotte de PeerTube, sort de l'écran d'un téléphone mobile.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Nous avons donc développé une application mobile PeerTube, qui sera disponible sur F-Droid, le PlayStore et l’appstore d’iOS (si tout va bien).

📱 Soutenir l’application PeerTube 📱

🐙 PeerTube v7 : un redesign pour une expérience encore plus fluide

Ce fut une année riche en nouveautés pour le logiciel qui permet de créer sa plateforme de vidéos et de lives : export et import des comptes, modération des commentaires, transcription automatique d’une vidéo, séparation des flux audio et vidéo, navigation dans les sous-titres…

Illustration - Dans la mer Sepia, læ poulpe mascotte de PeerTube, dessine un grand chiffre sept avec son encre.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

En décembre nous comptons publier la version 7 de PeerTube, avec des changements majeurs dans l’expérience et l’interface du logiciel.

Plus de clarté, de simplicité, d’accessibilité : nous avons hâte de vous partager ce nouveau look !

🐙 Soutenir PeerTube v7 🐙

🦆 Cancanons : bilan des actions pour collectiviser et convivialiser internet

Annoncée fin 2022, la feuille de route Collectivisons Internet / Convivialisons Internet (ou « coin-coin », pour les rapides) peut se résumer en une ambition : dégoogliser les associations.

Illustration - Une maman canard regarde le nid dans lequel quelques uns des œufs ont éclot.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avec ECHO Network qui arrive à sa (brillante) conclusion, Émancip’Asso qui a été lancé et fait son petit bonhomme de chemin, Framaspace qui évolue… le moment nous semble propice pour faire le point sur ces actions et le futur que nous leur réservons.

Désormais, Framasoft propose plusieurs outils aux collectifs qui désirent des outils numériques à la hauteur de leurs valeurs : c’est l’heure de les présenter correctement !

🦆 Soutenir Coin-Coin 🦆

Célébrons 20 ans de partages associatifs

2024, c’est aussi pour nous la 20e année de l’association Framasoft, dont la déclaration fut officialisée par la publication au Journal Officiel du 03 janvier 2004.

Annonce de déclaration de l’association Framasoft au journal officiel du 3 janvier 2004.

… dans le podcast Projets Libres !

On ne va pas raconter 20 ans d’aventures associatives dans un article de blog (on ignore si un seul livre suffirait !) Nous avons donc demandé à Walid, auteur du podcast Projets Libres !, d’aider des membres historiques à partager quelques souvenirs autour de ces deux décennies.

Le premier épisode de ce podcast est déjà disponible : Framasoft, les premières années (2004-2014) racontées par Alexis Kauffmann et Pierre-Yves Gosset.

capture d'écran de la page du podcast projets libres dédié à Framasoft

Cliquez pour aller écouter le premier épisode du podcast racontant les 20 ans de Framasoft

Pensez à vous abonner à Projets Libres ! pour ne pas rater (très prochainement) l’épisode suivant, autour des années Dégooglisons (2014-2024), racontées par Christophe Masutti, Pierre-Yves Gosset et Pouhiou.

… sur le site 20ans.framasoft.org !

De plus, les membres bénévoles de l’association vous ont préparé un site web qui détaille 20 ans d’actions et de projets autour du logiciel libre, des communs culturels, et de l’éducation populaire aux enjeux du numérique.

L’histoire de Framasoft démontre qu’avec beaucoup de contributions, de talents, de travail, de chance (aussi) et de détermination… une petite association de moins de 40 membres peut proposer des services et des outils qui améliorent la vie numérique de plus de deux millions de personnes chaque mois.

capture d'écran du bandeau d'accueil du site des 20 ans de Framasoft

Cliquez pour découvrir le site des 20 ans de Framasoft

Cette histoire est peut-être une anomalie statistique (quoique… nous en profitons pour souhaiter un joyeux 20 ans aux copaines du CLISS XXI, de Thunderbird et de Wikimédia France !). Et oui : Framasoft présente un modèle assurément difficile à reproduire… mais c’est surtout pour nous une grande fierté et une grande responsabilité, qui a été rendue possible par le soutien de celles et ceux qui, chaque année, ont donné à Framasoft.

🎈 Soutenir 20 ans de Framasoft 🎈

Deux futurs possibles, qui ne dépendent que de vous

Les dons à Framasoft sont une démonstration de solidarité : en 2023, nous estimons avoir eu environ 8 000 donateurices pour 2 millions de bénéficiaires mensuels.

Une personne qui fait un don à Framasoft permet à 249 autres de bénéficier gratuitement de nos outils.

D’ailleurs, Framasoft étant une association d’intérêt général, on rappelle que les dons ouvrent droit à 66 % de déduction fiscale pour les contribuables français. Un don de 200 € cette année reviendra finalement à 67 €, après déduction.

Car oui, c’est le moment de l’année où nous faisons appel à votre soutien pour poursuivre et financer les actions de Framasoft. Et après une 20e année difficile, notre association a encore plus besoin de vous, que ce soit pour redémarrer ou pour décoller.

illustration où des animaux mascottes de projets framasoft rassemblent des ballons sur deux piquets au sol. Les ballons prennent la forme d'un 20 géant.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avec 200 000 €, Framasoft continue une 21ième année

C’est la somme qu’il nous faut pour boucler le budget 2025, et poursuivre nos projets avec l’équipe réduite. Cela nous permettra, par exemple, de pérenniser enfin l’emploi de Wicklow (qui, entre autres, développe l’application PeerTube) dont nous avons prolongé le CDD fin août dernier.

Cependant, ne nous leurrons pas : si cette (déjà très belle) somme permettra à Framasoft de se désembourber, nous aurons juste les moyens de maintenir les actions actuelles, les services en ligne, etc. sans pouvoir vraiment s’attaquer à de nouveaux chantiers.

🎈 Aider Framasoft à continuer ses actions 🎈

Avec 400 000 €, Framasoft décolle pour innover !

D’où le fait qu’on affiche un deuxième pallier, bonus, dans notre collecte de dons cette année. Tout ce que vous nous confierez au-delà des 200 000 € nous donnera les moyens de faire plus, de faire mieux, et de s’attaquer à de nouveaux sujets.

Bien entendu, nous avons d’ores et déjà de nombreux plans pour améliorer drastiquement les services actuels les plus utilisés. Or cela demande du temps, des talents… bref : de l’argent.

Nous avons aussi envie de démontrer qu’un numérique émancipateur, compris, maîtrisé… c’est un enjeu d’actualité et d’importance face aux urgences climatiques et sociales.

Qu’il s’agisse des usages mobiles, de l’IA, des Communs, des outils résilients (low-technicisation, réemploi, etc.), de la place du numérique à l’heure de l’urgence climatique… nous avons de grandes ambitions pour entamer cette nouvelle décennie de la vie de Framasoft. Il ne nous manque plus que les moyens de les réaliser !

🎈🎈 Aider Framasoft à décoller en 2025 🎈🎈

Illustration - des mascottes ont planté une flopée de ballons qui prennent la forme du logo Framasoft. Le lopin de terre s'est détaché, et ils flottent dans le ciel nocture en faisant la fête.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Le défi : 20 000 fois 20 € de dons pour les 20 ans de Framasoft !

Certes, le slogan « 20 balles pour les 20 ans de Frama » avait de l’allure… mais si les plus généreuxses d’entre vous se limitent à 20 € de dons, il faudrait trouver 20 000 donateurices ! (alors qu’il y en avait un peu plus de 8000 en 2023)

Et puis on ne veut pas vous dire combien contribuer, juste que (si vous le souhaitez et le pouvez), votre soutien sera plus que bienvenu. Chaque tranche de 20 euros de dons sera un nouveau ballon pour célébrer 20 ans d’aventures et nous aider à décoller.

Vos partages et vos encouragements nous seront tout aussi précieux : nous avons, ensemble, 42 jours pour convaincre les copaines et récolter de quoi faire décoller Framasoft.

Alors : défi relevé ?

🎈 Je soutiens la 21e année de Framasoft 🎈

Zagreb, December 2023 : logbook of the fourth ECHO Network study visit

Par : Framasoft
5 novembre 2024 à 04:00

As a reminder, the participants in the European ECHO Network exchange belong to 7 different organisations in 5 European countries : Ceméa France, Ceméa Federzione Italia, Ceméa Belgique, Willi Eichler Academy (Germany), Solidar Foundation (European network), Centar Za Mirovne Studije (Croatia), Framasoft (France).

Report on the week in Zagreb.

 

Click here to read the article in French.

Travel,travel

As with every ECHO trip, the first day was reserved for travels and reunions. Four of us from Frama made the trip : Booteille, Numahell, Pascal and Yann. And while the last three shared a cabin on the plane (almost avoiding having to deal with hold luggage), Booteille chose to take the bus, for more than 18 hours, with no changes but with stopovers including Toulon, Nice, Genoa, Venice, Trieste, Lubjana and finally Zagreb. It was an opportunity for him to see our Italian companions in Venice get on the bus.

In the evening we tried to meet up with our CEMÉA comrades, using the name of a restaurant as our destination, which turned out to be one of a chain with many branches in the city. This gave us the opportunity to look around the town, which was decorated for Christmas. The atmosphere was rather quiet, although a festive (winter) breeze blew through the streets.

We ended up meeting up with the CEMÉA team in a bar opposite the famous restaurant. It was a good opportunity to have a few drinks while waiting for dinner. Many of the European partners came to the restaurant, giving us a great opportunity to catch up with people we’ve met before and to meet people we haven’t.

 

This first evening (which would be followed by many others) was the occasion to notice something rather surprising : THEY SMOKE IN THE BARS ! It’s horrible. And while it was very cool to spend time with the other members of the project every evening, every night it was the same thing : smoking in the bars. Apart from the fact that you can’t breathe indoors, the smell of cigarettes on our clothes (and in the dreads of those with the best hair…) lingered in the hotel room.

 

Yes we let the sentence in French because OSS 117 cannot…does not want to speak English,obviously !

The Center for Peace Studies

The next day began at the Human Rights House in Zagreb, in the same building as the Centre for Peace Studies. There was a brief introduction to the seminar and a presentation of the three structures sharing the premises.

First, we had a few words from several people as a whole group, then we split into three small groups, where each entity presented its actions to us and to whom we could ask our questions. After a few minutes, each group rotated to meet a new entity. In the end, we got to know :
the Dosta & Jemrznje platform, which helps manage online discrimination and hate speech ;
the Documenta organisation, which aims to create links and documentation around war, as well as educating people about anti-war issues ;
CROSOL, an international cooperation platform for development and humanitarian aid.

 

The Centre for Peace Studies (CPS in English, CMS in Croatian) is the result of years of development. It was originally a participatory work camp project in the 90s, with the aim of building links between people in the Balkan countries through action.

The culture of the CPS revolves around anti-war, anti-fascist and inclusive movements. Today, through a wide range of actions, CPS seeks to promote this culture in their territory. There is also a strong focus on the right to asylum and its protection. And that’s just part of the work carried out by this small team. You can find more information here : https://www.cms.hr/en/o-cms-u-tko-je-tko/cms

After a very pleasant meal on site, we took public transport back to the city centre. It’s great to be able to get around the city quickly and efficiently thanks to the dense network of trams, with timetables so full that you never have to worry about them – they’re never far away !

 

 

Fascists ! Fascists everywhere !

We met up with a historian who spent the afternoon taking us on a tour of different parts of the city, looking at places that are emblematic of fascism and the resistance. Croatian history is not very well known in our part of the world, and our guide gave us a lot of information about the country and its relationship with fascism and history, particularly during and around the Second World War.

 

It was very interesting to visit the places, often not very far away, where the government and its opponents were located during the war. We joked about the fact that it seemed that every building in the centre had at one time or another housed its own personal contingent of fascists. A map has been created to pool and record the information.

Unfortunately, the weather was not on our side, and with the cold and rain, we ended up in a warm bar, where our guide continued to tell us the story over a drink.

Si vis pacem para pacem

On the second day of the seminar, we returned to the Human Rights House. Various organisations presented their work on access to education. Once again, it was very intense in terms of information.

The CPS introduced us to the concept of negative peace (absence of violence, fear of violence) and positive peace (building a peaceful society). We also learned that in formal education (#school), civic education in Croatia is now mandatory. This is based on the understanding that peace education cannot be an individual subject and that it needs to be linked to human rights and other societal issues.

The CPS shared with us some principles of peace education :

– encourage participants to explore the subjects of war and peace through different disciplines ;
– focus not on experts in diplomacy but on citizens and civil society, particularly in their role in building a fairer world ;
– Peace Studies is value-based and therefore requires academic objectives that recognise the ethical approach to peace and social justice ;
– there is a need to be transformative, society needs alternatives to the status quo : peace is the result of radical transformations of values, social arrangements and international relations. From a positive peace perspective, the aim is therefore to prevent wars, to move towards social justice and respect for human rights, and to combat oppression and structural violence.

 

 

Migration flows and AI

After the CPS presentation, we were introduced to the work of a programme focusing on migration.

This work focuses in particular on the creation of links with refugees in Croatia, seeking to open up discussions on the causes of migration, its place in Croatian society and empowerment.

Readings, films and music were shared with us, with the aim of deconstructing our preconceptions and developing critical thinking.

We then met Ana Cuca on video. Ana is a researcher who, as we understand it, works in Mostar, Bosnia-Herzegovina. She told us about the impact of pseudo-IAs on migratory flows. It was a very interesting meeting. She talked about how Europe is trying to anticipate and prevent migratory flows by making massive use of pseudo-IAs at its borders.

 

 

In the category of false good ideas, there is the fact that pseudo-IA algorithms are used for asylum application forms. Except that certain accents and dialects are not recognised by the algorithm. So people find themselves unable to make their application, all because the algorithm was designed that way.

Ana also told us about uses of the pseudo-IA that she sees as positive. In particular, through a project to analyse migratory flows to try to anticipate where there might be a need for humanitarian aid of food or medicine.

We invite you to read her presentation, which we found very interesting.

 

Coders Without Borders

Finally, Coders Without Borders brought the presentations to a close with their projects.

With the help of volunteers, they train refugees in various digital techniques to help them find employment.

At the end of their presentation, we raised the following question : « Have you ever thought about and/or started migrating to tools other than Google when working with refugees ? I understand the idea of acculturating with tools that everyone uses and that the aim is to reduce the divide between refugees and the society into which they are trying to integrate, but I find it dangerous, in a fascist political context, to put Google in the hands of people for whom it could sooner or later harm their lives. If a fascist government came to power, it would be very easy to find and target refugees and do them harm. »

We then discussed this question and the issues involved. We concluded that we needed to work on a diagnostic grid that would enable organisations to ask themselves certain questions and come up with some answers about their digital practices.

At the end of the day, we went to the Human Rights Film Festival to see The Old Oak. In this film, we follow a bar owner who helps a family of refugees who have just arrived in town, despite the racist rhetoric of his most loyal customers : the pub regulars.

 

Difficulties paying in Zagreb’s restaurants

During our ECHO Network meetings, we don’t just work : we also eat. This led to a little anecdote that we’ll share here.

That same evening, in a restaurant after the film, it was extremely difficult for us to pay ‘normally’. The waiters would only let us into the restaurant if we didn’t pay separately ! This is a cultural thing in Zagreb : you don’t pay separately, even if there are invoices to pay. And when we wanted to pay ‘by organisation’, the waiters refused again.

In the end, we had to find a compromise by paying by country, on condition that we were seated at our tables according to our country ! The scene struck us as particularly surreal.

 

 

 

A little peace (in the world and for our stay)

We changed location for the last day. We found ourselves in the Community Centre, in a room with a few small pouffes. It was great to spend the morning lying on the floor !

There we met Paul, a sociologist and anti-racist activist. He sees himself as a historical artifact and is an outstanding storyteller. He told us how Zagreb was at the cutting edge of digital communications in the 1990s.

He also told us about the ZaMir network (a network for peace communications), which was used by pro-peace activists all over the world.

Listening to Paul was really good for us, thanks to his talents as a speaker. After two days of information-packed presentations – but exciting ones ! – Paul’s presentation was relaxing to listen to. It made you feel less like you were at school and had to concentrate to make sure you didn’t miss any of the information in the course.

 

Activism and cyber-surveillance

After Paul, we met up with Tomislak Medak, who told us about his work on the Memory of the World online bookshop, as well as the Syllabus project. This is a research project on activism in Europe that takes into account ‘care’ and piracy. Yann’s eyes sparkled as he drank in Tomislak’s words.

We ate in small groups between lunchtime and midday, and then met up again for the final afternoon, hosted by CÉMÉA France for a workshop on cyber-surveillance.

Individually, we had to respond to the following instruction : ‘Based on your knowledge and experience, illustrate cyber-surveillance by drawing or writing’. We then got into small groups and discussed our respective drawings, before illustrating our common definition. We then repeated the exercise in larger groups. Finally, we had to share our ideas in plenary.

In all this, the idea of the panopticon came up several times. We also discussed surveillance capitalism, political and police control, and the fact that surveillance could help regulate online hate speech. We also talked about moderation on the internet and the inequalities between individuals in their knowledge of their rights in the digital space.

The session concluded with a discussion on alternatives to cyber-surveillance. As well as the obvious idea of burning capitalism – we won’t drop any names – technical tools were mentioned, as well the issues of regulation, degrowth (disengaging from digital technology) and education.

 

Back home, via the museum of broken relationships

It was on this last activity that we ended the seminar, thanking our hosts and sharing our feedback. We found the subjects and the structures we encountered absolutely fascinating, but the form made the whole thing difficult to digest. Bouteille in particular found that there was a huge amount of information, in a very vertical format to which he is no longer accustomed, which made the meeting intense and tiring for him.

We finally said our goodbyes that night, after closing down a bar that our Croatian hosts had enjoyed.

While the others headed home the next day, Booteille had to wait for his 6pm bus and ended up visiting the Museum of Broken Relationships with Gabriela and Alexandra from Solidar.

The museum is full of objects linked to broken relationships and the little stories that go with them. This little exhibition takes you through a lot of emotions.

At the beginning, you read some things a bit light-heartedly, laughing, then you read this story linked to the war, or this one linked to bad luck, you laugh at this broken relationship with this pizza lover who unfortunately is now allergic to gluten. Then you open the (huge) guestbook, and frankly, you laugh out loud at the violence of some of the messages. The guestbook has obviously served as an outlet for a lot of people !

 

Translation from the French version made with DeepL

 

Zagreb, décembre 2023 : journal de bord de la quatrième visite d’études d’ECHO Network

Par : Framasoft
5 novembre 2024 à 04:00

Pour rappel, les participant⋅es à l’échange européen ECHO Network font partie de 7 organisations différentes dans 5 pays d’Europe : Ceméa France, Ceméa Federzione Italia, Ceméa Belgique, Willi Eichler Academy (Allemagne), Solidar Foundation (réseau européen), Centar Za Mirovne Studije (Croatie), Framasoft (France).

 

Compte-rendu de la semaine à Zagreb.

Click here to read the article in English.

Voyage, voyage

Comme pour chaque séjour ECHO, le premier jour fut réservé pour les trajets et retrouvailles sur place. Nous étions quatre personnes de Frama à faire le déplacement, Booteille, Numahell, Pascal et Yann. Et si les trois dernier·es firent cabine commune dans l’avion (en évitant —presque— d’avoir à gérer des bagages en soute), Booteille avait choisi de tenter le bus, pour plus de 18h, sans changement mais avec escales parmi lesquelles Toulon, Nice, Genova, Venise, Trieste, Lubjana et enfin Zagreb. Ce fut l’occasion pour lui de voir monter dans le bus nos comparses italiens à Venise.

Dans la soirée, nous tentions de retrouver les camarades des CEMÉA avec comme destination le nom d’un restaurant qui s’avéra être celui d’une chaîne ayant de nombreux établissements dans la ville. Cela nous permit de commencer à observer la ville, décorée pour Noël. L’ambiance était plutôt tranquille, même si un vent (d’hiver) festif parcourait les rues.

On a fini par retrouver l’équipe des CEMÉA dans un bar, situé face au fameux restaurant. Ce fut l’occasion de boire des p’tits coups en attendant l’heure du repas. Au restaurant, une grande partie des partenaires européen·es sont venu·es, offrant une belle opportunité pour prendre des nouvelles des personnes déjà rencontrées auparavant et de découvrir celles que l’on ne connaissait pas encore.

Cette première soirée (qui serait suivie de bien d’autres) fut l’occasion de constater un événement plutôt surprenant : ÇA FUME DANS LES BARS ! C’est horrible. Et si c’était très cool de passer du temps avec les autres membres du projet chaque soirée, chaque soir, rebelote : ça fumait dans les bars. Outre le côté irrespirable lorsque l’on est dans un lieu clos, il y avait cette odeur de clope présente sur nos vêtements (et dans les dreads des plus favorisés capillairement…) qui persistait jusque dans la chambre d’hôtel.

Le Center for Peace Studies

Le lendemain, la journée commençait au Human Rights House de Zagreb, dans le bâtiment où il figurent les locaux du Center for Peace Studies. On assista à une petite session d’introduction sur le séminaire, ainsi qu’une présentation des trois structures qui cohabitent au sein du lieu.

D’abord, nous avons eu quelques mots de plusieurs personnes alors que nous étions en groupe complet, puis nous nous séparâmes en trois petits groupes, où chaque entité nous présentait ses actions et à qui nous pouvions poser nos questions. Après une poignée de minutes, chaque groupe tournait pour rencontrer une nouvelle entité. Au final, cela a permis de faire connaissance avec :

  • la plateforme Dosta & Jemrznje qui aide à la gestion des discours en ligne de discrimination et de haine ;
  • l’organisation Documenta qui vise à créer du lien et de la documentation autour de la guerre, ainsi qu’à éduquer autour des questions anti-guerre ;
  • CROSOL qui est une plateforme de coopération internationale pour le développement et l’aide humanitaire

Concernant le Center for Peace Studies (CPS en anglais, CMS en croate), la structure est le fruit d’années d’évolution. Originairement c’était un projet de chantiers participatifs des années 90′, ayant pour objectif de construire des liens à travers le faire entre les habitant·es des pays balkans.

La culture du CPS est tournée autour des mouvements anti-guerres, anti-fascistes, inclusifs. Aujourd’hui, à travers de très nombreux modes d’actions, CPS cherche à promouvoir cette culture sur leur territoire. Il y a aussi un gros axe autour du droit à l’asile et sa protection. Et ce n’est qu’une partie des travaux réalisés par cette petite équipe, vous trouverez d’autres informations plus complètes ici : https://www.cms.hr/en/o-cms-u-tko-je-tko/cms

Après un repas fort sympathique sur place, nous prîmes les transports en commun pour rejoindre le centre-ville. Il faut signaler le bonheur de pouvoir se déplacer rapidement et efficacement dans toute la ville grâce au réseau très dense de tramways, avec des horaires si complets qu’on n’a jamais à s’en préoccuper, ils ne sont jamais bien loin !

 

Fascists ! Fascists everywhere !

Nous avons rencontré un historien qui a passé l’après-midi à nous faire visiter différents quartiers de la ville afin d’en observer les lieux emblématiques du fascisme et de la résistance. L’histoire croate est plutôt méconnue dans nos contrées, et notre guide nous a partagé énormément d’informations sur le pays et son rapport au fascisme avec l’histoire, tout particulièrement durant et autour de la seconde guerre mondiale.

 

Il était très intéressant de parcourir les lieux, souvent peu éloignés, où se tenait le pouvoir et les opposants pendant les épisodes de guerre. On a pas mal plaisanté sur le fait qu’il semblait que chaque bâtiment du centre avait abrité à un moment ou un autre son contingent personnel de fascistes. Une cartographie a été créée afin de mutualiser et recenser les informations.

 

Malheureusement le temps n’était pas de la partie et avec le froid et la pluie, nous finîmes par nous rabattre dans un bar, au chaud, où notre guide continua de nous conter l’histoire autour d’un verre.

Si vis pacem para pacem

Le deuxième jour de séminaire, nous sommes retournés au Human Rights House. Différentes structures nous ont présenté leurs travaux autour de l’accès à l’éducation. Encore une fois, c’était très intense en terme d’informations.

 

Le CPS nous a notamment fait découvrir le concept de paix négative (absence de violence, peur de la violence) et positive (le fait de construire une société paisible). On y a aussi appris qu’en éducation formelle (#école), l’éducation civique en Croatie est désormais obligatoire. Cela part de la compréhension que l’éducation à la paix ne peut pas être un sujet individuel et qu’il y a besoin de le lier aux droits humains et d’autres enjeux de société.

 

Le CPS nous a partagé quelques principes d’éducation à la paix :

– encourager les participant·es à explorer les sujets de guerre et paix à travers différentes disciplines ;
– se concentrer non sur les expert·es en diplomatie mais sur les citoyen·nes et la société civile, notamment dans leur rôle pour construire un monde plus juste ;
– les études sur la paix sont basées sur des valeurs et il faut donc des objectifs académiques reconnaissant l’approche éthique de la paix et de la justice sociale ;
– il y a un besoin d’être transformatif, la société a besoin d’alternatives au status quo : la paix est le résultat de transformations radicales des valeurs, d’arrangements sociaux et de relations internationales. D’un point de vue de paix positive, l’objectif est donc de prévenir les guerres, d’aller vers de la justice sociale, du respect des droits humain·es et de combattre les oppressions et violences structurelles.

 

Flux migratoire et IA

Après la présentation du CPS, nous avons eu droit à la découverte des travaux d’un programme se concentrant sur la question migratoire.

 

Ces travaux se penchent notamment sur la création de liens avec les réfugié·es en Croatie, en cherchant à ouvrir des discussions sur les causes des migrations, leur place dans la société croate et la manière de s’empouvoirer.

On nous a partagé des lectures, des films et des musiques ayant pour objectifs de déconstruire nos a priori et de développer l’esprit critique.

 

Nous avons ensuite rencontré Ana Cuca en visio. Ana est une chercheuse qui, si nous avons bien compris, travaille à Mostar, en Bosnie-Herzégovine. Elle nous a exposé l’impact des pseudo-IAs sur les flux migratoires. La rencontre était très intéressante. Elle a abordé la manière dont l’Europe cherche à anticiper et prévenir les flux migratoires en utilisant massivement les pseudo-IA aux frontières.

 

Dans la catégorie des fausses bonnes idées, il y a le fait que des algorithmes de pseudo-IA sont utilisés pour les formulaires de demandes d’asile. Sauf que certains accents et certains dialectes ne sont pas reconnus par l’algorithme. Les personnes se retrouvent donc coincées à ne pas pouvoir effectuer leur demande, tout ça parce que l’algorithme a été conçu ainsi.

 

Ana nous a aussi parlé d’utilisations de la pseudo-IA qu’elle estime positives. Notamment à travers un projet d’analyse des flux migratoires pour essayer d’anticiper où il pourrait y avoir un besoin d’apport humanitaire en nourritures ou médicaments.

 

Nous vous invitons à lire sa présentation qui nous parut très intéressante.

Coders Without Borders

Enfin, ce sont Coders Without Borders qui ont clôturé les présentations avec leurs projets.

Ils et elles forment, avec l’aide de bénévoles, des réfugié·es sur différentes techniques numériques afin de les aider à trouver un emploi.

 

À la fin de leur présentation, nous avons soulevé la problématique suivante : « Est-ce que vous avez déjà songé et/ou entamé une migration vers des outils autres que Google dans les travaux avec les réfugié·es ? Je comprends l’idée d’acculturer sur des outils que tout le monde utilise et que le but est de réduire la fracture entre les réfugié·es et la société dans laquelle ils et elles cherchent à s’intégrer, mais je trouve dangereux, dans un contexte politique fascisant, de mettre du Google dans la main de personnes pour qui ça pourrait tôt ou tard nuire à leur vie. Si un gouvernement fasciste arrive en place, il serait très facile de trouver et cibler les personnes réfugiées et leur nuire. »

 

Nous avons alors échangé autour de cette question et de ses enjeux. Nous conclûmes que nous devons travailler sur une grille de diagnostic permettant aux structures de se poser certaines questions associées à des éléments de réponses vis-à-vis de leurs pratiques numériques.

 

La journée terminée, nous sommes ensuite allé⋅es au Human Rights Film Festival pour y voir The Old Oak. Dans ce film, on suit un tenancier de bar qui aide une famille de réfugié·es tout juste arrivée en ville, malgré les discours racistes de ses plus fidèles clients : les piliers de comptoir.

Des difficultés à payer dans les restos de Zagreb

Lors de nos rencontres ECHO Network, nous ne faisons pas que travailler : nous mangeons également. Cela nous a valu une petite anecdote que nous glissons ici.

 

Ce même soir, après le film, dans un restaurant, il nous a été énormément compliqué de payer « normalement ». En effet, les serveurs ne voulaient nous accepter dans le restaurant qu’à condition que nous ne payions pas séparément ! C’est en effet culturel à Zagreb : on ne paye pas séparément, même s’il y a des factures à faire. Et quand nous avons souhaité payer « par organisation », même refus de la part des serveurs.

 

Il nous a fallu finalement trouver un compromis en payant par pays, mais à condition qu’on s’asseye à nos tables en fonction de nos pays ! La scène nous a paru particulièrement surréaliste.

 

Un peu de paix (dans le monde et pour notre séjour)

Nous changeâmes de lieu pour la dernière journée. Nous nous sommes retrouvés au Community Center, dans une pièce avec quelques petits poufs. C’était très chouette de passer la matinée allongé·es au sol !

 

Nous y avons rencontré Paul, un sociologue et activiste anti-raciste. Il se considère comme un objet historique et est un conteur hors pair. Il nous conta comment Zagreb était à la pointe des communications numériques dans les années 90.

Il nous parla aussi du réseau ZaMir (un réseau pour les communications autour de la paix), qui était utilisé par des activistes pro-paix un peu partout dans le monde.

Écouter Paul nous fit vraiment du bien, merci à ses talents d’orateur. Après deux jours où nous étions sur des présentations très chargées d’informations — mais passionnantes, hein ! — celle de Paul était reposante à écouter. Cela donnait moins cette sensation d’être à l’école et à devoir rester concentré pour ne pas manquer une des nombreuses informations du cours.

Activisme et cybersurveillance

Après Paul, nous avons rencontré Tomislak Medak, qui nous a parlé de ses travaux autour de la librairie en ligne Memory of the World, mais aussi du projet Syllabus. Il s’agit d’un travail de recherche sur l’activisme en Europe qui tient compte du « care » et de la piraterie. Les yeux de Yann pétillaient lorsqu’il buvait les mots de Tomislak.

 

Nous avons mangé en petit groupe entre midi et deux puis nous nous sommes retrouvé·es pour la dernière après-midi, animée par les CÉMÉA France autour d’un atelier autour de la cybersurveillance.

 

Individuellement, nous devions répondre à la consigne suivante : « Selon vos connaissances et vos expériences, illustrez la cybersurveillance par le dessin ou l’écriture ». Après quoi nous avons fait des petits groupes avec lesquels nous avons échangé sur nos dessins respectifs, puis nous avons illustré notre définition commune. Ensuite, nous avons reproduit l’exercice en plus grands groupes. Enfin, nous devions partager nos idées en plénière.

 

Dans tout ça, l’idée du panoptique est revenu plusieurs fois. Nous avons aussi abordé le capitalisme de surveillance, le contrôle politique et policier, le fait que la surveillance pouvait aider à réguler des discours de haine en ligne. Nous avons aussi parlé de modération sur internet et des inégalités entre les invidividu·es dans leur connaissance de leurs droits dans l’espace numérique.

 

Cette session se conclut par un échange sur les alternatives à la cybersurveillance. Outre le fait de brûler le capitalisme qui est bien évidemment apparu — nous ne balancerons aucun nom —, des outils techniques ont été cités, tout comme la question de la régulation, de la décroissance (se désengager du numérique) et de l’éducation.

Le retour, en passant par le musée des relations amoureuses brisées

C’est sur cette dernière activité que nous terminions le séminaire en remerciant nos hôtes et en partageant nos retours. Nous avons trouvé les sujets et les structures rencontrées absolument passionnantes, mais la forme rendait le tout difficile à digérer. Bouteille en particulier a trouvé qu’il y avait énormément d’informations, sur une forme très verticale à laquelle il n’est plus habitué, ce qui a rendu la rencontre intense et fatigante pour lui.

 

 

Nous nous sommes finalement dit au revoir dans la nuit, après avoir fait la fermeture d’un bar apprécié par nos hôtes croates.

 

Alors que les autres rentraient le lendemain, Booteille devant attendre son bus de 18h, s’est retrouvé à visiter le musée des relations brisées avec Gabriela et Alexandra de Solidar.

Le musée est plein d’objets liés à des relations amoureuses brisées avec les petites histoires qui vont à côté. On passe par beaucoup d’émotions à travers cette petite exposition.

Au début, on lit des trucs un peu à la légère en rigolant, puis on lit telle histoire liée à la guerre, ou celle-ci liée à pas de chance, on s’amuse de cette relation brisée avec cette amoureuse de pizza qui malheureusement est désormais allergique au gluten. Puis on ouvre le livre d’or (immense), et là, franchement, on rit beaucoup en lisant la violence de certains messages. Le livre d’or a visiblement servi d’exutoire à beaucoup de personnes !

 

 

 

Rome, septembre 2023 : journal de bord de la troisième visite d’études d’ECHO Network

Par : Framasoft
22 octobre 2024 à 04:00

Pour rappel, les participant⋅es à l’échange européen ECHO Network font partie de 7 organisations différentes dans 5 pays d’Europe : Ceméa France, Ceméa Federzione Italia, Ceméa Belgique, Willi Eichler Academy (Allemagne), Solidar Foundation (réseau européen), Centar Za Mirovne Studije (Croatie), Framasoft (France).

Compte-rendu de la semaine à Rome.


Click here to read the article in English.

C’est la troisième visite d’étude dans le cadre du programme ECHO Network, cette visite nous mène à Rome, la ville musée. Enfin nous : seulement Numahell, puisque le COVID en a décidé autrement pour les trois autres qui avaient prévu de venir…

Après un petit périple par bus puis train depuis Lyon, j’arrive dans l’après-midi à la gare Termini à Rome. Avec les membres des CEMÉA France, nous rejoignons deux membres de Solidar pour manger ensemble. Des questions sur l’educ’pop nous traversent dès le premier soir pendant le repas : quelle est la différence entre éducation populaire et éducation active ? Et l’éducation active, il se passe quoi si tu n’as aucune curiosité ? Bref, des discussions très riches.

Gare de Termini (CAPTAIN RAJU - CC BY-SA - Wikimedia)

Gare de Termini (CAPTAIN RAJU – cc-by-sa – Wikimedia)

Les deux premières journées se déroulent dans la « Casa del municipio » à Rome. Ces maisons municipales permettent aux associations de la ville de s’y retrouver, de faire des activités, de réserver gratuitement des salles. Un peu comme certaines maisons de quartier en France, ou les maisons des associations dans les grandes villes (sauf que dans la plupart des grandes villes c’est payant, par exemple à Toulouse c’est 60€ l’année).

Nous commençons par des exercices de brise-glace pour apprendre à se connaître : épeler le prénom de chacun-e en mimant les voyelles de son prénom, communiquer pour se positionner dans l’ordre alphabétique, et enfin se classer par rapport à là d’où nous venons, du plus loin au plus proche. Animés par Christina des CEMÉA Mezzo Giorno, ces brises glaces seront notre rituel de début de journée.

Jour 1 : formation à distance, projection sur ECHO Network, visite de squat

Formation à distance, en présence : retours d’expérience et début de stratégies

La première matinée est consacrée à des retours d’expérience de trois organisations sur la formation à distance. Si vous vous souvenez, il y a à peu près 3-4 ans il y a eu un confinement ou deux… nous obligeant à modifier nos pratiques en terme de formation.

L’Acque Correnti (traduction : « les courants d’eau ») doit former les bénévoles de l’équivalent italien du service civique, environ 15000 personnes par an. L’état italien fixe des règles strictes sur la formation des services civiques, il y a trois volets.
Soudain, le Covid et paf : la question de la formation à distance se pose. Massimiliano raconte comment ils ont utilisé les fonctionnalités de sous-salles de Zoom (nous connaissons l’alternative libre BigBlueButton qui offre également cette fonctionnalité).

Fondé en 1951 par des éducateur⋅ices et des enseignants, le Movimiento di cooperazione Educativo prône les méthodes de pédagogie active. Il fait partie de la FIMEM, organisation internationale autour de la pédagogie Freinet, créée dans les années 50.
Constitué de groupes territoriaux, ils assurent des activités de formation chaque année, et animent également un groupe de recherche au niveau national, sur les disciplines dont ils s’occupent.
Pour le public enfants, cela va de la maternelle au secondaire. Les formations sont assurées majoritairement à distance, et ce avant le COVID.
Donatella présente l’expérience accumulée, et notamment le site senzascuola.wordpress.com.

Les CEMÉA Federazione Italiana comme son nom l’indique fédère les CEMÉA d’Italie. Les formations assurées par la fédération ce sont dix stages par an, environ neuf jours par stage. Au début, de nombreux formateur⋅ices refusaient d’enseigner à distance : il est important de reconnaître les limites de l’enseignement à distance. Luciano explique qu’il faut « curbare la technologia » (courber, tordre la technologie) à nos pratiques, et non l’inverse. La question est de savoir comment utiliser nos méthodes de pédagogie actives à distance. Il revient sur onze problématiques de la formation à distance, dont certaines sont similaires en ligne ou sur site, telle que la gestion du temps et de l’espace, ou l’alternance des types d’apprentissage.

Le temps de questions / réponses a permis de dégager quelques points intéressants. L’un de nos hôtes, Claudio, indique qu’il faut plus craindre la déshumanisation que les technologies elles-mêmes. De plus, les projections virtuelles nous restreignent l’utilisation de notre langage corporel, de par la vision du corps à travers l’espace 2D des écrans. Il est donc important de se réapproprier les corps et les espaces en 3D, par exemple par des pauses loin de nos ordinateurs.
Les questions d’accessibilité  contribuent également à la marginalisation de certain·es participant·es, notamment la question de la barrière de la langue.

Nous nous accordons à dire qu’il ne faut pas abandonner la formation en ligne aux marchés privés : ces organisations ne font pas forcément de pédagogie active et ont un but plus lucratif qu’émancipateur. Malheureusement, ce sont ces organisations que les institutions financent, l' »ed tech » (education technologies), plutôt que les collectifs d’éducation populaire, à visée plus éthique.

L’ESS, l’enseignement au numérique en Italie

L’après-midi, nous réfléchissons collectivement à la suite du projet Echo Network, en répondant aux questions suivantes : ce que fait chacune de nos structures, ce qui nous intéresse toustes et enfin les perspectives futures du projet.

Tableau avec des post-it attachés dessus.

Nous nous sommes réparti·es ensuite en petits groupes pour une discussion plus informelle. Dans mon groupe, nous avons comparé les pratiques entre l’Italie, la France et Belgique sur l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) puis sur la place de l’enseignement du numérique à l’école.

Christina des CEMÉA Mezzo Giorno expose la situation en Italie, où des réformes récentes ont reconfiguré le paysage de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire).
En Italie, trois statuts d’organisations sont inclus dans l’ESS :

  • l’Odivu qui est un type d’organisation de volontariat
  • les APIES : des associations à visées sociales, à but non lucratif et ayant moins de 50 % de salariés
  • les « impresa sociale », un nouveau type d’entreprise avec des composantes sociales, actuellement en expérimentation

Les frontières sont floues entre ces types d’organisation. Le débat actuel en Italie porte sur la limite public / privé et le contrôle de l’éthique : la troisième catégorie amène un assouplissement des règles pour déterminer si une organisation relève de l’économie sociale ou non. Un peu comme on peut le voir en France avec la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), il existe un risque important de social-washing.

Nous apprenons qu’en Italie, les directeurices d’établissement ont beaucoup plus de pouvoir qu’en France et qu’un cloisonnement existe entre écoles et associations, y compris au niveau des enseignants. Cela empêche les associations d’intervenir dans les écoles et d’y amener des méthodes actives et des thématiques comme la sensibilisation aux enjeux du numérique.
En Belgique, c’est paradoxalement dans les écoles « libres » (privées) qu’il y a de plus en plus d’expérimentations de la pédagogie active. Il y a donc de quoi creuser sur le contexte socio-structurel de chaque pays sur ces sujets.

Ensuite, sur la thématique du numérique, j’ai parlé pour le cas français du langage de programmation Scratch qui est utilisé en cours de techno au collège et des Sciences Numériques et Techniques en seconde. J’aurais aussi pu parler de la plateforme PIX, qui est utilisée pour la validation des acquis.

Sur le sujet du matériel, j’explique qu’en France bien souvent celui-ci devient vite obsolète et est mal maintenu. Il dépend des mairies, départements ou régions selon la nature de l’établissement.
En Italie, l’État investit beaucoup avec l’argent de l’EU, des TNI (Tableaux Numériques Interactifs) équipent quasiment chaque classe, mais les enseignants ne sont pas formés et n’en connaissent pas le dixième des possibilités.

Selon des recherches récentes, environ 75 % des enseignants utilisent des méthodes de pédagogie frontales en Italie : je me demande combien en France.

Enfin, nous parlons un peu de la question de l’utilisation du jeu ou du jeu vidéo en classe, et j’en profite pour mentionner aux copain·es le projet Minetest (un équivalent libre à Minecraft).

 

Tout un immeuble en autogestion, un commun dans la ville

Nous visitons en fin d’après-midi un lieu d’occupation emblématique à Rome, Spin Time Labs, qui accueille à la fois des réfugié⋅es, des SDF, des étudiant⋅es grévistes contre la hausse des loyers. Le bâtiment dispose d’un auditorium, d’une salle de concert, d’un studio de radio. De nombreuses activités culturelles et artisanales s’y déroulent, nous découvrons en particulier un journal papier édité par un collectif composé exclusivement de jeunes de moins de 25 ans, Scomodo.

Photo d'une plaque où il est écrit Open Borders Photo de nombreuses couvertures d'un journal accrochées au mur Photo de couvertures d'un journal accrochées au mur et une affiche le pagine da scrivere sevono ancora

 

Cet endroit est géré par ses habitant⋅es et contributeurices, il n’y a pas de loyer mais les personnes qui bénéficient du lieu peuvent proposer en échange leur temps, faire des dons financiers ou proposer leur aide sur des chantiers de réfection.

Environ 150 familles sont logées dans cet immeuble occupé, où même la mairie de Rome, pourtant peu orientée à gauche, tolère ce squat pour les services qui y sont rendus, et même les travailleurs sociaux de la mairie renvoient des personnes vers ce lieu pour y trouver de l’aide et des ressources.

Après cette visite, nous nous sommes retrouvé·es pour discuter dans une rue animée du quartier Pigneto, où les riverain·es sont particulièrement investi·es dans la vie du quartier.

Jour 2 : IA, ateliers

Le lendemain 27 septembre, Claudio nous reçoit pour nous présenter le CSV (Centro di servicio volontario) Lazzio. Le lieu est un peu sa maison, on l’y sent comme un poisson dans l’eau.

Christina anime un jeu pour se dégourdir : chacun choisit un geste qui lui correspond et l’a désigné tout le long du jeu, ce qui nous a obligées à avoir une attention visuelle durant ce moment. Ce type d’exercice d’éducation populaire a pour but d’améliorer la cohésion du groupe, et ça fonctionne !

Présentation sur l’IA

Ensuite, nous assistons à la présentation de Marika Mashitti, doctorante à l’Université Roma tre au département des sciences de l’éducation.

Elle commence par des définitions (ce qu’est une IA, les différents types de systèmes) et rappelle que l’IA est surtout une discipline scientifique. Puis elle enchaîne sur un petit historique, qui montre la rapidité des dernières avancées, notamment depuis le début de la pandémie, comme si c’était devenu une urgence de développer ce domaine.

Pour elle, c’est une question de pouvoir. En effet, qui est impliqué dans les recherches sur les IA ? Des personnalités comme Elon Musk et des géants du web tels que Alphabet, Meta, Microsoft, etc.

Elle donne quelques exemples de biais dus aux IA : des discriminations dans la reconnaissance des visages (seulement 52 % de succès dans la reconnaissance de visages de femmes noires), des publicités ciblées pour des opportunités de jobs, le profiling.

Extrait d'une diapositive de la présentation, parlant de « l'algocratie ».

Le mot « Algocracy » (« le pouvoir par les algorithmes », forgé par Danaher, 2018), est lâché. Elle insiste sur le fait que la technologie n’est jamais neutre. Elle aborde le point de singularité, en reprenant la proposition de Frederico Cabitza, Professeur à l’Université de Milan. Il définit la singularité comme le moment où l’humain choisit de laisser quasi-intégralement le contrôle à la machine plutôt que sa définition classique, à savoir le moment où celle-ci devient indistinguable d’un humain.

Les membres de l’assemblée ont bien apprécié sa présentation, aussi bien son contenu que l’énergie qui l’anime et posent de nombreuses questions.

 

Les enjeux du numérique en atelier

Nous commençons l’après-midi avec un jeu que j’ai proposé, et que j’avais déjà expérimenté au Camp Climat 2022. il s’agit de se positionner sur deux axes pour une question donnée : un axe selon son niveau de confiance (en anglais : confidence) et l’autre son niveau d’aisance (en anglais : confortable), en se séparant en trois groupes. Christina, Morgane et Claudio ont préparé une liste de 4 problématiques :

  • la formation en ligne
  • les IA
  • les règlementations politiques au sujet du numérique
  • le pouvoir d’agir

Des discussions intéressantes ont eu lieu, chaque personne devant expliciter son choix de positionnement. Cet exercice a permis aux personnes qui avaient peu pris la parole de s’exprimer, les petits groupes facilitant l’écoute. J’y apprends que deux personnes du groupe utilisent régulièrement des IA génératives pour leurs travail quotidien dans la communication, et que la conférence de ce matin leur a fait prendre conscience des enjeux.

Ensuite nous reprenons les discussions, soit autour du travail fait la veille, soit sur les écrits démarrés le matin, pour en faire un résumé sur une feuille A2 : mon groupe a représenté tout cela en un nuage de mots.

Jour 3 : ateliers, « Zazie Nel Metro », rétrospective de la semaine

Ateliers numériques en impro

Le jeudi, nous nous retrouvons dans le même lieu pour deux ateliers sur le numérique, imaginés la veille suite à la réorganisation d’une partie du programme, du fait de l’absence d’un de nos camarades covidés.
Nous avons animé ces deux ateliers en parallèle deux fois, pour que chaque groupe en bénéficie.

  • atelier mobile : les paramètres pour améliorer sa vie privée, et quelques applications libres intéressantes. Animé par Domenico et moi-même.
  • atelier desktop / internet : des logiciels et des applications libres pour s’organiser, notamment Zourit. Animé par Lucas des CEMÉA Belgique et Olivier des CEMÉA France
Photo d'une affiche listant des logiciels libres pour s'organiser Photo d'une affiche listant des paramètres améliorant la vie privée sur Android

 

 

J’ai été étonnée car nous n’étions que peu nombreux⋅ses à connaitre ces outils et astuces. Les participant⋅es ont vraiment apprécié de les découvrir. Je trouve ce format d’atelier pratique pour mettre le pied à l’étrier et permettre d’éviter les listes à la Prévert, qui noient parfois l’auditoire.

Visite de « Zazie Nel Metro »

Zazie Nel Metro est un bar associatif et sa librairie associée, gérés par un collectif de personnes très chouettes, qui organisent divers évènements artistiques et citoyens. Iels organisaient 3 jours après un festival nommé « Zazie la bona vita », alliant discussions militantes / politiques et concerts.

Photo d'une affiche du festival, avec le slogan « Zazie Fest Bona Vita »

Notre hôte nous présente une sélections de livres d’auteurices anarchistes ou engagés à gauche, notamment « Cimento, arme di construzionna di massa », de Anselm Jappe, ou encore un livre de Ivan Illich que nous apprécions chez Framasoft. Cela fait écho étrangement à de trop nombreux projets de constructions inutiles, imposés et écocides…

Photos de différents livres posés sur une table

J’y retournerai si je reviens un jour à Rome (e perchè no :))

Retour sur les 3 jours

Nous nous retrouvons dans l’après-midi au local des CEMÉA Mezzo Giorno (ce qui signifie « Milieu de jour » mais aussi « centre de l’Italie »).

Morgane anime le moment qui suit en demandant à chacun·e de noter sur des post-it trois choses de notre séjour, que l’on classe sur trois affiches illustrées :

  • ce qu’il faut conserver (dans un frigo)
  • ce à quoi je vais repenser dans les prochaines semaines (🧠)
  • ce qu’il faut jeter (une poubelle très bien dessinée)

Photo d'une assemblée de personnes assises en cercle avec 3 feuilles de papier au centre, et des morceaux de papiers posés sur ces 3 feuilles.

Invitation à la fête de l’école

Pour finir ce dernier jour, certains d’entre nous assistent à la fête de l’école dans laquelle interviennent nos hôtes des CEMÉA Mezzo Giorno, Christina et Domenico. Cette école se situe dans un quartier populaire mixte socialement ; elle est intéressante car les CEMÉA Mezzo Giorno ont initié depuis plus d’une dizaine d’années une multitude de projets (activités en commun, ateliers musique, …) ayant notamment pour objectif de faire en sorte que la population des migrants soit mieux acceptée : et ça fonctionne.

J’avoue que j’ai un petit moment de nostalgie, tant cette ambiance de fête d’école m’en rappelle d’autres. Et il est temps de prendre congé, je visiterai Rome le lendemain et continuerai mon voyage de retour en France tranquillement en train, ayant le privilège d’avoir du temps devant moi cette fois là.

 

 

Rome, September 2023 : logbook of the third ECHO Network study visit

Par : Framasoft
22 octobre 2024 à 04:00

As a reminder, the participants in the European ECHO Network exchange belong to 7 different organisations in 5 European countries : Ceméa France, Ceméa Federzione Italia, Ceméa Belgique, Willi Eichler Academy (Germany), Solidar Foundation (European network), Centar Za Mirovne Studije (Croatia), Framasoft (France).

Report on the week in Rome.

Click here to read the article in French.

This is the third study visit as part of the ECHO Network program, this visit takes us to Rome, the museum city. Well, us : only Numahell, since COVID decided otherwise for the other three who had planned to come…

After a short trip by bus then train from Lyon, I arrive in the afternoon at Termini station in Rome. With the members of CEMÉA France, we join two members of Solidar to eat together. Questions about popular education cross our minds from the first evening during the meal : what is the difference between popular education and active education ? And active education, what happens if you have no curiosity ? In short, very rich discussions.

File:Rome Termini in 2018.06.jpg

Termini Station (CAPTAIN RAJU – CC BY-SA – Wikimedia)

The first two days take place in the « Casa del municipio » in Rome. These municipal houses allow the city’s associations to meet there, do activities, and book rooms for free. A bit like some community centers in France, or the community centers in big cities (except that in most big cities it’s paid, for example in Toulouse it’s €60 a year).

We start with icebreaker exercises to get to know each other : spelling each person’s first name by miming the vowels of their first name, communicating to position ourselves in alphabetical order, and finally classifying ourselves according to where we come from, from the furthest to the closest. Led by Christina from CEMEA Mezzo Giorno, these icebreakers will be our ritual at the start of the day.

Day 1 : distance training, screening on ECHO Network, squat visit

Distance learning, face-to-face training : feedback and start of strategies

The first morning is dedicated to feedback from three organizations on distance learning. If you remember, about 3-4 years ago there was a lockdown or two… forcing us to change our training practices.

The Acque Correnti (translation : « the water currents ») must train volunteers for the Italian equivalent of civic service, about 15,000 people per year. The Italian state sets strict rules on civic service training, there are three components.

Suddenly, Covid and bam : the question of distance learning arises. Massimiliano tells how they used Zoom’s breakout room features (we know the free alternative BigBlueButton which also offers this feature).

Founded in 1951 by educators and teachers, the Movimiento di cooperazione Educativo advocates active pedagogy methods. It is part of the FIMEM, an international organization around Freinet pedagogy, created in the 1950s.
Made up of territorial groups, they provide training activities each year, and also lead a research group at the national level, on the disciplines they deal with.
For children, this ranges from kindergarten to secondary school. The training is mainly provided remotely, and this before COVID.
Donatella presents the experience accumulated, and in particular the site senzascuola.wordpress.com.

The CEMEA Federazione Italiana as its name suggests federates the CEMEA of Italy. The training provided by the federation consists of ten courses per year, approximately nine days per course. At the beginning, many trainers refused to teach remotely : it is important to recognize the limits of distance learning. Luciano explains that we must « curbare la technologia » (bend, twist the technology) to our practices, and not the other way around. The question is how to use our active teaching methods remotely. He returns to eleven issues of distance learning, some of which are similar online or on site, such as time and space management, or alternating types of learning.

The question/answer time allowed us to identify some interesting points. One of our hosts, Claudio, says that we should fear dehumanization more than the technologies themselves. In addition, virtual projections restrict our use of body language, by seeing the body through the 2D space of screens. It is therefore important to re-appropriate bodies and spaces in 3D, for example by taking breaks away from our computers.
Accessibility issues also contribute to the marginalization of some participants, particularly the issue of the language barrier.

We agree that we should not abandon online training to private markets : these organizations do not necessarily do active pedagogy and have a more lucrative than emancipatory goal. Unfortunately, these are the organizations that institutions finance, « ed tech » (education technologies), rather than popular education collectives, which have a more ethical aim.

ESS, digital education in Italy

In the afternoon, we collectively reflect on the continuation of the ECHO Network project, answering the following questions : what each of our structures does, what interests us all and finally the future prospects of the project.


We then split into small groups for a more informal discussion. In my group, we compared practices between Italy, France and Belgium on the ESS (Social and Solidarity Economy) and then on the place of digital teaching in schools.

Christina from CEMEA Mezzo Giorno explains the situation in Italy, where recent reforms have reconfigured the landscape of the ESS (Social and Solidarity Economy).
In Italy, three organizational statuses are included in the ESS :

  • Odivu which is a type of volunteer organization
  • APIES : associations with social aims, non-profit and with less than 50 % employees
  • the « impresa sociale », a new type of company with social components, currently being tested

The boundaries are blurred between these types of organization. The current debate in Italy concerns the public/private boundary and the control of ethics : the third category brings a relaxation of the rules to determine whether an organization falls under the social economy or not. A bit like we can see in France with CSR (Corporate Social Responsibility), there is a significant risk of social-washing.

We learn that in Italy, school principals have much more power than in France and that there is a compartmentalization between schools and associations, including at the teacher level. This prevents associations from intervening in schools and bringing active methods and themes such as awareness of digital issues.
In Belgium, it is paradoxically in « free » (private) schools that there are more and more experiments in active pedagogy. There is therefore something to dig into the socio-structural context of each country on these subjects.

Then, on the subject of digital technology, I spoke for the French case of the Scratch programming language which is used in technology in middle school and of Digital and Technical Sciences in the second year. I could also have spoken about the PIX platform, which is used for the validation of acquired skills.

On the subject of equipment, I explain that in France it often quickly becomes obsolete and is poorly maintained. It depends on the town halls, departments or regions depending on the nature of the establishment.

In Italy, the State invests a lot with EU money, IWBs (Interactive Digital Boards) equip almost every class, but teachers are not trained and do not know a tenth of the possibilities.

According to recent research, about 75 % of teachers use frontal teaching methods in Italy : I wonder how many in France.

Finally, we talk a little about the question of using games or video games in class, and I take the opportunity to mention to my friends the Minetest project (a free equivalent to Minecraft).

An entire building under self-management, a common in the city

In the late afternoon, we visit an emblematic occupation site in Rome, Spin Time Labs, which welcomes refugees, homeless people, and students striking against rising rents. The building has an auditorium, a concert hall, and a radio studio. Many cultural and craft activities take place there, and we discover in particular a paper newspaper published by a collective composed exclusively of young people under 25, Scomodo.

Photo d'une plaque où il est écrit Open Borders Photo de nombreuses couvertures d'un journal accrochées au mur Photo de couvertures d'un journal accrochées au mur et une affiche le pagine da scrivere sevono ancora

This place is managed by its residents and contributors, there is no rent but people who benefit from the place can offer their time in exchange, make financial donations or offer their help on renovation projects.

About 150 families are housed in this occupied building, where even the Rome City Hall, which is not very left-leaning, tolerates this squat for the services provided there, and even the social workers of the city hall refer people to this place to find help and resources.

After this visit, we met up to chat on a lively street in the Pigneto district, where local residents are particularly involved in the life of the neighborhood.

Day 2 : AI, workshops

The next day, September 27, Claudio receives us to introduce us to the CSV (Centro di servicio volontario) Lazzio. The place is a bit like his home, we’re in our element.

Christina leads a game to stretch : everyone chooses a gesture that corresponds to them and has designated it throughout the game, which forced us to have visual attention during this moment. This type of popular education exercise aims to improve group cohesion, and it works !

Presentation on AI

Then we attend the presentation by Marika Mashitti, a doctoral student at the University of Roma tre in the Department of Educational Sciences.

She begins with definitions (what AI is, the different types of systems) and recalls that AI is above all a scientific discipline. Then she goes on to give a brief history, which shows the speed of the latest advances, especially since the start of the pandemic, as if it had become urgent to develop this field.

For her, it is a question of power. Indeed, who is involved in AI research ? Personalities like Elon Musk and web giants such as Alphabet, Meta, Microsoft, etc.

She gives some examples of biases due to AI : discrimination in facial recognition (only 52 % success in recognizing faces of black women), targeted advertising for job opportunities, profiling.

Excerpt from a slide from the presentation, talking about “algocracy”.

The word “Algocracy” (“power through algorithms”, coined by Danaher, 2018), is dropped. She insists on the fact that technology is never neutral. She addresses the point of singularity, taking up the proposal of Frederico Cabitza, Professor at the University of Milan. He defines singularity as the moment when humans choose to leave almost complete control to the machine rather than its classic definition, namely the moment when the latter becomes indistinguishable from a human.

The members of the assembly appreciated her presentation, both its content and the energy that drives it and asked many questions.

Workshop on digital issues

We start the afternoon with a game that I proposed, and that I had already tried at the Climate Camp 2022. It involves positioning yourself on two axes for a given question : one axis according to your level of confidence and the other your level of comfort, by splitting into three groups. Christina, Morgane and Claudio prepared a list of 4 issues :

  • online training
  • AI
  • political regulations on digital technology
  • the power to act

Interesting discussions took place, with each person having to explain their choice of position. This exercise allowed people who had spoken little to express themselves, the small groups making it easier to listen. I learn that two people in the group regularly use generative AI for their daily work in communication, and that this morning’s conference made them aware of the issues.

Then we resume the discussions, either around the work done the day before, or on the writings started in the morning, to summarize them on an A2 sheet : my group represented all this in a word cloud.

Day 3 : workshops, “Zazie Nel Metro”, retrospective of the week

Improv digital workshops

On Thursday, we meet in the same place for two workshops on digital technology, imagined the day before following the reorganization of part of the program, due to the absence of one of our covid comrades.
We ran these two workshops in parallel twice, so that each group could benefit from them.

  • mobile workshop : settings to improve your privacy, and some interesting free applications. Led by Domenico and myself.
  • desktop / internet workshop : free software and applications to organize yourself, including Zourit. Led by Lucas from CEMÉA Belgium and Olivier from CEMÉA France
Photo d'une affiche listant des logiciels libres pour s'organiser Photo d'une affiche listant des paramètres améliorant la vie privée sur Android

I was surprised because there were only a few of us who knew these tools and tips. The participants really enjoyed discovering them. I find this workshop format practical for getting started and avoiding Prévert-style lists, which sometimes drown the audience.

Visit to “Zazie Nel Metro”

Zazie Nel Metro is an associative bar and its associated bookstore, managed by a collective of very nice people, who organize various artistic and civic events. They organized 3 days later a festival called “Zazie la bona vita”, combining militant / political discussions and concerts.

Photo of a festival poster, with the slogan “Zazie Fest Bona Vita”

Our host presents us with a selection of books by anarchist or left-wing authors, including « Cimento, arme di construzionna di massa » by Anselm Japp, or a book by Ivan Illich that we appreciate at Framasoft. This strangely echoes too many useless, imposed and ecocidal construction projects…

Photos of different books lying on a table

I will go back if I ever come back to Rome (e perchè no :))

Looking back on the 3 days

We meet in the afternoon at the CEMEA Mezzo Giorno premises (which means « Midday » but also « center of Italy »).

Morgane leads the next moment by asking everyone to write down on post-its three things from our stay, which we classify on three illustrated posters :

  • what to keep (in a fridge)
  • what I’m going to think about in the coming weeks (🧠)
  • what to throw away (a very well-drawn trash can)

Photo of a group of people sitting in a circle with 3 sheets of paper in the center, and pieces of paper placed on these 3 sheets.

School Party Invitation

To end this last day, some of us attend the school party in which our hosts from CEMEA Mezzo Giorno, Christina and Domenico intervene. This school is located in a socially mixed working-class neighborhood ; it is interesting because CEMEA Mezzo Giorno have initiated a multitude of projects for over ten years (joint activities, music workshops, etc.) with the aim of ensuring that the migrant population is better accepted : and it works.

I admit that I have a little moment of nostalgia, as this school party atmosphere reminds me of the one my children went to <3. And it is time to say goodbye, I will visit Rome the next day and continue my journey back to France quietly by train, having the privilege of having time in front of me this time.

L’amour en commun : essai subversif

Par : Framasoft
11 octobre 2024 à 08:08

À l’occasion de la parution de L’amour en commun, essai de la collection Des Livres en Communs (Framasoft), nous avons questionné les auteurices. Leur cheminement peut se mesurer à l’aune du premier point d’étape que nous avions publié en avril 2023. Un impressionnant travail d’écriture et de questionnement !

Margaux, Timothé, vous venez d’écrire un livre à quatre mains dans la collection Des Livres en Commun. C’est le premier ouvrage de la collection subventionné sur notre modèle de mise en commun de la connaissance et pour lequel vous aviez proposé un projet très motivant. Après presque deux ans d’efforts voici un travail remarquable et stimulant sur l’amour et comment le fait de penser nos relations sociales à travers cette notion permet aussi de proposer une alternative au capitalisme et ses imaginaires. C’est une grosse dissert’ de philo ou c’est autre chose ?

Margaux — À vrai dire, j’ai du mal à définir ce que recouvre cet essai. C’est peut-être un OVNI, un ouvrage non-identifié, un projet tentaculaire qui partait d’un questionnement sur les limites des modèles relationnels dans lesquels nous évoluions et qui est allé vers quelque chose de plus grand.

En fait, une fois que nous avions posé le constat que les modèles classiques de la famille et de l’amour étaient à réinventer, ce qui nous semblait évident, c’est comme si tout l’ouvrage restait encore à écrire. Qu’est-ce qui fait que le changement individuel ne marche pas ? Quelles structures sociales nous empêchent de nous aimer mieux ? Comment faire autrement ? Dans les expérimentations qui ont tenté de sortir du capitalisme, qu’est-ce qui peut nous inspirer et qu’est-ce qui a été mythifié et nous aveugle au contraire ? Nous avons avancé dans le projet au fil de nos lectures, en changeant de direction, d’avis, de plan d’ouvrage. Donc je dirais que c’est un livre de cheminement de pensée, qui recouvre deux ans de formation politique à grand coup de fiches de lectures, de rencontres et de discussions. Nous n’avons rien inventé, nous avons collecté, mis en lien, synthétisé ce que nous amassions. Avec la spécificité de faire tout ça à quatre mains, donc en se donnant une confiance et une liberté totale, y compris celle de ne pas être forcément d’accord au mot près avec ce qu’écrivait l’autre.

En bref, c’est un livre qui a suscité plus de questions que de réponses. Il en reste encore plein !

Timothé — Une « Grosse disser’t » de philo, c’est à la fois un peu dur et un peu gentil. Personnellement je ne pense pas savoir écrire une disser’t, alors je doute d’en avoir écrit une à l’insu de mon plein gré. En plus notre sommaire n’est, je pense, pas adapté à une dissert, il part dans trop de directions. Cet essai est plutôt entre un panier en osier et un topo d’escalade. Dans le panier, les idées s’accrochent et se mêlent pour donner un ensemble solide qui peut servir à accueillir de nouvelles choses. Avec un topo d’escalade, les parties peuvent être prises individuellement pour partir affronter la face d’une montagne, mais collectivement ces parties décrivent l’ensemble de la montagne. En plus, comme ledit Margaux c’est tout à fait un cheminement, et qui continue souvent à cheminer dans ma tête, avec de nouvelles idées qui surgissent… Mais bon, aujourd’hui nous avons décidé de ne plus rien rajouter pour pouvoir sortir le livre. Nous avons fait notre part et maintenant c’est aux lecteurices de prendre la suite si iels ont en envie. C’est un livre libre, alors servez-vous-en et enrichissez-le si le cœur vous en dit.

De l’amour courtois médiéval aux princes et les princesses des contes, de Marivaux à Titanic, les représentations de l’amour sont surtout des émergences du romantisme et du couple sempiternellement revisité, et caricaturé. Pourtant face à la diversité des sentiments, on nous ressert bien souvent la même soupe. Qu’est-ce que vous entendez par une idéologie de la domination ? et vous répondez quoi ?

Margaux — Pour répondre à cette question, il faut définir rapidement ce que j’entends quand je parle d’amour romantique dans cet essai. C’est un ensemble de normes, véhiculé par la culture occidentale et façonnant des imaginaires largement partagés sur ce que l’amour (le vrai) devrait être.

D’une manière un peu ringarde en effet, c’est le·a princesse charmant·e, c’est l’idée d’un·e âme sœur complémentaire, d’un·e partenaire qui nous est prédestiné·e, avec lequel nous pourrions fusionner dans une histoire d’amour sans fin. Mais c’est plus complexe que ça. Si nous sommes à peu près tous·tes d’accord pour rejeter cette représentation, l’amour romantique n’a pas disparu pour autant de nos manières d’entrer en relation. Le problème, c’est que l’amour romantique est une construction sociale indissociablement liée à celle du couple hétérosexuel :c’est sa forme légitime. Or le couple hétérosexuel, dans le mythe de la complémentarité entre ses partenaires, vient lui-même renforcer l’idée que le sexe se confond avec l’identité de genre et un désir pour le sexe opposé.

Autrement dit, les discours qui me préexistent, dont ceux sur l’amour romantique, m’amènent à penser que si j’ai une vulve, je suis une femme et je suis attirée par les hommes, et que si je souhaite avoir accès au couple et à la famille, il va falloir m’en contenter. L’idéologie de la domination, j’y viens, c’est donc le fait que sous le voile de l’amour romantique, on en vient à justifier des violences patriarcales, des inégalités et l’exclusion de toutes les personnes qui ne se retrouvent pas dans les schémas hétérosexuels, monogames et genrés.

Ce que je réponds à l’idéologie de la domination… c’est qu’on n’est pas sorti·es de l’auberge ! Je pense que sortir du patriarcat (ce qui me semble essentiel à des relations amoureuses saines), c’est sortir du binarisme de genre. Ensuite, il faut penser la question du pouvoir. Je trouve que l’amour romantique vient souvent hanter nos tentatives de réinvention du sentiment amoureux. Par exemple, que la non-exclusivité est une passade jusqu’à ce qu’une relation monogame se stabilise et évince les autres. Ou au contraire, que la coexistence de plusieurs relations, au nom de la réinvention du modèle amoureux, va légitimer une mise en compétition des partenaires et un fort individualisme affectif. La solution la plus convaincante que j’ai trouvée pour le moment, ce sont les réseaux affectifs de Brigitte Vasallo, et de se décentrer du rapport amoureux pour valoriser l’amitié. Mais là, il va falloir lire le livre parce que je suis en train de le divulgâcher :)

Timothé — C’est Margaux qui a travaillé sur cette partie, alors je n’ai pas grande chose à ajouter.

Les pirates Ann Bonny et Mary Read (1724, B. Cole). Wikimedia. Domaine public.

Les pirates Ann Bonny et Mary Read (1724, B. Cole). Wikimedia. Domaine public.

Depuis les années 1980, il y a une sociologie de la famille, une géographie de la famille, on s’intéresse au mariage, aux transmissions culturelles, l’apport structurel de la parenté dans la société, la parentalité, la sexualité, etc… mais cette notion dans l’histoire des sciences est assez instable et ne recouvre pas toujours les mêmes choses. Vous parlez d’un imaginaire de la famille, qui serait même « de droite », et vous pensez l’alternative de la parentèle : les pratiques sont-elles en train de changer ?

Timothé ­— J’espère ! ! !

Une statistique importante c’est qu’aujourd’hui presque la moitié des enfants vivent dans des familles recomposées. C’est une énorme modification. Après, de là à dire qu’elle est de droite ou de gauche…

Dans sa partie sur les « couples » Margaux rapporte des interviews qu’elle a faites, ce qui appuie de façon directe son propos. De mon côté j’en ai fait 3. Une dans un habitat collectif dont les membres retapent collectivement un corps de ferme pour qu’à la fin chacun.e y ait son logement. Une d’un couple qui a une petite fille et qui vit avec un ou deux colocs suivant les moments. Et enfin une de deux ami.es qui, dans la mesure du possible, essayent de prioriser leur relation sur le travail. C’était mes premières interviews, et je n’ai pas réussi à en faire sortir des citations que je pouvais facilement incorporer au texte. Donc je ne l’ai pas fait. C’est 3 groupes qui sont déjà une marque de changement et créent des pratiques qui, si elles existaient avant, étaient inconnues. Le fait que ces pratiques soient mises en lumière, notamment par notre travail, ne peut que participer au changement. Néanmoins, même ce genre de différence par rapport à la norme est difficile aujourd’hui, car il n’existe pas de structure juridique qui les rend facilement accessibles.

Il y a des volontés de faire différemment, mais si elles ne sont pas accompagnées par la législation, il faudra plus de temps pour qu’elles prennent en amplitude. L’absence de cadre légal n’est pas un frein suffisant pour empêcher les humain·es de faire famille comme iels l’entendent. Alors, au bout d’un moment, il faudra bien reconnaitre que ces nouvelles familles existent et faire avec.

Cob House. Maison en torchis, Zad de NDDL. Hambinfo. 2016.

Cob House. Maison en torchis, Zad de NDDL. Hambinfo. 2016. Wikimedia. CC-By-Sa.

Le système capitaliste nous impose ses modèles et ses imaginaires. Selon vous, en quoi les expériences concrètes de résistances collectives, de préfiguration, en particulier les ZAD et plus généralement des projets de vie en commun, permettent de penser différemment notre rapport à l’amour ?

Margaux — Pour expliquer comment nous sommes arrivé·es à nous intéresser à la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes et à la piraterie, je vais retracer rapidement notre chemin de pensée. Notre hypothèse de base était que réinventer l’amour par le biais de nos relations individuelles en changeant simplement de contrat (non-exclusivité, polyamour, etc.) ne fonctionne pas, parce qu’il faut s’attaquer aux structures sociales qui le définissent, donc in fine au capitalisme et au patriarcat.

À partir de là, nous avons cherché du côté des expériences et des luttes qui tentaient de construire des « contre-mondes », c’est à dire des bulles de résistance au capitalisme et qui, par leur existence, affaiblissent le système social et tentent de préfigurer une vie en dehors de lui. Nous supposions que, dans ces espaces, penser un rapport à l’autre différent serait envisageable.

MAIS, et c’est un grand mais, la réalité de ces luttes est plus ambigüe. Pour la piraterie comme pour la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, j’ai été marquée par l’importance du mythe, qui est constamment utilisé pour les raconter. Pour les pirates par exemple, il existe une multitude d’interprétations contradictoires de ce phénomène social. Si j’ai choisi la piraterie comme agent révolutionnaire, qui a permis pendant un temps éphémère de mettre en cause le développement du commerce maritime international, je sais que cela n’embrasse pas tout ce que cela a pu être. Sur la question précise du rapport à l’autre, la mythification des pirates empêche par exemple de penser la place des femmes au sein de ces contre-mondes, où d’interroger le rôle des pirates dans le commerce triangulaire qui a participé à la colonisation.

Pour la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, qui est devenue une référence de militantisme quasi-universelle (qu’elle soit plébiscitée ou décriée), c’est pareil. C’est un très bon exemple des dangers de la mythification d’une lutte sociale. Parce que quand on parle de la ZAD, on parle de quoi ? De la victoire contre l’aéroport ? De l’opération César ? Du collectif qui est resté habiter sur les terres en négociant avec l’État ? De la volonté de créer un nouveau rapport au vivant ? De ce que j’ai lu, il me semble que l’histoire de la ZAD est multiple, complexe, pas toujours reluisante, mais surtout que le récit de ce qu’a été une lutte est souvent écrit par les vainqueurs, aux dépens de celleux qui ont participé à une lutte et en ont été évincé·es. Donc de là à en faire une terre magique où l’on pourrait tous.tes s’aimer quel que soit notre genre, notre classe sociale ou notre couleur de peau… pour moi on en est loin.

Et cela rejoint peut-être une idée importante à mon sens :si sortir du capitalisme est indispensable pour mieux s’aimer, la lutte des classes seule n’entraînera pas la fin du patriarcat. Il nous faut lutter pour nos conditions matérielles d’existence pour survivre, tout en pensant nos relations en dehors du prisme hétérosexuel, hiérarchique et inégalitaire.

Timothé — C’est dur d’essayer de s’astreindre à l’objectivité. Il serait tellement plus simple de créer des mythes et de les encenser plutôt que de les écorner. D’une certaine façon cela nous rendrait plus forts, nous aurions un modèle, des plans et nous saurions où aller. Si nous proposons des imaginaires et des moyens alternatifs au capitalisme, nous reconnaissons aussi qu’aucun n’est parfait et adaptable partout. Finalement… tout ça pour rien ? Non pas vraiment, car retrouver de la diversité dans les modes de vie c’est nécessaire. Nous n’allons pas revenir à ceux du passé, car le monde à changé (physiquement) et tous ont présentés de gros red flags. Margaux parle des pirates et de la Zad. Moi, dans la partie sur les liens aux vivants, je parle d’une relation à la terre, à l’espace et aux non humains qui le peuplent en montrant que nous devrions retrouver un lien que nous avons perdu. Ce lien il a disparu, c’est comme ça, il ne faut pas vouloir le recréer à l’identique, car beaucoup des sociétés qui l’ont fait perdurer étaient bien plus patriarcales et nationalistes qu’aujourd’hui. Il faut le retisser avec les connaissances et l’état du monde actuel.

Pour ce qui est de la préfiguration, Il y a une interview qui m’avait mis des étoiles dans les yeux. Celle d’Alessandro Pignocchi, auteur avec Philippe Descola de Ethnographies des mondes à venir. Il dit qu’un modèle serait de créer partout des Zad vivantes en réseau. Sur le moment j’avais adoré l’idée, mais d’une part, il met sous le tapis les difficultés de Notre Dame des Landes et, d’autre part, il oublie que les Zads, si elles savent fabriquer des cabanes, ne savent pas fabriquer les outils pour fabriquer les cabanes (c’est une remarque de Frédéric Lordon). Tout cela pour dire que l’on ne lutte pas contre un système qui a tout uniformisé (le capitalisme) avec une autre façon d’uniformiser. C’est une des conclusions de nos réflexions :il n’y a pas de contre-modèle parfait, en revanche il y a plein de contre-modèles chouettes où piocher.

Imaginaire Tradwife

The Ladies’ home journal (1948). Wyeth, N. C.. Wikimedia.

Pour de nombreuses représentations, la famille est d’abord perçue comme un cadre social dédié aux soins, notamment pour les enfants, et à la transmission des valeurs, ce qui structure les relations de couple dans un référentiel figé voire traditionnel. La société de consommation a modifié ces dynamiques. Pour beaucoup qui ont du mal à l’accepter, il s’agit de revenir à une vision réactionnaire de la famille ou du couple. Or, à y regarder de plus près, la société de consommation n’a-t-elle pas plutôt amplifié des tendances comme le patriarcat, l’exclusivité, la hiérarchisation des émotions ?… En somme, justement des tendances réactionnaires.

Margaux — De mon côté, je me suis intéressée à l’irruption des notions de marché et d’économie dans la sphère amoureuse, notamment à travers l’ouvrage Pourquoi l’amour fait mal d’Eva Illouz. L’autrice soutient que dans une société de consommation néolibérale, le désir comme moteur de choix et l’utilitarisme comme modèle de décision traversent nos relations. C’est ce qu’elle appelle l’individualisme affectif, c’est-à-dire l’injonction à l’autonomie du sujet dans son épanouissement, qui grâce à sa rationalité est capable de faire les meilleurs choix sur le marché amoureux. Dès lors, l’individu ne tend plus à faire un choix satisfaisant, mais le meilleur pour ellui. Cela explique selon elle la difficulté plus grande à s’engager, comment être sûr.e que cette personne soit « la bonne » pour moi, alors qu’il reste encore d’autres partenaires désirables potentiels sur le marché ? Parallèlement, elle observe les effets de l’émancipation de la sexualité de la sphère de l’amour et du mariage. Cela a créé, à côté du marché des relations à long-terme, un marché de la sexualité sérielle où le capital social des individus augmente avec leurs expériences et le nombre de partenaires rencontré·es. Paradoxalement, avoir un capital sexuel élevé favorise également les individus dans le marché des relations à long-terme.

Or ce contrat est asymétrique :là où les hommes jouissent d’un plus grand accès au marché sexuel et amoureux, les femmes, plus contraintes par la temporalité biologique de leurs corps, si elles ont envie d’avoir un enfant, vont souvent voir cohabiter des stratégies de sexualité sérielle (comme attribut du pouvoir) et monogames (comme accès à la reproduction). Cela nourrit la domination affective des hommes sur les femmes, et une organisation de l’amour où la femme prend en charge le travail émotionnel pour permettre l’indépendance masculine, là où l’homme performe la masculinité par le détachement et un rejet de l’engagement.

C’est un résumé à grands traits, mais cela montre bien en effet comment la société de consommation et les effets du marché peuvent renforcer le patriarcat et les inégalités de genre au nom de l’amour.

Timothé — En effet la société de consommation s’entend très bien avec le patriarcat, tout comme elle pourrait probablement faire aussi sans. D’après mes recherches, elle a surtout dynamité des solidarités à l’échelle de petites communautés qui se sont dispatché pour chercher du travail et aussi parce qu’il y avait dedans un fort contrôle social. C’est bien que le contrôle social ai diminué, mais il est dommage d’avoir perdu les solidarités. Comme je l’ai dit précédemment, il ne faut pas vouloir revenir à quelque chose de passéiste, mais se rappeler que certains de ses bons aspects sont encore possibles.

Confrontation courte de deux concepts :hétérosexualité et capitalisme. C’est quoi le problème ?

Margaux — Bon, là il faudrait écrire une thèse, mais je vais essayer de résumer ce que j’ai compris de Frederico Zappino, qui a été une lecture très importante pour cet essai. Pour lui, l’hétérosexualité en tant que système de production du genre binaire (homme, femme) est un sous-bassement du capitalisme, qui se nourrit des inégalités patriarcales pour exister.

Frederico Zappino se base notamment sur la Pensée Straight de Monique Wittig, dans lequel elle avance que les catégories de sexe, féminin ou masculin, ainsi que la répartition des rôles et des valeurs qui leur sont assignés, sont produites par le système hétérosexuel pour justifier une relation inégale. C’est l’inégalité qui préexiste, pas la différence entre les sexes ou le genre binaire, qui sont construits après pour justifier la domination masculine. Le problème, c’est que l’hétérosexualité est obligatoire. C’est à dire que l’on se pense et on se construit à partir d’elle, à partir du genre binaire, à partir de notre appartenance ou pas à la norme hégémonique hétérosexuelle et cisgenre. Le capitalisme, lui, est un système économique, politique, idéologique basé sur l’exploitation des travailleur·euses par les détenteur·ices des moyens de production, pour générer une plus-value, réinvestie dans ce capital. Or le capitalisme se nourrit de l’inégalité hétérosexuelle fondamentale :l’économie productive ne pourrait exister sans une économie reproductive, du soin, sans la reproduction concrète opérée par la famille hétérosexuelle où les parents produisent une force de travail future. Si on va plus loin, les minorités de sexe et de genre (les femmes et les personnes trans) sont en première ligne quand nos conditions matérielles de survie se dégradent :potentielle dépendance à un·e conjoint·e ou enfants à charge, difficulté d’accès au marché du travail pour les personnes qui ne se conforment pas à la binarité de genre, plus grand risque d’isolement social…

Lutter contre le binarisme de genre, pour la subversion de l’hétérosexualité, c’est saper un des soubassements du capitalisme, ça fait donc partie de la lutte des classes ! Or la lutte pour les conditions matérielles d’existence et le féminisme sont trop peu pensés de concert aujourd’hui.

Pour conclure : l’avenir en commun pour vous, c’est quoi ?

Margaux — Une dystopie, mais une dystopie queer et féministe.

Timothé — Beaucoup d’inconnues, la sensation ambiante qu’il y aura des évènements important mais l’espoir que nous nous nous surprenions pour arriver quelque part de chouette.

Marche des fiertés, Rennes 2017

Marche des fiertés, Rennes, 2017. Missbutterflies. Wikimedia. CC-By-Sa.

Parution : L’amour en commun

Par : Framasoft
8 octobre 2024 à 13:21

C’est avec grand plaisir que nous annonçons la parution du premier ouvrage de la collection Des Livres en Communs !

Premiers lauréats de l’appel à projet Des Livres en Communs (Framasoft) en 2022, accompagnés par l’équipe éditoriale, Margaux Lallemant et Timothé Bodo ont travaillé durant deux ans à l’élaboration d’un essai original et fouillé dont la lecture est très stimulante ! En attendant une interview des deux auteurs, prochainement disponible sur ce blog, voici la présentation de l’ouvrage, sous licence Creative Commons CC-By-Sa.

Couverture du livre L'amour en commun

L’amour en commun (couverture)

Comment libérer l’amour des carcans du couple et de la famille pour en faire un projet collectif ? Cet essai explore les effets du patriarcat et du capitalisme sur nos relations et montre que réinventer l’amour ne peut se faire isolément.

À travers une analyse de dynamiques interpersonnelles — amour romantique, amitié — en relation avec les structures sociales qui les façonnent — genre, soin, travail, rapport au vivant — les auteur-ices interrogent les oppressions qui traversent l’amour au sens large.

À la recherche de « contre-mondes » où l’affaiblissement du système capitaliste semble possible, iels s’intéressent à la piraterie et la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, dans leurs mythes et leurs écueils.

Une invitation à envisager l’amour sous un jour nouveau, comme un espace d’émancipation et de création collective.

Présentation et téléchargements : L’amour en commun

Margaux Lallemant et Timothé Bodo, L’Amour en commun, Préface signée Yann Kervran (co-éditeur pour DLeC), Des Livres en Communs, oct. 2024.


Des Livres en Communs est un projet Framasoft. C’est un modèle alternatif radical (et anticapitaliste) à l’édition, basé sur l’expérience acquise avec dix ans de Framabook. Des Livres en Communs ne propose pas qu’un modèle alternatif d’édition théorique, c’est très concrètement que nous agissons pour créer des communs culturels pertinents et de qualité :

  • d’abord en accompagnant les auteur·ices tout au long du processus de création, car nous n’attendons pas que l’œuvre nous arrive toute cuite pour commencer notre travail éditorial ;
  • en mobilisant des fonds : dès le début du processus de création, les auteur·ices sont rémunérés pour leur travail, et non pas en attendant d’hypothético-faméliques émoluments basé sur un nombre de ventes (nous considérons qu’une œuvre versée dans les communs culturels n’est pas un capital rentier).

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site DLeC.

Enquête Framalab : ce sont vos besoins qui comptent

Par : Framasoft
24 septembre 2024 à 04:41

Partagez vos retours et besoins sur les outils en ligne présentés sur Framalab en vous exprimant dans notre enquête. Vous avez 15 jours pour contribuer ainsi à Framasoft !

Framalab, un labo pour tester des services libres

Il y a trois mois, Framasoft ouvrait Framalab, un laboratoire ouvert à toustes, qui permet de tester des services libres en ligne.

Notre objectif est de savoir si de tels outils peuvent répondre à vos besoins, à vos attentes, et quelles améliorations leur apporter pour que vous les adoptiez.

Ces logiciels libres sont proposés « tels que développés par leur communauté » et vous permettent de :

illustration mettant en scène une femme réparant un coucou sur son étable, sous les yeux d'un viel homme et d'un chaton

Cliquez pour explorer le Framalab – illustration CC-By David Revoy (sources)

Essayer et s’exprimer, une autre manière de contribuer

Pour savoir comment vous aider à émanciper vos pratiques numériques, le mieux c’est encore de s’adresser : à vous ! C’est bien beau de vous proposer de tester les outils du laboratoire Framalab (et allez-y, hein : ça reste ouvert !) ; mais c’est quand même mieux de savoir ce que vous pensez de ces tests.

Du 24 septembre au 8 octobre, nous ouvrons donc une enquête Framalab, afin de récolter vos avis et vos besoins !

Répondre à cette enquête devrait vous prendre 10-15 minutes. Ces retours seront précieux pour Framasoft, car ils nous permettront de mieux décider sur quels services concentrer notre travail.

Nous sommes aussi persuadées que vos réponses à cette enquête seront importantes pour les communautés développant ces logiciels libres, et pour d’autres qui pourront s’en inspirer. C’est pourquoi nous nous engageons à en publier les résultats (après les avoir dépouillés et anonymisés, bien entendu ^^).

Illustration mettant en scène un Tux qui offre des outils aux personnes autour de lui.

Cliquez pour accéder à l’enquête – Illustration CC BY David Revoy (sources)

Rendez-vous sur Framalab.org

Nous nous donnons jusqu’au 8 octobre pour récolter vos réponses à notre enquête.

N’hésitez pas à partager l’info et ces liens autour de vous : on compte sur vos contributions.

A new application for Framaspace : OwnershipTransfer

Par : Framasoft
10 septembre 2024 à 06:38

Still more features on Framaspace ? Yes ! At the moment, we’re spoiling the users of this service, with the integration of quite a few features like the Forms and Tables applications, but also the ‘Intros’ app developed by Val, our summer intern. And because it’s Val, it’s festival (shameful rhyme !) : just before leaving us for a well-deserved holiday and a final year of studies, he delivered a new ‘Ownership Transfer’ application that will make life easier for administrators of Framaspace spaces.

 

 

Hi Val, we’re not going to ask you to introduce yourself, as you already did in the previous interview. We’ll just remind you that you’re doing an internship at Framasoft from the beginning of May to the end of August 2024, with the aim of developing tools to support Framaspace, and therefore Nextcloud free software.

Hi ! Check out my previous interview to find out more about me ! I introduce Intros, a Nextcloud app to help users get to grips with Framaspace.

At the end of the interview, I mentioned I was working on another Nextcloud app, OwnershipTransfer. Back then things were only getting started, but I cooked, and now it’s ready.

OK, so let’s talk about the OwnershipTransfer App. What’s it for ? Who is the target audience ?

As mentioned in the previous article, OwnershipTransfer makes it possible to transfer data from one user to another in Nextcloud. For example, when someone leaves an association that uses Nextcloud (say, on Framaspace 😏), it can be useful to move their files to another user before deleting their account. You could avoid losing important archives, invoices… The same goes for calendars or address books.

Well worry no more, OwnershipTransfer (or « OT » from now on in this article) does all that. It allows Nextcloud admins to transfer data from whoever to whoever. Initially mostly designed for files, I extended it to calendars and contacts transfer.

OT allows a transfer of all the data, but also a more fine-grained choice. One can choose the calendar, address book or folder they want to transfer, so they don’t end up with someone’s holidays pictures in their files.

Screenshot of Ownership Transfer (also available in English) Screenshot of Ownership Transfer (also available in English)

 

But… didn’t this feature already exist in Nextcloud ?

It did, but not the way we wanted it to.

Nextcloud already allows transferring your own files to another user, with a small graphical interface in the user settings section. You can only transfer your own files to another user, but not choose a source user : this isn’t suitable for an instance admin who would want to move files from one user to another.

An instance admin can also transfer files or calendars from one user to another, with an OCC command. OCC is Nexctloud’s CLI, via which admins can handle some server settings. You can only use it from the command line in a terminal, which to most human beings is… cryptical.

In short there are existing working solutions, but not with a simple graphical interface for admins. This is especially an issue in « Nextcloud farms » (an organization hosting Nextcloud instances for a lot of clients at once) like Framaspace, because admins don’t have access to the CLI in this case.

 

Technically, how does it work ?

Since it’s integrated with other Nextcloud apps, OT is heavily relying on existing Nextcloud APIs. The app also uses adapted parts of Nextcloud’s code. For example, I use the code from the existing files transfer feature, which I modified to fit with our requirements. The same goes for the calendar transfer.

However, I add to implement the contacts transfer, since it is not available in Nextcloud (not even through a cryptic CLI). It looks a lot like the calendar transfer, since both of them are based on the WebDAV protocol, so I had an example to work with.

The interface is built with Nextcloud’s Vue components, of course. They are pretty pleasant to use, and new ones are often released. It allowed me to build a complete graphical interface in no time, while staying consistent with the rest of Nextcloud’s UI.

 

Have you encountered any technical or organisational problems ?

Since Nextcloud’s documentation hasn’t miraculously grown since last time, I had to wander around in Nextcloud’s source code to find the functions needed. I could almost make a hobby out of that. Almost.

At least the features exist in Nextcloud already, so adapting them wasn’t the most difficult thing ever. I could also rely on tcit’s advice, co-director of Framasoft and Nextcloud contributor. In short : I write code, he looks at it, says « cool thing, but not scalable », and I correct it.

Scalability was the most common problem. It always works on my small test environment with 5 accounts and 7 folders, but it should also (and most importantly) work on big Nextcloud instances with lots of files. For example, the files transfer can take a lot of time and resources : it has to move all the files from the source to the destination folder, which takes more or less time depending on the amount of files to move and the underlying storage type. Because of that, it is handled in the background : instead of launching it upon receiving the request, it is placed in a jobs queue that the server periodically handles.

Calendar and contacts transfers do not have this issue : they only consist of a simple SQL query to change the right property on the right element. This operation is fast, so it can be handled in the foreground.

Besides the actual transfer, building the interface was also challenging. The app allows the admin to choose which element will be transferred, so they need an interface to choose it. For calendars and contacts, it’s fairly simple : with Nextcloud’s components, I could easily build a list of calendars or address books. But for files, things are getting complicated : we need a whole tree-style view to show the subfolders’ content.

Luckily, I’ve got back up. Romain, former fellow INSA Lyon student (in Telecom, just like me !) and former Framasoft intern, worked on Sorts a few years ago. The goal was to make an app to enhance Nextcloud’s file search, mostly with filters. And Sorts has something I was really interested in : a tree-style files view. Exactly what I needed.

Interface de Sorts avec l'arborescence de fichiers Interface adaptée à OT pour choisir le dossier à transférer

After a few tweaks here and there in Sorts’ code, which wasn’t necessarily easy, its tree-style view perfectly integrated with OwnershipTransfer. It helped a lot and saved a lot of dev time, and I could even improve it a bit with some lines to better view the current folder and some sharing icons.

 

Now that your internship is coming to an end, and you’ve been « eating » some Nextcloud for the past 6 months, what are your potential takes on this software ?

It’s rant time !

Anyways, besides the rant and all the things I could blame on Nextcloud (like its lightweight documentation, its occasional slowness or its imperfect UI), its a very functional software, and it’s all that matters for pretty much everyone. It could be better (and it’s already happening !), but I find it to be working just fine for most typical usages. I’ve been using it for 2 years on a Raspberry PI to backup my files and photos, and I’ve never had any major issues with it.

However, its collaborative features can definitely get better (things like multiple people writing on the same text or calc document at the same time), especially since they are very popular among the people who use Nextcloud. These features exist, but they are typically hard to use, especially the first time, and poorly optimized. So when I see Nextcloud bragging about how they now have AI integrated (which I think most people don’t find that useful anyway), while opening a shared file sometimes still causes a mess… I think they could focus on more important things. But I guess you do need something to make it look shiny.

 

We’ve been very very pleased and satisfied to work with you over the last few months ! Any final words ?

I was delighted to work at Framasoft ! I’ve learned a lot through this internship, and I want to thank the association again for its welcoming and comfortable working conditions.

Right now it’s time to relax, for me at least (before going to « class » again, but don’t mention it), and then to go back to work on my final internship at the beginning of next year ! I’m just saying, of course ;)

 


Main links for Ownership Transfer :

Une nouvelle application pour Framaspace : OwnershipTransfer

Par : Framasoft
10 septembre 2024 à 06:37

Encore des nouveautés sur Framaspace ? Et oui ! En ce moment, on gâte les utilisateur⋅ices de ce service, avec l’intégration de pas mal de fonctionnalités comme les applications Forms et Tables, mais aussi l’app « Intros » qu’a développée Val, notre stagiaire estival (rime riche !). Et comme c’est Val, c’est festival (rime honteuse !) : juste avant de nous quitter pour des vacances bien méritées et une dernière année d’études, il nous a livré une nouvelle application « Ownership Transfer » qui facilitera la vie des administrateur⋅ices d’espaces Framaspace.

An English version of this interview is available at : https://framablog.org/2024/09/10/a-new-application-for-framaspace-ownershiptransfer

 

Bonjour Val, on ne va pas te proposer de te présenter, car tu l’as déjà fait dans la précédente interview. On rappellera juste que tu es en stage à Framasoft de début mai à fin août 2024, avec pour objectif de développer des outils d’accompagnement à Framaspace, et donc au logiciel libre Nextcloud.

Salut ! N’hésitez pas à aller lire ma précédente interview pour en savoir plus sur moi ! J’y parle d’Intros, une application pour faciliter la prise en main de Framaspace.

A la fin de l’interview, je parle d’une autre application Nextcloud sur laquelle je travaillais, OwnershipTransfer. À l’époque c’était encore en cours de préparation, mais depuis j’ai cuisiné, et maintenant c’est prêt.

 

OK, donc, parlons de l’App Ownership Transfer. À quoi sert-elle ? Quel est le public visé ?

Comme indiqué dans l’article précédent, OwnershipTransfer sert à transférer des données d’un⋅e utilisateurice à l’autre dans Nextcloud. Par exemple, lorsqu’une personne quitte une association qui utilise du Nextcloud (sur Framaspace, au hasard 😏), il peut être bien pratique de transférer ses fichiers avant de supprimer son compte. Cela permet d’éviter de perdre des archives importantes, des factures,… De même pour ses agendas, ou même ses carnets d’adresses.

Ça tombe bien, OwnershipTransfer (qu’on abrégera par la suite « OT ») fait tout ça. Elle permet aux administrateur⋅ices d’un espace Nextcloud de transférer les données de n’importe qui vers n’importe qui. À l’origine surtout destinée au transfert de fichiers, j’ai pu étendre l’application au transfert d’agendas et de contacts.

OT permet de transférer toutes les données d’une application, mais aussi de choisir plus finement ce qui devra être transféré. On peut ainsi choisir l’agenda, le carnet d’adresse ou un dossier à transférer, pour éviter de se retrouver avec les photos de vacances de quelqu’un d’autre dans ses fichiers.

Capture écran d'Ownership Transfer Capture écran d'Ownership Transfer

 

Mais… cette possibilité n’existait pas déjà dans Nextcloud ?

Si, mais pas exactement comme on le voulait.

Nextcloud permet déjà de transférer ses propres fichiers à une autre personne, via une petite interface graphique dans les paramètres utilisateurs. On peut là uniquement transférer ses propres fichiers vers un autre utilisateur, mais pas choisir l’utilisateur source : ce n’est pas une solution pour les admins d’espace qui voudraient transférer des fichiers d’une personne à une autre.

Un⋅e administrateurice d’espace peut aussi transférer des fichiers ou des agendas d’un⋅e utilisateur⋅ice à un⋅e autre, via une commande « OCC ». OCC est la CLI de Nextcloud, via laquelle les admins peuvent lancer diverses opérations de maintenance ou de management. On y accède donc en ligne de commande via le terminal uniquement, ce qui a de quoi repousser la plupart des êtres vivants sur cette planète.

En bref cette solution fonctionne, mais ne propose pas d’interface graphique simple aux admins. Cela pose problème dans le cas de « fermes à Nextcloud » (une organisation qui héberge des instances Nextcloud pour beaucoup de clients d’un coup) comme Framaspace, dans lesquelles les administrateur⋅ices d’un espace n’ont pas accès à la ligne de commande.

 

Techniquement, comment ça marche ?

Comme elle s’intègre avec d’autres applications, OT se base essentiellement sur des APIs existantes de Nextcloud. L’application réutilise aussi des parties du code de Nextcloud que j’ai adaptées aux besoins de l’application. Par exemple, je réutilise le code de transfert de ses propres fichiers, en l’adaptant pour pouvoir choisir à la fois l’utilisateur⋅ice source et destinataire. De même pour le transfert d’agendas.

J’ai par contre dû implémenter le transfert de contacts, non disponible dans Nextcloud par défaut. Il est cependant très similaire au transfert d’agendas, dont je me suis inspiré, puisque les deux se basent sur le protocole WebDAV.

Pour l’affichage, j’utilise bien sûr les composants Vue proposés par Nextcloud. Leurs composants sont assez complets et agréables à utiliser, et ils en sortent de nouveaux régulièrement. Cela m’a permis de réaliser une interface graphique complète en peu de temps, et cohérente avec le reste du logiciel.

 

Tu as rencontré des soucis, qu’ils soient techniques, organisationnels, etc ?

La documentation de Nextcloud n’ayant pas miraculeusement centuplé en taille depuis la dernière fois, j’ai encore dû fouiller dans le code source de Nextcloud pour aller trouver les fonctions à utiliser. Ça commencerait presque à me plaire. Presque.

Mème d'un Val (avec quelques années de plus) face la (non) doc de Nextcloud.

Mème d’un Val (avec quelques années de plus) face à la (non) doc de Nextcloud.

 

Au moins, comme les fonctionnalités existaient déjà en partie dans Nextcloud, les adapter n’a pas été d’une difficulté monstre. Surtout que j’ai pu beaucoup compter sur les conseils de Tcit, codirecteur de Framasoft et contributeur bénévole de Nextcloud. En gros : j’écris du code, il le regarde, il se dit « Cool, mais ça passe pas à l’échelle ton truc », et puis je corrige.

C’était le problème la plupart du temps, le passage à l’échelle. C’est bien beau quand ça fonctionne sur mon petit environnement de test à 5 comptes et 7 dossiers, mais dans l’idéal il faut aussi que ça fonctionne sur les grosses instances Nextcloud avec beaucoup de fichiers. Par exemple, le transfert de fichiers peut prendre beaucoup de temps et de ressources : il faut déplacer tous les fichiers du dossier source vers la destination, ce qui peut être plus ou moins long en fonction de la quantité de fichiers et du type de stockage. Celui-ci est donc géré en fond : au lieu de l’exécuter au premier plan dès la réception de la requête, il est placé dans une file de « jobs » que le serveur effectue périodiquement.

Les transferts de contacts et d’agendas n’ont pas le même problème : il s’agit dans leur cas d’une simple requête SQL qui vient modifier la propriété de l’élément en question. Cette opération est rapide, et peut donc être exécutée au premier plan.

Outre le transfert en soi, réaliser l’interface a aussi été un vrai défi. L’application doit permettre à l’administrateurice de choisir quel élément doit être transféré, et doit donc lui proposer une interface pour faire son choix. Pour les agendas et les contacts, c’est plutôt simple : avec les composants de Nextcloud, j’ai pu facilement faire une liste d’agendas ou de carnets d’adresses. Pour les fichiers, ça se complexifie : il faut récréer une arborescence complète de fichiers, capable d’afficher des sous-dossiers.

Heureusement, un « insalien » n’est jamais seul. Romain, ancien étudiant INSA Lyon (du département Télécom, comme moi !) et ancien stagiaire à Framasoft, a travaillé il y a quelques années sur l’application Sorts. Le but de Sorts est d’améliorer la recherche de fichiers de Nextcloud, en proposant une recherche avec des filtres notamment. Mais Sorts a surtout quelque chose qui m’intéressait : une arborescence de fichiers en arbre. Pile ce qu’il me fallait.

Sorts interface with tree directory Sorts Interface adapted to OT for choosing the file to be transferred

Après avoir récupéré et adapté le code de Sorts, ce qui n’était pas forcément de tout repos, son arborescence s’intégrait parfaitement à OwnershipTransfer. Cela m’a permis de gagner beaucoup de temps de développement, et j’ai même pu apporter des améliorations, comme les lignes qui mettent mieux en évidence l’arborescence, ou les icônes de partage. Pas mal non ? C’est insalien 😎

Mème « Pas mal non ? C'est insalien »

Mème « Pas mal non ? C’est insalien »

 

Maintenant que ton stage s’achève, et après avoir « mangé » du Nextcloud pendant près de 6 mois, quels sont tes potentiels positionnements sur ce logiciel ?

Ah, c’est le moment où je râle !

Non blague à part, malgré toutes les critiques que je pourrais faire sur Nextcloud (notamment sa documentation légère, sa lenteur occasionnelle ou son interface qui laisse parfois à désirer), le logiciel est fonctionnel, et franchement c’est tout ce qui compte pour la plupart des gens. Des améliorations sont possibles (et sont en cours !), mais je le trouve déjà assez opérationnel pour la plupart des besoins que peuvent avoir ses utilisateur⋅ices. Je l’utilise personnellement depuis 2 ans sur ma Raspberry PI pour stocker mes fichiers, et je n’ai jamais eu de problème majeur avec.

Le logiciel peut par contre s’améliorer sur ses aspects collaboratifs, qui sont très demandés par les utilisateur⋅ices (écrire à plusieurs sur un fichier texte ou calc par exemple). Ces fonctionnalités existent, mais sont souvent encore difficiles à prendre en main et peu optimisées. Du coup, quand je les vois se vanter d’intégrer de l’IA au logiciel (alors que franchement, je pense que pour beaucoup ça n’a que très peu d’utilité) alors même que quand on ouvre un fichier texte en collaboratif c’est parfois encore le bordel… je me dis qu’ils pourraient mieux diriger leurs efforts. Mais bon, faut bien des annonces pour faire vendre.

 

Nous avons été très heureux⋅ses et satisfait⋅es de travailler avec toi pendant ces quelques mois ! Un dernier mot pour la fin ?

J’ai été très heureux de travailler à Framasoft ! Ce stage a été très enrichissant pour moi, et je remercie encore l’association pour son accueil et ses conditions de travail au top. Si les sujets que j’aborde dans cet article vous intéressent et que vous cherchez un stage dégooglisé, je vous encourage à venir à Framasoft (promis le dev Nextcloud c’est pas si terrible en vrai). Sinon, vous pouvez toujours faire un don !

Maintenant c’est l’heure des vacances pour moi (puis des « cours », mais ne le dites pas trop fort), puis de mon stage de fin d’études en début d’année prochaine. Je glisse ça là, au cas où ;)

Merci et bonne continuation, Val !


Pour information, si vous êtes étudiant⋅e, que vous aimez Nextcloud, et que ce genre de sujet de stage vous intéresse (de préférence à Lyon pour faciliter l’encadrement, mais télétravail possible), n’hésitez pas à nous envoyer rapidement une candidature spontanée sur stages @ framasoft.org !

Dégafamisation de L’atelier en Santé

Par : Framasoft
19 août 2024 à 10:37

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec aujourd’hui le témoignage de L’atelier en Santé, un centre de santé communautaire à Plounéour-Ménez dans le Finistère.

Merci à Gabriel et à Alex d’avoir voulu partager leur aventure en répondant à nos questions, bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ?

Je suis donc Gabriel Perraud, médecin généraliste et militant pour des solutions libres et respectueuses des données des utilisateurs dans le champ de la santé. Je me suis déjà investi dans différents projets à ce sujet avec notamment feu LibreHealthCare, puis maintenant, à mon échelle, au sein de l’association InterHop.

(ndlr : Ah oui, je me souviens de LibreHealthCare, je les suivais sur Diaspora*, d’ailleurs j’ai retrouvé le wiki du projet)

Logo de l'association InterHop, icône représentant deux têtes de personnes de profil, l'une ayant un symbole d'électrocardiogramme et l'autre une roue crantée.

Logo de l’association InterHop

Mais dis moi donc Gabriel, Peux tu nous parler de ce projet qui te tient à cœur, depuis un bon moment maintenant ?  tu avais été très évasif en 2019 lors de notre rencontre.

L’Atelier En Santé : Il s’agit d’une association qui a pour but la mise en place d’un centre de santé communautaire au sein d’une commune rurale du Finistère. La devise de notre association est : « Faire santé en commun ». Je vous remets ici des extraits de notre site web de présentation sur la présentation et la définition de notre projet :

  •  L’idée naît en 2018, à Brest, en Finistère, à l’initiative de 2 médecins et d’une salariée agricole. Le souhait de pratiquer la santé autrement. D’avoir le temps d’être pleinement à l’écoute des patients. De faire partie d’un collectif de travail où toutes les voix comptent. D’un collectif dont les patients seraient parties prenantes, qui s’appuierait sur leurs savoirs, encouragerait leur pouvoir d’agir. Et où leur santé serait appréhendée de manière globale, dans ses dimensions tant physiologiques que sociales, environnementales, économiques, etc.

  • « Santé communautaire », d’autres Centres, ailleurs en France qui pratiquent ce type de soin, se sont donné ce nom, source d’inspiration pour les personnes à l’initiative du projet.

  • Ce pourrait être en zone rurale où les soins se font rares. Dans les Monts d’Arrée où cette rareté rime avec un tissu étroit de solidarités. À Plounéour-Ménez où la mairie accueille favorablement le projet.

  • Depuis, l’équipe bénévole de l’association loi 1901 porteuse du projet, L’Atelier en santé (LAES), s’est modifiée et élargie. Elle compte aujourd’hui 9 membres bénévoles – 2 coordinatrices de projet, 2 médecins, 2 kinés (dont Alex), 1 sage-femme et 2 psychologues – qui œuvrent ensemble à la création du futur Centre de santé, qu’ils soient professionnels, futurs salariés du centre ou habitants concernés par le manque d’accès aux soins. »

Et comme on l’a vu dans ta présentation, les logiciels libres seront présents dans cette aventure.

Gabriel : Nous nous sommes mis d’accord dès les premières étapes du projet pour utiliser des logiciels libres tant que cela nous était possible sans mettre en péril la vitalité du projet. Nous avons pu ainsi mettre en place nos outils libres communs pour toute la phase de préfiguration de notre projet de centre de santé.

Vous n’êtes pas toustes des geeks , qu’est ce qui a fait que vous ayez eu envie d’utiliser des outils libres ? 

Alex : A vrai dire, je n’avais pas vraiment d’avis sur la question avant ma rencontre avec Gabriel. Je trouve très intéressant de mettre en commun et de rendre accessible des outils numériques. Il y a un véritable enjeu éthique derrière tout ça.

Cela ne t’a pas paru trop compliqué, Alex ? 

Au départ, oui, n’étant pas familier avec l’outil informatique…. Mais je ne saurai dire si c’est lié au fait que le logiciel soit libre ou non, ma pratique en la matière étant quasi nulle. Ceci dit, après un temps d’apprentissage, ces outils se révèlent extrêmement utiles pour le travail en collectif et permettent une efficacité d’action, si bien utilisés. Cela m’a un peu réconcilié avec l’usage de l’outil informatique.

Quel a été le déclencheur de votre dégafamisation ?

Pour ma part, un des premiers éléments déclencheurs a été le besoin de faire fonctionner de façon plus fluide mon Thinkpad T42 sous Windows XP lorsque j’étais étudiant. J’ai lu sur des sites d’informations numériques grand public la sortie d’une nouvelle version d’Ubuntu 10.10 et c’est là que tout a commencé. J’ai commencé à suivre un tutoriel sur, anciennement, « le Site du Zéro » pour savoir comment installer ce système d’exploitation gratuit qui avait l’air bien sympa.

Puis de fil en aiguille je me suis intéressé à la philosophie et aux enjeux politiques des logiciels libres. C’est arrivé au début de mes études de médecine et le lien s’est spontanément fait pour moi entre l’intérêt d’avoir des logiciels issus du mouvement open-source dans le champ de la santé, dans l’intérêt des professionnels, des patients et du système de santé en général.

Dans le cadre de LAES, nous avons mis en place ces outils dès le début. Nous avons d’abord voulu aller à ce qui nous semblait le moins onéreux et le plus flexible en auto-gérant l’infrastructure nous-même sur des serveurs OVH, via YunoHost que j’avais déjà testé à la maison pour divers projets personnels. La responsabilité restait cependant sur les épaules d’une seule personne de l’équipe. Pour rester en cohérence avec le souhait d’une gouvernance partagée et pour me laisser plus de temps à d’autres aspects du projet nous avons pu basculer la gestion des services que nous utilisions à d’autres personnes.

  • Forum/Discourse : cloud.girofle
  • Nuage/Nextcloud : cloud.girofle
  • Boîte mail : OVH
  • Site web/Wordpress : OVH
  • Pads : Cryptpad
  • Messagerie instantanée : on est resté sur Signal.

Parlons d’abord du processus de décision de cette transition. En amont de votre « dégafamisation », avez-vous organisé en interne des moments pour créer du consensus sur le sujet et passer collectivement à l’action (lever aussi les éventuelles résistances au changement) ? Réunions pour présenter le projet, ateliers de réflexion, autres ?

Oui, cela s’est fait lors de réunions. Dès le début avec une mise en commun des savoirs sur ce que comprenait le concept de logiciel libre et les enjeux techniques et politiques qui allaient avec. Nous avions cependant anticipé le fait qu’il n’existe pas (encore) de logiciels métiers (gestion de dossier patient, logiciel d’aide à la prescription) accrédités qui soient libres dans le cadre d’un centre de santé.

Cela ayant un fort impact sur le financement de notre structure et donc sur la vitalité du projet dans son ensemble, nous sommes tombés d’accord sur le fait que la vitalité du projet du centre passerait tout de même avant et que la recherche de logiciel libre se ferait « du mieux que l’on puisse ». Cela ne nous empêche donc pas de nous investir auprès d’Interhop et en particulier des projets Toobib et Goupile par exemple.

Nous avons également comme projet de mettre en place un fablab suivant l’état d’esprit lowtech orienté santé en parallèle du centre de santé pour le développement de solutions libres dans le domaine de la santé.

Mon médecin utilisait jusqu’à il y a 4 ou 5 ans des logiciels libres, mais il a été obligé d’arrêter. Pression des collègues du cabinet, difficultés avec les logiciels de la CPAM… Alors, quand j’entends parler de votre aventure je me demande si vous aussi vous rencontrez des résistances dans l’appropriation de votre écosystème numérique ? 

Oui, j’en parle au-dessus mais là c’est plus un retour d’expérience sur la préfiguration. Pour l’exercice, nous n’avons pas encore du tout libre, nous ferons au mieux. On est en lien avec Interhop/Toobib pour essayer d’avoir des solutions libres/éthiques accréditées.

Au sein de l’équipe, nous avons mis cet état d’esprit dès le début, il n’y avait pas de frein particulier.

En nous ouvrant aux habitants de la commune, l’outil Discourse nous permet d’avoir une interface suffisamment inclusive pour le moment pour permettre des échanges avec des personnes ayant différents niveaux de facilité avec le numérique. Nous utilisons également des pads de Framapad avec les habitants pour nos comptes-rendus de réunions et répartition des tâches.

Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Non pas franchement pour le moment avant ouverture du centre. Pour la phase d’exercice, nous allons faire des choix dans l’été justement et nous aurons des retours plus tard.

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Les logiciels métiers pour le moment, de ce que j’en comprends, l’accréditation peut-être techniquement compliquée et très onéreuse.

Quels étaient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numérique éthique ? 

Plutôt des ressources internes, la communauté de YunoHost pour les soucis techniques auxquels je pouvais faire face, puis la plateforme des chatons pour migrer nos outils auprès de personnes bien plus compétentes que nous tout en restant raccord avec nos valeurs et à un coût abordable pour notre structure (prix libre pour cloud.girofle).

Infographie sur la dynamique entre l’équipe projet, l’équipe salariée et les habitant⋅es

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle manière (formation, tutos, etc.) ?

Oui, avec des tutoriels à la demande, on essaie de simplifier l’accès aux outils au fur et à mesure de l’implication des adhérents. Et de réduire leur nombre également quand on peut.

On profite également des temps off, lorsque nous avons nos réunions en présentiel, pour résoudre les éventuels soucis techniques, faire une installation d’Ubuntu sur un PC qui ne tourne plus sur Windows, installer Aurora Store pour ré accéder à l’installation de Signal sur un vieil appareil Android (pour qui le PlayStore ne fonctionne plus comme il devrait), par exemple.

Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que ça soit libre ?

Pour le moment nous communiquons aux nouveaux bénévoles des raisons de nos choix de logiciels libres et nous faisons l’effort d’essayer au maximum de réduire l’écart possible entre les compétences techniques nécessaires à l’utilisation d’outil et les compétences/envies/besoins des habitants bénévoles. Là on fait un gros travail d’adaptation du forum pour une utilisation plus fluide avec les mails.


Nous devrons ensuite voir pour un choix de messagerie instantanée : utiliser les modules présents dans Discourse ? Proposer Signal à tout le monde ? Chercher d’autres solutions ensemble ?

Au niveau des patients, ce seront donc essentiellement des outils libres ou sans GAFAM que vous allez utiliser ? (prise de rdv, mails hors gmail et compagnie ?)  Qui sont les adhérents ? Des patients ou quiconque habitant votre secteur et n’ayant pas de suivi médical avec vous ? C’est étonnant ce système d’adhésion pour un centre de santé. 

  • Pour les mails professionnels nous allons également passer par les messageries dites sécurisées mises en place par les institutions et utilisées par les autres acteurs du système de santé avec notamment MSSanté.

  • Pour ce qui est du travail avec les adhérents de l’association et des logiciels hors logiciels métiers avec accréditations nous allons nous efforcer d’utiliser des logiciels libres au maximum : traitement de texte, espace nuagique, pads, etc.

  • Pour le système d’adhésion, il s’agit de la valence communautaire ou participative du centre. Ce n’est pas forcément le cœur de cette interview, mais en résumé, toutes personnes souhaitant avoir des soins sera pris en charge comme dans d’autres structures déjà en place (maisons ou centres de santé). Mais nous travaillons à la mise en place d’une gouvernance partagée avec les habitant.es et différentes parties prenantes de la commune à l’échelle du centre. Par exemple, nous avons pu organiser un ciné-débat avec des habitant.es bénévoles du futur centre, et nous avons pu utiliser comme outils informatiques : framapad, mails et Discourse. 

  • Il y aura donc la partie soin où nous allons répondre aux demandes réglementaires nationales tout en nous investissant auprès de Toobib et d’Interhop pour participer au développement de solutions éthiques et libres. Et il y aura la partie associative/participative sur laquelle nous allons avoir plus de marge de manœuvre pour la mise en place de solutions open-sources/libres.

 

Quels conseils donneriez-vous à des structures comparables à la vôtre qui voudraient se dégafamiser aussi ? (erreurs à ne pas commettre ? Astuces et bonnes pratiques éprouvées à l’usage ?)

Ne pas hésiter à passer rapidement, si ce n’est dès le début, par des services répertoriés sur les CHATONS. La gestion en interne de ces outils peut être plus ou moins compliquée lorsque ce n’est plus uniquement un projet personnel et que les enjeux ne sont plus les mêmes en cas de soucis techniques (perte d’accès à des services, incendie dans des datacenters), etc.

Sinon, par rapport à d’autres projets, cela reste plus simple, à mon sens, de proposer une infrastructure libre dans le cadre d’un nouveau projet. En choisissant un projet qui a relativement peu d’impact sur le reste de la structure et en montrant que ça marche, le discours autour du logiciel libre a de plus en plus d’impact dans les représentations que peuvent se faire les différentes parties prenantes sur la question.

 

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Un argument qui semble souvent fonctionner est le côté prosaïquement libre de ces outils. Si nous ne sommes plus satisfait d’un hébergeur, d’un gérant, d’un outil, il est plutôt aisé d’en changer de par les formats de données utilisés et les communautés présentes et aidantes autour de ces outils.

Encore merci Alex pour ta participation à l’interview ! Je sais qu’il n’a pas été simple de trouver du temps pour cela. Et merci Gabriel, pour l’interview mais aussi pour ton implication, depuis toutes ces années, dans les projets de logiciels libres en médecine  ! 

On en parle aussi dans les journaux locaux (Ouest-France et Le Télégramme) !

Intros, a Nextcloud app to help you get to grips with Framaspace

Par : Framasoft
31 juillet 2024 à 04:25

The Framaspace project currently hosts a cloud environment (files, calendars, contacts, wiki, kanban, etc.) for more than 1,200 associations and groups. That’s as many instances of the Nextcloud free software. Unfortunately, it’s not always easy to get to grips with Nextcloud, despite the documentation, forums and so on. So Framasoft decided to get an intern, Val, to work on the subject of supporting people using Nextcloud for the first time. Here’s his story.


Une version française de cette interview est disponible à l’adresse suivante : https://framablog.org/2024/07/31/intros-une-app-nextcloud-pour-faciliter-la-prise-en-main-de-framaspace

Hi Val, can you introduce yourself ?

Hi ! I’m Val, and I’m 22. I was raised in Paris’ suburbs, and I have been studying at INSA Lyon, an engineering school in Villeurbanne for 4 years now. I am parisian, lyonnais, suburbanite, or even Swedish, depending on the mood.
If everything goes as expected, I’ll graduate next year as an Telecommunication Engineer.

I like singing and playing music, climbing plastic walls, solving Rubik’s cubes and playing video games, when I’m not busy tweaking some lines of code. Over the last few years, I have also been active in multiple associations, including some at INSA or the Red Cross.

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

Photo of Val, Framasoft intern between May and August 2024

You chose Framasoft for your internship. Why ?

I had to search for an internship while being in Sweden, and it wasn’t really easy. Searching from another country didn’t help of course, and I also wanted an internship matching my personal values. Basically, being cheap labour to help big business get richer isn’t really my thing.

The year before, I participated in organising an event with the Exit Lyon association, at which a Framasoft employee gave a conference on queer emancipation through digital technology. Being engaged in associations, I already knew Framasoft from their web services, as many do. I still had her email, so I sent an application, and there I am !

It was kind of an ideal case : an internship in a non-profit, breaking with capitalism, and contributing to build more social justice in our society.

Mème Val

Val choosing his internship at Framasoft — Allegory

 

Let’s talk about your internship. What was the general objective ?

Framasoft’s collaborative cloud platform for associations and activist groups, Framaspace, has been active for 2 years now, and is based on Nextcloud. Even though it is a good solution, this open source software is far from perfect, and in particular is more difficult to use than other existing solutions (closed-source and maintained by GAFAMs, such as Google Drive or Microsoft 365).

Please note that Framaspace is a service reserved for French-speaking audiences. The Framasoft association, which provides this product free of charge only to associations and militant collectives, relies solely on donations. Consequently, it is our association that bears the technical support and financial costs of hosting and we cannot afford to host a worldwide audience.

 

My internship tries to solve part of this problem : how to make sure that first time someone logs into Nextcloud they don’t run away. My aim is to make the first use of Nextcloud easier, by supporting users and helping them using the software. It would encourage people to stay on a free solution that respects their privacy, and not run towards GAFAM solutions, considered easier to use.

Luckily, Nextcloud allows the community to create apps that integrate with the software to enhance it. Hence my first contribution to this mission is a Nextcloud app, « Intros ».

OK, so let’s talk about the Intros App. What’s it for ? Who is the target audience ?

Intros answers an user’s most simple question when meeting Nextcloud : « Where is the button to [insert a random action] ? ».

To answer it, Intros highlight elements, buttons or even parts of Nextcloud’s interface to explain what they do. For example, the app will highlight the small sharing icon and display a text explaining how to share a file to someone else. This applies to several Nextcloud apps, including files, contacts or calendar.

Video demonstration of how the ‘Intros’ app works

Technically, how does it work ?

The app uses the intro.js library, which helps creating step-by-step tutorials that highlight a web page’s elements. The library simply integrates to Nextcloud as any other javascript library would, and we can customise tutorials for the users.

That’s it ? No ! The library handles most of the visual aspects for us, but it had to be adapted to integrate to Nextcloud properly. For example, remembering when a tutorial has already been seen to not display it again, and making a menu to re-enable it if needed. Or even handling multiple languages, displaying buttons in Nextcloud’s style, highlighting elements nested in menus… Lots of small enhancements that allow a smooth integration of the library to Nextcloud.

Have you encountered any technical or organisational problems ?

Of course, otherwise where would the fun be ? As always when I’m coding something, sometimes it works and I think, « wow, I’m a genius », and sometimes (often) it doesn’t work and I think, « wow, I’m an intern ».

For example, during development I realised that the application sometimes had trouble finding some elements on the page. One of the problems with intro.js is that the library is designed to be deployed on a site that has been designed by the person who writes the tutorials. This person would have a good knowledge of the site’s structure, and would know which elements need to be selected for it to work every time… Except this person isn’t me. I’m integrating it into Nextcloud, which I obviously didn’t design, so I have to adapt to the structure of the existing pages. As if that wasn’t simple enough, the way the pages are built changes depending on the application (Files, Calendar, Contacts…) or even the version of Nextcloud. So I had to reverse-engineer the HTML DOM on a case-by-case basis, to find out which elements it was possible to select and avoid selecting elements that could change name, class or even completely disappear.

But even being careful, it sometimes didn’t work. The application couldn’t find certain elements, and displayed an explanation over empty space. Not ideal. In intro.js, by default, you give a list of elements to highlight and the explanations that go with them, and the library takes care of detecting them in the DOM when the page loads. This was the critical point in this case : when the page loads. The elements are all loaded at once, so they can’t change along the way. I had problems with this specifically in two cases :

  • first, elements nested in menus. We sometimes want to highlight an element that isn’t visible on page load, and would be after a user click
  • then, elements that aren’t loaded immediately on page load. Some Nextcloud apps take a bit more time to load their elements, so the library can’t detect them on load.

So what ? Well, press the keys on the keyboard, in the right order if possible, and after a while it makes code that solves the problem. Here, instead of detecting all the elements at once, I’ve made sure to detect them just before they’re needed. Each time the user presses ‘next’, the application detects the next element to be highlighted and replaces the default element with this element before launching the next step. This way, we don’t have to worry about page load times or the fact that the button is in a menu. All that’s left to do is simulate a user click with javascript for buttons in menus and tada ! It works.

Val "This is fine" Mème in English

Val « This is fine » Mème

Now that the app has been published, what’s next ?

What’s next ? It’s not really about me anymore ! I hope the app will be used by Nextcloud’s users, and it’s already in use in Framaspace.

We have also discussed with Nextcloud for a possible integration of the app to the software core (and not as a third-party app). That would make it easier to add new tutorial to the apps for developers, but Nextcloud had some remarks regarding this. One of them was that the app explains the interface, while they could simply improve it so it wouldn’t need an explanation.

 

And of course, the app can still be perfected (I’m only a humble intern, after all) to make it more efficient, easier to maintain,… It’s also very important since we want it to be maintained over the (frequent !) Nextcloud updates.

A little birdie tells me that you’re working on another Nextcloud application, can you tell us more about that ?

A new app is indeed on the road (#WIP). The OwnershipTransfer app will allow admins to transfer the ownership of files (or even other types of data ?) from one user to another. This would be especially useful for when someone is leaving an association that uses Nextcloud, and forgot to transfer their important files to someone else ! It will prevent them from losing a very important budget file, forever. However, it still doesn’t make coffee… sorry.

We’ve come to the end of this interview. Would you like to share a feeling about the work you’ve done during this internship ?

I’m really satisfied with what I accomplished. Over and above the fact that I designed and developed a Nextcloud application for the first time from A to Z, I’ve learnt a lot of new skills. Whether it’s PHP, a language I’d only just got to grips with before my internship, or software development in general, managing releases, issues and merge requests, and so on. I’m very happy to be able to have learnt a lot during this internship.

By the way, huge thanks to Framasoft’s employee team who’s always been eager to help me and answer my questions when needed !

Last question, a recurring one in our interviews : what question would you like to have been asked, and what would your answer be ?

« Tell me, what do you think of Nextcloud’s documentation ? »

It’s time to rant (after all, I’m French !). It’s… lightweight, to say the least. But you can see it from a good perspective : I guess browsing the source code to understand how the APIs work is a great learning experience !

Thanks Val !

 

Intros, une app Nextcloud pour faciliter la prise en main de Framaspace

Par : Framasoft
31 juillet 2024 à 04:23

Le projet Framaspace propose, à ce jour, un espace cloud (fichiers, agendas, contacts, wiki, kanban, etc) à plus de 1 200 associations et collectifs. C’est autant d’instances du logiciel libre Nextcloud. Malheureusement, ce dernier n’est pas toujours très facile à prendre en main, malgré les documentations, les forums, etc. Framasoft a donc décidé de faire plancher un stagiaire, Val, sur le sujet de l’accompagnement des personnes utilisant Nextcloud pour la première fois. Voici son histoire.


 

Bonjour Val, peux-tu te présenter ?

Salut ! Je m’appelle Val, j’ai 22 ans. J’ai grandi en banlieue parisienne, et depuis 4 ans maintenant je fais mes études à l’INSA Lyon, école d’ingénieur qui se trouve à… Villeurbanne (c’est comme Lyon, mais avec les endroits jolis en moins). Je suis Parisien, Lyonnais, banlieusard, parfois même Suédois, selon l’humeur.
Si tout se passe bien, je serai diplômé l’an prochain comme Ingénieur en Télécommunications.

J’aime chanter et faire de la musique, aller grimper des murs en plastique, résoudre des Rubik’s cube et jouer aux jeux vidéos, quand je suis pas occupé à bidouiller du code. Ces dernières années, j’ai aussi participé à plusieurs projets associatifs, notamment dans des associations de l’INSA, ou encore avec la Croix-Rouge.

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

 

Concernant ton stage, tu as choisi Framasoft. Pourquoi ?

J’étais en Suède au moment de chercher un stage, et c’était un peu galère. Chercher à distance c’est forcément plus compliqué, surtout que je voulais si possible faire un stage qui corresponde à mes valeurs. Si vous vous posez la question, en gros, être de la main d’œuvre pas chère pour renflouer le capital de grandes entreprises c’est pas trop mon truc.

L’année précédente, j’avais participé à organiser un évènement avec l’association Exit Lyon, dans lequel une salariée de Framasoft était venue faire une conférence sur l’émancipation queer par le numérique. Étant engagé dans le milieu associatif, je connaissais déjà un peu Framasoft, je pense comme beaucoup à travers les services numériques que l’asso propose. J’avais encore son mail, donc j’ai envoyé une candidature, et voilà où j’en suis quelques mois plus tard.

C’est un peu le cas idéal pour moi : un stage dans une organisation à but non-lucratif, en rupture avec le capitalisme, et qui contribue à construire plus de justice sociale dans notre société.

Mème Val

Val choisissant son stage chez Framasoft — Allégorie

 

Venons-en au sujet de ton stage. Quel était l’objectif général ?

Depuis 2 ans Framasoft propose Framaspace, une solution de collaboration et de stockage de fichier en ligne à destination d’associations et de collectifs militants, basée sur le logiciel libre Nextcloud. Bien qu’il réponde à la problématique posée, celui-ci est loin d’être parfait, et est notamment plus difficile d’utilisation que d’autres solutions existantes (non-libres et administrées par des GAFAM, par exemple Google Drive ou Microsoft 365).

Mon sujet de stage vient s’inscrire dans cette problématique : comment faire pour que la première fois qu’une personne se connecte à Nextcloud elle ne fuit pas en courant. Mon but est de faciliter la première utilisation de Nextcloud, en accompagnant les utilisateurices et en les aidant à s’approprier le logiciel. Si tout se passe bien, cela encourage les gens à rester sur cette solution libre et respectueuse de leur vie privée, à défaut de les voir courir vers des solutions jugées plus simples d’utilisation chez les GAFAM.

Fort heureusement, Nextcloud permet à la communauté de créer des applications qui s’intègrent au logiciel pour venir l’améliorer. La première incarnation de cette mission prend donc la forme d’une Application Nextcloud, « Intros ».

OK, donc, parlons de l’App Intros. À quoi sert-elle ? Quel est le public visé ?

Intros répond à la question la plus simple qu’une personne a en arrivant sur Nextcloud : « Il est où le bouton pour [insérer une action quelconque] ? ».

Pour y répondre, Intros met en lumière des éléments, des boutons ou même des parties de l’interface de Nextcloud et explique à quoi elles servent. Par exemple, l’application va surligner la petite icône de partage d’un fichier et afficher un texte qui explique comment partager un fichier à une autre personne. C’est valable pour plusieurs des applications de Nextcloud, des fichiers aux contacts, en passant par le calendrier.

Techniquement, comment ça marche ?

L’application est basée sur la bibliothèque intro.js, qui permet justement de réaliser des tutoriels pas à pas en surlignant les éléments d’une page web. La bibliothèque s’intègre simplement à Nextcloud comme une bibliothèque javascript classique, et on peut personnaliser des visites pour les utilisateurices.

C’est tout ? Non ! La bibliothèque gère certes la plupart des aspects de l’affichage pour nous, mais il a fallu l’adapter pour qu’elle s’intègre à Nextcloud. Par exemple, gérer quand la visite d’une application a déjà été suivie, pour ne pas la proposer une nouvelle fois à l’utilisateurice, et faire un menu pour réactiver les visites en cas de besoin. Ou encore gérer différentes langues, afficher des boutons cohérents avec le reste de Nextcloud, surligner des éléments dans des menus… Bref, de nombreuses petites améliorations qui permettent à la bibliothèque de bien s’intégrer à Nextcloud, sans que les utilisateurices ne se doutent de rien.

Tu as rencontré des soucis, qu’ils soient techniques, organisationnels, etc ?

Bien sûr, sinon c’est moins marrant. Comme toujours quand je développe quelque chose, parfois ça fonctionne et je me dis que, quand même, je suis vraiment génial, et parfois (souvent) ça fonctionne pas et je me dis que, quand même, je suis stagiaire.

Par exemple, au cours du développement je me suis rendu compte que l’application avait parfois du mal à trouver certains éléments de la page. L’un des soucis d’intro.js, c’est que la bibliothèque est prévue pour être déployée sur un site qui a été conçu par la personne qui écrit les visites guidées. Cette personne aurait donc une bonne connaissance de la structure du site, et saurait quels éléments doivent être sélectionnés pour que ça fonctionne à tous les coups… Sauf que cette personne, c’est pas moi. Je l’intègre à Nextcloud, que je n’ai évidemment pas conçu, et je dois donc m’adapter à la structure des pages existantes. Comme si c’était pas assez simple, la façon dont les pages sont construites change en fonction de l’application (Fichiers, Agenda, Contacts…) ou même de la version de Nextcloud. Bref, il a fallu rétro-ingénierer le DOM HTML au cas par cas, pour trouver quels éléments il était possible de sélectionner et éviter de sélectionner des éléments qui peuvent changer de nom, de classe, ou même disparaître totalement.

Mais même en faisant attention, parfois ça ne passait pas. L’application n’arrivait pas à trouver certains éléments, et affichait une explication sur du vide. Pas idéal. Dans intro.js, par défaut, on donne une liste d’éléments à surligner et les explications qui vont avec, et la bibliothèque se charge de les détecter dans le DOM au chargement de la page. C’est ce point qui était bloquant dans ce cas : au chargement de la page. Les éléments sont tous chargés d’un coup, et ne peuvent donc pas changer en cours de route. Ça m’a posé problème spécifiquement dans deux cas :

  • d’abord, les éléments dans des menus. Parfois on veut mettre en évidence un élément qui n’est pas visible par défaut, et qui le deviendrait après un clic de l’utilisateurice sur un bouton ;
  • ensuite, les éléments qui ne sont pas chargés immédiatement au chargement de la page. Certaines applications de Nextcloud mettent un peu plus de temps à charger leurs éléments, et la bibliothèque ne peut donc pas les détecter dès le chargement.

Alors comment on fait ? Ben on appuie sur les touches du clavier, dans le bon ordre si possible, et au bout d’un moment ça fait du code qui règle le problème. Ici, au lieu de détecter tous les éléments d’un coup, j’ai fait en sorte de les détecter juste avant qu’on ait besoin d’eux. A chaque fois que l’utilisateurice appuie sur « suivant », l’application détecte l’élément suivant qui doit être surligné et remplace l’élément par défaut par cet élément avant de lancer l’étape suivante. Comme ça, on n’a pas à se soucier du temps de chargement de la page, ou du fait que le bouton soit dans un menu. Reste plus qu’à simuler un clic utilisateur avec javascript pour les boutons dans les menus et paf ! ça fait des chocap… bref ça fonctionne.

Mème Val "This is fine"

Val faisant face aux disparités de gestion du DOM HTML dans Nextcloud –Allégorie

 

Maintenant que l’app est publiée, quelle est la suite des événements ?

La suite, j’allais dire que ça ne dépend presque plus de moi ! J’espère que l’application sera utilisée par les utilisateurices de Nextcloud, elle est en tout cas déjà utilisée au sein de Framaspace.

Par ailleurs, on a discuté avec Nextcloud d’une possible intégration de l’application au cœur du logiciel (non plus en tant qu’application tierce, mais directement dans Nextcloud). Cela faciliterait l’ajout de nouveaux tutoriels pour les applications tierces, mais Nextcloud émet des réserves quant à la pertinence de son intégration. Une des remarques faites est que l’appli vient expliquer l’interface, alors qu’on peut directement adapter l’interface pour la rendre plus facile d’utilisation (elle se passerait alors d’explications).

 

Et puis l’application peut encore être améliorée (après tout je ne suis qu’un modeste stagiaire) pour la rendre plus performante, plus facile à maintenir, etc. C’est également important puisqu’on souhaite qu’elle soit maintenue au fur et à mesure des mises à jour (fréquentes !) de Nextcloud.

Mon petit doigt me dit que tu travailles sur une autre application Nextcloud, tu peux nous en dire plus ?

Ton petit doigt m’a l’air très bien renseigné ;)

Une nouvelle application est effectivement en cours de construction (#WIP). L’application OwnershipTransfer de son petit nom permettra à l’admin d’un Nextcloud de transférer la propriété des fichiers (ou même d’autres types de données) d’un-e utilisateurice vers un-e autre. Bien pratique par exemple quand une personne quitte une association qui utilisait Nextcloud sans penser à transférer ses fichiers importants à un-e autre membre : cela évite de perdre à tout jamais le budget prévisionnel de l’asso. Par contre, ça fait toujours pas le café… désolé.

On arrive à la fin de cette interview. Souhaites-tu nous partager un sentiment sur le travail effectué pendant ce stage ?

Je suis pleinement satisfait du travail que j’ai effectué. Au delà du fait d’avoir conçu et développé une application Nextcloud pour la première fois de A à Z, c’est surtout d’en tirer énormément de nouvelles compétences et apprentissages. Que ça soit en PHP, langage que je n’avais que peu apprivoisé avant mon stage, en développement logiciel de manière générale, gérer des releases, des issues et des merge request… Je suis très heureux de pouvoir sortir de ce stage en ayant beaucoup appris.

J’en profite pour remercier l’équipe salariée de Framasoft, qui a toujours su m’aider et répondre à mes questions quand j’en avais besoin !

Dernière question, récurrente dans nos interviews : quelle est la question que tu aurais aimé qu’on te pose, et quelle serait ta réponse ?

« Mais dis moi Val, tu la trouves comment la documentation de Nextcloud ? »

C’est un peu mon instant râleur (après tout je suis Français). Elle est… peu fournie, pour profiter d’une occasion d’utiliser une figure de style que j’aime beaucoup. Ça présente ses avantages d’un côté, si on veut y voir du positif : aller fouiller dans le code source pour comprendre comment utiliser les API c’est très formateur !

Merci beaucoup, Val !
Pour information, si vous êtes étudiant⋅e, que vous aimez Nextcloud, et que ce genre de sujet de stage vous intéresse (de préférence à Lyon pour faciliter l’encadrement, mais télétravail possible), n’hésitez pas à nous envoyer rapidement une candidature spontanée sur stages @ framasoft.org !

L’Union Européenne doit poursuivre le financement des logiciels libres

Par : Framasoft
14 juillet 2024 à 05:59

Le programme de financement européen NGI est en danger, alors qu’il s’agit probablement d’une des meilleures choses qui soit arrivée au logiciel libre durant ces dernières années. En effet, cette initiative permet de soutenir financièrement des centaines de projets libres communautaires, dont certaines briques fondamentales pour notre vie numérique quotidienne. Framasoft bénéficie depuis plusieurs années de ce type de fonds, notamment sur les projets PeerTube et Mobilizon.

Pour nous et pour d’autres, il s’agit d’un véritable accélérateur pour tous les logiciels libres, et le fait que ce programme soit en danger met en péril tout l’écosystème qu’il consolide et fortifie.

Nous vous invitons à contacter vos élu·es pour les alerter des enjeux et faire perdurer ce programme.

Cette lettre a été publiée initialement par les petites singularités. Si vous souhaitez la signer, merci de la publier sur votre site et de compléter le tableau ici.

Lettre ouverte à la Commission Européenne

Depuis 2020, les programmes Next Generation Internet (NGI), sous-branche du programme Horizon Europe de la Commission Européenne financent en cascade (via les appels de NLnet) le logiciel libre en Europe. Cette année, à la lecture du brouillon du Programme de Travail de Horizon Europe détaillant les programmes de financement de la commission européenne pour 2025, nous nous apercevons que les programmes Next Generation Internet ne sont plus mentionnés dans le Cluster 4.

Les programmes NGI ont démontré leur force et leur importance dans le soutien à l’infrastructure logicielle européenne, formant un instrument générique de financement des communs numériques qui doivent être rendus accessibles dans la durée. Nous sommes dans l’incompréhension face à cette transformation, d’autant plus que le fonctionnement de NGI est efficace et économique puisqu’il soutient l’ensemble des projets de logiciel libre des plus petites initiatives aux mieux assises. La diversité de cet écosystème fait la grande force de l’innovation technologique européenne et le maintien de l’initiative NGI pour former un soutien structurel à ces projets logiciels, qui sont au cœur de l’innovation mondiale, permet de garantir la souveraineté d’une infrastructure européenne. Contrairement à la perception courante, les innovations techniques sont issues des communautés de programmeurs européens plutôt que nord-américains, et le plus souvent issues de structures de taille réduite.

Le Cluster 4 allouait 27 millions d’euros au service de :

  • « Human centric Internet aligned with values and principles commonly shared in Europe » ;
  • « A flourishing internet, based on common building blocks created within NGI, that enables better control of our digital life » ;
  • « A structured eco-system of talented contributors driving the creation of new internet commons and the evolution of existing internet common« .

Au nom de ces enjeux, ce sont plus de 500 projets qui ont reçu un financement NGI0 dans les 5 premières années d’exercice, ainsi que plus de 18 organisations collaborant à faire vivre ces consortia européens.

NGI contribue à un vaste écosystème puisque la plupart du budget est dévolue au financement de tierces parties par le biais des appels ouverts (open calls). Ils structurent des communs qui recouvrent l’ensemble de l’Internet, du matériel aux applications d’intégration verticale en passant par la virtualisation, les protocoles, les systèmes d’exploitation, les identités électroniques ou la supervision du trafic de données. Ce financement des tierces parties n’est pas renouvelé dans le programme actuel, ce qui laissera de nombreux projets sans ressources adéquates pour la recherche et l’innovation en Europe.

Par ailleurs, NGI permet des échanges et des collaborations à travers tous les pays de la zone euro et aussi avec ceux des widening countries¹, ce qui est actuellement une réussite tout autant qu’un progrès en cours, comme le fut le programme Erasmus avant nous. NGI0 est aussi une initiative qui participe à l’ouverture et à l’entretien de relation sur un temps plus long que les financements de projets. NGI encourage également à l’implémentation des projets financés par le biais de pilotes, et soutient la collaboration au sein des initiatives, ainsi que l’identification et la réutilisation d’éléments communs au travers des projets, l’interopérabilité notamment des systèmes d’identification, et la mise en place de modèles de développement intégrant les autres sources de financements aux différentes échelles en Europe.

Alors que les États-Unis d’Amérique, la Chine ou la Russie déploient des moyens publics et privés colossaux pour développer des logiciels et infrastructures captant massivement les données des consommateurs, l’Union Européenne ne peut pas se permettre ce renoncement. Les logiciels libres et open source tels que soutenus par les projets NGI depuis 2020 sont, par construction, à l’opposée des potentiels vecteurs d’ingérence étrangère. Ils permettent de conserver localement les données et de favoriser une économie et des savoirs-faire à l’échelle communautaire, tout en permettant à la fois une collaboration internationale. Ceci est d’autant plus indispensable dans le contexte géopolitique que nous connaissons actuellement. L’enjeu de la souveraineté technologique y est prépondérant et le logiciel libre permet d’y répondre sans renier la nécessité d’œuvrer pour la paix et la citoyenneté dans l’ensemble du monde numérique.

Dans ces perspectives, nous vous demandons urgemment de réclamer la préservation du programme NGI dans le programme de financement 2025.

¹ Tels que définis par Horizon Europe, les États Membres élargis sont la Bulgarie, la Croatie, Chypre, la République Tchèque, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Les pays associés élargies (sous conditions d’un accord d’association) l’Albanie, l’Arménie, la Bosnie Herzégovine, les Iles Féroé, la Géorgie, le Kosovo, la Moldavie, le Monténégro, le Maroc, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Tunisie, la Turquie et l’Ukraine. Les régions élargies d’outre-mer sont : la Guadeloupe, la Guyane Française, la Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Martin, Les Açores, Madère, les Iles Canaries.

Zikapanam : une asso de musiciens amateurs qui organise des jams

Par : Framasoft
10 juillet 2024 à 06:49

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec aujourd’hui le témoignage de Zikapanam, qui organise et participe à des jams, répétitions, scènes ouvertes et concerts. Merci à Laurent pour son témoignage riche, et bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ? Qui es-tu, ton parcours ? Ton rôle dans l’association ?

Je suis Laurent Schwartz, l’un des quatre fondateurs de l’association Zikapanam créee en octobre 2022. J’en suis son actuel Président et le seul opérationnel sur l’acquisition et le développement des outils informatiques de l’association. J’ai une formation d’ingénieur en informatique. L’informatique et la musique (Basse, Batterie et Chant) sont deux des mes passions depuis mon adolescence.  J’utilise Linux au quotidien depuis 2008.

Tu nous parles de ton association ? Quel est son objet, les valeurs qu’elle porte ? 

Zikapanam est une association de musiciens amateurs de tout niveau qui organise et participe à des jams, répétitions, scènes ouvertes et concerts. Des musiciens adultes de toute l’île de France nous rejoignent. Nous organisons nos événements et nos rencontres musicales sur Paris intra muros et petite couronne. 
La bienveillance caractérise les relations souvent décrites par les nouveaux arrivants .

En termes d’organisation, combien y a-t-il de membres ? y a-t-il des salarié⋅es ? Êtes-vous localisé géographiquement ou bien un peu partout ?

Nous sommes (juin 2024) environ 190 membres cotisants. La cotisation est modique. L’association est basée entièrement sur le bénévolat. L’ancrage de Zikapanam est la région parisienne. Nous souhaitons aussi développer une communauté de jams distancielles par internet pour attirer des musiciens francophones de toute la France.

Tim Sheerman-Chase, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

Vous diriez que les membres de l’association sont à l’aise avec le numérique ou pas du tout ? Ou bien c’est assez disparate ?

Nous utilisons beaucoup d’outils pour communiquer (Discord, solution logicielle maison, réseaux sociaux etc.), il y a donc un filtrage conséquent à l’arrivée sur notre Discord. Les gens qui vont au bout du processus d’inscription sont les plus motivés et peut-être aussi ceux qui prennent le temps de s’adapter à nos outils. Nous sommes composés de musiciens et pour la plupart l’ordinateur fait peur. Ils utilisent plutôt leur téléphone. Cependant, parmi les bénévoles, l’usage de l’ordinateur est souvent la norme.

Quel a été le déclencheur de votre dégafamisation ? Qu’est-ce qui vous a motivés ?

Nous avons une partie de nos membres qui est sensible aux enjeux du libre et qui utilisent les outils Framasoft ou du Fediverse.. C’est arrivé à mes oreilles et je me suis renseigné car je constatais qu’il y avait des freins importants à l’adoption de certains réseaux sociaux comme Meta même par des gens qui n’étaient pas forcément activiste du libre …
Au gré de mes réflexions sur le sujet, je me suis donné ces objectifs :
– offrir un accès libre à nos communications sur nos réseaux sociaux (sans besoin de créer un compte) ;
– limiter la nuisance de la publicité et des algorithmes qui décident pour vous les publications qu’on vous présente …  Qui détournent l’attention de nos publications ;
– toucher tous nos followers plutôt que le 5 % que Meta dans « sa bonté généreuse » nous laisse toucher !

Quels sont les moyens humains mobilisés sur la démarche ? Y a-t-il une équipe dédiée au projet ? Ou plutôt une personne seule ? Quelles compétences ont été nécessaires ?

Je suis le seul opérationnel en informatique mais je reçois des idées de beaucoup de monde dans l’association. Il est cependant à ma charge de qualifier la pertinence des propositions qui me sont faîtes. Le monde du libre est documenté mais n’arrive pas dans le top des moteurs de recherche que j’utilise … Et ça complique grandement les recueils d’informations ! En tant qu’ingénieur en informatique, j’ai l’habitude de me former aux outils, de les découvrir et d’apprécier leurs fonctionnalités mais ça demande du temps et je ne peux le faire qu’à certaines périodes de l’année.  C’est ce que j’appelle la veille techno.

Comment avez-vous organisé votre dégafamisation ? Plan stratégique machiavélique puis passage à l’opérationnel ? Ou par itérations et petit à petit, au fil de l’eau ? Quelles étapes avez-vous suivi ?

À vrai dire, je n’ai rien contre les GAFAMs. Ces sociétés ont apporté beaucoup à internet à son démarrage et leurs actions d’aujourd’hui sont compatibles avec un monde d’entreprise où l’argent est roi !. Mon raisonnement est pragmatique, nous sommes une association et nous n’avons pas les moyens financiers d’une entreprise commerciale ! Les outils que nous serons amenés à utiliser ou que nous utilisons déjà le seront parce qu’ils nous sont accessibles financièrement, peuvent convenir et fédérer un maximum de personnes parmi lesquels des technophobes. Et c’est un véritable challenge !

Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Notre arrivée sur le Fediverse est récente et les outils à ma disposition actuellement ne permettent pas de qualifier l’adhésion des membres de notre association à ces réseaux sociaux. Je constate juste que très peu de membres se sont créés des comptes sur le Fediverse mais ça ne veut pas dire qu’il ne le consulte pas ponctuellement ou même régulièrement puisque la création d’un compte n’est pas obligatoire pour accéder à ces contenus. D’après mes premières remontées d’information, se créer un compte sur le fediverse ne serait pas trivial … Un effort de formation devra sûrement être engagé sur ce point.

Parlons maintenant outils ! À ce jour, on en est où ? Quels outils ou services avez-vous remplacé, et par quoi, sur quels critères ?

Nous n’avons pas « remplacé » Meta, Les bars et les lieux culturels avec lesquels nous travaillons sont tous sur ces réseaux. Mais nous avons commencé à développer nos réseaux parallèlement sur le Fediverse.. Nous développons des usages qui nous permettent de mettre en valeur la souplesse de Mobilizon. De plus  keskonfai, pixelfed et Mastodon nous ont apporté une certaine visibilité supplémentaire dans les moteurs de recherche au contraire de Meta qui par exemple empêche l’intégration aux moteurs de recherche des événements publics que nous organisons  afin de nous forcer à acheter de la publicité pour les mettre en avant …
Note : Plus récemment j’ai découvert Linkstack une alternative sérieuse à Linktree.

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Oui, bento. J’aimerai avoir une ferme de bento spécifique à notre asso mais je n’ai pas encore trouvé d’alternative à bento en logiciel libre. Voilà ce que nous faisons avec Bento : https://bento.me/strawberry-jam-band et nous avons une dizaine d’autres dans le même genre.

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle manière (formation, tutos, support, etc.) ?

Non pas encore.  Mais j’y pense sous forme de vidéo conf sur Discord.

Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que ça soit libre ?

Dans notre newsletter, j’ai largement communiqué sur keskonfai, pixelfed et mastodon mais cette communication doit être rappelée régulièrement et je vais m’y astreindre.

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Bénéficier de l’adhésion de toute notre communauté est un challenge que j’ai accepté. Il faut convaincre en allant à la rencontre des membres et en expliquant avec un argumentaire concret à toute épreuve qui voit avant tout leurs intérêts quotidiens !
Le potentiel du Fediverse est important. En tant qu’ingénieur, je vois bien les efforts d’interconnexion qu’il existe entre ces plateformes et je les apprécie en tant qu’utilisateur !
J’espère que d’ici 6 mois/un an, je pourrai faire un bilan très positif sur cette première étape dans la Dégafamisation ! !
Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur ce sujet. Plus d’infos sur notre association : https://linktr.ee/AssoZikapanam

La nouvelle #solarpunk du jour : « 100 Papier »

Par : Framasoft
9 juillet 2024 à 10:42

Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du Solarpunk.

Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) des nouvelles dans cet univers, qui sont publiées ici et participeront à un concours organisé par Low-Tech Journal. Ces nouvelles ont été lues en direct sur la radio indépendante Graf’Hit. La lecture de cette nouvelle est écoutable ici :

Aujourd’hui, découvrons un étrange personnage accroc au papier dans un monde où ce matériau est devenu… interdit !

100 Papier

Auteur·rices : Zatar Myriam , ASPE Candice , MOURCHID Soumaya ,GAO Rongtian, KADRI Elias, Nkoumba Eric Donald

Ce document est disponible sous licence CC-BY-SA.

« Bonjour Paris, il est 8 heures, on est le 9 septembre 2042 et la journée s’annonce ensoleillée ! Aujourd’hui, je rappelle que c’est la douzième journée mondiale sans papier. Alors, la question du jour est : comment vivez-vous sans papier ? Tout le monde est invité à laisser un message sur notre ToothBook. »

« Bonjour à tous ! Vous êtes chanceux aujourd’hui, je suis un précurseur de la vie sans papier ! Je m’appelle Jordan. Ça fait 20 ans que je l’ai aboli. Avec mon casque VR et mon PC, je vis la belle vie tout en protégeant la planète. Je peux jouer à GTA et envoyer un mail en même temps ! Le papier était une véritable catastrophe écologique. Maintenant, je m’amuse sans couper aucun arbre ! » 

Léon Roman éteignit sa radio, marmonnant des injures : « Comment avez-vous pu… » 

« Chéri, regarde devant toi ! » s’exclama Juliette en tendant le bras depuis le siège passager. 

Devant, la police effectuait une fouille des véhicules. La voiture freina, écrasant la ceinture de sécurité sur le ventre arrondi de sa femme. Son mari inspira bruyamment, le cœur battant à tout rompre, face aux gyrophares bleus et rouges vers lesquels ils progressaient lentement. Il ne remarqua pas la goutte de sueur coulant sur son front. Le souvenir de sa rencontre avec la police lors de la précédente manifestation lui procura une impression désagréable. 
Loin d’être dupe, Léon respirait de plus en plus vite : de toute évidence, ils étaient en quête de contrebande. Et juste sous la banquette arrière de sa voiture se trouvait aujourd’hui le trafic le plus important au monde : du papier.

Un jeune policier, le regard vif et un sourire crispé sur le visage, s’approcha du jeune couple.

— Bonjour madame et monsieur, inspecteur Hernandez. Nous sommes tenus de contrôler tous les véhicules. Sortez du véhicule. Où allez-vous ?

— Nous allons à la campagne chez ma belle-famille jusqu’à l’accouchement de ma femme, répondit Léon, d’une voix plus aiguë que d’habitude. Un peu en retrait, Juliette observait l’échange, priant pour que l’interrogatoire se finisse sans encombre. Les deux policiers soulevèrent la banquette arrière, dévoilant une pile de livres, à sa grande surprise.

— Cela n’a rien à voir avec ma femme, vous ne…, s’écria Léon, avant d’être plaqué au sol.

— Épargnez-nous ces bêtises, vous en parlerez au juge.

Quelques mois plus tard, la jeune femme, son bébé sur les genoux, pâle de rage, recevait un appel. « Oui, Roman, ici Maître Gimenez. Je suis au regret de vous annoncer la condamnation à perpétuité de votre mari pour trafic de papier. »

« Bonjour Paris, il est 8h, on est le 9 septembre 2152 et la journée s’annonce caniculaire ! N’oubliez pas de vous hydrater et de vous abriter durant les heures les plus chaudes. On accueille aujourd’hui sur notre chaîne le spécialiste M. … »

Mathieu coupa l’hologramme en jurant. Encore une fois, il allait devoir installer le « Sunshade », un pare-soleil blanc de son invention. En effet, il a lu que le blanc est la couleur qui absorbe le moins la chaleur. Aujourd’hui, c’était le grand jour ! 

Mathieu descendit dans sa cave, pour échapper à la chaleur étouffante qui alourdissait l’atmosphère. Son plan, préparé depuis plusieurs années, nécessitait encore quelques retouches. Les escaliers craquaient sous ses pieds alors qu’il descendait dans l’obscurité rafraîchissante de sa bibliothèque secrète, héritée de sa famille. Des livres ouverts jonchaient le sol, annotés d’une écriture soignée. Les murs étaient couverts de câbles, de serveurs et d’écrans lumineux. 

9h00 : il s’installa devant son poste de travail, ajustant les lignes de code qu’il avait préparées. Chaque partie qu’il modifiait le rapprochait de son objectif : démontrer les vulnérabilités d’une société entièrement numérique.

J’ai jusqu’à minuit pour exécuter mon plan, avant la mise à jour des serveurs

Sous la pression, il fabriquait des cigarettes en déchirant des pages de livre. Des recettes de cuisine par-ci, des extraits de comédie par là. Après tout, qui aurait besoin de savoir faire une béchamel ou de lire des pièces ennuyeuses ? Les mots imprimés se transformaient en fumée et remplissaient l’air de la cave d’un épais nuage gris.

10h00 : il recevait un coup de fil de sa petite amie Soraya, ingénieure à l’Agence de Sauvegarde des Données Nationales. Une journée portes ouvertes du macro serveur X2150 était prévue sur invitation.

11h00 : il avait déjà fumé sa 39ème clope, le livre de cuisine arrivait bientôt à sa fin.
 11h45 : « ÇA Y EST ! », cria-t-il, « La clé USB est prête. »

Son plan était simple mais brillant. Le virus qu’il avait créé était conçu pour tout détruire sur son passage.

12h00 : pour se récompenser de sa victoire, il prit une longue inspiration : « il est temps de fumer ».

12h15 : Mathieu commença à préparer ses affaires. Je suis tellement stressé, je ne tiendrai pas la journée sans papier, songea-t-il en fouillant frénétiquement dans ses étagères. Il chercha un livre d’où il pourrait arracher des feuilles pour faire ses cigarettes. En ouvrant le premier venu, il découvrit d’anciennes notes familiales entre les pages. Submergé par la culpabilité, il referma délicatement le livre et en prit un autre. Cette fois, il choisit un vieux recueil de contes pour enfants et, avec une nouvelle pointe de honte, arracha plusieurs pages.

13h00 : il quitta son appartement en direction du centre-ville. Il marchait, jetant des coups d’œil à sa montre. Le bâtiment de l’ASDN n’était pas loin, mais chaque minute lui semblait une éternité.

14h00 : « Bienvenue, mesdames et messieurs, à la journée d’inauguration du Macro serveur X2150 », annonça un présentateur.

15h00 : après avoir fait une visite guidée des lieux avec Soraya, Mathieu se dirigea vers le stand d’exposition de la maquette du X2150.

16h00 : un baiser langoureux lui permit de subtiliser à Soraya son badge d’accès à la salle des machines.

17h00 : Mathieu n’avait toujours pas trouvé la salle des machines, peu habitué à utiliser la padlocalisation. Il se cacha pour fumer des clopes de plus.

18h00 : après plusieurs essais, il réussit enfin à identifier le chemin d’accès vers la salle des machines.

19h00 : Mathieu effectua un dernier tour en salle des machines. Puis il rejoignit Soraya dans le hall.

20h00 : des applaudissements retentirent en l’honneur de Soraya. Sa présentation fit un carton !

21h00 : Mathieu s’approcha pour la féliciter. Il se dirigea vers les toilettes avant de rejoindre la salle des machines.

22h00 : les mains tremblantes, il inséra sa clé USB dans un serveur. La barre de transfert s’afficha à l’écran : « Téléchargement du fichier en cours  %2 % ». Ça y est, j’ai réussi ! Épuisé et ruisselant de sueur, il se laissa tomber sur une chaise. Il profita de cette pause bien méritée pour entamer sa 87ème clope de la journée.

22h10 : « OÙ EST MON BADGE ? ! » s’exclama Soraya. Elle fonça à son bureau et se jeta sur son PC. Elle localisa le badge dans la salle des machines et remarqua le téléchargement d’un fichier inconnu en cours. Elle parvint à le stopper puis prévint la police.

22h30 : des bruits dans le couloir de plus en plus proches se firent entendre. Mathieu barricada la porte. « POURQUOI LE TÉLÉCHARGEMENT N’AVANCE PLUS ? ! ». Des mégots s’accumulaient au sol, une voix grave se fit entendre de l’autre côté de la porte :

— Police ! Sortez immédiatement ou on enfonce la porte !

Illustration « Smoke design » par Hervé Simon (CC By Sa 2.0)

— Je vous interdis de tenter quoi que ce soit sinon JE VAIS TOUT CRAMER ! La sueur perlait sur son front, et chaque mouvement semblait plus laborieux que le précédent. La patience des policiers était mise à l’épreuve. Certains d’entre eux commençaient à se lasser de cette opération. D’autres vérifiaient leur équipement. Quelques-uns échangeaient des blagues nerveuses pour alléger la tension.

23h00 : assis dans la pénombre, les mains tremblantes, le regard perdu, il savait que la police finirait par entrer. Ses pensées tourbillonnaient, une tempête de regrets et de colère contre une société qui l’avait poussé à bout. « Pourquoi ? » murmura-t-il en fixant la barre de téléchargement statique. « Une société sans âme, sans mémoire. Ils disent que le papier est obsolète, que tout doit être numérique. Mais le papier, c’est l’histoire, c’est la culture, c’est nous. »

23h12 : il se leva lentement, les jambes flageolantes, et s’approcha de la porte. « Si près du but… »

— Commissaire, il faut intervenir, on ne peut pas attendre plus longtemps !

— Non, surtout pas. Les serveurs sont trop précieux. Si on cause des dégâts, ce sera encore pire. La seule chose qu’on puisse faire, c’est le persuader.

23h28 : il fuma sa dernière lueur d’espoir avec sa 100ème clope, ignorant les appels insistants de la police.

00h00 : Les larmes coulaient lentement sur ses joues alors que la fumée noire envahissait la pièce, une chaleur intense l’enveloppant. Les alarmes se déclenchèrent, stridentes. « Peut-être qu’un jour, ils comprendront… »

« Bonjour Paris, il est 8h, on est le 10 septembre 2152, et la journée s’annonce étouffante ! Aux dernières nouvelles, un acte terroriste a été commis cette nuit. La salle des serveurs de l’ASDN a été incendiée, entraînant la perte totale des données du pays. L’auteur de cet acte, identifié comme Mathieu Roman, descend d’une célèbre famille de terroristes. Il a péri dans l’incendie. »

Soraya, encore sous le choc des événements de la veille, écoutait le cœur serré à l’annonce du nom de Mathieu. « Non… ça ne peut pas être vrai… »

50 ans plus tard… Des enfants s’amusaient dans le parc. L’un d’eux s’aventura un peu plus loin qu’à son habitude. Et là, il l’aperçut, à moitié caché sous une pierre, un livre abîmé intitulé « La culture des pommes de terre au XXIe siècle ». Il y manquait des pages… Fier de sa trouvaille, le petit garçon courut montrer le livre à ses parents.

« C’est quoi, les pommes de terre ? »

"Solarpunk flag, blue diagonal" by @Starwall@radical.town is licensed under CC BY-SA 4.0.

La nouvelle #solarpunk du jour : « Les Lozacs, réinvention d’un mode de vie »

Par : Framasoft
8 juillet 2024 à 10:42

Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du Solarpunk.

Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) des nouvelles dans cet univers, qui sont publiées ici et participeront à un concours organisé par Low-Tech Journal. Ces nouvelles ont été lues en direct sur la radio indépendante Graf’Hit. La lecture de cette nouvelle est écoutable ici :

Aujourd’hui, les Lozacs essaient de profiter des bienfaits de la nature sans en abuser.

Les Lozacs, réinvention d’un mode de vie

Auteur·rices : Anna, Kamilia, Mômo, Wahida, Jérôme, Paul

Ce document est disponible sous licence CC-BY-SA.

Chaque jour, Ninon était la première des Lozacs à se lever. Elle sifflait à travers le zimcuat, une sorte de trompette qui permettait de réveiller les autres membres de la communauté. C’était le printemps : Ninon récoltait les tomates dans le jardin participatif. Puis elle salua Robin et Emma au loin.

À ses débuts, le jardin ressemblait à un petit potager avec quelques bacs en bois. On y pratiquait exclusivement de la permaculture afin d’obtenir divers fruits et légumes. Au fil du temps, les Lozacs s’étaient habitués à ces tâches qu’ils trouvaient auparavant laborieuses, ils avaient compris que chaque goutte compte pour remplir le seau. Grâce aux efforts constants et collectifs, de nouvelles techniques avaient été introduites comme les serres faites maison. Des plaques de verre récupérées et des bottes de paille protégeaient les récoltes des intempéries. Le jardin était alimenté en eau à l’aide d’un système initié par Ninon. Celui-ci était placé au centre d’un genre de petite station d’eau. De larges gouttières récupéraient l’eau de pluie puis étaient raccordées à un entonnoir. Elles se rejoignaient ensuite pour former un flux d’eau plus important. Enfin, l’eau était récupérée dans de larges cuves remplies d’un mélange de roches, tissus et céramiques permettant de filtrer l’eau et de la rendre potable. Ce système évoquait à Ninon une réflexion de son grand-père : « Tous les fleuves sont issus de ruisseaux ».

À l’origine, alors que les limites planétaires avaient déjà été dépassées, des citoyens s’étaient opposés à un projet de zone commerciale sur des prairies et une forêt. La préfecture avait fini par retirer son accord, évitant ainsi la destruction de la forêt, après l’installation d’une Zone À Défendre. Cet événement marqua la naissance des Lozacs, avec le slogan « Préservons la nature, célébrons la biodiversité ! ». Ils embrassèrent, sans se l’être dit, un mode de vie simple et écologique, devenant une source d’inspiration pour un nouveau modèle de société.

À son arrivée chez les Lozacs, Ninon gardait en elle un projet qui lui était cher : la culture raisonnée du blé. Elle avait convoqué un souvenir agréable : le pain chaud et moelleux avec son odeur alléchante. Certains restaient sceptiques à l’idée de faire des cultures, qui allaient forcément prendre de la place sur les espaces naturels.

Alors que les discussions aillaient bon train et que les opinions divergeaient, la question se résuma à : jusqu’où étaient-ils prêts à aller pour équilibrer tradition et innovation, respect de la nature et besoins de la communauté ? Elle continua à défendre son idée d’usage raisonné.

— Du coup tu voulais utiliser la forêt ? demanda Emma.

— Ouais c’est ça, répondit Ninon.

— Mais jusque-là, on ne l’a jamais fait.

— Oui, mais ce n’est pas parce qu’une chose n’a encore jamais été faite qu’on ne pourrait pas le faire, dit Ninon.

— Comment verrais-tu les choses ?

— On pourrait utiliser les ressources à notre disposition comme le bois des arbres ou encore récolter des fruits à notre guise, proposa Ninon.

— Mmmh, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. L’exploitation des ressources naturelles a toujours mené à des dérives. La forêt est une zone avec une forte biodiversité, nous ne devrions toucher à aucun fruit qui lui appartienne ! rétorqua Emma.

Le groupe hocha la tête.

— Ce que tu peux être cul-cul Emma ! s’emporta Ninon. Aujourd’hui, c’est différent ! Nos techniques ont drastiquement changé puisqu’on a réduit l’emploi de technologies.

— Ce qu’on pourrait faire c’est qu’on pourrait mettre en place des lois et des limites concernant l’exploitation de la forêt, proposa Robin qui comprenait les deux points de vue et souhaitait trouver la meilleure solution pour la communauté.

— D’accord, dit Emma, mais la crainte que j’ai et je pense qu’elle est partagée, c’est que nous allons encore tout faire foirer ! C’est-à-dire qu’au départ on va être plutôt sympathiques et vertueux, mais on va progressivement dépasser les limites.

— Mais pas du tout ! On pourrait très bien mettre en place des quotas par rapport à ce qui sort de la forêt, comme ça on ne perturberait pas son équilibre ! répondit Ninon.

— Il faudra alors tout réglementer, répondit Robin qui semblait pensif.

— Exactement, ça pourrait être une idée, dit Emma.

— Je propose qu’on en discute avec les autres membres, convoquons la communauté et prenons des décisions tous ensemble et formellement, dit Robin qui remarqua qu’on écoutait avec attention le débat.

— Génial, ça me va ! s’exclama Ninon.

Illustration par Jérôme Leclere (CC By Sa)

Ce débat marquait le début d’un renouveau pour les Lozacs, où ils exploreraient ensemble les limites de leur utopie. Il questionnait sur l’utilisation des communs. Le débat venait de mettre en lumière que ce qui semblait être des évidences, des idéaux, n’en étaient pas nécessairement. Une chose était certaine, sans dialogue les idéaux ne pourraient pas exister. À la suite de cela, beaucoup d’autres discussions allaient avoir lieu :

— L’eau était-elle un bien dont il faut la réserver un usage plutôt qu’à un autre ?

— Les habitations faisaient-elles l’objet d’une propriété privée et exclusive à un individu ?

— Fallait-il penser une communauté gérée de manière nécessairement horizontale ?

— Était-il normal et viable de privilégier un mode de vie toujours plus sobre ?

Une nouvelle ère de questionnements et de réflexions s’ouvrait devant eux, en donnant l’espoir de construire un avenir durable et partagé sans ambiguïté.

Ninon contemplait le coucher du soleil depuis la colline surplombant le village, elle se rappela des paroles de son grand-père : « La nature nous parle si nous savons l’écouter » Elle se tourna vers la forêt, sentant un lien profond avec chaque arbre, chaque ruisseau. Le dilemme des Lozacs ne serait pas résolu par des règles strictes, mais par une compréhension collective et une adaptation constante. Ensemble, ils allaient définir de nouvelles frontières pour leur avenir, où l’harmonie avec la nature serait au cœur de chaque décision.

"Solarpunk flag, blue diagonal" by @Starwall@radical.town is licensed under CC BY-SA 4.0.

La nouvelle #solarpunk du jour : « Archipel »

Par : Framasoft
7 juillet 2024 à 10:42

Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du Solarpunk.

Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) des nouvelles dans cet univers, qui sont publiées ici et participeront à un concours organisé par Low-Tech Journal. Ces nouvelles ont été lues en direct sur la radio indépendante Graf’Hit. La lecture de cette nouvelle est écoutable ici :

Aujourd’hui, on fuit un monde dystopique pour découvrir une société organisée en villages interdépendants…

Archipel

Auteur·rices : MT, M, Paul, KC, Léa et Loul

Ce document est disponible sous licence CC-BY-SA.

— Bonjour Zaden, il est huit heures.

— Bonjour Alann, ouvre les volets, allume la lumière.

— Bien sûr ! Pour votre petit-déjeuner, souhaitez-vous de la confiture ?

— Du beurre. Ah ! Allume la salle de bain et lance la playlist.

— Tout de suite. Vos vêtements sont prêts, dans le tiroir du bas.

— Alann, quelles sont les nouvelles aujourd’hui ?

— Aujourd’hui 15 janvier 2042, 8h23, il fait 16°C et il pleut, la qualité de l’air est bonne. Le pic de particules epsilon se maintient au-dessus de la ville à cause d’un anticyclone. L’entreprise Tomaframe a annoncé le lancement des tests du projet ITER et le gouvernement déclare travailler sur l’exploitation durable des ressources aquifères du satellite Encelade.

— Merci, Alann. Il faut que j’y aille. Déverrouille la porte d’entrée.

— Zaden, avant que vous ne partiez, je viens de recevoir des informations à propos de votre ami Dariux.

— Hein ?

— Votre ami est décédé dans un accident de voiture hier soir.

Cette nouvelle m’assomme.

— Dis-moi où il est !

— Son corps a déjà été incinéré, je peux prévenir ses parents de votre arrivée si vous le voulez.

— D’accord, fais ça !

Déjà incinéré ? Mais pourquoi ? Jamais je n’ai parcouru le trajet reliant ma maison à celle de Dariux aussi rapidement. J’arrive devant sa porte mais quelque chose m’interpelle : elle est ouverte. Je m’interroge, cela pourrait être les militants écologistes de la TREV qui viennent encore faire pression sur la société de son père. Je glisse mon regard dans l’entrebâillement et je reconnais l’uniforme noir de deux membres du gouvernement ONAIME. Que peuvent-ils faire là ? Haletant, je m’approche sans faire de bruit.

« N’oubliez pas, les vraies circonstances de la mort de votre fils doivent rester secrètes… Tout ce que vous devez dire c’est que votre fils est mort d’un accident de voiture ». Cela me semble étrange. Qu’est-ce qu’il se passe ?

Les deux hommes continuent : « D’autant plus qu’un groupe TREV se rassemblerait sur le Belvédère. Il ne faudrait pas leur fournir un prétexte. »

Un prétexte à quoi ? Je ne comprends rien. Justement un tract du TREV a été collé sur le mur de la propriété. Je le reconnais, même si je ne les lis jamais. Cette fois j’en prends connaissance. « NOTRE GOUVERNEMENT NOUS MENT » dit-il. Bien que quelqu’un ait tenté de l’arracher, je peux déchiffrer ces quelques mots : epsilon, intoxication, écologie. La rage et l’incompréhension au ventre, je prends ma course. Je n’ai qu’une envie, celle de parler à une personne qui ne me mentira pas. Je n’entends plus que les battements de mon cœur à mesure que je me dirige vers le point culminant de la ville. Quelques personnes discutent. Une femme aux cheveux gris vient à ma rencontre, l’air soupçonneux.

— Bonjour, jeune homme. Tu t’es perdu ?

— Bonjour madame, c’est vous qui distribuez les tracts ? Mon ami est mort, et le gouvernement semble vouloir en dissimuler la cause… Ils ont aussi parlé de vous, je me suis dit que vous auriez peut-être des réponses.

Elle m’explique.

— Si le gouvernement s’en mêle, c’est sûrement que ton ami est mort à cause des particules epsilon.

Encore une pseudo-solution dite « verte » pour préserver cette maudite croissance.

— Alors Dariux serait mort à cause des epsilon ? Celles que le gouvernement juge inoffensives ? J’ai entendu les uniformes noirs. Ils savent que vous êtes là, c’est comme ça que je vous ai trouvés.

La femme alerte immédiatement ses amis.

— Il faut qu’on bouge ! Heureusement, ils sont lourdauds alors que nous, on voyage léger. Petit, tu peux venir avec nous si tu veux mais c’est maintenant !

D’autorité, le groupe m’embarque dans sa fuite.

°°°

Cela fait trois jours que nous marchons. Je suis éreinté. Manque d’entraînement. Nous arrivons enfin dans un camp. Une nommée Dalia nous accueille, nous fait visiter. Elle m’explique que leur société est constituée de plusieurs îlots d’individus organisés sous forme d’archipel.

— Ici nous sommes à Luton. Chaque îlot, ce que toi tu appelles « village », a des principes qui varient. Par exemple, ici nous ne renions pas totalement la technologie, mais nous la conservons dans son état, le plus lowtech possible. Dans l’îlot voisin, on vit encore plus proche de la nature. Ils refusent tout appareil électrique. Nos micro-sociétés sont interconnectées, communiquent entre elles et s’entraident pour répondre à des besoins communs. Tu savais que c’est comme cela que font les arbres ? Tu pourras choisir l’îlot dont les valeurs te correspondront le plus. Il y a tout de même trois enseignements communs que nous, archipéliens, nous efforçons d’honorer. Premièrement, respecter la Terre et toute forme de vie. Deuxièmement, partager. Troisièmement, ne pas retomber dans les pièges du passé. Bien sûr, chacun peut s’exprimer librement et nous votons pour des propositions formulées dans la « boite à idées ».

Illustration « Last light on The Two Thumb Rang » par
Bernard Spragg. NZ (CC0)

Nous traversons le Jardin commun, où plusieurs personnes de tous les âges s’affairent. Dalia salue un homme qui prépare des boutures. Un autre demande des informations à une jeune femme sur le fonctionnement technique du système de récupération d’eau en circuit fermé. Cette eau, une fois propre, est réutilisée dans le jardin, dans les habitations, partout. Je comprends que, malgré un solide bagage théorique, il vient chercher des compétences pratiques. L’entraide est un principe clé de cette civilisation.

C’est contraire à tout ce que j’ai pu vivre. De là où je viens, les connaissances étaient surtout descendantes, une personne enseignant à des centaines. Ici, le partage de connaissance est pluridisciplinaire et se fait lors de situations concrètes, en petits groupes.

— Au commencement, m’explique Dalia, nous n’étions qu’une dizaine ; chacun apportait son expertise dans son domaine. Cuisine, mécanique, organisation, bâtiment… Mais c’était limité. Aujourd’hui que nous sommes plus nombreux, nous avons gardé ce modèle et l’effet en est démultiplié.

— Pourquoi le savoir et les compétences ne seraient-ils pas communs à tous, de sorte qu’ils ne se perdent pas ?

—  Poste ça dans la boite à idées, me taquine Dalia.

°°°

Cela fait maintenant cinq ans que je suis là. Je ne m’ennuie jamais. La communauté s’élargit. Nous sommes passés à dix îlots. Ma proposition s’est concrétisée, voici ALANN, l’Académie Libre pour l’Accès aux Nouvelles Notions. Nous y développons les solutions de demain en mettant l’accent sur la collaboration, l’accès libre aux savoirs et la pluralité des idées. Aujourd’hui j’y anime l’atelier panneaux solaires, pour réparer ceux que nous avons récupérés l’été dernier.

— Euh, Zaden… je comprends pas pourquoi ça ne marche pas.

— Il faut y aller pas à pas, Jorj. Regarde, une des cellules sur cette ligne est morte. Le plus simple, c’est d’en récupérer une bonne sur un panneau irréparable.

— D’accord, je vais chercher le fer à souder. On le fait ensemble ?

— Bien sûr !

J’ai moi-même appris les rudiments de l’électronique avec Dalia.

— J’y pense, Jorj, après je te montrerai comment on transforme un vieux panneau en chauffe-eau solaire. On en a besoin pour l’habitation du nouvel arrivant.

— J’suis partant !

Je trouve fascinant que les connaissances puissent ruisseler de façon aussi fluide entre les archipéliens. Depuis son arrivée dans l’îlot, j’ai assisté avec fierté à l’évolution de Jorj. Il déborde d’enthousiasme. Dariux était comme lui. Il aurait adoré cette vie. En préparant un petit sac dans ma chambre, je me souviens de ma première leçon : voyager léger. Demain, avec un groupe d’amis, on s’en va explorer les autres îlots. J’ai hâte.

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La nouvelle #solarpunk du jour : « Le Compromis »

Par : Framasoft
6 juillet 2024 à 10:42

Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du Solarpunk.

Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) des nouvelles dans cet univers, qui sont publiées ici et participeront à un concours organisé par Low-Tech Journal. Ces nouvelles ont été lues en direct sur la radio indépendante Graf’Hit. La lecture de cette nouvelle est écoutable ici :

Aujourd’hui, nous assistons à un choc des générations et des modes de transports (plus ou moins) lowtechs…

Le Compromis

Auteur·rices : Mathéo, Chrisbé, Inas, Chanerle, Liu, Lénaeile

Ce document est disponible sous licence CC-BY-SA.

Chapitre 1 : Les retrouvailles

En 2032, André 65 ans, un jeune retraité des sociétés de chemins de fer profite d’une journée ensoleillée sur la terrasse de sa maison. Vieux de la vieille sur la mécanique des trains, André a passé quarante-quatre ans de sa vie à réparer des trains. Voyant défiler au fil des années, tous les types de trains du Gasoil à l’électrique. La retraite arrive à point nommé pour lui, qui veut se détacher du monde industriel et du transport de masse. Son fils, Jaurel, 25 ans, ingénieur en informatique fraîchement diplômé de l’université a rejoint ses parents pour l’été :

— Belle journée, pas vrai papa ?

— Tu l’as dit ! Tu as prévu des choses à faire pour aujourd’hui ?

— Je me disais que ça serait bien que nous allions à la plage. Cela fait longtemps, propose Jaurel.

— C’est bien vrai, la dernière fois, tu devais avoir 10 ans ! Je m’en souviens, tu avais ton petit bob rouge et tes lunettes de soleil rondes.

— Oui, mais surtout, ce jour-là, nous avions remporté le concours du château de sable. Que de bons souvenirs ! Je conduis, si tu veux, suggère Jaurel.

— Conduire ? Pourquoi pas en vélo ? Demande André, l’air assez surpris.

André se souvient que Jaurel a acheté une nouvelle voiture électrique. Bien que très jolie et confortable, André n’est pas totalement convaincu par cette solution. En effet, sa femme et lui ont subi les effets du réchauffement climatique. . La mer est entrée de plus de 20 kilomètres dans les terres et les cours d’eau ont débordé dans toute la région, e qui a failli tuer sa femme. Profondément marqué par cette catastrophe, André a adopté un mode de vie plus respectueux de l’environnement . Il a réduit son l’empreinte carbone et a favorisé les solutions durables.

Illustration « Vélo du matin (3) » par Jean-François Gornet (CC By Sa 2.0)

— Tu ne veux pas qu’on y aille comme au bon vieux temps ? À vélo, en famille ? demande André.

— C’est loin, papa, ça va nous prendre au moins 2 heures à vélo. En plus, j’ai vu que la météo ne va pas rester comme ça . On prévoit de la pluie en milieu de journée.

En effet, la station balnéaire de Estra Kanté est située à 30 kilomètres du centre de la ville de Mutrus City.

— Nous avons le temps d’y réfléchir, il est encore tôt. Viens avec moi chercher de quoi manger ce midi. C’est à l’épicerie du centre, cela n’est pas trop loin pour toi, quand même ?

— Ne sois pas condescendant non plus, papa. Bien sûr que je viens.

André a l’habitude de marcher jusqu’à l’épicerie un matin sur deux pour faire ses courses. C’est une sorte de thérapie pour lui, qui est encore traumatisé.

en chemin la discussion se poursuit entre père et fils :

— Pourquoi est-ce que tu ne veux pas que je conduise ? Ça t’éviterait de faire des efforts sous cette chaleur, se questionne Jaurel.

— Je sais que je ne suis plus de toute jeunesse, mais je ne suis pas encore dans le cercueil, cher fils. Je pensais juste prendre un peu de temps avec toi comme avant, répond le père avec un sourire nostalgique.

— Je me doute, mais ça serait plus pratique en voiture,non ?

— Pour être franc, je ne suis pas convaincu par l’électrique. Tu le sais, en plus. Je comprends l’idée, mais est-ce vraiment la solution à nos problèmes actuels ?

— Eh bien, sans voiture, comment je fais pour mon travail, venir ici, voir mes amis ?

— C’est peut-être ça le problème, plutôt. Rien n’est à taille humaine.

Sur cette remarque, tous deux arrivent à l’épicerie du village. À l’entrée, ils rencontrent Christophe, un ami d’André. Christophe est un ancien agriculteur intensif qui dépendait lourdement des machines et des produits chimiques pour maximiser ses rendements. Plus tard, il s’est converti à une agriculture low-tech au vu des changements climatiques. Il est revenu à des méthodes simples et à la fois enrichies avec des connaissances modernes.

— Mon vieil André ! s’exclame Christophe. Tu te fais rare ces derniers temps ! Laisse-moi deviner, c’est le fiston Jaurès ?

— Pas loin, Jaurel ! Ah écoute, il faut que je m’habitue à tout ce temps libre que j’ai maintenant. C’est dur, tu sais !

— Je ne te le fais pas dire ! Alors fiston, toujours dans l’informatique ?

— Oui, monsieur. Comment va votre exploitation ?

— J’ai su rebondir, on va dire. Je suis reparti de zéro, ça m’a permis de me poser les bonnes questions. C’est ça le plus compliqué, Jaurel, savoir poser les bonnes questions et trouver des solutions ensemble. Maintenant je réfléchis à des projets utiles, accessibles et durables pour la population.

André, Jaurel et Christophe continuent de discuter pendant quelques minutes sur les projets que Christophe réalise en ce moment. Christophe sort de l’épicerie, tout comme André et Jaurel après avoir acheté de quoi manger. Sur le chemin du retour, André explique à son fils son point de vue :

— Tu sais fils, je sais que depuis peu, tu t’intéresses aux problématiques climatiques. Cependant, je crois que tu te trompes de méthode pour répondre au problème. J’ai vu que les machines se voulant écologiques ne le sont pas tout le temps. Tu connais l’effet rebond ? Une voiture, un train, c’est pas différent. Regarde, quand j’étais jeune, les trains électriques débarquaient. Tout le monde était époustouflé par ces nouvelles machines, plus performantes, plus économes, mais qui savait qu’on utilisait du gaz ou du charbon pour produire l’électricité du train ?

— Très bien, mais maintenant, l’électricité est en partie produite par du renouvelable chez nous ! réfute Jaurel, un air de défi dans ses yeux.

— Chez nous, oui ! Mais ailleurs ? Le problème est mondial, pas local. Et puis une partie ne vaut pas 100 %. André s’arrête un instant, posant une main sur l’épaule de son fils.

— 100 % d’énergie renouvelable, c’est un mythe, papa, et tu le sais, un soupçon de frustration dans la voix.

— Sans doute, mais en réduisant notre consommation, en réfléchissant plus au but de nos créations, de nos besoins, il y a une possibilité que ça marche.

— Tout le monde n’est pas prêt à ça.

— Si c’est un effort collectif, alors oui j’en suis persuadé. Regarde, si tu fais l’effort de partir à vélo, tu ne consommes pas d’électricité. Cette énergie peut être utilisée ailleurs par un système qui est vital pour d’autres personnes. Pense à ta santé. Pense aux économies que tu ferais si tu utilisais des moyens de transport alternatifs ou partagés. Au-delà des transports alternatifs, tu te rends compte du nombre d’heures que tu dois travailler pour payer une voiture ? Certes, la voiture est plus rapide, mais seulement à des moments précis. Tu ne vis pas sur l’autoroute à ce que je sache ? En supposant une consommation d’énergie de cinquante centimes par kilomètre, on doit non seulement conduire pendant une demi-heure pour parcourir les trente kilomètres, mais aussi travailler pendant une heure et demie pour gagner les quinze euros pour couvrir les frais de ce trajet. Au total, on consacre deux heures pour parcourir trente kilomètres en voiture. Tu te rends compte ? Jaurel prenant le temps de cogiter sur ce que son père vient de lui dire, finit par céder.

— OK, on prendra le vélo.

Chapitre 2 : Le trajet

L’un des vélos d’André est en très bon état et l’autre demande une petite touche de Il est onze heures quand les deux partent de la maison. Le réseau de pistes cyclables a été grandement amélioré et sécurisé après l’inondation de 2026. Les riverains touchés par l’inondation ont souhaité réduire l’imperméabilisation des sols en améliorant le réseau cyclable. La piste vers la plage est pittoresque, bordée de champs verdoyants et de maisons colorées, promettant une belle journée.

Cependant, après vingt-cinq minutes de route, la pluie annoncée par les prévisions météorologiques s’invita.

— La pluie n’est pas un obstacle ! s’exclame André. D’autant plus que la chaussée n’est pas glissante et le faible vent permet de poursuivre ce trajet à vélo. D’ailleurs, les grands tours sont rarement perturbées par la pluie.

On aurait dit un général d’armée galvanisant ses troupes. L’intensité de la pluie et celle du vent augmentent soudain. En un laps de temps, la visibilité se réduit à tel point que Jaurel à du mal à voir son père qui se trouve à cinq mètres devant lui. Ces conditions les obligent à stopper loin de toute habitation et à s’abriter sous un arbre. D’un air stupéfait, Jaurel interpelle son père :

— C’est à n’y plus rien comprendre, ce temps ! Les prévisions météo ne servent plus à rien !

— Le réchauffement climatique, malheureusement. Ça me rappelle l’inondation, je suis un peu inquiet pour ta mère.

— Nous sommes à mi-chemin, la pluie va nous ralentir, mais nous pouvons être rentrés dans une heure et demie à vue de nez.

— Pas sûr que ce soit une bonne idée, nous risquons d’être emportés avec toute cette eau. Je dois bien l’avouer, je n’ai pas d’autres solutions pour rentrer.

— Si j’avais su, je t’aurais forcé à prendre la voiture. Nous aurions pu arriver plus rapidement auprès de maman.

— Même s’il nous arrive des problèmes, le principal, c’est d’avancer, de se poser les bonnes questions. Quoi qu’il arrive, on ne doit pas abandonner ! Je pense qu’on peut inventer une application pour fournir des informations sur la météo, la qualité de l’air, etc. pour les cyclistes. Combiner high-tech et low-tech afin de favoriser le low-tech, c’est acceptable non ?

— Eh bien non ! L’application donnera les mêmes mauvais résultats que le site de la météo ! C’est du solutionnisme technologique, ton affaire, rien d’autre !

"Solarpunk flag, blue diagonal" by @Starwall@radical.town is licensed under CC BY-SA 4.0.

La nouvelle #solarpunk du jour : « Bunkertech »

Par : Framasoft
5 juillet 2024 à 10:42

Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du Solarpunk.

Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) des nouvelles dans cet univers, qui sont publiées ici et participeront à un concours organisé par Low-Tech Journal. Ces nouvelles ont été lues en direct sur la radio indépendante Graf’Hit. La lecture de cette nouvelle est écoutable ici :

Aujourd’hui, suivons les aventures d’un contrôleur des ressources dans un bunker où deux populations cohabitent tant bien que mal…

Bunkertech

Auteur·rices : Elsa MENUGE, Alexandre MERIMEE, Ness noé MOUSSOYI, Raphaël P., Quentin CEYSSON, Guillaume BERLINERBLAU

Ce document est disponible sous licence CC-BY-SA.

Nous sommes en 2042, cela fait environ 5860j-3h-35min que nous habitons dans un ancien bunker. Une pandémie volatile a touché la Terre décimant 99.8 % de la population. Le bunker est séparé en deux factions. Les lowtech se nourrissent essentiellement de légumes et optimisent leur utilisation d’électricité. Tandis que les hightech se nourrissent d’aliments lyophilisés et se concentrent dans le stockage d’énergie électrique. Les lowtech veillent pendant que les hightech dorment et inversement. Cela a été mis en place pour réduire le flux de mouvement dans le bunker. Je suis le contrôleur des ressources du bunker, c’est pourquoi je rencontre souvent les deux factions. Malheureusement, cela fait deux semaines qu’une rumeur sur une mystérieuse maladie sévit.

La participation de Dominique et Bobby, qui appartiennent à la faction hightech, a été souhaitée par Odin, le chancelier. Je dois donc les réveiller…

— Je suis crevé, Jarvis. J’ai dormi à peine deux heures ! Appelle les gueux plutôt que nous ! s’exclame Bobby commençant à suer à peine sorti de son lit.

— Cela doit être sérieux si nous sommes convoqués sur l’horaire des pécores, soupire Dominique en sortant doucement de sa demeure.

Je les accompagne dans la salle de contrôle où se trouvent déjà des membres de la faction lowtech.

— Que se passe-t-il ici ? s’interroge Arthur.

— J’aimerais bien le savoir aussi. Qui êtes-vous ? répond Dominique en les pointant avec sa canne.

— Arthur, chef de la faction lowtech. Vous êtes ? dit Arthur, le menton relevé, la moustache agressive.

— Oh, on se retrouve avec les clodos ! Je suis Dominique, le responsable de la faction hightech, dit celui-ci en bâtonnant le sol.

Je ressens l’électricité dans l’air. Soudain, la voix d’Odin retentit l depuis les haut-parleurs.

— Bonsoir à tous. Je vous ai réunis aujourd’hui, car la filtration de l’air est défaillante. La santé de la population est en danger. Dix occupants du bunker sont victimes d’une maladie semblable à l’épidémie qui fait rage à l’extérieur. Le taux de contamination de l’air augmente. Vous devez trouver une solution. La survie de tout le monde en dépend.

Il a le toupet d’inventer un retour de l’épidémie alors que selon mes sources, l’air est de bonne qualité et il n’y a même pas de malade. En plus, cela fait environ 2680j que l’air extérieur est redevenu sain !

— Hum, le système de filtrage de l’air, il se situe où déjà ? demande Dominique.

— Il se trouve dans les canalisations, papy… au niveau -10, près des machines pressurisant et filtrant l’eau.

— Allons voir, pour comprendre ce qui a bien pu se passer. Et même si l’idée ne me plaît guère, les gueux doivent nous accompagner.

Je vois Charlie se tourner vers Arthur.

— Chef, je ne veux pas travailler avec des incapables, mais ça m’a l’air sérieux. Des rumeurs parlent d’une maladie avec des symptômes étranges, dit-elle en s’en approchant.

— C’est vraiment inquiétant, plusieurs de nos compagnons ont fait des malaises ces derniers temps, dit Arthur, triturant sa moustache.

— Trouver une solution avec les hightech, jamais ! Tu sais très bien que je ne peux pas collaborer avec eux. Ces vieux ploucs sont des flemmards qui gaspillent nos précieuses ressources.

— Ils n’ont qu’à crever dans leur coin !

— MAMMA MIA, quel culot ! Vous n’acceptez pas le progrès et vivez comme au Moyen Âge ! s’exclame Bobby.

Soudain, la voix d’Odin résonne dans toute la pièce.

— Silence ! J’ai besoin de chacune de vos compétences. La résolution du problème est urgente.

Toute l’équipe décide de se rendre dans la salle de filtrage d’air en grommelant. Avant de les rejoindre, je décide de m’adresser à Odin seul à seul :

— ODIN ! Tu te fous de tout le monde ? Tu cherches à réconcilier ces deux factions alors que depuis le début tu ne fais qu’amplifier leur haine !

— TU MENS ! Je les ai séparés pour réduire l’encombrement du bunker.

— Quelle bonne blague ! Tu les forces à faire du sport pour produire de l’électricité, comme des hamsters ! Juste pour alimenter ton serveur ! En plus, ils font ça en pensant fournir des ressources à l’autre faction. En y repensant c’est sûrement la cause de tous ces malaises. Comment peux-tu prétendre ne pas vouloir les diviser ?

Agacé par son comportement, je sors de la pièce pour rejoindre les équipes. Le couinement de l’une de mes roulettes gâche un peu l’effet dramatique, mais tant pis.

On sort du monte-charge au niveau -10. Les yeux de Charlie s’écarquillent, émerveillés par la tuyauterie faisant fonctionner l’ensemble du bunker, et dit devant l’impressionnante machine de filtrage :

— Chef, je ne comprends rien à toute cette technologie.

Après avoir diagnostiqué le système de filtrage grâce à ses lunettes SDM, Bobby conclut :

— On n’a plus assez d’énergie pour alimenter cet équipement vétuste.

— Tout ça à cause de vos inventions hyper énergivores, souligne Arthur. Il faudrait rationner le réseau électrique qui passe par les ateliers des hightech.

— Non, on ne changera pas nos ateliers. On en a besoin pour stocker l’électricité produisant nos nourritures lyophilisées, et puis vous utilisez aussi notre énergie pour faire pousser vos graines. Il faudrait passer par les fermes des lowtech en réduisant l’utilisation de lampes à UV. De toute façon, votre soja est immangeable ! fait remarquer Dominique.

— Je ne vous permets pas de dénigrer notre soja ! Il est tellement plus savoureux que la poudre qui vous sert de nourriture, s’exclame Charlie.

Cela fait 2j-5h-45min que la tension entre les deux factions ne cesse d’augmenter, je ne sais plus où donner de la tête…

— Je vous retrouve aujourd’hui puisqu’il y a 10 % des occupants qui sont atteints de la maladie. Il n’y aura bientôt plus de place pour tous les placer en quarantaine. Dépêchez-vous de résoudre le problème, la solution ne va pas se trouver toute seule ! presse Odin.

Il n’arrête pas d’inventer des mensonges et s’il continue, les factions vont s’en rendre compte…

— Bon ! Pour voir quel est le problème, j’ai ramené notre plan des installations électriques, informe Arthur.

— Votre carte est pourrie ! Elle n’est même pas à jour… rétorque Bobby.

— Effectivement, soupire Dominique. Bobby, pose tes lunettes SDM et montre à ces gueux le vrai plan.

Même mentir, Odin ne sait pas le faire… Il a donné deux mauvaises cartes complètement différentes. Il est vraiment minable… Je vais les aider :

— Hé, ho, hé, ho, je détecte une anomalie au niveau -10 au quartier C5, suivez-moi.

Illustration « Stairs lit with colorful neon lights inside a corridor of the Atomium in Brussels Belgium » par Basile Morin (CC By Sa 4.0)

— Enfin arrivés ! braille Bobby. C’est un putain de labyrinthe !

— Mais qu’est ce que c’est que ce bordel ! crie Charlie. Je n’ai jamais vu cet escalier !

J’ai fait une bourde… Ils vont arriver devant cette fameuse porte.

— Utilisons notre bonne vieille méthode pour enfoncer une porte : un bélier, propose Arthur.

Je vois quatre regards se tourner vers moi… Je vais prendre cher… Des mains saisissent ma carcasse. Soudain, mon front rencontre dix fois la porte violemment.

— AAAAH ! MON DOS ! Mon dos est bloqué ! hurle Dominique.

— Euh, je ne sais pas si vous avez vu, mais regardez juste en haut, il y a un actionneur ! informe Charlie.

— Tu nous auras servi à rien, Jarvis, rigole Arthur.

Une fois la porte ouverte grâce à la canne de Dominique, je vois leur visage se figer. La salle est remplie de serveurs. Au centre se trouve un énorme écran étiqueté 0D1. Intriguée, l’équipe s’avance. Cependant, des lasers leur bloquent le passage. Charlie déchire son manteau pour fabriquer une fronde de fortune. Elle prend sur le sol une roulette que j’ai perdue et neutralise le système. En se rapprochant de l’écran, des indicateurs de qualité de l’air apparaissent, l’extérieur est donc vivable.

Cela fait maintenant 254j-7h-17min que l’Humanité a recommencé à vivre à la surface. Les deux factions vivent maintenant en harmonie, combinant leur savoir-faire. Elles ont décidé de restreindre le développement de technologies autonomes. Ces dernières sont plus responsables, comportent des pièces recyclées d’Odin et des autres machines. Quant à moi, ma technologie devenant inutile, j’ai décidé de me désactiver pour faire place à une nouvelle génération.

# mysql -u root -p -e 'drop database JRVS' && shutdown -H now

"Solarpunk flag, blue diagonal" by @Starwall@radical.town is licensed under CC BY-SA 4.0.

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