❌

Vue normale

Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraĂźchir la page.
À partir d’avant-hierFlux principal

Formulaires, compta, membres
 Framaspace dĂ©googlise encore mieux les assos !

Par : Framasoft
26 novembre 2024 Ă  04:20

Ce sont les 20 ans de Framasoft, mais c’est aussi l’anniversaire de Framaspace, notre cloud gratuit Ă  destination des associations et petits collectifs militants. Deux ans aprĂšs son annonce, c’est l’occasion de faire le bilan de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e, et de vous annoncer nos envies pour 2025.

🎈 Framasoft a 20 ans🎈 : Contribuez pour financer une 21e annĂ©e !

GrĂące Ă  vos dons (dĂ©fiscalisables Ă  66 %), l’association Framasoft agit depuis 20 ans pour faire avancer le Web Ă©thique et convivial. Retrouvez un focus sur certaines de nos actions en 2024 sur le site Soutenir Framasoft.

âžĄïž Lire la sĂ©rie d’articles de cette campagne (nov. – dĂ©c. 2024)

Framaspace : un cloud pour dĂ©googliser les assos

En novembre 2022, Framasoft annonçait Framaspace, un service en ligne avec les caractĂ©ristiques suivantes :

  • Un espace cloud de 40Go et 50 utilisateur⋅ices maximum
  • RĂ©servĂ© aux associations et petits collectifs militants francophones
  • basĂ© sur le logiciel libre Nextcloud
  • infogĂ©rĂ© (c’est Framasoft qui se charge de la maintenance et des mises Ă  jour)
  • permettant de gĂ©rer
    • des fichiers de tous types et de les partager
    • des agendas, publics ou privĂ©s
    • des contacts (synchronisĂ©s sur votre smartphone)
    • des photos (partageables sous forme d’albums)
    • des projets (mĂ©thode Kanban)
    • de la documentation (en mode « wiki Â»)
    • des visioconfĂ©rences (jusqu’à une dizaine de personnes)
    • ou encore d’éditer, en ligne et Ă  plusieurs des documents bureautiques (textes, feuilles de calculs, prĂ©sentations, etc)
  • le tout gratuitement (c’est Framasoft qui offre !)

Pour en savoir plus sur le projet, vous pouvez vous rĂ©fĂ©rer : au site web Framaspace, Ă  son article d’annonce, Ă  l’article bilan publiĂ© Ă  l’occasion de son premier anniversaire ou encore Ă  la vidĂ©o qui prĂ©sente Framaspace.

Vous pourrez notamment comprendre pourquoi une petite association comme Framasoft s’est lancĂ©e dans le projet « un peu Â» fou de financer sur ses fonds propres jusqu’à 10 000 clouds associatifs (spoiler : « C’est politique ! Â»).

🩄 Soutenir l’initiative Framaspace 🩄

2024 : l’odyssĂ©e de Framaspace

Alors le moins que l’on puisse dire, c’est que cette annĂ©e encore, nous n’avons pas chĂŽmĂ© !

1 500 associations hébergées hors GAFAM grùce à Framasoft

Nous avons donc plus que doublĂ© le chiffre de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, qui bĂ©nĂ©ficiait pourtant d’un effet d’annonce (oĂč pas mal d’assos ont candidatĂ© « pour voir Â», et sans doute un peu par « syndrome FOMO Â»).

C’est moins que le chiffre que nous annoncions vouloir atteindre l’an passĂ© (nous visions plutĂŽt 2 500 associations hĂ©bergĂ©es), mais accueillir 800 nouvelles structures, dont la sĂ©lection est faite manuellement, reprĂ©sente cependant dĂ©jĂ  un petit exploit :)

Comme l’an passĂ©, nous avons quelques statistiques Ă  vous partager.

graphique en barre montrant en absysse le nombre de structures et en ordonnée les années de création

 

Notez donc qu’il reste de la place, donc votre asso ou collectif peut parfaitement candidater !

Nextcloud s’amĂ©liore, Framaspace aussi !

Tout d’abord, nous avons fait trois « grosses Â» mises Ă  jour de Nextcloud, le logiciel qui motorise Framaspace, en passant de la version 26, fin 2023, Ă  la version 29, fin 2024.

Voici un rĂ©sumĂ© des principales amĂ©liorations, sĂ©lectionnĂ©es en partie sur la base du travail de nos ami⋅es de la sociĂ©tĂ© Arawa.

  • AmĂ©liorations globales :
    • 🎯 Une recherche unifiĂ©e repensĂ©e et plus performante
    • ⚙ Personnalisation de l’interface : rĂ©glage de l’ordre des apps dans la barre d’icĂŽne
    • đŸ‘ïž AccessibilitĂ© : amĂ©lioration de l’usage de lecteurs Ă©crans, ajouts de raccourcis claviers
    • đŸ‘„ Les « Cercles Â» deviennent des « Ă‰quipes Â» et affichent le contenu partagĂ©
  • 🗃 Nextcloud Files : performances en hausse !
    • Un chargement 65 % plus rapide de Nextcloud Files et un chargement plus rapide des dossiers volumineux
    • PossibilitĂ© de limiter le nombre maximal de tĂ©lĂ©chargements
    • Fichiers PDF : il est possible d’annoter ou de remplir des champs de formulaires dans vos fichiers PDF
    • Partages externes : gĂ©nĂ©ration de QR code
  • 💬 Nextcloud Talk :
    • AmĂ©liorations des performances du chat et de la visioconfĂ©rence
    • Recueil de consentement quant Ă  l’enregistrement de la visioconfĂ©rence, ajout d’émoticĂŽnes, meilleure identification de « qui est qui ? Â», etc
    • Édition des messages, support du format Markdown et widgets interactifs
  • đŸ‘„ Nextcloud Collectives :
    • Il est dĂ©sormais possible de lier des fichiers aux pages de vos collectifs
    • Collectives supporte dĂ©sormais le chiffrement des donnĂ©es sur le serveur
    • Affichage pleine largeur
    • PossibilitĂ© de dupliquer des pages entre Collectifs
  • đŸ—“ïž Nextcloud Calendar :
    • Ajout d’une fonction permettant facilement l’ajout de calendriers de vacances ; rapprochement du module de prise de rendez-vous avec Nextcloud Talk
    • PossibilitĂ© de dĂ©clarer des congĂ©s, dĂ©placements, maladies
 Pour se tenir au courant facilement en cas d’indisponibilitĂ©
  • 📇 Nextcloud Contacts bĂ©nĂ©ficie entre autres choses d’un relookage de ses fiches contact

C’est sans compter que ces nouveautĂ©s sont aussi complĂ©tĂ©es par de (trĂšs) nombreuses corrections de bugs.

Plus d’outils dans Framaspace, plus de pouvoir aux assos

Mais ce n’est pas tout ! Nous avons aussi ajoutĂ© plusieurs applications Ă  Framaspace.

Visites guidées

Grùce aux visites guidées, vous bénéficiez de tutoriels guidés dans les principales applications de votre Framaspace.

Cette application a été développée par Val, stagiaire à Framasoft cet été (lire son interview pour en savoir plus).

Transfert de propriété

Transfert de propriĂ©tĂ© est une application rĂ©servĂ©e aux administrateur⋅ices d’espaces. Elle permet aux admins de pouvoir transfĂ©rer facilement : fichiers, agendas et contacts, d’un⋅e utilisateur⋅ice Ă  l’autre (par exemple en cas de dĂ©part soudain d’un⋅e membre de l’asso).

Capture Ă©cran d'Ownership Transfer Capture Ă©cran d'Ownership Transfer

Cette application a, elle aussi, Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par Val, stagiaire Ă  Framasoft en pleine canicule (on vous a dĂ©jĂ  dit que nos stagiaires Ă©taient formidables ? Non, ben iels le sont ! La preuve ? Lisez sa seconde interview).

Formulaires

Formulaires vous permet de crĂ©er des formulaires simples (pour vos adhĂ©rent⋅es ou vos bĂ©nĂ©ficiaires).

Les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre visibles directement dans votre espace, ou directement transfĂ©rĂ©s dans un fichier .csv ou tableur, que vous pouvez ouvrir et manipuler Ă  votre guise sans quitter votre espace.

Vous pouvez lire l’article de prĂ©sentation sur le blog de Nextcloud.

 

Tableaux

Tableaux vous permet de crĂ©er de mini-applications sans rien n’y connaĂźtre en code. Par exemple, pour un atelier vĂ©lo, vous pouvez crĂ©er une petite application qui permet de savoir qui rĂ©serve quoi dans une liste de matĂ©riel. Ou encore, pour l’organisation d’une AG, qui vient quand ? Ă  quelle heure ? qui a besoin d’un logement ? etc.

Cette application est fonctionnelle, et sera enrichie lors des prochaines mises à jour, MAIS est plutÎt réservée à un public avancé.

Si cela vous intéresse, vous pouvez lire cet article (en anglais).

Les applications Formulaires et Tableaux bénéficieront de tutoriels dédiés en 2025.

🩄 Soutenir l’évolution de Framaspace 🩄

Avec Paheko, gérez vos membres et votre compta dans Framaspace

C’est probablement LA principale annonce que nous avons à vous faire 😊

Nous sommes fier⋅es d’avoir intĂ©grĂ© une partie du logiciel libre de gestion associative Paheko Ă  Framaspace 🎉

Paheko, Kezako ?

Paheko, que les plus ancien⋅nes d’entre vous connaissaient peut-ĂȘtre sous le nom de Garradin, est un logiciel qui vous permet de gĂ©rer associations, clubs sportifs, ONG, syndicat, CSE, syndic de copropriĂ©tĂ©, etc.

Paheko propose de nombreuses fonctionnalitĂ©s :

  • Gestion comptable : Paheko propose de gĂ©rer une comptabilitĂ© en partie double (saisie, journaux, grand livre, bilan, compte de rĂ©sultats, statistiques, import/export au format FEC, suivi des dĂ©pĂŽts de chĂšques, etc).
  • Gestion de membres : Paheko permet une gestion de membres Ă  la fois trĂšs simple et trĂšs complĂšte.
  • Gestion d’activitĂ©s  : une activitĂ© type peut ĂȘtre celle d’ĂȘtre adhĂ©rent Ă  l’association, mais  peut Ă©galement ĂȘtre par exemple : participer Ă  une formation, s’inscrire Ă  un atelier, ĂȘtre bĂ©nĂ©vole pour un Ă©vĂ©nement, ĂȘtre membre d’un groupe de travail, etc. Paheko permet une gestion simple de ces activitĂ©s, ainsi que de leurs tarifs Ă©ventuels. Mais vous pouvez aussi  faire des rappels rĂ©guliers Ă  vos membres (par exemple pour faire un rappel de cotisation d’adhĂ©sion annuelle, ou pour envoyer une lettre d’information Ă  tou⋅tes les membres inscrit⋅es Ă  l’activitĂ© « Sorties vĂ©lo Â»).
  • Gestion de documents : comme Nextcloud, Paheko permet la gestion de documents en mode stockage, partagĂ©s ou collaboratifs.
  • Gestion du site web de l’association  : Paheko permet rapidement et facilement de gĂ©rer le site web de votre association.

Paheko est aujourd’hui utilisĂ© par plus de 6 000 associations, notamment au travers de son portail Paheko Cloud qui propose un essai gratuit (pour un seul exercice comptable) et un tarif Ă  contribution libre.

Nous connaissons bien ce logiciel et son développeur principal, impliqué depuis de nombreuses années dans différents milieux militants, dont celui du logiciel libre francophone. Notez par ailleurs que Paheko est membre du collectif CHATONS, impulsé par Framasoft.

Cet article est d’ailleurs l’occasion de le remercier, lui et toute l’équipe Paheko, Ă  la fois pour avoir rĂ©alisĂ© ce logiciel libre de qualitĂ©, mais aussi pour nous avoir permis et mĂȘme aidĂ© Ă  l’intĂ©gration de Paheko dans Framaspace. Nous pensons qu’il s’agit lĂ  d’un exemple concret oĂč l’esprit collaboratif du libre et des communs l’emporte largement sur l’aspect compĂ©titif de l’individualisme et de la mise en concurrence. Merci Ă  elles et eux !

Gérer les membres et activités de votre collectif

Ainsi, dans Framaspace, vous pouvez dorénavant gérer les membres de votre association.

Ajoutez un⋅e membre en quelques clics. CrĂ©ez des catĂ©gories de membres. GĂ©rez leurs adhĂ©sions (avec ou sans cotisation). GĂ©nĂ©rez des fiches/badges de membres, avec vos propres champs, etc. L’éventail des possibilitĂ©s est large ! Par ailleurs, notez que si vous n’avez le droit qu’à 50 comptes utilisateurs maximum dans Framaspace, vous n’ĂȘtes pas limitĂ©.es dans le nombre de membres que peut gĂ©rer Paheko.

Liste des membres dans Paheko Cotisations dans Paheko

Vous pourrez aussi crĂ©er des « activitĂ©s Â». Une activitĂ© peut correspondre Ă  toute thĂ©matique. Il peut s’agir de la cotisation annuelle, d’un atelier, d’une formation, d’un Ă©vĂ©nement, etc. Nous faisons confiance Ă  votre imagination :)

Une fois l’activitĂ© crĂ©Ă©e, vous pouvez y inscrire les membres de votre choix. Vous pourrez leur envoyer des messages (par emails groupĂ©s). Ces derniers pourront recevoir des rappels automatiques que vous pourrez configurer (par exemple un rappel 15 jours avant l’expiration d’une cotisation Ă  l’asso, ou 3j avant la date d’une formation).

Liste d'activités dans Paheko Envoyer un message groupé

Un outil de comptabilitĂ© associative
 et pas que !

C’est un trĂšs gros morceau, et cet article n’a pas pour but de vous dĂ©montrer toutes les fonctionnalitĂ©s comptables de Paheko. Nous rappellerons juste que plus de 6 000 associations utilisent Ă  ce jour Paheko, ce qui dĂ©montre la robustesse de son application de comptabilitĂ©.

Par ailleurs, Paheko permet de choisir diffĂ©rents plans comptables. Framaspace hĂ©berge prĂšs d’une centaine de syndicats, de collectifs de copropriĂ©taires (syndics), d’associations belges ou suisses, etc. pour lesquelles Paheko permet de choisir ou d’importer un plan comptable adaptĂ©.

Suivi de l'activité d'un compte

 

Pour dĂ©couvrir les possibilitĂ©s d’usage de Paheko en termes de comptabilitĂ©, nous vous renvoyons Ă  la documentation officielle de Paheko.

Tout Paheko n’est pas (encore) dans Framaspace

Alors, « la peinture est encore fraĂźche Â», comme disent les boomers.

Pour intĂ©grer Paheko dans nos 1 500 Framaspaces, il nous aura tout de mĂȘme fallu mettre en Ɠuvre des efforts considĂ©rables (notamment pour Thomas et Luc, qui se sont chargĂ©s du dĂ©veloppement et du dĂ©ploiement). Par consĂ©quent, nous avons fait le choix d’y aller par Ă©tapes, pour nous Ă©viter de nous retrouver submergĂ©â‹…es par le support autour de l’application.

Par ailleurs, nous voulions aussi Ă©viter de surcharger le support officiel de la communautĂ© Paheko, si trop d’utilisateur⋅ices de Framaspace signalaient des bugs en rĂ©alitĂ© liĂ©s Ă  l’intĂ©gration de Paheko dans Framaspace.

Donc, pour l’instant, nous avons quand mĂȘme limitĂ© le pĂ©rimĂštre d’usage de Paheko dans Framaspace :

  • La fonctionnalitĂ© « site web de l’association Â» inclue dans Paheko est dĂ©sactivĂ©e (nous regarderons en 2025 s’il est possible de la rendre accessible) ;
  • La gestion des membres et la gestion des utilisateur⋅ices dans Framaspace, ne sont pas totalement liĂ©es : c’est un choix volontaire. Ainsi, si vous ajoutez un utilisateur Ă  votre Framaspace, celui-ci se verra automatiquement crĂ©Ă© en tant que membre dans Paheko. L’inverse n’est cependant pas vrai, puisque vous pouvez tout Ă  fait avoir besoin de gĂ©rer une « grosse Â» association (par exemple avec 1 000 membres dans Paheko), sans pour autant souhaiter leur donner, Ă  toutes et tous, un accĂšs Ă  votre espace Framaspace (de toutes façons limitĂ©, lui, Ă  50 comptes) ;
  • Documents : cĂŽtĂ© Framaspace, nous avons limitĂ© cette fonctionnalitĂ©, afin de ne pas perdre vos membres entre les fichiers gĂ©rĂ©s par Nextcloud et ceux gĂ©rĂ©s par Paheko ;
  • Pour l’instant, seul⋅es les utilisateur⋅ices Framaspace faisant partie du groupe « admin Â» peuvent accĂ©der Ă  Paheko. Mais l’administrateur⋅ice peut aussi ajouter des utilisateur⋅ices aux groupes « paheko_compta Â» ou « paheko_membres Â», qui auront alors accĂšs en Ă©criture aux modules dĂ©diĂ©s ;
  • Graphiquement, l’interface est encore assez mal intĂ©grĂ©e Ă  Framaspace. Nous verrons Ă  amĂ©liorer cela (si vous nous en donnez les moyens) ;
  • Il reste certainement des bugs ici ou lĂ , vous pouvez nous les signaler sur la catĂ©gorie dĂ©diĂ©e du forum Framaspace.

🩄 Soutenir la collaboration Paheko & Framaspace 🩄

Framaspace en 2025 : viser la lune ?

Accroßtre la notoriété de Framaspace

Pour diverses raisons, nous avons pris du retard sur les actions de promotion de Framaspace. Pour l’instant, en dehors de quelques confĂ©rences et messages sur les rĂ©seaux sociaux, nous avons trĂšs peu communiquĂ© sur ce service, qui est pourtant un « poids lourd Â» dans notre offre.

En 2025, nous consacrerons donc du temps Ă  travailler la communication autour de Framaspace : conception de supports promotionnels, contacts avec les tĂȘtes de rĂ©seaux associatives, lettres d’information, etc.

Construire les fondations d’une communautĂ© d’utilisateur⋅ices de Nextcloud

L’un des objectifs de Framaspace est aussi de faire Ă©merger une communautĂ© d’utilisateur⋅ices francophone du logiciel Nextcloud.

En effet, ce logiciel libre est utilisĂ© par plus de 100 millions de personnes dans le monde, mais l’essentiel de la communautĂ© Ă©change en anglais ou allemand. Quant aux forums en français, les discussions sont souvent trĂšs trĂšs techniques.

Nous voulons donc participer à la structuration d’un espace d’entraide plutît à destination des utilisateur⋅ices.

Pousser (enfin) l’accompagnement aux usages de Framaspace

Nextcloud est un logiciel aussi riche que complexe. Et Framaspace hĂ©rite de cette richesse et de cette complexitĂ©. MĂȘme si sa fonction principale reste le stockage et le partage de fichiers, son pĂ©rimĂštre d’action dĂ©passe aujourd’hui largement ce cadre : agenda, suite bureautique collaborative, synchronisation de fichiers, chat, visioconfĂ©rence, formulaires, et maintenant gestion de membres et comptabilitĂ©.

En consĂ©quence, la question de pouvoir mieux accompagner les utilisateur⋅ices, notamment celles et ceux qui dĂ©couvrent Nextcloud, demeure centrale.

MĂȘme si Framasoft a participĂ© Ă  des webinaires ou soutenu financiĂšrement l’animation d’ateliers, nos actions d’accompagnement des publics n’en sont encore qu’à leurs dĂ©buts.

Plusieurs projets sont en cours de rĂ©alisation, notamment un tutoriel interactif, dont vous serez l’hĂ©roĂŻne ou le hĂ©ros. Mais aussi plusieurs tutoriels sur des fonctionnalitĂ©s avancĂ©es de NextCloud, en particulier sur les apps « Formulaires Â», « Tableaux Â» et « Paheko Â».

IntĂ©gration de nouvelles fonctionnalitĂ©s en 2025 ?

Nous commençons à avoir une offre relativement complÚte sur Framaspace.

Mais cela ne signifie pas que nous allons nous arrĂȘter là


D’abord, dĂ©but 2025, nous passerons Ă  la version 30 de Nextcloud qui apportera, lĂ  encore, son lot de nouvelles fonctionnalitĂ©s intĂ©ressantes.

Nous Ă©valuerons aussi l’intĂ©gration de nouvelles applications, comme celle mettant Ă  disposition un tableau blanc interactif et partagĂ©, ou celle proposant des dossiers de groupes (qui reste pour l’instant un peu trop buguĂ©e Ă  notre goĂ»t). Nous estimerons la pertinence d’intĂ©grer la valorisation du bĂ©nĂ©volat. Et nous verrons si nous avons les moyens humains et financiers d’ajouter la possibilitĂ© de crĂ©er et gĂ©rer votre site web associatif, directement depuis votre Framaspace.

Par ailleurs, nous envisageons de « muscler Â» les capacitĂ©s de visio de Framaspace, en mettant en place une infrastructure plus performante et plus avancĂ©e. En effet, les tests de Framaspace semblent dĂ©montrer qu’une visio Ă  2 ou 3 personnes fonctionne correctement. Mais avec plus de participant⋅es, la qualitĂ© peut vite se dĂ©grader, et impose une excellente connectivitĂ©. Nous souhaitons nous pencher sur ce problĂšme, et Ă©valuer les coĂ»ts des diffĂ©rentes solutions.

Enfin, mĂȘme s’il ne s’agit pas de nouvelles fonctionnalitĂ©s, nous souhaitons inciter Ă  la « collaboration politique Â» entre les espaces. Que cela soit en mettant en valeur les possibilitĂ©s de « fĂ©dĂ©ration Â» (c’est-Ă -dire la possibilitĂ© de lier et de partager des informations entre plusieurs espaces Framaspace ou Nextcloud), ou en proposant une « veille militante Â» partagĂ©e afin de faciliter les mobilisations (ce qui nous semble particuliĂšrement essentiel en ce moment).

Cela ne pourra Ă©videmment se faire que si vous nous en donnez les moyens, car il nous faut encore



 trouver notre modĂšle Ă©conomique 😅

Qu’est-ce qui peut bien pousser une association française qui compte moins d’adhĂ©rent⋅es que le club de bridge de Pouilly-en-Auxois Ă  dire « OK, on va outiller numĂ©riquement des milliers d’associations en leur fournissant du cloud Ă©thique. Et on va faire ça gratuitement. Â» ?

La folie, l’inconscience, ou le manque d’humilitĂ©, diront certains. Et peut-ĂȘtre auront-ils raison ! :-P

Mais nos objectifs ont toujours Ă©tĂ© les mĂȘmes : faciliter l’accessibilitĂ© et la dĂ©couvrabilitĂ© d’outils numĂ©riques libres, Ă©thiques et solidaires.

Or, si l’offre Nextcloud est plĂ©thorique chez les CHATONS, il faut bien avouer que le coĂ»t Ă  l’entrĂ©e (mĂȘme pour quelques dizaines d’euros par mois) est un vĂ©ritable frein Ă  quitter les GAFAM et notamment Google Workspace, utilisĂ© par des centaines de milliers d’associations Ă  travers le monde.

Illustration - Dans l'espace, une licorne fait apparaitre des bulles de sa baguette magique. Dans les bulles, on trouve des symboles : un boulier, des fichiers, etc.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

C’est une des raisons qui nous a poussĂ©s Ă  proposer une offre gratuite, ou plutĂŽt «  sans discrimination par l’argent Â».

Mais voilĂ , on estime, Ă  la trĂšs grosse louche, que Framaspace coĂ»te environ 30 000 € par an Ă  Framasoft.

CÎté recettes, nous recevons bien entendu quelques dons pour Framaspace, et une partie du soutien financier de fondations à Framasoft, se fait aussi parce que nous proposons ce service.

Cependant, cela ne suffit pas Ă  mettre le projet Ă  l’équilibre financier. Ça tombe bien : comme tout projet militant, l’équilibre budgĂ©taire n’est pas un objectif ✊

Cependant, c’est un moyen parmi d’autres de pouvoir assurer la pĂ©rennitĂ© d’un projet. Vous nous voyez donc venir avec nos gros sabots
 Soutenir Framasoft, c’est soutenir Framaspace.

C’est permettre Ă  des centaines (demain des milliers ?) d’associations de pouvoir mettre leurs valeurs de progrĂšs social et de justice sociale en cohĂ©rence avec leurs usages numĂ©riques.

C’est redonner, aussi, un peu de fiertĂ© et de dignitĂ© Ă  un milieu associatif aujourd’hui en grande souffrance – et en grand danger – face aux rouleaux compresseurs du nĂ©olibĂ©ralisme, de la haine en ligne (mais aussi dans le monde physique), du rĂ©trĂ©cissement de l’espace dĂ©mocratique, etc. en dĂ©montrant que les associations ne sont pas solubles dans la startup nation, et peuvent prendre soin d’elles-mĂȘmes, y compris dans un monde oĂč certains voudraient nous faire croire que la solidaritĂ© serait une valeur dĂ©passĂ©e.

En conséquence, si vous trouvez Framaspace utile, opportun ou tout simplement intéressant, nous vous invitons à soutenir Framasoft.

(ça se passe ici)

 

Le dĂ©fi : 20 000 fois 20 € de dons pour les 20 ans de Framasoft !

Framasoft est financĂ©e par vos dons ! Chaque tranche de 20 euros de dons sera un nouveau ballon pour cĂ©lĂ©brer 20 ans d’aventures et nous aider Ă  continuer et dĂ©coller une 21e annĂ©e.

jauge de dons au 26 novembre 2024 à 24 421 €

Framasoft, c’est un modĂšle solidaire :

  • 8000 donatrices en 2023 ;
  • plus de 2 millions de bĂ©nĂ©ficiaires chaque mois ;
  • votre don (dĂ©fiscalisable Ă  66 %) peut bĂ©nĂ©ficier Ă  249 autres personnes.

À ce jour, nous avons collectĂ© 24 421 € sur notre objectif de campagne : merci ! Il nous reste 35 jours pour convaincre les copaines et rĂ©colter de quoi faire dĂ©coller Framasoft.

Alors : dĂ©fi relevĂ© ?

🎈 Je soutiens la 21e annĂ©e de Framasoft 🎈

A new application for Framaspace : OwnershipTransfer

Par : Framasoft
10 septembre 2024 Ă  06:38

Still more features on Framaspace ? Yes ! At the moment, we’re spoiling the users of this service, with the integration of quite a few features like the Forms and Tables applications, but also the ‘Intros’ app developed by Val, our summer intern. And because it’s Val, it’s festival (shameful rhyme !) : just before leaving us for a well-deserved holiday and a final year of studies, he delivered a new ‘Ownership Transfer’ application that will make life easier for administrators of Framaspace spaces.

 

 

Hi Val, we’re not going to ask you to introduce yourself, as you already did in the previous interview. We’ll just remind you that you’re doing an internship at Framasoft from the beginning of May to the end of August 2024, with the aim of developing tools to support Framaspace, and therefore Nextcloud free software.

Hi ! Check out my previous interview to find out more about me ! I introduce Intros, a Nextcloud app to help users get to grips with Framaspace.

At the end of the interview, I mentioned I was working on another Nextcloud app, OwnershipTransfer. Back then things were only getting started, but I cooked, and now it’s ready.

OK, so let’s talk about the OwnershipTransfer App. What’s it for ? Who is the target audience ?

As mentioned in the previous article, OwnershipTransfer makes it possible to transfer data from one user to another in Nextcloud. For example, when someone leaves an association that uses Nextcloud (say, on Framaspace 😏), it can be useful to move their files to another user before deleting their account. You could avoid losing important archives, invoices
 The same goes for calendars or address books.

Well worry no more, OwnershipTransfer (or « OT Â» from now on in this article) does all that. It allows Nextcloud admins to transfer data from whoever to whoever. Initially mostly designed for files, I extended it to calendars and contacts transfer.

OT allows a transfer of all the data, but also a more fine-grained choice. One can choose the calendar, address book or folder they want to transfer, so they don’t end up with someone’s holidays pictures in their files.

Screenshot of Ownership Transfer (also available in English) Screenshot of Ownership Transfer (also available in English)

 

But
 didn’t this feature already exist in Nextcloud ?

It did, but not the way we wanted it to.

Nextcloud already allows transferring your own files to another user, with a small graphical interface in the user settings section. You can only transfer your own files to another user, but not choose a source user : this isn’t suitable for an instance admin who would want to move files from one user to another.

An instance admin can also transfer files or calendars from one user to another, with an OCC command. OCC is Nexctloud’s CLI, via which admins can handle some server settings. You can only use it from the command line in a terminal, which to most human beings is
 cryptical.

In short there are existing working solutions, but not with a simple graphical interface for admins. This is especially an issue in « Nextcloud farms Â» (an organization hosting Nextcloud instances for a lot of clients at once) like Framaspace, because admins don’t have access to the CLI in this case.

 

Technically, how does it work ?

Since it’s integrated with other Nextcloud apps, OT is heavily relying on existing Nextcloud APIs. The app also uses adapted parts of Nextcloud’s code. For example, I use the code from the existing files transfer feature, which I modified to fit with our requirements. The same goes for the calendar transfer.

However, I add to implement the contacts transfer, since it is not available in Nextcloud (not even through a cryptic CLI). It looks a lot like the calendar transfer, since both of them are based on the WebDAV protocol, so I had an example to work with.

The interface is built with Nextcloud’s Vue components, of course. They are pretty pleasant to use, and new ones are often released. It allowed me to build a complete graphical interface in no time, while staying consistent with the rest of Nextcloud’s UI.

 

Have you encountered any technical or organisational problems ?

Since Nextcloud’s documentation hasn’t miraculously grown since last time, I had to wander around in Nextcloud’s source code to find the functions needed. I could almost make a hobby out of that. Almost.

At least the features exist in Nextcloud already, so adapting them wasn’t the most difficult thing ever. I could also rely on tcit’s advice, co-director of Framasoft and Nextcloud contributor. In short : I write code, he looks at it, says « cool thing, but not scalable Â», and I correct it.

Scalability was the most common problem. It always works on my small test environment with 5 accounts and 7 folders, but it should also (and most importantly) work on big Nextcloud instances with lots of files. For example, the files transfer can take a lot of time and resources : it has to move all the files from the source to the destination folder, which takes more or less time depending on the amount of files to move and the underlying storage type. Because of that, it is handled in the background : instead of launching it upon receiving the request, it is placed in a jobs queue that the server periodically handles.

Calendar and contacts transfers do not have this issue : they only consist of a simple SQL query to change the right property on the right element. This operation is fast, so it can be handled in the foreground.

Besides the actual transfer, building the interface was also challenging. The app allows the admin to choose which element will be transferred, so they need an interface to choose it. For calendars and contacts, it’s fairly simple : with Nextcloud’s components, I could easily build a list of calendars or address books. But for files, things are getting complicated : we need a whole tree-style view to show the subfolders’ content.

Luckily, I’ve got back up. Romain, former fellow INSA Lyon student (in Telecom, just like me !) and former Framasoft intern, worked on Sorts a few years ago. The goal was to make an app to enhance Nextcloud’s file search, mostly with filters. And Sorts has something I was really interested in : a tree-style files view. Exactly what I needed.

Interface de Sorts avec l'arborescence de fichiers Interface adaptée à OT pour choisir le dossier à transférer

After a few tweaks here and there in Sorts’ code, which wasn’t necessarily easy, its tree-style view perfectly integrated with OwnershipTransfer. It helped a lot and saved a lot of dev time, and I could even improve it a bit with some lines to better view the current folder and some sharing icons.

 

Now that your internship is coming to an end, and you’ve been « eating Â» some Nextcloud for the past 6 months, what are your potential takes on this software ?

It’s rant time !

Anyways, besides the rant and all the things I could blame on Nextcloud (like its lightweight documentation, its occasional slowness or its imperfect UI), its a very functional software, and it’s all that matters for pretty much everyone. It could be better (and it’s already happening !), but I find it to be working just fine for most typical usages. I’ve been using it for 2 years on a Raspberry PI to backup my files and photos, and I’ve never had any major issues with it.

However, its collaborative features can definitely get better (things like multiple people writing on the same text or calc document at the same time), especially since they are very popular among the people who use Nextcloud. These features exist, but they are typically hard to use, especially the first time, and poorly optimized. So when I see Nextcloud bragging about how they now have AI integrated (which I think most people don’t find that useful anyway), while opening a shared file sometimes still causes a mess
 I think they could focus on more important things. But I guess you do need something to make it look shiny.

 

We’ve been very very pleased and satisfied to work with you over the last few months ! Any final words ?

I was delighted to work at Framasoft ! I’ve learned a lot through this internship, and I want to thank the association again for its welcoming and comfortable working conditions.

Right now it’s time to relax, for me at least (before going to « class Â» again, but don’t mention it), and then to go back to work on my final internship at the beginning of next year ! I’m just saying, of course ;)

 


Main links for Ownership Transfer :

Une nouvelle application pour Framaspace : OwnershipTransfer

Par : Framasoft
10 septembre 2024 Ă  06:37

Encore des nouveautĂ©s sur Framaspace ? Et oui ! En ce moment, on gĂąte les utilisateur⋅ices de ce service, avec l’intĂ©gration de pas mal de fonctionnalitĂ©s comme les applications Forms et Tables, mais aussi l’app « Intros Â» qu’a dĂ©veloppĂ©e Val, notre stagiaire estival (rime riche !). Et comme c’est Val, c’est festival (rime honteuse !) : juste avant de nous quitter pour des vacances bien mĂ©ritĂ©es et une derniĂšre annĂ©e d’études, il nous a livrĂ© une nouvelle application « Ownership Transfer Â» qui facilitera la vie des administrateur⋅ices d’espaces Framaspace.

An English version of this interview is available at : https://framablog.org/2024/09/10/a-new-application-for-framaspace-ownershiptransfer

 

Bonjour Val, on ne va pas te proposer de te prĂ©senter, car tu l’as dĂ©jĂ  fait dans la prĂ©cĂ©dente interview. On rappellera juste que tu es en stage Ă  Framasoft de dĂ©but mai Ă  fin aoĂ»t 2024, avec pour objectif de dĂ©velopper des outils d’accompagnement Ă  Framaspace, et donc au logiciel libre Nextcloud.

Salut ! N’hĂ©sitez pas Ă  aller lire ma prĂ©cĂ©dente interview pour en savoir plus sur moi ! J’y parle d’Intros, une application pour faciliter la prise en main de Framaspace.

A la fin de l’interview, je parle d’une autre application Nextcloud sur laquelle je travaillais, OwnershipTransfer. À l’époque c’était encore en cours de prĂ©paration, mais depuis j’ai cuisinĂ©, et maintenant c’est prĂȘt.

 

OK, donc, parlons de l’App Ownership Transfer. À quoi sert-elle ? Quel est le public visĂ© ?

Comme indiquĂ© dans l’article prĂ©cĂ©dent, OwnershipTransfer sert Ă  transfĂ©rer des donnĂ©es d’un⋅e utilisateurice Ă  l’autre dans Nextcloud. Par exemple, lorsqu’une personne quitte une association qui utilise du Nextcloud (sur Framaspace, au hasard 😏), il peut ĂȘtre bien pratique de transfĂ©rer ses fichiers avant de supprimer son compte. Cela permet d’éviter de perdre des archives importantes, des factures,
 De mĂȘme pour ses agendas, ou mĂȘme ses carnets d’adresses.

Ça tombe bien, OwnershipTransfer (qu’on abrĂ©gera par la suite « OT Â») fait tout ça. Elle permet aux administrateur⋅ices d’un espace Nextcloud de transfĂ©rer les donnĂ©es de n’importe qui vers n’importe qui. À l’origine surtout destinĂ©e au transfert de fichiers, j’ai pu Ă©tendre l’application au transfert d’agendas et de contacts.

OT permet de transfĂ©rer toutes les donnĂ©es d’une application, mais aussi de choisir plus finement ce qui devra ĂȘtre transfĂ©rĂ©. On peut ainsi choisir l’agenda, le carnet d’adresse ou un dossier Ă  transfĂ©rer, pour Ă©viter de se retrouver avec les photos de vacances de quelqu’un d’autre dans ses fichiers.

Capture Ă©cran d'Ownership Transfer Capture Ă©cran d'Ownership Transfer

 

Mais
 cette possibilitĂ© n’existait pas dĂ©jĂ  dans Nextcloud ?

Si, mais pas exactement comme on le voulait.

Nextcloud permet dĂ©jĂ  de transfĂ©rer ses propres fichiers Ă  une autre personne, via une petite interface graphique dans les paramĂštres utilisateurs. On peut lĂ  uniquement transfĂ©rer ses propres fichiers vers un autre utilisateur, mais pas choisir l’utilisateur source : ce n’est pas une solution pour les admins d’espace qui voudraient transfĂ©rer des fichiers d’une personne Ă  une autre.

Un⋅e administrateurice d’espace peut aussi transfĂ©rer des fichiers ou des agendas d’un⋅e utilisateur⋅ice Ă  un⋅e autre, via une commande « OCC Â». OCC est la CLI de Nextcloud, via laquelle les admins peuvent lancer diverses opĂ©rations de maintenance ou de management. On y accĂšde donc en ligne de commande via le terminal uniquement, ce qui a de quoi repousser la plupart des ĂȘtres vivants sur cette planĂšte.

En bref cette solution fonctionne, mais ne propose pas d’interface graphique simple aux admins. Cela pose problĂšme dans le cas de « fermes Ă  Nextcloud Â» (une organisation qui hĂ©berge des instances Nextcloud pour beaucoup de clients d’un coup) comme Framaspace, dans lesquelles les administrateur⋅ices d’un espace n’ont pas accĂšs Ă  la ligne de commande.

 

Techniquement, comment ça marche ?

Comme elle s’intĂšgre avec d’autres applications, OT se base essentiellement sur des APIs existantes de Nextcloud. L’application rĂ©utilise aussi des parties du code de Nextcloud que j’ai adaptĂ©es aux besoins de l’application. Par exemple, je rĂ©utilise le code de transfert de ses propres fichiers, en l’adaptant pour pouvoir choisir Ă  la fois l’utilisateur⋅ice source et destinataire. De mĂȘme pour le transfert d’agendas.

J’ai par contre dĂ» implĂ©menter le transfert de contacts, non disponible dans Nextcloud par dĂ©faut. Il est cependant trĂšs similaire au transfert d’agendas, dont je me suis inspirĂ©, puisque les deux se basent sur le protocole WebDAV.

Pour l’affichage, j’utilise bien sĂ»r les composants Vue proposĂ©s par Nextcloud. Leurs composants sont assez complets et agrĂ©ables Ă  utiliser, et ils en sortent de nouveaux rĂ©guliĂšrement. Cela m’a permis de rĂ©aliser une interface graphique complĂšte en peu de temps, et cohĂ©rente avec le reste du logiciel.

 

Tu as rencontrĂ© des soucis, qu’ils soient techniques, organisationnels, etc ?

La documentation de Nextcloud n’ayant pas miraculeusement centuplĂ© en taille depuis la derniĂšre fois, j’ai encore dĂ» fouiller dans le code source de Nextcloud pour aller trouver les fonctions Ă  utiliser. Ça commencerait presque Ă  me plaire. Presque.

MÚme d'un Val (avec quelques années de plus) face la (non) doc de Nextcloud.

MĂšme d’un Val (avec quelques annĂ©es de plus) face Ă  la (non) doc de Nextcloud.

 

Au moins, comme les fonctionnalitĂ©s existaient dĂ©jĂ  en partie dans Nextcloud, les adapter n’a pas Ă©tĂ© d’une difficultĂ© monstre. Surtout que j’ai pu beaucoup compter sur les conseils de Tcit, codirecteur de Framasoft et contributeur bĂ©nĂ©vole de Nextcloud. En gros : j’écris du code, il le regarde, il se dit « Cool, mais ça passe pas Ă  l’échelle ton truc Â», et puis je corrige.

C’était le problĂšme la plupart du temps, le passage Ă  l’échelle. C’est bien beau quand ça fonctionne sur mon petit environnement de test Ă  5 comptes et 7 dossiers, mais dans l’idĂ©al il faut aussi que ça fonctionne sur les grosses instances Nextcloud avec beaucoup de fichiers. Par exemple, le transfert de fichiers peut prendre beaucoup de temps et de ressources : il faut dĂ©placer tous les fichiers du dossier source vers la destination, ce qui peut ĂȘtre plus ou moins long en fonction de la quantitĂ© de fichiers et du type de stockage. Celui-ci est donc gĂ©rĂ© en fond : au lieu de l’exĂ©cuter au premier plan dĂšs la rĂ©ception de la requĂȘte, il est placĂ© dans une file de « jobs Â» que le serveur effectue pĂ©riodiquement.

Les transferts de contacts et d’agendas n’ont pas le mĂȘme problĂšme : il s’agit dans leur cas d’une simple requĂȘte SQL qui vient modifier la propriĂ©tĂ© de l’élĂ©ment en question. Cette opĂ©ration est rapide, et peut donc ĂȘtre exĂ©cutĂ©e au premier plan.

Outre le transfert en soi, rĂ©aliser l’interface a aussi Ă©tĂ© un vrai dĂ©fi. L’application doit permettre Ă  l’administrateurice de choisir quel Ă©lĂ©ment doit ĂȘtre transfĂ©rĂ©, et doit donc lui proposer une interface pour faire son choix. Pour les agendas et les contacts, c’est plutĂŽt simple : avec les composants de Nextcloud, j’ai pu facilement faire une liste d’agendas ou de carnets d’adresses. Pour les fichiers, ça se complexifie : il faut rĂ©crĂ©er une arborescence complĂšte de fichiers, capable d’afficher des sous-dossiers.

Heureusement, un « insalien Â» n’est jamais seul. Romain, ancien Ă©tudiant INSA Lyon (du dĂ©partement TĂ©lĂ©com, comme moi !) et ancien stagiaire Ă  Framasoft, a travaillĂ© il y a quelques annĂ©es sur l’application Sorts. Le but de Sorts est d’amĂ©liorer la recherche de fichiers de Nextcloud, en proposant une recherche avec des filtres notamment. Mais Sorts a surtout quelque chose qui m’intĂ©ressait : une arborescence de fichiers en arbre. Pile ce qu’il me fallait.

Sorts interface with tree directory Sorts Interface adapted to OT for choosing the file to be transferred

AprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© et adaptĂ© le code de Sorts, ce qui n’était pas forcĂ©ment de tout repos, son arborescence s’intĂ©grait parfaitement Ă  OwnershipTransfer. Cela m’a permis de gagner beaucoup de temps de dĂ©veloppement, et j’ai mĂȘme pu apporter des amĂ©liorations, comme les lignes qui mettent mieux en Ă©vidence l’arborescence, ou les icĂŽnes de partage. Pas mal non ? C’est insalien 😎

MÚme « Pas mal non ? C'est insalien »

MĂšme « Pas mal non ? C’est insalien Â»

 

Maintenant que ton stage s’achĂšve, et aprĂšs avoir « mangĂ© Â» du Nextcloud pendant prĂšs de 6 mois, quels sont tes potentiels positionnements sur ce logiciel ?

Ah, c’est le moment oĂč je rĂąle !

Non blague Ă  part, malgrĂ© toutes les critiques que je pourrais faire sur Nextcloud (notamment sa documentation lĂ©gĂšre, sa lenteur occasionnelle ou son interface qui laisse parfois Ă  dĂ©sirer), le logiciel est fonctionnel, et franchement c’est tout ce qui compte pour la plupart des gens. Des amĂ©liorations sont possibles (et sont en cours !), mais je le trouve dĂ©jĂ  assez opĂ©rationnel pour la plupart des besoins que peuvent avoir ses utilisateur⋅ices. Je l’utilise personnellement depuis 2 ans sur ma Raspberry PI pour stocker mes fichiers, et je n’ai jamais eu de problĂšme majeur avec.

Le logiciel peut par contre s’amĂ©liorer sur ses aspects collaboratifs, qui sont trĂšs demandĂ©s par les utilisateur⋅ices (Ă©crire Ă  plusieurs sur un fichier texte ou calc par exemple). Ces fonctionnalitĂ©s existent, mais sont souvent encore difficiles Ă  prendre en main et peu optimisĂ©es. Du coup, quand je les vois se vanter d’intĂ©grer de l’IA au logiciel (alors que franchement, je pense que pour beaucoup ça n’a que trĂšs peu d’utilitĂ©) alors mĂȘme que quand on ouvre un fichier texte en collaboratif c’est parfois encore le bordel
 je me dis qu’ils pourraient mieux diriger leurs efforts. Mais bon, faut bien des annonces pour faire vendre.

 

Nous avons Ă©tĂ© trĂšs heureux⋅ses et satisfait⋅es de travailler avec toi pendant ces quelques mois ! Un dernier mot pour la fin ?

J’ai Ă©tĂ© trĂšs heureux de travailler Ă  Framasoft ! Ce stage a Ă©tĂ© trĂšs enrichissant pour moi, et je remercie encore l’association pour son accueil et ses conditions de travail au top. Si les sujets que j’aborde dans cet article vous intĂ©ressent et que vous cherchez un stage dĂ©googlisĂ©, je vous encourage Ă  venir Ă  Framasoft (promis le dev Nextcloud c’est pas si terrible en vrai). Sinon, vous pouvez toujours faire un don !

Maintenant c’est l’heure des vacances pour moi (puis des « cours Â», mais ne le dites pas trop fort), puis de mon stage de fin d’études en dĂ©but d’annĂ©e prochaine. Je glisse ça lĂ , au cas oĂč ;)

Merci et bonne continuation, Val !


Pour information, si vous ĂȘtes Ă©tudiant⋅e, que vous aimez Nextcloud, et que ce genre de sujet de stage vous intĂ©resse (de prĂ©fĂ©rence Ă  Lyon pour faciliter l’encadrement, mais tĂ©lĂ©travail possible), n’hĂ©sitez pas Ă  nous envoyer rapidement une candidature spontanĂ©e sur stages @ framasoft.org !

Intros, a Nextcloud app to help you get to grips with Framaspace

Par : Framasoft
31 juillet 2024 Ă  04:25

The Framaspace project currently hosts a cloud environment (files, calendars, contacts, wiki, kanban, etc.) for more than 1,200 associations and groups. That’s as many instances of the Nextcloud free software. Unfortunately, it’s not always easy to get to grips with Nextcloud, despite the documentation, forums and so on. So Framasoft decided to get an intern, Val, to work on the subject of supporting people using Nextcloud for the first time. Here’s his story.


Une version française de cette interview est disponible Ă  l’adresse suivante : https://framablog.org/2024/07/31/intros-une-app-nextcloud-pour-faciliter-la-prise-en-main-de-framaspace

Hi Val, can you introduce yourself ?

Hi ! I’m Val, and I’m 22. I was raised in Paris’ suburbs, and I have been studying at INSA Lyon, an engineering school in Villeurbanne for 4 years now. I am parisian, lyonnais, suburbanite, or even Swedish, depending on the mood.
If everything goes as expected, I’ll graduate next year as an Telecommunication Engineer.

I like singing and playing music, climbing plastic walls, solving Rubik’s cubes and playing video games, when I’m not busy tweaking some lines of code. Over the last few years, I have also been active in multiple associations, including some at INSA or the Red Cross.

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

Photo of Val, Framasoft intern between May and August 2024

You chose Framasoft for your internship. Why ?

I had to search for an internship while being in Sweden, and it wasn’t really easy. Searching from another country didn’t help of course, and I also wanted an internship matching my personal values. Basically, being cheap labour to help big business get richer isn’t really my thing.

The year before, I participated in organising an event with the Exit Lyon association, at which a Framasoft employee gave a conference on queer emancipation through digital technology. Being engaged in associations, I already knew Framasoft from their web services, as many do. I still had her email, so I sent an application, and there I am !

It was kind of an ideal case : an internship in a non-profit, breaking with capitalism, and contributing to build more social justice in our society.

MĂšme Val

Val choosing his internship at Framasoft — Allegory

 

Let’s talk about your internship. What was the general objective ?

Framasoft’s collaborative cloud platform for associations and activist groups, Framaspace, has been active for 2 years now, and is based on Nextcloud. Even though it is a good solution, this open source software is far from perfect, and in particular is more difficult to use than other existing solutions (closed-source and maintained by GAFAMs, such as Google Drive or Microsoft 365).

Please note that Framaspace is a service reserved for French-speaking audiences. The Framasoft association, which provides this product free of charge only to associations and militant collectives, relies solely on donations. Consequently, it is our association that bears the technical support and financial costs of hosting and we cannot afford to host a worldwide audience.

 

My internship tries to solve part of this problem : how to make sure that first time someone logs into Nextcloud they don’t run away. My aim is to make the first use of Nextcloud easier, by supporting users and helping them using the software. It would encourage people to stay on a free solution that respects their privacy, and not run towards GAFAM solutions, considered easier to use.

Luckily, Nextcloud allows the community to create apps that integrate with the software to enhance it. Hence my first contribution to this mission is a Nextcloud app, « Intros Â».

OK, so let’s talk about the Intros App. What’s it for ? Who is the target audience ?

Intros answers an user’s most simple question when meeting Nextcloud : « Where is the button to [insert a random action] ? Â».

To answer it, Intros highlight elements, buttons or even parts of Nextcloud’s interface to explain what they do. For example, the app will highlight the small sharing icon and display a text explaining how to share a file to someone else. This applies to several Nextcloud apps, including files, contacts or calendar.

Video demonstration of how the ‘Intros’ app works

Technically, how does it work ?

The app uses the intro.js library, which helps creating step-by-step tutorials that highlight a web page’s elements. The library simply integrates to Nextcloud as any other javascript library would, and we can customise tutorials for the users.

That’s it ? No ! The library handles most of the visual aspects for us, but it had to be adapted to integrate to Nextcloud properly. For example, remembering when a tutorial has already been seen to not display it again, and making a menu to re-enable it if needed. Or even handling multiple languages, displaying buttons in Nextcloud’s style, highlighting elements nested in menus
 Lots of small enhancements that allow a smooth integration of the library to Nextcloud.

Have you encountered any technical or organisational problems ?

Of course, otherwise where would the fun be ? As always when I’m coding something, sometimes it works and I think, « wow, I’m a genius Â», and sometimes (often) it doesn’t work and I think, « wow, I’m an intern Â».

For example, during development I realised that the application sometimes had trouble finding some elements on the page. One of the problems with intro.js is that the library is designed to be deployed on a site that has been designed by the person who writes the tutorials. This person would have a good knowledge of the site’s structure, and would know which elements need to be selected for it to work every time
 Except this person isn’t me. I’m integrating it into Nextcloud, which I obviously didn’t design, so I have to adapt to the structure of the existing pages. As if that wasn’t simple enough, the way the pages are built changes depending on the application (Files, Calendar, Contacts
) or even the version of Nextcloud. So I had to reverse-engineer the HTML DOM on a case-by-case basis, to find out which elements it was possible to select and avoid selecting elements that could change name, class or even completely disappear.

But even being careful, it sometimes didn’t work. The application couldn’t find certain elements, and displayed an explanation over empty space. Not ideal. In intro.js, by default, you give a list of elements to highlight and the explanations that go with them, and the library takes care of detecting them in the DOM when the page loads. This was the critical point in this case : when the page loads. The elements are all loaded at once, so they can’t change along the way. I had problems with this specifically in two cases :

  • first, elements nested in menus. We sometimes want to highlight an element that isn’t visible on page load, and would be after a user click
  • then, elements that aren’t loaded immediately on page load. Some Nextcloud apps take a bit more time to load their elements, so the library can’t detect them on load.

So what ? Well, press the keys on the keyboard, in the right order if possible, and after a while it makes code that solves the problem. Here, instead of detecting all the elements at once, I’ve made sure to detect them just before they’re needed. Each time the user presses ‘next’, the application detects the next element to be highlighted and replaces the default element with this element before launching the next step. This way, we don’t have to worry about page load times or the fact that the button is in a menu. All that’s left to do is simulate a user click with javascript for buttons in menus and tada ! It works.

Val "This is fine" MĂšme in English

Val « This is fine Â» MĂšme

Now that the app has been published, what’s next ?

What’s next ? It’s not really about me anymore ! I hope the app will be used by Nextcloud’s users, and it’s already in use in Framaspace.

We have also discussed with Nextcloud for a possible integration of the app to the software core (and not as a third-party app). That would make it easier to add new tutorial to the apps for developers, but Nextcloud had some remarks regarding this. One of them was that the app explains the interface, while they could simply improve it so it wouldn’t need an explanation.

 

And of course, the app can still be perfected (I’m only a humble intern, after all) to make it more efficient, easier to maintain,
 It’s also very important since we want it to be maintained over the (frequent !) Nextcloud updates.

A little birdie tells me that you’re working on another Nextcloud application, can you tell us more about that ?

A new app is indeed on the road (#WIP). The OwnershipTransfer app will allow admins to transfer the ownership of files (or even other types of data ?) from one user to another. This would be especially useful for when someone is leaving an association that uses Nextcloud, and forgot to transfer their important files to someone else ! It will prevent them from losing a very important budget file, forever. However, it still doesn’t make coffee
 sorry.

We’ve come to the end of this interview. Would you like to share a feeling about the work you’ve done during this internship ?

I’m really satisfied with what I accomplished. Over and above the fact that I designed and developed a Nextcloud application for the first time from A to Z, I’ve learnt a lot of new skills. Whether it’s PHP, a language I’d only just got to grips with before my internship, or software development in general, managing releases, issues and merge requests, and so on. I’m very happy to be able to have learnt a lot during this internship.

By the way, huge thanks to Framasoft’s employee team who’s always been eager to help me and answer my questions when needed !

Last question, a recurring one in our interviews : what question would you like to have been asked, and what would your answer be ?

« Tell me, what do you think of Nextcloud’s documentation ? Â»

It’s time to rant (after all, I’m French !). It’s
 lightweight, to say the least. But you can see it from a good perspective : I guess browsing the source code to understand how the APIs work is a great learning experience !

Thanks Val !

 

Intros, une app Nextcloud pour faciliter la prise en main de Framaspace

Par : Framasoft
31 juillet 2024 Ă  04:23

Le projet Framaspace propose, Ă  ce jour, un espace cloud (fichiers, agendas, contacts, wiki, kanban, etc) Ă  plus de 1 200 associations et collectifs. C’est autant d’instances du logiciel libre Nextcloud. Malheureusement, ce dernier n’est pas toujours trĂšs facile Ă  prendre en main, malgrĂ© les documentations, les forums, etc. Framasoft a donc dĂ©cidĂ© de faire plancher un stagiaire, Val, sur le sujet de l’accompagnement des personnes utilisant Nextcloud pour la premiĂšre fois. Voici son histoire.


 

Bonjour Val, peux-tu te prĂ©senter ?

Salut ! Je m’appelle Val, j’ai 22 ans. J’ai grandi en banlieue parisienne, et depuis 4 ans maintenant je fais mes Ă©tudes Ă  l’INSA Lyon, Ă©cole d’ingĂ©nieur qui se trouve à
 Villeurbanne (c’est comme Lyon, mais avec les endroits jolis en moins). Je suis Parisien, Lyonnais, banlieusard, parfois mĂȘme SuĂ©dois, selon l’humeur.
Si tout se passe bien, je serai diplĂŽmĂ© l’an prochain comme IngĂ©nieur en TĂ©lĂ©communications.

J’aime chanter et faire de la musique, aller grimper des murs en plastique, rĂ©soudre des Rubik’s cube et jouer aux jeux vidĂ©os, quand je suis pas occupĂ© Ă  bidouiller du code. Ces derniĂšres annĂ©es, j’ai aussi participĂ© Ă  plusieurs projets associatifs, notamment dans des associations de l’INSA, ou encore avec la Croix-Rouge.

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

Photo de Val, stagiaire Framasoft entre mai et août 2024

 

Concernant ton stage, tu as choisi Framasoft. Pourquoi ?

J’étais en SuĂšde au moment de chercher un stage, et c’était un peu galĂšre. Chercher Ă  distance c’est forcĂ©ment plus compliquĂ©, surtout que je voulais si possible faire un stage qui corresponde Ă  mes valeurs. Si vous vous posez la question, en gros, ĂȘtre de la main d’Ɠuvre pas chĂšre pour renflouer le capital de grandes entreprises c’est pas trop mon truc.

L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, j’avais participĂ© Ă  organiser un Ă©vĂšnement avec l’association Exit Lyon, dans lequel une salariĂ©e de Framasoft Ă©tait venue faire une confĂ©rence sur l’émancipation queer par le numĂ©rique. Étant engagĂ© dans le milieu associatif, je connaissais dĂ©jĂ  un peu Framasoft, je pense comme beaucoup Ă  travers les services numĂ©riques que l’asso propose. J’avais encore son mail, donc j’ai envoyĂ© une candidature, et voilĂ  oĂč j’en suis quelques mois plus tard.

C’est un peu le cas idĂ©al pour moi : un stage dans une organisation Ă  but non-lucratif, en rupture avec le capitalisme, et qui contribue Ă  construire plus de justice sociale dans notre sociĂ©tĂ©.

MĂšme Val

Val choisissant son stage chez Framasoft — AllĂ©gorie

 

Venons-en au sujet de ton stage. Quel Ă©tait l’objectif gĂ©nĂ©ral ?

Depuis 2 ans Framasoft propose Framaspace, une solution de collaboration et de stockage de fichier en ligne Ă  destination d’associations et de collectifs militants, basĂ©e sur le logiciel libre Nextcloud. Bien qu’il rĂ©ponde Ă  la problĂ©matique posĂ©e, celui-ci est loin d’ĂȘtre parfait, et est notamment plus difficile d’utilisation que d’autres solutions existantes (non-libres et administrĂ©es par des GAFAM, par exemple Google Drive ou Microsoft 365).

Mon sujet de stage vient s’inscrire dans cette problĂ©matique : comment faire pour que la premiĂšre fois qu’une personne se connecte Ă  Nextcloud elle ne fuit pas en courant. Mon but est de faciliter la premiĂšre utilisation de Nextcloud, en accompagnant les utilisateurices et en les aidant Ă  s’approprier le logiciel. Si tout se passe bien, cela encourage les gens Ă  rester sur cette solution libre et respectueuse de leur vie privĂ©e, Ă  dĂ©faut de les voir courir vers des solutions jugĂ©es plus simples d’utilisation chez les GAFAM.

Fort heureusement, Nextcloud permet Ă  la communautĂ© de crĂ©er des applications qui s’intĂšgrent au logiciel pour venir l’amĂ©liorer. La premiĂšre incarnation de cette mission prend donc la forme d’une Application Nextcloud, « Intros Â».

OK, donc, parlons de l’App Intros. À quoi sert-elle ? Quel est le public visĂ© ?

Intros rĂ©pond Ă  la question la plus simple qu’une personne a en arrivant sur Nextcloud : « Il est oĂč le bouton pour [insĂ©rer une action quelconque] ? Â».

Pour y rĂ©pondre, Intros met en lumiĂšre des Ă©lĂ©ments, des boutons ou mĂȘme des parties de l’interface de Nextcloud et explique Ă  quoi elles servent. Par exemple, l’application va surligner la petite icĂŽne de partage d’un fichier et afficher un texte qui explique comment partager un fichier Ă  une autre personne. C’est valable pour plusieurs des applications de Nextcloud, des fichiers aux contacts, en passant par le calendrier.

Techniquement, comment ça marche ?

L’application est basĂ©e sur la bibliothĂšque intro.js, qui permet justement de rĂ©aliser des tutoriels pas Ă  pas en surlignant les Ă©lĂ©ments d’une page web. La bibliothĂšque s’intĂšgre simplement Ă  Nextcloud comme une bibliothĂšque javascript classique, et on peut personnaliser des visites pour les utilisateurices.

C’est tout ? Non ! La bibliothĂšque gĂšre certes la plupart des aspects de l’affichage pour nous, mais il a fallu l’adapter pour qu’elle s’intĂšgre Ă  Nextcloud. Par exemple, gĂ©rer quand la visite d’une application a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© suivie, pour ne pas la proposer une nouvelle fois Ă  l’utilisateurice, et faire un menu pour rĂ©activer les visites en cas de besoin. Ou encore gĂ©rer diffĂ©rentes langues, afficher des boutons cohĂ©rents avec le reste de Nextcloud, surligner des Ă©lĂ©ments dans des menus
 Bref, de nombreuses petites amĂ©liorations qui permettent Ă  la bibliothĂšque de bien s’intĂ©grer Ă  Nextcloud, sans que les utilisateurices ne se doutent de rien.

Tu as rencontrĂ© des soucis, qu’ils soient techniques, organisationnels, etc ?

Bien sĂ»r, sinon c’est moins marrant. Comme toujours quand je dĂ©veloppe quelque chose, parfois ça fonctionne et je me dis que, quand mĂȘme, je suis vraiment gĂ©nial, et parfois (souvent) ça fonctionne pas et je me dis que, quand mĂȘme, je suis stagiaire.

Par exemple, au cours du dĂ©veloppement je me suis rendu compte que l’application avait parfois du mal Ă  trouver certains Ă©lĂ©ments de la page. L’un des soucis d’intro.js, c’est que la bibliothĂšque est prĂ©vue pour ĂȘtre dĂ©ployĂ©e sur un site qui a Ă©tĂ© conçu par la personne qui Ă©crit les visites guidĂ©es. Cette personne aurait donc une bonne connaissance de la structure du site, et saurait quels Ă©lĂ©ments doivent ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s pour que ça fonctionne Ă  tous les coups
 Sauf que cette personne, c’est pas moi. Je l’intĂšgre Ă  Nextcloud, que je n’ai Ă©videmment pas conçu, et je dois donc m’adapter Ă  la structure des pages existantes. Comme si c’était pas assez simple, la façon dont les pages sont construites change en fonction de l’application (Fichiers, Agenda, Contacts
) ou mĂȘme de la version de Nextcloud. Bref, il a fallu rĂ©tro-ingĂ©nierer le DOM HTML au cas par cas, pour trouver quels Ă©lĂ©ments il Ă©tait possible de sĂ©lectionner et Ă©viter de sĂ©lectionner des Ă©lĂ©ments qui peuvent changer de nom, de classe, ou mĂȘme disparaĂźtre totalement.

Mais mĂȘme en faisant attention, parfois ça ne passait pas. L’application n’arrivait pas Ă  trouver certains Ă©lĂ©ments, et affichait une explication sur du vide. Pas idĂ©al. Dans intro.js, par dĂ©faut, on donne une liste d’élĂ©ments Ă  surligner et les explications qui vont avec, et la bibliothĂšque se charge de les dĂ©tecter dans le DOM au chargement de la page. C’est ce point qui Ă©tait bloquant dans ce cas : au chargement de la page. Les Ă©lĂ©ments sont tous chargĂ©s d’un coup, et ne peuvent donc pas changer en cours de route. Ça m’a posĂ© problĂšme spĂ©cifiquement dans deux cas :

  • d’abord, les Ă©lĂ©ments dans des menus. Parfois on veut mettre en Ă©vidence un Ă©lĂ©ment qui n’est pas visible par dĂ©faut, et qui le deviendrait aprĂšs un clic de l’utilisateurice sur un bouton ;
  • ensuite, les Ă©lĂ©ments qui ne sont pas chargĂ©s immĂ©diatement au chargement de la page. Certaines applications de Nextcloud mettent un peu plus de temps Ă  charger leurs Ă©lĂ©ments, et la bibliothĂšque ne peut donc pas les dĂ©tecter dĂšs le chargement.

Alors comment on fait ? Ben on appuie sur les touches du clavier, dans le bon ordre si possible, et au bout d’un moment ça fait du code qui rĂšgle le problĂšme. Ici, au lieu de dĂ©tecter tous les Ă©lĂ©ments d’un coup, j’ai fait en sorte de les dĂ©tecter juste avant qu’on ait besoin d’eux. A chaque fois que l’utilisateurice appuie sur « suivant Â», l’application dĂ©tecte l’élĂ©ment suivant qui doit ĂȘtre surlignĂ© et remplace l’élĂ©ment par dĂ©faut par cet Ă©lĂ©ment avant de lancer l’étape suivante. Comme ça, on n’a pas Ă  se soucier du temps de chargement de la page, ou du fait que le bouton soit dans un menu. Reste plus qu’à simuler un clic utilisateur avec javascript pour les boutons dans les menus et paf ! ça fait des chocap
 bref ça fonctionne.

MĂšme Val "This is fine"

Val faisant face aux disparitĂ©s de gestion du DOM HTML dans Nextcloud –AllĂ©gorie

 

Maintenant que l’app est publiĂ©e, quelle est la suite des Ă©vĂ©nements ?

La suite, j’allais dire que ça ne dĂ©pend presque plus de moi ! J’espĂšre que l’application sera utilisĂ©e par les utilisateurices de Nextcloud, elle est en tout cas dĂ©jĂ  utilisĂ©e au sein de Framaspace.

Par ailleurs, on a discutĂ© avec Nextcloud d’une possible intĂ©gration de l’application au cƓur du logiciel (non plus en tant qu’application tierce, mais directement dans Nextcloud). Cela faciliterait l’ajout de nouveaux tutoriels pour les applications tierces, mais Nextcloud Ă©met des rĂ©serves quant Ă  la pertinence de son intĂ©gration. Une des remarques faites est que l’appli vient expliquer l’interface, alors qu’on peut directement adapter l’interface pour la rendre plus facile d’utilisation (elle se passerait alors d’explications).

 

Et puis l’application peut encore ĂȘtre amĂ©liorĂ©e (aprĂšs tout je ne suis qu’un modeste stagiaire) pour la rendre plus performante, plus facile Ă  maintenir, etc. C’est Ă©galement important puisqu’on souhaite qu’elle soit maintenue au fur et Ă  mesure des mises Ă  jour (frĂ©quentes !) de Nextcloud.

Mon petit doigt me dit que tu travailles sur une autre application Nextcloud, tu peux nous en dire plus ?

Ton petit doigt m’a l’air trĂšs bien renseignĂ© ;)

Une nouvelle application est effectivement en cours de construction (#WIP). L’application OwnershipTransfer de son petit nom permettra Ă  l’admin d’un Nextcloud de transfĂ©rer la propriĂ©tĂ© des fichiers (ou mĂȘme d’autres types de donnĂ©es) d’un-e utilisateurice vers un-e autre. Bien pratique par exemple quand une personne quitte une association qui utilisait Nextcloud sans penser Ă  transfĂ©rer ses fichiers importants Ă  un-e autre membre : cela Ă©vite de perdre Ă  tout jamais le budget prĂ©visionnel de l’asso. Par contre, ça fait toujours pas le café  dĂ©solĂ©.

On arrive Ă  la fin de cette interview. Souhaites-tu nous partager un sentiment sur le travail effectuĂ© pendant ce stage ?

Je suis pleinement satisfait du travail que j’ai effectuĂ©. Au delĂ  du fait d’avoir conçu et dĂ©veloppĂ© une application Nextcloud pour la premiĂšre fois de A Ă  Z, c’est surtout d’en tirer Ă©normĂ©ment de nouvelles compĂ©tences et apprentissages. Que ça soit en PHP, langage que je n’avais que peu apprivoisĂ© avant mon stage, en dĂ©veloppement logiciel de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, gĂ©rer des releases, des issues et des merge request
 Je suis trĂšs heureux de pouvoir sortir de ce stage en ayant beaucoup appris.

J’en profite pour remercier l’équipe salariĂ©e de Framasoft, qui a toujours su m’aider et rĂ©pondre Ă  mes questions quand j’en avais besoin !

DerniĂšre question, rĂ©currente dans nos interviews : quelle est la question que tu aurais aimĂ© qu’on te pose, et quelle serait ta rĂ©ponse ?

« Mais dis moi Val, tu la trouves comment la documentation de Nextcloud ? Â»

C’est un peu mon instant rĂąleur (aprĂšs tout je suis Français). Elle est
 peu fournie, pour profiter d’une occasion d’utiliser une figure de style que j’aime beaucoup. Ça prĂ©sente ses avantages d’un cĂŽtĂ©, si on veut y voir du positif : aller fouiller dans le code source pour comprendre comment utiliser les API c’est trĂšs formateur !

Merci beaucoup, Val !
Pour information, si vous ĂȘtes Ă©tudiant⋅e, que vous aimez Nextcloud, et que ce genre de sujet de stage vous intĂ©resse (de prĂ©fĂ©rence Ă  Lyon pour faciliter l’encadrement, mais tĂ©lĂ©travail possible), n’hĂ©sitez pas Ă  nous envoyer rapidement une candidature spontanĂ©e sur stages @ framasoft.org !

MLC44, une association et une monnaie locale en cours de libération des géants du numérique

Par : Framasoft
20 mars 2024 Ă  05:52

Depuis plusieurs annĂ©es, nous publions rĂ©guliĂšrement (tant que faire se peut du moins !) des articles tĂ©moignant de la dĂ©gafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numĂ©rique plus Ă©thique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces tĂ©moignages.

Pour ce faire, nous avons lancĂ© un appel Ă  participation sur nos rĂ©seaux sociaux et quelques structures nous ont rĂ©pondu (vous pouvez continuer Ă  le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle sĂ©rie d’articles de dĂ©gafamisation avec aujourd’hui le tĂ©moignage de MLC44, qui porte la monnaie locale Moneko. Merci Ă  Thibaut pour son tĂ©moignage riche, et bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te prĂ©senter briĂšvement pour le Framablog ? Qui es-tu, ton parcours ? Ton rĂŽle dans l’association ?

Je suis Thibaut, 41 ans. De formation ingĂ©nieur en informatique et travaillant dans une ESN spĂ©cialisĂ©e dans l’open-source au civil ;) J’ai dĂ©butĂ© comme dĂ©veloppeur web PHP, Ă©voluĂ© dans le pilotage de projet et la direction d’un centre de production et suis actuellement dans des fonctions plus commerciales, toujours dans la mĂȘme ESN.

Au sein de l’association MLC44, je suis bĂ©nĂ©vole : membre Ă©lu du collectif qui pilote l’association et aidant sur toutes les problĂ©matiques liĂ©es aux outils informatiques Ă  travers la commission support (c’est un groupe de travail, rassemblant bĂ©nĂ©voles et certains membres de l’équipe salariĂ©e, chargĂ© de donner les moyens et outils Ă  l’association pour remplir ses objectifs).

Tu nous parles de ton association ? Quel est son objet, les valeurs qu’elle porte ?

MLC44 est l’association qui porte Moneko, une monnaie locale et citoyenne qui circule dans le dĂ©partement de la Loire-Atlantique. La monnaie circule au sein d’un rĂ©seau de particuliers et de structures partenaires agrĂ©Ă©es (commerces, restaurants, producteurs, artisans, associations, professions libĂ©rales, etc.), rĂ©unis autour d’une charte de valeurs et qui intĂšgrent des prĂ©occupations sociales, environnementales et Ă©conomiques dans leurs activitĂ©s.

Sans possibilitĂ© d’épargne et non spĂ©culative, cette monnaie est adossĂ©e (on dit aussi complĂ©mentaire) Ă  l’euro. Comme la plupart des monnaies locales, c’est un outil d’éducation populaire : Moneko permet aux citoyen⋅nes de se rĂ©approprier l’usage de la monnaie, d’en dĂ©couvrir les enjeux, de s’impliquer dans la gouvernance de leur monnaie, d’échanger et de partager au sein d’un rĂ©seau solidaire pour devenir acteur de la transition Ă©conomique et Ă©cologique de leur territoire.

Cela a bien fonctionnĂ© avec moi, car depuis que je suis adhĂ©rent, j’ai dĂ©placĂ© une bonne partie de ma consommation vers des structures locales. Ça devient assez ludique quand on s’y met ;)

Le fonctionnement de Moneko. Source : site de Moneko

En termes d’organisation, combien y a-t-il de membres ? y a-t-il des salariĂ©â‹…es ? Êtes-vous localisĂ© gĂ©ographiquement ou bien un peu partout ?

Nous avons 4 salariĂ©s et 1 Ă  2 VSC (Volontaire en Service Civique) suivant les pĂ©riodes. Les bureaux de l’association sont localisĂ©s Ă  Nantes au sein du Solilab (super lieu rĂ©unissant plein d’énergies autour de l’ESS), mais nous avons aussi des groupes locaux dans plusieurs lieux du 44. Notre objectif est de les multiplier sur le territoire de la monnaie. L’association rassemble une cinquantaine de bĂ©nĂ©voles et les adhĂ©rents Ă  la monnaie sont Ă  ce jour prĂšs de 1000 (760 particuliers et 220 pros Ă  jour de leur cotisation).

Vous diriez que les membres de l’association sont Ă  l’aise avec le numĂ©rique ou pas du tout ? Ou bien c’est assez disparate ?

La majoritĂ© est plutĂŽt Ă  l’aise et en plus volontaire pour progresser, cela aide beaucoup !

Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur de votre dĂ©gafamisation ? Qu’est-ce qui vous a motivĂ©s ?

Quand j’ai rejoint l’association en 2021, le sujet Ă©tait dĂ©jĂ  dans les objectifs de l’association avec quelques premiĂšres actions en cours. Utiliser des outils libres ou open-source plutĂŽt que les outils des GAFAM ou propriĂ©taire est une prĂ©occupation proche des valeurs qui guident notre association. C’est donc une voie d’évolution tout Ă  fait naturelle pour nous et facilement comprĂ©hensible par nos membres.

En dehors donc de l’aspect valeur, une autre motivation est l’autonomie que cela peut nous apporter : nous trouverons toujours une ressource apte Ă  maintenir/dĂ©velopper nos outils vs du propriĂ©taire, et en plus cela nous rend moins dĂ©pendant d’un prestataire. Nous identifions Ă©galement des bĂ©nĂ©fices en termes de coĂ»t financier Ă  moyen/long terme une fois l’investissement initial passĂ© (mise en place et montĂ©e en compĂ©tence des Ă©quipes).

C’est aussi l’occasion de travailler Ă  plus facilement fĂ©dĂ©rer/mutualiser nos usages et outils au niveau national, voire europĂ©en avec les autres monnaies locales (coucou Ă  nos copains du mouvement SOL). C’est une des raisons pour laquelle nous avons Ă©galement rejoint l’association Lokavaluto qui est un commun numĂ©rique Ă  destination de projets de l’ESS tels que les Monnaies Locales complĂ©mentaires et Citoyennes, les SĂ©curitĂ©s sociales de l’alimentation, les SEL, les places de marchĂ© locales, etc.

Quels sont les moyens humains mobilisĂ©s sur la dĂ©marche ? Y a-t-il une Ă©quipe dĂ©diĂ©e au projet ? Quelles compĂ©tences ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires ?

Il n’y a pas rĂ©ellement de personne dĂ©diĂ©e au sujet. Cette dĂ©marche restant chaque annĂ©e suivie et prĂ©sente dans le plan d’action de l’association, nous nous en soucions rĂ©guliĂšrement. Pour aller dans le dĂ©tail, c’est la commission support de l’association qui en a la responsabilitĂ© et qui suit l’avancement. Étant dans cette commission et par ailleurs dĂ©fenseur de l’open-source, j’ai pris en main le dossier ;) Mais je suis aidĂ© par d’autres bĂ©nĂ©voles qui aident Ă  la mise en place des outils et Ă  la formation des utilisateurs, tout comme notre partenaire Lokavaluto qui met Ă  disposition de nombreux tutoriels et formations.

Comment avez-vous organisĂ© votre dĂ©gafamisation ? Plan stratĂ©gique machiavĂ©lique puis passage Ă  l’opĂ©rationnel ? Ou par itĂ©rations et petit Ă  petit, au fil de l’eau ?

Cela se passe plutĂŽt par itĂ©ration et au fil d’eau. Une premiĂšre Ă©tape a Ă©tĂ© de dresser la liste des outils majeurs utilisĂ©s par tous les intervenants de l’assocation.

Nous avons ensuite cherchĂ© une alternative libre adĂ©quate. La liste a ensuite Ă©tĂ© priorisĂ©e pour dĂ©terminer en fonction des contraintes et de la difficultĂ© Ă  migrer, dans quel ordre nous allions procĂ©der. Au fur et Ă  mesure, cela nous a construit une sorte de plan d’action sur cette dĂ©marche. Mais le plan continue d’évoluer : nous dĂ©couvrons de temps en temps l’usage d’un outil qui n’avait pas Ă©tĂ© identifiĂ© mais aussi, nous restons en veille sur les solutions et pouvons donc changer quelques prioritĂ©s. À titre d’exemple, lors de notre rĂ©cent changement d’outil pour notre site internet, nous en avons profitĂ© pour migrer nos vidĂ©os de Youtube vers un Peertube alors que ce n’était pas forcĂ©ment prĂ©vu.

En plus de ces itĂ©rations au niveau global, nous pouvons aussi itĂ©rer au niveau de chaque outil : on ne cherche pas forcĂ©ment la perfection dĂšs le dĂ©part. L’idĂ©e c’est d’avancer. Par exemple, certain-e-s utilisateur-ices commencent Ă  utiliser le nouvel outil et pas tous en mĂȘme temps. Cela permet aussi de faciliter l’acceptation du changement et pour nous d’avoir le temps d’accompagner « tranquillement Â» les utilisateurs.

L’association Ă©tant en plein changement d’échelle, toute la difficultĂ© est d’arriver Ă  faire les changements sans trop bouleverser les habitudes des intervenant-e-s qui sont dĂ©jĂ  bien chargĂ©-e-s par le quotidien.

Est-ce que vous avez rencontrĂ© des rĂ©sistances que vous n’aviez pas anticipĂ©es, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passĂ©s comme sur des roulettes ?

Je dirais qu’il faut ĂȘtre vigilant si certains de vos prestataires sentent le vent tourner. L’idĂ©e est de bien faire maintenir le niveau de service attendu jusqu’au bout.

Un autre point d’attention Ă©galement, c’est d’ĂȘtre vigilant lors de l’arrivĂ©e de nouvelles personnes (ce qui peut arriver frĂ©quemment dans une association). Le nouvel arrivant doit prendre les bonnes habitudes, et Ă©ventuellement perdre ses mauvais rĂ©flexes perso/pro d’utilisation d’outil Gafam ;) Cela peut ĂȘtre un peu dĂ©licat, car la personne arrive avec de l’envie et de l’énergie pour faire progresser l’association, il faut donc bien expliquer la dĂ©marche, le pourquoi et gĂ©nĂ©ralement ça se passe bien !

Autre vigilance Ă  avoir : lorsque de nouveaux besoins sont exprimĂ©s, l’équipe doit avoir le rĂ©flexe de d’abord chercher des solutions libres/open-source, il faut parfois le rappeler.

Enfin, il faut globalement rester un peu souple : notre objectif est d’avant tout de faire progresser l’usage de notre monnaie locale Moneko. Nous ne devons donc pas ĂȘtre sectaires et interdire l’usage d’outil propriĂ©taire ou GAFAM quand l’alternative n’apporte pas un service suffisant oĂč est trop coĂ»teuse (temps/argent) Ă  mettre en Ɠuvre pour le moment. (Mais on le garde dans nos radars pour une future voie d’amĂ©lioration !)

Parlons maintenant outils ! À ce jour, on en est oĂč ? Quels outils ou services avez-vous remplacĂ©, et par quoi, sur quels critĂšres ?

Certains outils sont migrĂ©s, d’autres en cours et d’autres sont encore dans la TODO list ;) Voici un Ă©tat des lieux :

  • Partage de fichiers : Google Drive vers Nextcloud : en cours/partiel, ici la stratĂ©gie a Ă©tĂ© d’abord de migrer nos documents publics (cela permet d’évangĂ©liser notre public) avant tout l’interne qui demande un gros boulot de tri.
  • Suite bureautique : Google => Onlyoffice : en test, ici aussi la marche est importante car il y a beaucoup d’historique et c’est un outil du quotidien pour l’équipe. Nous allons y aller au fur et Ă  mesure.
  • Mesure du trafic web : Google Analytics => Matomo, terminĂ© : cela a Ă©tĂ© facile Ă  faire Ă  l’occasion de la refonte de notre site web.
  • Fichiers tableurs pour gĂ©rer l’asso : Excel => Odoo, en finalisation, nous avons migrĂ© toute la gestion de nos membres en 2023 et avons pu automatiser les relances de dĂ©but 2024 avec le nouvel outil. Un gain de temps assurĂ© au final.
  • Gestion des mails : Gmail => Thunderbird (bureau) + Roundcube (web), en cours/partiel : seuls quelques membres ont franchi le pas, il y a pas mal d’accompagnements Ă  faire.
  • SystĂšme d’exploitation : Windows => Ubuntu, Ă  commencer : l’idĂ©e est d’abord d’installer un poste Ă  l’occasion d’un nouvel arrivant pour ensuite proposer la migration Ă  ceux qui le veulent. Cela se fera sur un temps long.
  • Messagerie instantanĂ©e : Whatsapp => Rocketchat, en cours : l’usage de Whatsapp est de moins en moins frĂ©quent, mais l’usage de Rocketchat a encore du mal Ă  prendre.
  • ConfĂ©rence audio et vidĂ©o : Zoom => Big Blue Button, terminĂ© : la bascule s’est faite assez rapidement d’autant plus que cela nous a permis d’économiser quelques dizaines d’euros par mois !
  • Carte gĂ©ographique : Google Maps => Gogocarto, en cours : la migration des donnĂ©es prend un peu de temps, mais ça ne va pas tarder
  • HĂ©bergement vidĂ©o : Youtube => PeerTube, terminĂ© : cela a Ă©tĂ© facile Ă  faire Ă  l’occasion de la refonte de notre site web.

Pour rĂ©pondre Ă  ta question sur les critĂšres majeurs c’est : rĂ©ponse au besoin, ergonomie de la solution, pĂ©rennitĂ© de l’outil.

Comment avez-vous choisi s’il y avait plusieurs alternatives ?

Beaucoup de choix se sont faits en discutant avec notre Ă©cosystĂšme (Lokavaluto, SOL, autres monnaies, autres structures du Solilab, etc.) et en observant leur usage. Nous tenons aussi compte de notre capacitĂ© Ă  avoir de la compĂ©tence interne pour accompagner les utilisateurs fonctionnellement. La pĂ©rennitĂ© de l’outil et la capacitĂ© Ă  trouver facilement des ressources techniques pour maintenir/corriger un bug compte aussi.

Planche de billets Moneko

À quoi ressemblerait la planche Ă  billet Moneko ? Source : site de Moneko

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Il nous reste l’outil de gestion des transactions de la monnaie (cyclos) : nous avons une piste avec Com’Chain, mais nous n’envisageons pas encore la migration car trop risquĂ©e. C’est le cƓur de notre activitĂ© : l’outil est encore jeune, on surveille les Ă©volutions de l’outil et ses avancĂ©es. Mais cela exigera aussi de notre part une maturitĂ© technique que nous n’avons pas encore.

Quels Ă©taient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numĂ©rique Ă©thique ?

Nous n’avons pas de ressource ou temps dĂ©diĂ©, c’est un sujet du quotidien portĂ© par la chargĂ©e de coordination et les bĂ©nĂ©voles « techniques Â». Comme cela reste un objectif prĂ©cis de l’association, les membres les plus actifs l’ont bien en tĂȘte et sont facilitateurs.

Avez-vous organisĂ© un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ?

Oui, nous essayons d’accompagner au mieux les utiliateur⋅ices, avec par exemple :

  • une formation rĂ©guliĂšre aux nouveaux usages (Odoo notament) : Ă  chaque dĂ©ploiement de nouveau module (ex. : facturation, gestion RH), nous formons les utilisateurs (+ tutoriel vidĂ©o/retranscription vidĂ©o de formations d’autres MLC mis Ă  dispo par Lokavaluto)
  • des tutoriels sous forme de diapo pour expliquer des cas d’usage

Mais on ne peut pas le faire systĂ©matiquement. Donc on compte aussi sur la dĂ©brouillardise car comme dit plus haut, on essaye de sĂ©lectionner avant tout des outils ergonomiques et qui fonctionnent bien Ă  l’instinct. Mais lorsqu’on nous remonte une difficultĂ©, on passe en mode support par tchat et mails (voir tĂ©lĂ©phone pour les urgences, mais c’est rare) L’idĂ©e est que les utiliateur⋅ices aient bien une personne d’identifiĂ©e Ă  contacter en cas de besoin.

Est-ce que votre dĂ©gafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y rĂ©agit-il ? Est-il informĂ© du fait que ça soit libre ?

Cela peut avoir un impact via l’exemple. Quand on propose un document Ă  tĂ©lĂ©charger par exemple, c’est sur nuage.moneko.org. Les utilisateurs voient que c’est du Nextcloud et non du Google Drive. On laisse les crĂ©dits des solutions qu’on utilise pour contribuer. Mais en effet, ta question m’amĂšne Ă  me demander si on ne pourrait pas faire une page dĂ©diĂ©e pour montrer nos choix et notre dĂ©marche. Je le note dans la todo ;)

Quels conseils donneriez-vous Ă  des structures comparables Ă  la vĂŽtre qui voudraient se dĂ©gafamiser elles aussi ? (erreurs Ă  ne pas commettre ? Astuces et bonnes pratiques Ă©prouvĂ©es Ă  l’usage ?)

Quelques conseils en vrac : entourez-vous de personnes en phase avec l’objectif, ne soyez pas seul, allez-y tranquillement, montrez l’exemple par vos propres usages, itĂ©rez, essaimez, montrez les bĂ©nĂ©fices, l’alignement des valeurs et ne vous dĂ©couragez pas s’il y a quelques entorses ou petits retours en arriĂšre, la route est longue mais
 [Ndr : 
 la voie est libre 🙂 ] ;)

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Avancer sur cette migration peut aider Ă  se sentir bien, cela fait partie des gestes positifs Ă  apporter Ă  notre sociĂ©tĂ©, cela aide au bien-ĂȘtre mental et Ă  lutter contre la dissonance cognitive que l’on peut avoir dans nos activitĂ©s quotidiennes/pro.

Extinction Rebellion France, mouvement de dĂ©sobĂ©issance civile, « dĂ©gafamisĂ© by design Â»

Par : Framasoft
13 mars 2024 Ă  05:22

Depuis plusieurs annĂ©es, nous publions rĂ©guliĂšrement (tant que faire se peut du moins !) des articles tĂ©moignant de la dĂ©gafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numĂ©rique plus Ă©thique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces tĂ©moignages.

Pour ce faire, nous avons lancĂ© un appel Ă  participation sur nos rĂ©seaux sociaux et quelques structures nous ont rĂ©pondu (vous pouvez continuer Ă  le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de commencer une nouvelle sĂ©rie d’articles de dĂ©gafamisation avec une association importante, Extinction Rebellion France, qui a la particularitĂ© d’avoir pensĂ© et bĂątit son infrastructure dĂšs le dĂ©part en s’émancipant des services des gĂ©ants du web. Merci Ă  ses bĂ©nĂ©voles qui nous ont livrĂ© un trĂšs gĂ©nĂ©reux tĂ©moignage, et bonne lecture !

Bonjour, pouvez-vous prĂ©senter briĂšvement Extinction Rebellion France pour le Framablog ?

Extinction Rebellion (XR) est un mouvement international de dĂ©sobĂ©issance civile en lutte contre l’effondrement Ă©cologique et le dĂ©rĂšglement climatique. DĂ©marrĂ© au Royaume-Uni en 2018, le mouvement s’est lancĂ© en France en 2019.

La branche française du mouvement est auto-organisĂ©e autour de diffĂ©rents Groupes de Support ThĂ©matique (modĂšle inspirĂ© de l’holacratie). Il existe en particulier un groupe de support chargĂ© de maintenir et de dĂ©velopper l’infrastructure numĂ©rique de XR France.

La branche française du mouvement est prĂ©sente dans une centaine de villes et regroupe plusieurs milliers de membres actif·ves. De trĂšs nombreuses actions sont rĂ©alisĂ©es par chaque groupe local chaque semaine avec quelques grandes actions. RĂ©cemment, on peut citer l’action de XR Lyon contre l’usine Arkema et ses polluants Ă©ternels. Plus anciennement, le blocage de la porte Saint Denis Ă  Paris lors en avril 2022 ou le blocage de la place du ChĂątelet en octobre 2019.

Pour suivre toutes nos actions, abonnez-vous à notre newsletter. Une prochaine action de désobéissance civile massive est prévue le 24 mai à Paris pour perturber la prochaine Assemblée Générale de Total.

Capture de la page d'accueil du site https://extinctionrebellion.fr/

Cet article a Ă©tĂ© co-rĂ©digĂ© par plusieurs membres de ce groupe de support « Infrastructure NumĂ©rique Â».

Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur de votre « dĂ©gafamisation Â» ?

DĂšs le dĂ©but, il a Ă©tĂ© constatĂ© que XR avait besoin de plusieurs outils numĂ©riques pour communiquer et s’organiser entre les pays et entre les villes d’un mĂȘme pays : espaces de forum, de discussion instantanĂ©e, sites web, partages de fichiers, envois d’emails et d’infolettres, etc.

Il n’était alors pas envisageable d’utiliser les services numĂ©riques des gĂ©ants du web pour rĂ©pondre Ă  ces besoins. En effet, XR promeut le mode d’action de la dĂ©sobĂ©issance civile non violente et donc, parfois, la rĂ©alisation d’actions illĂ©gales qui peuvent ĂȘtre poursuivies par les diffĂ©rents gouvernements des pays oĂč XR est prĂ©sent. Assurer une souverainetĂ© numĂ©rique permet d’augmenter la sĂ©curitĂ© du mouvement.

Par ailleurs, la rĂ©alisation d’actions de dĂ©sobĂ©issance civile est contraire aux conditions gĂ©nĂ©rales d’utilisation (CGU) des services des gĂ©ants du numĂ©rique. Par consĂ©quent, utiliser leurs services numĂ©riques soumet XR au risque de perdre les accĂšs et l’intĂ©gralitĂ© des donnĂ©es du jour au lendemain sans justification particuliĂšre. Il s’agit d’ailleurs de situations qui se produisent rĂ©guliĂšrement sur Facebook : les pages de certains groupes locaux et d’XR France ont Ă©tĂ© dĂ©sactivĂ©es Ă  plusieurs reprises.

Le numĂ©rique a Ă©galement un impact environnemental important. Avoir la main sur son infrastructure permet d’en attĂ©nuer les impacts, notamment en choisissant des hĂ©bergeurs engagĂ©s qui s’alimentent rĂ©ellement en Ă©nergie verte. Enfin, XR est plus globalement un mouvement qui se place en opposition aux logiques capitalistes des gĂ©ants du numĂ©rique. Sans en faire notre lutte quotidienne, XR s’associe aux mouvements de dĂ©fense des libertĂ©s numĂ©riques et serait en contradiction avec lui-mĂȘme en utilisant les services de ces multinationales.

La non-gafamisation de XR a Ă©tĂ© favorisĂ©e par deux autres facteurs : d’une part, le mouvement est parti de zĂ©ro, il n’y avait donc pas d’enjeu Ă  changer d’outil (migration de donnĂ©es ou changement d’habitudes). D’autre part, les militant·es membres de XR se crĂ©ent un pseudonyme et sĂ©parent vie privĂ©e et vie militante. Par consĂ©quent, cela paraĂźt normal aux militant·es d’utiliser des outils numĂ©riques spĂ©cifiques Ă  XR.

Dans les faits, ce choix stratĂ©gique et la mise en place d’une telle infrastructure reposent sur les efforts de quelques administateur·ices systĂšmes et dĂ©veloppeur·euses qui ont compris le danger Ă  utiliser les GAFAM et ont Ă©tĂ© en mesure de mettre en place une infrastructure auto-hĂ©bergĂ©e. Cela aurait Ă©galement Ă©tĂ© impossible sans les contributions de la communautĂ© du logiciel libre qui met Ă  disposition des logiciels performants permettant de rĂ©pondre aux besoins de mouvements tels que XR.

Pour aller plus loin, cette confĂ©rence prĂ©sente d’un point de vue technique les choix initiaux fait par les Ă©quipes internationales :

À noter que cette non gafamisation est une exception française : si l’infrastructure internationale est Ă©galement non gafamisĂ©e, de nombreux pays, Ă  l’instar du Royaume-Uni, continuent d’utiliser abondamment les services des gĂ©ants du numĂ©rique. Dans toute la suite du tĂ©moignage, le sigle XR mentionnera abusivement XR France.

Rencontrez-vous des rĂ©sistances dans l’appropriation de votre Ă©cosystĂšme numĂ©rique ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passĂ©s comme sur des roulettes ?

Étonnement, l’appropriation des outils numĂ©riques XR semble plutĂŽt bien vĂ©cue par les membres et ce choix stratĂ©gique n’est pas remis en question. Cet usage des outils numĂ©riques libres fait aujourd’hui partie intĂ©grante de XR. Par exemple, les rares fois oĂč des liens Google sont partagĂ©s sur nos outils internes (souvent des liens venant du mouvement climat), certaines personnes vont indiquer les dangers liĂ©s Ă  ces liens Google et indiquer quels outils internes utiliser Ă  la place.

Nous avons l’impression que cela tient au fait qu’un engagement dans XR n’est pas quelque chose d’anodin : cela fait partie des Ă©tapes nĂ©cessaires de se crĂ©er une adresse email dĂ©diĂ©e Ă  XR puis un compte sur notre outil de communication instantanĂ©e. Pour autant, mĂȘme si la volontĂ© est lĂ , de nombreuses personnes dĂ©cident qu’elles ne souhaitent pas se crĂ©er un nouveau compte et ne font alors que rĂ©aliser des actions. Tandis que d’autres souhaitent se crĂ©er un compte mais n’y arrivent pas : nous avons alors tentĂ© de mettre en place diffĂ©rents formats pour accompagner les nouveaux et nouvelles arrivantes : accompagnement en prĂ©sentiel lors des rĂ©unions, tutoriels vidĂ©os et Ă©crits sur notre site.

Il est aussi important de mentionner que certains groupes XR n’utilisent pas ou trĂšs peu les outils numĂ©riques XR au quotidien : iels se contentent d’utiliser une boucle Signal (voire WhatsApp ou Messenger).

Nous pouvions avoir peur des interfaces trĂšs primaires et peu ergonomiques de certains outils (par ex. Mailtrain pour les infolettres) mais il est acquis par tout le monde qu’il est hors de question de confier Ă  une compagnie privĂ©e la liste de mails de personnes qui nous font confiance. Par consĂ©quent, cet outil est plutĂŽt bien adoptĂ© (mĂȘme si chacun·e peste en l’utilisant).

Au contraire, de nombreux outils libres sont plus performants que leurs alternatives propriĂ©taires pour rĂ©pondre Ă  nos propres usages. On peut citer Mobilizon qui nous permet d’intĂ©grer les Ă©vĂ©nements sur notre site web (ce qui est compliquĂ© Ă  faire avec Facebook), Aktivisda pour gĂ©nĂ©rer des visuels aux couleurs d’XR (interface + simple que Canva) ou encore Cryptpad pour avoir des documents chiffrĂ©s et sĂ©curisĂ©s.

Parlons maintenant outils ! À quels besoins rĂ©pondez-vous par des logiciels libres ? Quels ont Ă©tĂ© les critĂšres pour les choisir ?

Tout d’abord, l’infrastructure Ă  XR est pour partie gĂ©rĂ©e au niveau international et pour partie au niveau de chaque pays. Certains outils sont installĂ©s Ă  la fois Ă  l’international et au sein de chaque pays, tandis que d’autres ne le sont qu’à l’international ou que localement.

Les infrastructures de chaque pays ont Ă©tĂ© mises en place par les Ă©quipes internationales qui ont pris le temps de former des administrateurices systĂšmes Ă  leur maintenance et aux bonnes pratiques de sĂ©curitĂ©. Une fois l’installation faite, l’infrastructure est gĂ©rĂ©e en autonomie complĂšte : les Ă©quipes internationales n’ont plus accĂšs aux serveurs.

Le choix a Ă©tĂ© fait d’utiliser des serveurs virtuels et physiques chez diffĂ©rents hĂ©bergeurs en Europe choisis pour leurs engagements.

Chez XR, chaque militant·e a besoin :

  • de communiquer de maniĂšre instantanĂ©e et sĂ©curisĂ©e en groupes avec n’importe quel·le autre membre du mouvement. Nous disposons d’une instance Mattermost gĂ©rĂ©e par l’international (plusieurs dizaines de milliers de membres) et des milliers d’équipes (globalement une par ville).
  • d’avoir un espace de dĂ©bats au temps long. On utilise un forum Discourse au niveau de XR France (il existe aussi un forum Ă  l’international mais trĂšs peu utilisĂ©). En pratique, cet outil est de moins en moins utilisĂ©.
  • de rĂ©aliser des visioconfĂ©rences pour des rĂ©unions (quelques personnes) ou des formations. Nous nous servons d’une instance Big Blue Button Ă  l’international (capable de supporter des rĂ©unions avec plusieurs centaines de personnes) et de deux instances Jitsi.
  • de crĂ©er des formulaires pour des Ă©vĂ©nements ou des actions. Nous utilisions beaucoup Framaforms et un peu Lime Survey (instance gĂ©rĂ©e Ă  l’international). De plus en plus, nous utilisons l’outil de formulaire Cryptform intĂ©grĂ© Ă  la suite Cryptpad. Dans l’objectif d’automatiser le traitement des rĂ©ponses (envoi d’emails notamment), nous avons par le passĂ© utilisĂ© un outil maison et nous sommes en train d’expĂ©rimenter Baserow.
  • de crĂ©er et rĂ©diger des document collaboratifs, pour des notes de rĂ©unions notamment. Nous utilisons beaucoup Etherpad, dĂ©sormais de plus en plus Cryptpad. Certain·es utilisent Ă©galement Collabora sur notre instance Nextcloud.
  • de stocker et de partager des documents : on dispose d’une instance PeerTube pour les vidĂ©os et de deux instances Nextcloud pour le reste.
  • de lire ou crĂ©er des procĂ©dures ou tutoriels  : on dispose d’une instance Bookstackapp pour le wiki. L’authentification Ă  cet outil est rĂ©alisĂ©e via Mattermost.

En plus de cela, au niveau d’un groupe (local, thĂ©matique, affinitaire), il y a besoin :

  • de disposer d’une adresse email pour ĂȘtre contacté·e. On a un serveur de mails rĂ©servĂ© aux groupes locaux avec le client web Roundcube.
  • d’avoir un espace rĂ©servĂ© sur le site internet et d’y publier des articles. Notre site internet est un site statique sous Jekyll sur lequel on a ajoutĂ© DecapCMS (ex Netlify CMS) ;
  • de pouvoir publier des Ă©vĂ©nements au nom du groupe et de les relayer dans le mouvement. On dispose d’une instance Mobilizon privĂ©e (les inscriptions ne sont pas possibles). Les Ă©vĂ©nements apparaissent sur extinctionrebellion.fr suivant les tags de l’évĂ©nement. Par exemple, les Ă©vĂ©nements avec le tag « RĂ©union accueil Â» apparaissent directement dans une section « Nos prochaines rĂ©unions d’accueil Â» sur la page « Rejoignez-nous Â».
  • de crĂ©er affiches et des visuels aux couleurs d’XR pour annoncer les diffĂ©rents Ă©vĂ©nĂ©ments, rĂ©unions et formation. Le mouvement utilise Aktivisda.
  • d’envoyer des emails aux sympathisant·es ou aux inscrit·es Ă  une action. Pour cela, on a installĂ© une instance Mailtrain.
  • de communiquer sur des rĂ©seaux sociaux libres. On dispose de notre propre instance Mastodon rĂ©servĂ©e aux groupes XR, gĂ©rĂ©e par les Ă©quipes internationales.

capture de la page d'accueil de l'instance Aktivisda de XR

Enfin, voici quelques autres usages avancĂ©s dont on peut avoir besoin :

  • d’hĂ©berger du code pour les sites web ou outils maison : instance Gitlab.
  • de raccourcir des liens : outil maison dĂ©veloppĂ© et gĂ©rĂ© par les Ă©quipes internationales.
  • d’avoir une idĂ©e du nombre de visites sur les diffĂ©rents sites web du mouvement : on dispose d’une instance Matomo gĂ©rĂ©e par les Ă©quipes internationales.
  • de serveurs qui tournent tous sous Linux.

Il y a aussi eu des faux dĂ©parts avec des outils qui n’ont pas trouvĂ© leur usage au sein de XR. C’est par exemple le cas de Loomio qui a Ă©tĂ© installĂ© mais finalement peu utilisĂ© ou bien de la mise en place d’une instance Decidim. Pour ces cas, nous ne nous sommes pas acharnĂ©s et avons arrĂȘtĂ© ces services.

Est-ce qu’il reste des besoins pour lesquels vous n’avez pas encore pu trouver une solution libre et pourquoi ?

Oui, il reste plusieurs besoins pour lequels nous ne disposons pas de solutions libres et auto-hĂ©bergĂ©es. Pour certains de ces besoins, nous utilisons des services de confiance et en sommes satisfait·es :

  • emails pour les militant·es : essentiellement utilisation de ProtonMail ;
  • communication instantanĂ©e et sĂ©curisĂ©e entre rebelles avec messages Ă©phĂšmĂšres (en complĂ©ment et en backup de Mattermost) : Signal mais aussi Session, Wire (et autres applications similaires) ;
  • formulaires  : utilisation de Framaforms ;
  • gestion des comptes des groupes locaux via Open Collective (et des cagnottes Hello Asso).

Pour d’autres besoins nous restons actuellement bloquĂ©s :

  • RĂ©seaux sociaux : On reste chez les GAFAM car c’est essentiel pour notre audience. Mais on laisse ouverte la possibilitĂ© de nous suivre sur Mastodon, PeerTube et Mobilizon. L’idĂ©e est que, idĂ©alement, quelqu’un qui ne souhaite pas utiliser les GAFAM puisse toujours nous trouver sur une alternative libre (mais cela demande un peu plus de travail et tous les Groupes locaux n’ont pas ces ressources).
  • Pour trouver des crĂ©neaux de rĂ©union, on passe encore trop souvent par when2meet (propriĂ©taire et contenant des trackers Google) plutĂŽt que framadate. Peut-ĂȘtre parce que ce premier service est plus intuitif, visuel et trĂšs rapide Ă  crĂ©er et complĂ©ter : on peut facilement indiquer des disponiblitĂ©s sur plusieurs jours.
  • On utilise toujours un peu Glassfrog pour l’auto-organisation du mouvement, mais on a commencĂ© Ă  regarder pour utiliser Fractale. Seulement l’outil n’a pas Ă©tĂ© beaucoup utilisĂ© (nĂ©anmoins, Glassfrog est aussi trĂšs peu utilisĂ©).

Et si les usages Ă  XR sont globalement sains, le partage de vidĂ©os sur Mattermost se fait beaucoup avec pour source YouTube, parfois avec PeerTube si la vidĂ©o est aussi disponible dessus. Ça serait intĂ©ressant de banaliser le partage de vidĂ©os par invidious pour celles qui ne sont que sur YouTube. Les intĂ©rĂȘts de ces derniers services mĂ©riteraient d’ĂȘtre mieux expliquĂ©s au mouvement.

Quels Ă©taient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numĂ©rique Ă©thique ?

XR France a la particularitĂ© d’ĂȘtre un mouvement 100 % bĂ©nĂ©vole sans la moindre structure salariĂ©e. C’est la mĂȘme chose au niveau du numĂ©rique. En pratique l’infrastructure en France repose sur une Ă©quipe d’administrateurices systĂšmes Ă©paulĂ©s par quelques chef·fes de projet, en charge d’accompagner les diffĂ©rents projets numĂ©riques dans le mouvement. XR France mutualise ces diffĂ©rents services sur peu de serveurs en vue de limiter les coĂ»ts.

Pour la rĂ©daction de cet article, nous nous sommes interrogĂ©s sur le temps passĂ© Ă  l’administration des services. Cela reprĂ©sente entre 1 Ă  10h par semaine d’administration systĂšme (sur les serveurs). Ceci sans compter l’accompagnement des diffĂ©rent⋅es usager·es, la gestion de projets tech ou le dĂ©veloppement informatique (qui sont rĂ©alisĂ©s par des personnes diffĂ©rentes). C’est donc Ă  la fois un effort important, mais Ă©galement assez limitĂ© au vu de l’ampleur du mouvement XR France (plusieurs milliers de membres actifs dans une centaine de villes). Cela ne compte pas non plus l’administration systĂšme sur les outils internationaux (Mattermost notamment). Au niveau international, quelques administrateurices sont salarié·es du mouvement.

Avez-vous organisĂ© un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle maniĂšre ?

Nous n’avons pas mis en place un accompagnement exhaustif, mais plusieurs guides de prĂ©sentation des outils et des tutos vidĂ©os ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s (par exemple cette vidĂ©o sur l’usage de Mattermost). C’est difficile car il faut prendre en compte la variĂ©tĂ© des utilisateurices (IngĂ©nieur informatique Bac+5 vs RetraitĂ©â‹…e de plus de 60 ans).

Nous dispensons Ă©galement des formations en physique ou en ligne sur l’hygiĂšne numĂ©rique et la sĂ©curisation de nos pratiques numĂ©riques (c’est trĂšs variable suivant les groupes locaux). Certaines de ces formations sont co-organisĂ©es avec Attac et Alternatiba, et ouvertes aux militant·es hors XR.

Cela serait intĂ©ressant d’aller un peu plus loin. Une des pistes, ce serait de rentrer en contact avec des hackerspaces et des structures membres du collectif CHATONS pour demander Ă©ventuellement des formations en sĂ©curitĂ© numĂ©rique vie militante et/ou plus gĂ©nĂ©ralement sur la protection de la vie privĂ©e.

Est-ce que votre non-gafamisation a un impact direct sur la vie des militant·es ou les autres organisations ?

Sans aucun doute que ce choix politique du libre a un impact direct sur la vie des militant·es. Cela contribue Ă  dĂ©mystifier la dĂ©gafamisation en montrant que c’est possible de faire sans, et que ça marche ! Il s’agit d’une porte d’entrĂ©e au monde du libre. Mais nous ne sommes pas en mesure de quantifier le nombre de militant·es pour lesquel⋅les cela a introduit des changements dans leur vie hors XR.

Au niveau des autres organisations avec lesquelles on Ă©change, notre non-gafamisation infuse un peu, mais trĂšs lĂ©gĂšrement. Google, Zoom ou encore Airtable ont une place trĂšs importante dans de nombreux mouvements sociaux et climatiques en France. L’objectif de cet article sur le Framablog est de dĂ©montrer aux autres organisations que oui, c’est possible de ne pas se gafamiser et qu’on ne s’en porte que mieux.

Quels conseils donneriez-vous Ă  des structures comparables Ă  la vĂŽtre qui voudraient se dĂ©gafamiser aussi ?

Transitionner vers des logiciels libres (et auto-hĂ©bergĂ©s), c’est dĂ©cider de consacrer du temps et des compĂ©tences pour installer et maintenir des services. Si on accepte d’avoir une qualitĂ© de service un peu moindre que les services commerciaux (service non redĂ©marrĂ© immĂ©diatement par exemple), alors le temps nĂ©cessaire Ă  leur mise en place n’est pas si important (quelques heures par semaine au plus). Pour des toutes petites structures ou des structures Ă©loignĂ©es du numĂ©rique, nous recommandons de prendre contact avec des associations spĂ©cialisĂ©es (telles que les chatons) et d’utiliser leurs services. Il est Ă©galement possible de faire un appel Ă  sa communautĂ© : il y a probablement des dĂ©fenseur·es des libertĂ©s numĂ©riques qui sauront vous mettre en relation avec les bonnes personnes localement.

Il faut aussi voir le logiciel libre comme la possibilitĂ© d’avoir un outil adaptĂ© Ă  son propre besoin pour un coĂ»t rĂ©duit en mutualisant les dĂ©veloppements avec d’autres structures qui auraient les mĂȘmes besoins : une cinquantaine de petites structures peuvent se mettre ensemble pour financer des amĂ©liorations dans Nextcloud par exemple. [NDR : c’est justement une pratique que l’on souhaite valoriser au sein de la communautĂ© Emancip’Asso.]

Et d’une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, il ne faut pas chercher un logiciel libre comme une alternative Ă  un logiciel propriĂ©taire, mais plutĂŽt chercher un logiciel libre pour rĂ©pondre Ă  un besoin. Google Doc sera toujours meilleur que Cryptpad si on prend Google doc comme rĂ©fĂ©rence. Pour autant, il est possible que Cryptpad rĂ©ponde mieux Ă  vos besoins que ne le fait Google Doc (Ă©dition sans avoir besoin de se crĂ©er un compte par exemple).

Les logiciels libres sont Ă©galement meilleurs sur les questions d’interopĂ©rabilitĂ© des services. On pense alors en Ă©cosystĂšme numĂ©rique davantage qu’en termes d’outils. Par exemple, ce n’est pas Mobilizon qui est mieux que Facebook pour publier des Ă©vĂ©nements, mais c’est surtout la symbiose Mobilizon + site web XR France qui est intĂ©ressante pour XR.

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Utiliser les GAFAM ou des logiciels propriĂ©taires dans nos luttes, c’est se dĂ©possĂ©der de nos outils de lutte. Être soumis Ă  des outils qui ne visent pas le succĂšs de nos luttes, mais leur rentabilitĂ©. Au contraire, utiliser le logiciel libre contribue Ă  se rĂ©approprier nos outils de lutte et, de fait, Ă  la renforcer.

Chaque usage d’un service d’un gĂ©ant du numĂ©rique doit donc ĂȘtre questionnĂ© et remplacĂ©, ou mieux, arrĂȘtĂ©. Voulons-nous vraiment des bases de donnĂ©es ultra-complĂštes sur les militant·es de nos mouvements ? Avons-nous besoin de faire des visioconfĂ©rences quand on peut se retrouver dans un cafĂ© ? Il est primordial d’accompagner sa dĂ©gafamisation d’une remise en cause plus large de sa dĂ©pendance au numĂ©rique.

visuel valorisant XR France dans le cadre de la campagne de communication Emancip'Asso

700 assos ont dĂ©jĂ  le nez dans les nuages (libres) : bilan d’un an de Framaspace

Par : Framasoft
22 novembre 2023 Ă  02:41

Ce long article vise à faire le bilan du projet Framaspace (cloud associatif basé sur Nextcloud), tout juste un an aprÚs son annonce.

🩆 VS 😈 : Reprenons du terrain aux gĂ©ants du web !

GrĂące Ă  vos dons (dĂ©fiscalisables Ă  66 %), l’association Framasoft agit pour faire avancer le web Ă©thique et convivial. Retrouvez un rĂ©sumĂ© de nos avancĂ©es en 2023 sur le site Soutenir Framasoft.

âžĄïž Lire la sĂ©rie d’articles de cette campagne (nov. – dĂ©c. 2023)

 

Il Ă©tait une fois Frama.space

Souvenez-vous, il y a un an, nous annoncions l’un des projets les plus ambitieux de Framasoft : Frama.space

Pour celles et ceux qui n’étaient pas lĂ , oĂč qui ne s’en souviendraient pas, l’envie de mettre en Ɠuvre Frama.space partait d’un triple constat.

Le premier, c’est que c’est la merde. Politiquement, socialement, gĂ©opolitiquement, Ă©cologiquement, etc. Vous pouvez Ă©videmment penser le contraire, mais nous, nous trouvons que le monde ne tourne pas trĂšs rond


Le second constat, c’est que la sociĂ©tĂ© civile, qu’on caricaturera ici aux associations et syndicats est attaquĂ©e de toutes parts. La pression Ă  dĂ©politiser les associations, la rĂ©duction du financement de ces derniĂšres en faveur « d’entreprises Ă  impact Â» ou de la startup nation, les attaques contre les libertĂ©s associatives
 Tout cela Ă©puise la capacitĂ© du troisiĂšme secteur Ă  rĂ©pondre aux besoins auxquels le marchĂ© ne rĂ©pond pas. Il devient de plus en plus difficile d’équilibrer un contrat social mis Ă  mal par les entreprises comme par l’État.

MĂšme sur la position difficile de nombre d'associations, coincĂ©es entre le dilemme "Se vendre aux entreprises" ou "Se prosterner devant l'État".

Enfin, plus proche de Framasoft, le numĂ©rique est devenu un outil d’organisation des personnes, mais aussi de passage Ă  l’action. Cependant, ce constat plutĂŽt positif est contrebalancĂ© par deux observations plus nĂ©gatives. D’une part le numĂ©rique est un outil de surveillance et d’aliĂ©nation. Et d’autre part, les associations sont Ă  la traĂźne cĂŽtĂ© usages comme cĂŽtĂ© cohĂ©rence. Ainsi, des associations Ɠuvrant pour une transition Ă©cologique vont utiliser les outils et services des GAFAM, qui participent largement au problĂšme que ces associations essaient de rĂ©soudre.

Frama.space : du (Next)cloud pour les assos

Il y a un an, nous annoncions donc un nouveau service Framasoft : Frama.space

Sa mission ? Outiller la « sociĂ©tĂ© de contribution Â». FormulĂ© autrement : Ă©quiper numĂ©riquement les associations et collectifs « hors marchĂ© Â». Qu’il s’agisse de l’AMAP de Trifouilly-les-Oies, du cafĂ© associatif de Bernache-sur-Yvette, ou du collectif de thĂ©Ăątre queer de Cygne-lĂšs-Lavaur.

Car nous pensons que ces associations et collectifs ont besoin (et mĂȘme envie) de retrouver de la cohĂ©rence entre leurs valeurs, leurs actions, et leurs outils. Être une association qui milite pour, par exemple, le « zĂ©ro dĂ©chet Â» et qui utiliserait, par exemple toujours, les outils de Google ou Microsoft, nous paraĂźt en effet contradictoire.

Attention cependant : il ne s’agit pas d’un jugement de valeur de notre part. Nous comprenons parfaitement que des contradictions, ou des objections lĂ©gitimes puissent exister (on peut parfaitement ĂȘtre prĂ©occupĂ© par le sort de la planĂšte, et prendre une voiture pour amener ses enfants Ă  une activitĂ© sportive hebdomadaire situĂ©e Ă  20km).

Cependant, il nous paraissait important que ces structures aient le choix de pouvoir avoir accéder facilement à des outils qui ne reposent pas sur les mécanismes du capitalisme de surveillance.

Interface d'un Framaspace (application "Fichiers")

Interface d’un Framaspace (application « Fichiers Â»)

Nextcloud : une solution imparfaite (mais une solution tout de mĂȘme)

Framaspace embarque les suites bureautiques en ligne collaboratives Collabora Online et OnlyOffice. Ici, une capture Ă©cran de l'Ă©dition d'un fichier de type Tableur, directement dans le navigateur.

Framaspace embarque les suites bureautiques en ligne collaboratives Collabora Online et OnlyOffice. Ici, une capture Ă©cran de l’édition d’un fichier de type tableur, directement dans le navigateur.

 

Le logiciel est trĂšs perfectible (cĂŽtĂ© UX, cĂŽtĂ© dette technique, cĂŽtĂ© performances, etc.), mais
 c’est le meilleur cheval de l’écurie malgrĂ© tout.

Par ailleurs, sa communautĂ© est large (plus de 60 millions d’utilisateur⋅ices dans le monde) et plutĂŽt active, ce qui donne des espoirs pour l’avenir.

Nous avons donc dĂ©cidĂ© de baser notre offre Framaspace sur ce logiciel, en proposant une offre techniquement ambitieuse, capable Ă  terme d’accueillir jusqu’à 10 000 espaces Framaspace (et donc autant d’instances du logiciel Nextcloud). Pour cela, nous avons montĂ© une infrastructure technique consĂ©quente, et dĂ©veloppĂ© des outils logiciels « maison Â» (libres, Ă©videmment) permettant de valider les demandes d’inscription et de dĂ©ployer automatiquement de nouveaux espaces trĂšs rapidement, en quelques clics.

Interface de CHARON, logiciel qui nous permet de gérer les candidatures Framaspace

Interface commentée de CHARON, logiciel développé par Framasoft, qui nous permet de gérer les candidatures Framaspace.

 

Mais assez de rappels au passĂ© : si vous souhaitez en savoir plus sur les ambitions derriĂšre Framaspace, vous avez la possibilitĂ© de regarder deux vidĂ©os :

On fait l’bilan, calmement

Frama.space devient Framaspace.org

DĂ©jĂ , nous avons dĂ» changer le nom, car l’extension « .space Â» augmentait la probabilitĂ© des emails contenant des adresses en « frama.space Â» d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme des spams. La faute, Ă©videmment, aux gĂ©ants du mail, mais nous ne pouvions pas accepter une solution qui nuirait Ă  l’usage normal de la plateforme. Nous avons donc fait le choix d’utiliser un nom de domaine et une extension plus classique, mais plus longue : framaspace.org.

La transition est en cours et se fera par Ă©tapes, car il n’y a pas d’urgence sur le sujet.

Par ailleurs, nous annoncions poursuivre quatre objectifs :

  1. Faciliter l’accùs à Nextcloud/Framaspace
  2. Rendre plus visible Nextcloud/Framaspace
  3. Aider à faire émerger une communauté Nextcloud/Framaspace francophone
  4. Utiliser Nextcloud/Framaspace comme outil d’empuissantement

Ce premier anniversaire est donc le bon moment pour faire un point sur chacun de ces objectifs.

Bilan « fonctionnel Â» : ça marche, ou pas ?

Oui !

A l’heure oĂč vous lirez ces lignes, plus de 700 espaces sont actifs. Cela signifie donc que Framasoft outille 700 associations et collectifs. Et les retours sont globalement positifs !

Nous avons pu faire des opĂ©rations complexes sans trop de difficultĂ©s. Par exemple, nous avons fait des mises-Ă -jour majeures de Nextcloud (de la version 25 Ă  la version 26) avec un temps d’indisponibilitĂ© trĂšs limitĂ© (moins de 2mn par espace).

CĂŽtĂ© infrastructure technique : il y a parfois des nids de poule, mais l’infra tient la route !

Ainsi, fin 2022, nous nous sommes aperçu qu’il y avait un souci du cĂŽtĂ© de notre systĂšme de gestion des suites bureautiques. Les vacances de fin d’annĂ©es Ă©tant proches, et Ă©tant suivies de prĂšs par une prĂ©paration intense de l’A.G. de Framasoft, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© suspendre les inscriptions, et prendre le temps nĂ©cessaire pour dĂ©velopper une solution pĂ©renne. Nous avons rouvert les inscriptions en mars 2023. Donc, si vous aviez ratĂ© l’info : il est parfaitement possible de candidater pour votre association ou collectif sur https://framaspace.org !

Le fait que ça soit Framasoft qui gĂšre les aspects techniques peut avoir certains inconvĂ©nients (nous limitons le nombre de comptes, d’espace disque, ou de plugins Nextcloud que vous pouvez utiliser). Mais cette infogĂ©rance facilite Ă©normĂ©ment la vie des utilisateur⋅ices (qui, pour la plupart, auraient bien du mal Ă  maintenir dans le temps une instance du logiciel Nextcloud qu’iels auraient installĂ© « manuellement Â»).

En un an, nous sommes passés de 0 à plus de 700 espaces gérés par Framasoft. Nous estimons donc ce bilan fonctionnel comme plus que satisfaisant.

Illustration de DemonDrive, un monstre fantomatique orné du logo de Google Workspace

Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Demon Drive – Illustration CC-By David Revoy

Bilan « notoriĂ©tĂ© Â»

Un des objectifs de Framaspace est aussi de faire connaütre Nextcloud, et l’offre Framaspace (ou celles proches ailleurs, notamment chez les CHATONS).

Pour cela, en 2023, nous avons :

Sur un bulletin scolaire, nous pourrions Ă©crire : « Pas mal, mais peut mieux faire Â».

Bilan « communautĂ© Â»

Cela concerne notre volontĂ© de construire, Ă  long terme, une communautĂ© d’utilisateur⋅ices francophones de Nextcloud.

Dans ce cadre, nous avons :

Le bilan de cette partie lĂ  est un dĂ©marrage plutĂŽt poussif, mais c’est assez logique car, pour diffĂ©rentes raisons, nous n’avons pas pu consacrer autant de temps de travail en 2023 Ă  cette partie du projet que nous l’aurions souhaitĂ©.

Bilan « empuissantement Â»

Cette partie du projet est prĂ©vue pour 2025. Il n’était pas prĂ©vu de travailler dessus en 2023. Et donc, il est logique que nous n’ayons pas avancĂ© dessus.

Slide "empuissanter" rappelant une partie des objectifs de Framaspace.

Statistiques du projet

Afin d’objectiver encore un peu plus ce bilan de la premiĂšre annĂ©e, voici quelques donnĂ©es chiffrĂ©es. Si elles ne vous intĂ©ressent pas, vous pouvez dĂ©jĂ  sauter Ă  la partie « Bilan du bilan Â» :-)

Typologie des structures

RĂ©partition par type de structures

RĂ©partition des espaces par types de structures

RĂ©partition des espaces par types de structures

 

Description :

  • 72 % d’associations loi 1901 ;
  • 22 % de collectifs informels ;
  • 5 % de syndicats ;
  • 1 % d’associations loi 1907 (associations mixtes/cultuelles).

RĂ©partition par secteurs d’activitĂ©s

RĂ©partition des espaces, par secteurs d’activitĂ©s

Description (NB : les structures pouvaient choisir plusieurs thĂ©matiques) :

  • un premier « bloc Â» avec plus de 250 structures se revendiquant des secteurs ou thĂ©matiques suivantes : Education/Formation, Environnement, Culture, Social ;
  • un second « bloc Â» avec plus de 100 structures se revendiquant des secteurs ou thĂ©matiques suivantes : Amicale / Entraide, Loisirs, DĂ©fense des droits fondamentaux, ActivitĂ©s politiques, Économie ;
  • un dernier « bloc Â» avec moins de 100 structures se revendiquant des secteurs ou thĂ©matiques suivantes : Sport, SantĂ©, Recherche, Justice, ActivitĂ©s spirituelles ou philosophiques, Tourisme.

Répartition par année de création de la structure

Répartition des espaces par année de création

Description : 50 % des 700 espaces correspondent Ă  des structures dont l’annĂ©e de crĂ©ation date de 2017 ou plus. MĂȘme si une dizaine de structures existaient avant 1950, on peut en dĂ©duire que, globalement, le public de Framaspace reprĂ©sente plutĂŽt des structures rĂ©centes.

Répartition par nombre de salarié⋅es

Répartition des espaces par nombre d'employé⋅es

Description et commentaire : 500 des espaces (71 % du total) sont des structures sans salariĂ©â‹…es. Il existe quelques structures avec plus de 20 salariĂ©â‹…es, cependant, il s’agit souvent « d’anomalies Â» (par exemple l’espace est crĂ©Ă© pour un groupe syndical local, qui indique le nombre de salariĂ©â‹…es du syndicat national).

RĂ©partition par nombre de membres

RĂ©partition des espaces par nombre de membres.Description : la moitiĂ© des espaces reprĂ©sentent des structures de moins de 30 personnes. 75 % dĂ©clarent compter 100 membres ou moins.

Répartition par nombre de bénéficiaires

Répartition des espaces par nombre de bénéficiaires.

Description : la moitiĂ© des espaces reprĂ©sentent des structures dĂ©clarant toucher 100 personnes ou plus. Il existe quelques structures dĂ©clarant toucher plus de 25 000 personnes, cependant, il s’agit souvent « d’anomalies Â» (par exemple l’espace est crĂ©Ă© pour un groupe syndical local, qui indique le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires du syndicat national).

RĂ©partition par budget annuel

RĂ©partition des espaces par budget annuel

Description : 150 structures n’ont pas souhaitĂ© rĂ©pondre Ă  la question. Sur les 550 restantes, la moitiĂ© dĂ©clarent avoir un budget annuel infĂ©rieur Ă  4 000€ par an (une centaine de structures dĂ©clarent mĂȘme avoir un budget de 0€). 25 % environ des structures dĂ©clarent avoir un budget entre 4 000 et 50 000€ (qu’on peut corrĂ©ler avec les structures ayant au moins un⋅e salariĂ©â‹…e). Quelques rares structures dĂ©clarent avoir un budget supĂ©rieur Ă  50 000€/an, mais il s’agit lĂ  encore pour la plupart « d’anomalies statistiques Â».

Exemples de structures

NB : ces associations se sont prĂ©sentĂ©es publiquement sur le forum Framaspace, nous n’avons donc pas de cas de conscience Ă  rendre public leurs identitĂ© ou objet.

Par exemple :

« Bonjour. Nous sommes l’association Les petits pois sont verts Ă  Clamart. Notre raison d’ĂȘtre est d’imaginer et construire un mode de vie solidaire et respectueux de l’environnement en :

  • reliant les Clamartois partageant les mĂȘmes motivations,
  • encourageant une dynamique locale,
  • portant des projets,
  • collectant et diffusant des informations

Nous avons quelques annĂ©es d’existence seulement et prĂŽnons l’usage du numĂ©rique libre et sobre.

Nous utilisons les outils Framasoft suivants : Framapad, Framadate, et Frama.space depuis peu. Â»

Ou encore :

« L’association des Cavaliers Au Long Cours (CALC) est une association francophone regroupant des adhĂ©rents, environ 200, du monde entier (notre adhĂ©rent le plus lointain est au Kirghistan !) mais ils sont principalement basĂ©s dans les pays d’Europe de l’Ouest. Notre objectif est le dĂ©veloppement du voyage au long cours avec un animal (cheval, Ăąne, mulet, etc.) montĂ© et/ou bĂątĂ©. Nous aidons aussi les prĂ©tendants au voyage dans leur organisation et apportons une aide aux voyageurs en difficultĂ©. Â»

Autres exemples :

  • Plan B – asso d’éduc pop bretonne (Rennes)
  • AMAP de St Vallier de Thiey (Alpes Maritimes)
  • La Gonette – Monnaie locale citoyenne (Lyon)
  • Les amis du Portique – Revue de philo et sciences humaines
  • Les Pieds Ă  Terre – Ă©duc pop Ă  l’environnement (Haute-Loire)
  • Planning familial de l’Aude
  • 


Usage des structures

Suites bureautiques utilisées

RĂ©partition des Framaspaces entre Collabora Online et OnlyOffice

RĂ©partition des Framaspaces entre Collabora Online et OnlyOffice

 

NB : la surreprĂ©sentation de Collabora Online est due au fait qu’il s’agit de la suite bureautique proposĂ©e par dĂ©faut. L’admininstrateur⋅ice de l’instance peut basculer si c’est son choix vers OnlyOffice, mais trĂšs peu le font.

Statistiques d’usage
  • Nombre d’espaces
    • actifs : 700
    • refusĂ©s : 14
    • dĂ©sactivĂ©s (par leurs administrateur⋅ices) : 10
  • Comptes (admins + users) : 3 356
    • Moyenne : 4,8 comptes ; mĂ©diane : 2 comptes
  • Fichiers utilisateurs hĂ©bergĂ©s : 760 939 pour 860 Go (hors rĂ©visions et hors corbeille)
    • 131 Go en corbeille
    • 99 % des espaces ont crĂ©Ă© au moins un fichier
  • Connexion :
    • 198 espaces ont eu une connexion dans les 3 derniers jours
    • 390 espaces ont eu une connexion dans les 15 derniers jours

Nombre de comptes

RĂ©partition des espaces par nombre de comptes

Description : prĂšs de 300 espaces n’ont qu’un seul compte (nĂ©cessairement le compte « admin Â»). Cela signifie que 40 % des espaces n’ont pas d’usage collaboratif avec d’autres utilisateur⋅ices. Cependant, nous avons constatĂ© des usages oĂč l’admin de l’espace avait malgrĂ© tout des usages collaboratifs avec d’autres personnes de son asso (par exemple par l’utilisation de dossiers partagĂ©s, avec ou sans mots de passe). Cela signifie – quand mĂȘme – que 60 % des espaces comptent plusieurs utilisateur⋅ices. 42 % ont mĂȘme 5 utilisateur⋅ices ou plus.

Espace disque utilisé

Répartition des espaces par espace disque occupé.

Description : quasiment tous les espaces ont utilisĂ© leur espace de fichiers (seuls 2 % n’ont jamais crĂ©Ă© de fichier). Il est intĂ©ressant de noter que moins de 20 % des espaces utilisent plus de 1 Go (sur un maximum de 40 Go par espace).

Nombre de fichiers

RĂ©partition des espaces par nombre de fichiers.

Description : 50 % des espaces comptent plus de 250 fichiers utilisateur⋅ices. Ce qui est plutĂŽt une bonne « surprise Â» Ă  notre avis : cela signifie que Framaspace est bien utile (soit au stockage, soit au partage de fichiers).

Bilan financier

DĂ©penses

Actuellement, l’infrastructure technique (les serveurs informatiques) de Framaspace nous coĂ»te environ 1 200€ par mois (soit environ 15 000€ par an) Le coĂ»t du travail, estimĂ© par le trĂšs peu prĂ©cis Institut LaLouche, est d’environ 20 000€ d’investissement en amont du lancement du projet. Depuis le lancement, toujours Ă  la grosse louche, nous pouvons compter environ 2000€ par mois (3 salariĂ©s impliquĂ©, Ă  temps trĂšs trĂšs partiels sur ce projet). On peut donc dire, grossiĂšrement, que Framaspace a coĂ»tĂ© environ 60 000€ Ă  Framasoft.

Recettes

CĂŽtĂ© recettes, c’est un peu plus complexe.

Framaspace est un projet rĂ©servĂ© aux petites associations et collectifs solidaires, volontairement gratuit. Nous souhaitons que le prix ne soit pas un frein Ă  l’accĂšs. Et nous ne souhaitons pas fixer de « prix libre Â», car qui dit prix, dit service vendu, dit prestation, dit facture, dit obligations (contractuelles, comptables et fiscales). Nous faisons le choix volontaire et assumĂ© du don sans contrepartie financiĂšre attendue (ce qui n’empĂȘche pas qu’elle soit espĂ©rĂ©e 😉 ).

Il est probable que certain⋅es membres des associations que nous hĂ©bergeons aient fait un don Ă  Framasoft. Cependant, nous ne voulons pas flĂ©cher les dons sur les projets Framasoft. Car comptablement, un don flĂ©chĂ© sur un projet doit entrer dans un fond dĂ©diĂ© qui doit servir Ă  ce projet. Or nous souhaitons qu’un don Ă  Framasoft puisse aussi financer des projets « Ă  perte Â», ce qui est exactement le cas de Framaspace cette premiĂšre annĂ©e.

Par volontĂ© de simplification, on peut donc dire que les recettes sont de
 0€ ! đŸ˜±

Coût par espace

À partir de donnĂ©es prĂ©cĂ©dentes, on peut donc dĂ©duire que le coĂ»t d’un espace (Ă  ce jour) est de 86€ annuel (soit 7€ par mois. Dont 1,8€/mois de coĂ»t d’infrastructure).

Mais le coĂ»t de l’infrastructure ne devrait pas trop bouger, et le coĂ»t du travail lĂ©gĂšrement augmenter, en 2024, alors que le nombre d’espaces pourrait, lui, tripler ou quadrupler. Si on part sur une hypothĂšse d’un coĂ»t total de 60 000€ (pour 2023) + 15 000€ pour les serveurs en 2024 + 36 000€ de coĂ»t du travail. On arrive Ă  un total de 111 000€ fin 2024. Avec une hypothĂšse de 2 500 espaces actifs fin 2024, cela porterait le coĂ»t total Ă  45€ par espace et par an (soit 3,7€ par mois, dont 1€/mois de coĂ»t d’infrastructure). CoĂ»t qui pourrait encore baisser en 2025.

C’est un coĂ»t important, et rares sont les associations qui peuvent se permettre ce genre de projet qui ne vise pas un objectif de rentabilitĂ© ou mĂȘme d’équilibre.

Cependant, nous pensons que la portée politique de ce projet implique que nous prenions ce risque. Nous espérons (par expérience plus que par naïveté) que les associations qui le pourront soutiendront financiÚrement Framasoft (et donc indirectement Framaspace).

Bilan du bilan

Les nouvelles sont plutĂŽt bonnes !

MÚme Framaspace reprenant la célÚbre phrase du biologiste Richard Dawkins, au sujet de la science, affirmant "It works, Bitches".

MĂšme Framaspace reprenant la cĂ©lĂšbre phrase du biologiste Richard Dawkins, au sujet de la science, affirmant « It works, Bitches Â». (contexte ; vidĂ©o PeerTube)

 

D’abord, Framaspace fonctionne :)
GĂ©rer 700 instances Nextcloud, c’est pas mal en un an, non ? D’autant que l’infogĂ©rance se passe plutĂŽt bien (pour le moment !)

Ensuite, nous avons rĂ©ussi Ă  cibler le public que nous souhaitions toucher : des associations (dĂ©clarĂ©es ou de fait) plutĂŽt petites, avec des petits budgets. La plupart sont orientĂ©es vers l’éducation, l’environnement, le social ou le culturel. Ce qui n’est pas Ă©tonnant quand on connaĂźt le public de Framasoft.

Enfin, Framaspace est utilisĂ©. Les connexions sont rĂ©guliĂšres sur plus de la moitiĂ© des espaces. Et les personnes manipulent pas mal de fichiers (plutĂŽt de petits fichiers, ce qui explique que rares sont les espaces qui utilisent plus d’un Go sur les 40Go max octroyĂ©s).

Nous considĂ©rons que nos objectifs 2023, en termes d’actions, sont plus que correctement remplis 🎉 On peut mĂȘme dire que c’est une rĂ©ussite au vu des moyens que nous avons dĂ©ployĂ©s.

Le fait de proposer des espaces « verrouillĂ©s Â» (par exemple vous ne pouvez pas installer les plugins Nextcloud de votre choix sur Framaspace, et seules les petites associations ou collectifs peuvent ouvrir un Framaspace) a eu l’effet de frustration escomptĂ©. En effet, nous avons rĂ©guliĂšrement renvoyĂ© les personnes frustrĂ©es par ces limitations vers des structures amies, comme Zaclys, IndieHosters, Cloud Girofle, Paquerette, Arawa, etc. C’est la dĂ©monstration que nous ne prenons pas une « part du gĂąteau Â», mais bien que nous participons Ă  agrandir la taille de ce dernier.

Dessin de Li, la licrone mascotte de Framaspace. Elle s'apprete Ă  lancer des bulles magiques.

Cliquez sur Li, la licorne-mascotte de Framaspace, pour soutenir Framasoft. – Illustration CC-By David Revoy

Framaspace en 2024 (et 2025)

Comme vous avez pu le lire dans notre « bilan du bilan Â», Framaspace rĂ©pond Ă  un besoin, et Framasoft estime que la rĂ©ponse apportĂ©e est plutĂŽt bonne. C’est Ă©videmment loin d’ĂȘtre parfait, mais pour une petite asso qui voudrait se dĂ©googliser et mettre en cohĂ©rence ses valeurs et ses outils numĂ©riques, l’offre Framaspace peut convenir.

Cependant, nous ne comptons pas nous arrĂȘter lĂ  ! Framaspace est toujours en phase de « beta test Â» (et ce sans doute jusqu’à fin 2025 !) et de nombreuses amĂ©liorations sont Ă  venir 😀

Accompagnement

Tout d’abord, nous allons continuer Ă  accueillir des espaces. Maintenant que Framaspace est plus stable, nous pensons pouvoir accĂ©lĂ©rer le rythme et accueillir 2 500 espaces d’ici fin 2024 (c’est-Ă -dire plus que tripler le nombre actuel. MĂȘme pas peur !).

Ensuite, nous allons poursuivre nos actions d’infogĂ©rance. Par exemple en passant de Nextcloud 26 Ă  Nextcloud 27 fin 2023 ou dĂ©but 2024. Chaque version apporte son lot de nouvelles fonctionnalitĂ©s (voir chez nos ami⋅es d’Arawa qui en font une prĂ©sentation synthĂ©tique ici et lĂ ).

CĂŽtĂ© accompagnement, nous souhaitons produire un tutoriel un peu spĂ©cial. En effet, de trĂšs nombreux tutoriels existent dĂ©jĂ  (nous mettons en avant celui de Coopaname, rĂ©alisĂ© par La DĂ©rivation). Mais ce type de tutoriel ne correspond pas Ă  tous les besoins. Nous souhaiterions donc produire un tutoriel plus narratif et plus immersif. Un « tutoriel dont vous ĂȘtes le hĂ©ros Â» (ou « Les combines dont vous ĂȘtes l’hĂ©roĂŻne Â» si vous prĂ©fĂ©rez). InspirĂ© des « livres dont vous ĂȘtes le hĂ©ros Â», il s’agira pour l’utilisateur⋅ice d’incarner un personnage devant remplir diffĂ©rentes missions avec son espace Framaspace. La particularitĂ© Ă©tant que certaines « quĂȘtes Â» pourront ĂȘtre soit contournĂ©es (par exemple si l’utilisateur⋅ice sait dĂ©jĂ  crĂ©er un compte utilisateur⋅ice) soit approfondies (par exemple sur le partage de fichiers).

ScĂ©nario en construction d'un « tutoriel dont vous ĂȘtes le hĂ©ros »

ScĂ©nario en construction d’un « tutoriel dont vous ĂȘtes le hĂ©ros Â»

 

Nous souhaitons aussi apporter de la documentation (et des outils de facilitation) pour faciliter la migration depuis OneDrive, Dropbox ou GoogleDrive, ainsi que simplifier l’import/export entre instances Nextcloud. Par exemple une asso qui arriverait aux limites de 50 comptes sur son espace Framaspace et souhaiterait migrer pour un Nextcloud plus puissant chez nos ami⋅es de IndieHosters pourrait transfĂ©rer ses donnĂ©es — fichiers, agendas, contacts, etc — de façon plus automatisĂ©e.

Enfin, nous sommes conscient⋅es qu’une des grandes faiblesses de Nextcloud (et donc de Framaspace) est la difficultĂ© Ă  « embarquer Â» (= onboarding en anglais) les novices dans une interface (trop ?) riche et parfois (trĂšs ?) confuse. C’est pourquoi nous souhaiterions intĂ©grer Ă  Nextcloud l’outil libre IntroJS afin de mettre en lumiĂšre certaines parties du logiciel et de faciliter ainsi sa prise en main. Cf vidĂ©o ci-dessous.

 

VidĂ©o d’une dĂ©monstration de la façon dont pourrait s’intĂ©grer IntroJS dans Nextcloud pour faciliter sa prise en main.

Toujours sur le plan de la prise en main, nous travaillons avec la designer Marie-CĂ©cile Godwin, qui enseigne notamment Ă  l’école de design Strate, afin de faire rĂ©flĂ©chir ses Ă©tudiant⋅es aux possibilitĂ©s d’amĂ©lioration de Nextcloud d’un point de vue UX et UI.

Accroßtre la notoriété de Nextcloud

En 2024, nous poursuivrons bien Ă©videmment les actions visant Ă  mieux faire connaĂźtre Nextcloud sur les territoires francophones.

Ainsi, nous avons dĂ©jĂ  sous-titrĂ© en français quelques vidĂ©os de prĂ©sentation de Nextcloud. Mais nous souhaiterions aller plus loin. Par exemple en refaisant carrĂ©ment les voix off, oĂč en traduisant des supports de documentation (flyers, plaquettes, etc.).

VidĂ©o d’une vidĂ©o promotionnelle de Nextcloud, originellement en anglais uniquement, et sous-titrĂ©e par Framasoft.

Par ailleurs, Framasoft poursuivra son travail de promotion de Nextcloud et de Framaspace, par le biais de confĂ©rences, de webinaires, d’interviews, etc.

Ensuite, nous poursuivrons nos partages et retours d’expĂ©rience avec la communautĂ© CHATONS, dont de nombreux membres proposent des services autour de Nextcloud. Nous pensons avoir acquis certains savoirs et savoirs-faire autour de Nextcloud, mais nous savons surtout qu’il nous reste Ă©normĂ©ment Ă  apprendre.

Enfin, nous allons commencer Ă  prendre contact avec les tĂȘtes de rĂ©seaux associatifs (Collectif Associations Citoyennes, Mouvement Associatif, rĂ©seaux d’éducation populaire, mais aussi des rĂ©seaux tels que Associations Mode d’Emploi, Solidatech, AssociathĂšque, etc.) afin de prĂ©senter Framaspace, et mettre en lumiĂšre ce que Nextcloud peut faire (ou ne peut pas faire !) au niveau du numĂ©rique Ă©thique collaboratif. L’objectif, Ă  terme, est d’évaluer sa pertinence comme « commun numĂ©rique d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â» pour les associations.

CommunautĂ© d’utilisateur⋅ices Framaspace & Nextcloud

En 2024, nous poursuivrons notre travail pour impulser, animer et coordonner une communautĂ© d’utilisateur⋅ices du logiciel Nextcloud sur le forum Framaspace.

Nous publierons aussi un site pour l’observatoire OPEN-L (« Observatoire des Pratiques et ExpĂ©riences NumĂ©riques Libres Â»), qui accueillera publiquement les diffĂ©rentes enquĂȘtes (et leurs rĂ©sultats !) que Framasoft aura conduites auprĂšs de ses publics. Ce site sera ouvert aux structures souhaitant elles aussi partager leurs retours d’expĂ©rience. L’objectif Ă©tant de ne pas rĂ©inventer la roue, et de pouvoir plus facilement objectiver les besoins (et frustrations) des utilisateur⋅ices.

Évidemment, nous continuerons Ă  amĂ©liorer Framaspace, mais aussi Nextcloud. Nous avons la chance (et le plaisir) de compter Thomas dans notre Ă©quipe salariĂ©e, l’un des principaux contributeurs mondiaux extĂ©rieurs Ă  l’entreprise Nextcloud GmbH.

Cela signifie que Framasoft (au travers de Framadrive, Framagenda, et maintenant Framaspace), participe trĂšs activement Ă  ce commun numĂ©rique qu’est le logiciel Nextcloud.

D’ailleurs, concernant les nouvelles plus « internes Â», nous devrions dans les mois qui viennent augmenter notre capacitĂ© de travail au sein de Framasoft sur le projet Framaspace : Thomas, actuellement dĂ©veloppeur principal de Mobilizon, basculera jusqu’à 50 % de son temps de travail sur Framaspace, et Pierre-Yves, actuellement codirecteur de Framasoft, quittera cette fonction afin de se concentrer sur les services numĂ©riques de l’association (dont Framaspace, Ă©videmment).

Empuissanter les structures « hors marchĂ© Â»

Nous avons beaucoup d’ambitions politiques autour du projet Framaspace (cf. notre article de lancement).

Pour cela, nous allons poursuivre, par le biais d’enquĂȘtes, la collecte des besoins (fonctionnels, mais aussi plus politiques) des structures hĂ©bergĂ©es. En fonction des rĂ©sultats, nous pourrons – si nos moyens nous le permettent – adapter Framaspace aux besoins des utilisateur⋅ices.

Nous avons constatĂ© que dans les associations que nous accompagnons, la question des outils numĂ©riques repose souvent sur un ou deux bĂ©nĂ©voles, qui peinent parfois Ă  mettre en place une politique de conduite du changement, ou Ă  convaincre leur Conseil d’Administration. Nous souhaitons donc aussi produire des « fiches pratiques Â» afin de faciliter la vie de ces personnes clĂ©s. « Comment faire le diagnostic numĂ©rique de mon association ? Â», « Comment convaincre mon C.A. de passer de Gdrive ou Dropbox Ă  Framaspace ? Â», etc.

Enfin, et nous sommes conscient⋅es de la forte demande concernant ce point, nous souhaitons mutualiser le financement de nouvelles fonctionnalitĂ©s dans Framaspace.

Nous Ă©tudierons prioritairement :

  • la possibilitĂ© de gĂ©rer ses membres dans Framaspace (membres, catĂ©gories, fiche d’identitĂ©, cotisations, rappel d’adhĂ©sion, etc.), grĂące au (fabuleux) logiciel libre de gestion associative Paheko ;
  • la possibilitĂ© de gĂ©rer la comptabilitĂ© de son association (saisie, bilan, compte de rĂ©sultat, choix du plan comptable, etc.), lĂ  encore grĂące Ă  Paheko ;
  • ajouter la facultĂ© de dĂ©cliner rapidement des visuels de communication, grĂące au logiciel Aktivisda (cf l’exemple de l’association Alternatiba) ;
  • permettre, pour les associations qui le souhaitent, de rendre publiques des pages prĂ©sentant leur structure et leurs actions. Pour cela nous souhaitons donner la possibilitĂ© de publier un mini-site web de prĂ©sentation de la structure (rĂ©digĂ© dans l’application « Collectives Â» de Framaspace).
Dessin dans le style d'un jeu vidĂ©o de combat, oĂč s'affronte la licorne de Framaspace et le monstre de Google Workspace.

Aidez Li, la licorne de Framaspace, Ă  repousser Demondrive en soutenant Framasoft ! – Illustration CC-By David Revoy

Moulaga needed !

Comme vous le voyez, la feuille de route 2024 de Framaspace est dĂ©jĂ  bien chargĂ©e !

Attention : aucun des points ci-dessous n’est un engagement ferme de notre part. Il s’agit de nos envies, de ce que nous souhaitons mettre en place l’annĂ©e qui vient. Cela reste trĂšs ambitieux. Et comme toute ambition, il faut savoir quelles sont les ressources disponibles que l’on peut y consacrer.

Nous l’avons indiquĂ© plus haut, Framaspace est un projet largement dĂ©ficitaire. Ça tombe bien : il n’a pas vocation Ă  ĂȘtre rentable, et encore moins Ă  dĂ©gager des bĂ©nĂ©fices. Cependant, ce sont bien les moyens que vous nous confiez (c’est-Ă -dire vos dons) qui nous permettent d’agir.

En consĂ©quence, nous pensons sincĂšrement que 1€ (ou 100€ ou 1 000€, hein ! 😅) donnĂ© Ă  Framasoft permet rĂ©ellement de faire bouger les lignes, et d’avoir un impact positif sur le numĂ©rique « hors marchĂ© Â».

C’est pourquoi nous vous invitons, si cela vous est possible, Ă  soutenir Framasoft en faisant un don, afin que nous puissions poursuivre nos actions, et notamment maintenir et dĂ©velopper le projet Framaspace.

Cette année encore, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de vos partages, pour nous aider à reprendre du terrain sur le web toxique des GAFAM, et multiplier les espaces de numérique éthique.

Nous avons donc demandĂ© Ă  David Revoy de nous aider Ă  montrer cela sur notre site « Soutenir Framasoft« , qu’on vous invite Ă  visiter (parce que c’est beau) et surtout Ă  partager le plus largement possible :

Capture d'Ă©cran de la barre de dons Framasoft 2023 Ă  8%

Si nous voulons boucler notre budget pour 2024, il nous reste six semaines pour rĂ©colter 183 478 € : nous n’y arriverons pas sans votre aide !

 

Soutenir Framasoft

 

Reprenons du terrain sur le Web toxique ! – Bilan 2023 de Framasoft

Par : Framasoft
14 novembre 2023 Ă  03:14

Il y a un an, nous vous prĂ©sentions « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet Â» notre feuille de route 2022-2025. L’objectif : favoriser l’adoption d’outils web conviviaux par des collectifs solidaires qui partagent les valeurs du Libre.

🩆 VS 😈 : Reprenons du terrain aux gĂ©ants du Web !

GrĂące Ă  vos dons (dĂ©fiscalisables Ă  66 %), l’association Framasoft agit pour faire avancer le Web Ă©thique et convivial. Retrouvez un rĂ©sumĂ© de nos avancĂ©es en 2023 sur le site Soutenir Framasoft.

âžĄïž Lire la sĂ©rie d’articles de cette campagne (nov. – dĂ©c. 2023)

Un an plus tard, nous sommes fiers et heureuses de vous prĂ©senter ce premier point d’étape complet de nos actions, qui sont (comme toujours) financĂ©es par vos dons.

dessin de Coin-coin, le canard mascotte de la campagne de Framasoft. Il est en position de karatéka

Cliquez sur Coin-Coin pour soutenir Framasoft – Illustration CC-By David Revoy

Changer le monde, un coin(coin) de web Ă  la fois

Dessin du Datavöre, un monstre dĂ©goulinant composĂ© de 5 tĂȘte portant chacune un logo des GAFAM

Cliquez pour nous soutenir et aider Ă  repousser le Datavöre – Illustration CC-By David Revoy

Rappelons que les actions de Collectivisons Internet / Convivialisons Internet (alias « Coin-coin Â», d’oĂč la mascotte) complĂštent et s’ajoutent au maintien de nos actions historiques : services en ligne et outils logiciels, partages d’expĂ©rience, contributions et collaborations variĂ©es.

Comme nous l’exprimions l’an dernier sur ce blog, l’objectif reste le mĂȘme : faire en sorte de multiplier les coins de Web Ă©thiques, afin de reprendre du terrain sur le numĂ©rique toxique occupĂ© par les gĂ©ants du Web.

Si cet article rĂ©sume trĂšs rapidement notre bilan-campagne de fin d’annĂ©e, c’est pour vous donner une idĂ©e globale de ce Ă  quoi servent vos dons. Pour les intĂ©ressé·es, nous dĂ©taillerons les actions phares de ce bilan sur ce blog, chaque mardi (si-tout-va-bien©), d’ici la fin de l’annĂ©e.

Soutenir Framasoft

Framaspace, les collectifs solidaires apprivoisent ce cloud convivial

Nous l’affirmions dĂ©jĂ  en 2022 : Framaspace est notre projet le plus ambitieux de cette nouvelle feuille de route. En effet, l’objectif est de fournir, d’ici fin 2025, jusqu’à 10 000 espaces de cloud collaboratifs, basĂ© sur le logiciel Nextcloud, Ă  de petits collectifs solidaires.

Les infos Framaspace que nous dĂ©taillerons la semaine du 21 novembre :

Illustration de DemonDrive, un monstre fantomatique orné du logo de Google Workspace

Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Demon Drive – Illustration CC-By David Revoy

  • PremiĂšre annĂ©e de Framaspace
    • Un besoin fort, dĂ©jĂ  prĂšs de 700 espaces Framaspaces ouverts ;
    • 
et plus encore si vous en demandez un ici pour votre collectif ;
    • des enseignements tirĂ©s de cette sortie en bĂȘta ;
    • les premiers besoins exprimĂ©s par les bĂ©nĂ©ficiaires ;
    • des optimisations techniques, mises Ă  jour, maintenance, etc.
  • Dans les cartons pour la suite
    • la prĂ©paration d’outils facilitant la prise en main par de nouveaux arrivants ;
    • des idĂ©es de « tuto dont vous ĂȘtes le hĂ©ros Â» (ou « combine dont vous ĂȘtes l’hĂ©roĂŻne Â» ?) ;
    • des explorations Ă  venir : possibilitĂ© de publier des pages web, voire de gĂ©rer ses membres & sa compta
 ?

Soutenir Framasoft

PeerTube : une v6 rĂ©alisĂ©e Ă  partir de vos idĂ©es

Voilà six ans que nous éditons ce logiciel qui, une fois installé sur un serveur, permet de créer une alternative éthique à YouTube, Twitch, Vimeo, etc.

Les possibilitĂ©s techniques qu’offrent PeerTube ont un mĂȘme but : permettre d’hĂ©berger et diffuser ses vidĂ©os et ses directs, mĂȘme (et surtout) lorsque l’on n’a pas l’argent de Google ni les fermes de serveurs d’Amazon.

Les fonctionnalitĂ©s que nous dĂ©taillerons la semaine du 28 novembre, ont Ă©tĂ© choisies parmi vos idĂ©es :

Illustration de Videoraptor, un monstre insectoĂŻde dont les trois tĂȘtes sont ornĂ©es des logos de YouTube, VimĂ©o et Twitch

Cliquez pour nous soutenir et aider Ă  repousser Videoraptor- Illustration CC-By David Revoy

  • Version 5.1 (mars 2023)
    • ModĂ©ration des demandes de comptes ;
    • Retour au direct.
  • Version 5.2 (Juin 2023)
    • Gros travail sur le transcoding dĂ©portable sur un serveur distant ;
    • VisibilitĂ© des replay ;
    • Flux RSS adaptĂ© aux podcasts.
  • Version 6 (fin novembre 2023)
    • AmĂ©lioration de l’accessibilitĂ© ;
    • PrĂ©visualisation de l’image dans la barre de progression ;
    • Chapitrage des vidĂ©os ;
    • TĂ©lĂ©chargement d’une nouvelle version d’une vidĂ©o ;
    • Protection des vidĂ©os par mot de passe ;
    • Tests de charge pour le live (publication d’un rapport Ă  venir).

Soutenir Framasoft

Mobilizon, c’est la lutte version finale



pour Framasoft !

En effet, nous estimons qu’aprĂšs 4 annĂ©es de dĂ©veloppements, nous arriverons au bout de la vision que nous avions pour Mobilizon. Une fois cette v4 sortie, nous espĂ©rons que vos groupes auront les fonctionnalitĂ©s nĂ©cessaires pour s’organiser autour de vos Ă©vĂ©nements, et ainsi vous Ă©manciper de Facebook ou Meetup.

C’est pour cela que la semaine du 5 dĂ©cembre, nous parlerons en dĂ©tail de :

Illustration de Face Ghoûl, un monstre dégoulinant et griffu orné du logo de Facebook

Cliquez pour nous soutenir et aider Ă  repousser Face GhoĂ»l – Illustration CC-By David Revoy

  • La version 3.1 (mars 2023)
    • PossibilitĂ© d’entrer une adresse non rĂ©pertoriĂ©e ;
    • Outils de lutte contre le spam.
  • La version 4 (dĂ©cembre 2023)
    • Import des Ă©vĂ©nements depuis d’autres plateformes (MeetUp, Facebook, etc.) ;
    • Message des organisatrices d’un Ă©vĂ©nement vers les participants.
  • L’avenir
    • Nous assurerons les mises Ă  jour de sĂ©curitĂ© ;
    • Nous maintiendrons l’instance francophone Mobilizon.fr ;
    • Il y a des projets d’évolution de Mobilizon avec des ambitions nouvelles

    • 
et de la place pour votre vision Ă  vous !

Soutenir Framasoft

PeerTube (oui, encore ! mais
) en 2024 : nous misons gros sur son succĂšs

La toxicitĂ© de YouTube, Twitch et compagnie devient de plus en plus visible
 Ainsi, de plus en plus de collectifs, d’institutions et de crĂ©ateurices de contenus dĂ©couvrent et utilisent PeerTube. En 2023, nous avons beaucoup travaillĂ© en interne afin de mieux accompagner ce succĂšs naissant, et de donner toutes ses chances Ă  PeerTube.

C’est pour quoi la semaine du 12 dĂ©cembre nous parlerons prĂ©cisĂ©ment de :

Illustration de Yetube, un monstre de type YĂ©ti avec le logo de YouTube Premium.

Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Yetube – Illustration CC-By David Revoy

  • La feuille de route vers PeerTube v7 (fin 2024)
    • Outil d’export et d’import de son compte ;
    • Audit d’accessibilitĂ© et intĂ©gration des recommandations ;
    • Outil de modĂ©ration des commentaires (pour admins et vidĂ©astes) ;
    • Outil de modĂ©ration par liste de mots-clĂ©s ;
    • SĂ©paration des flux audio et vidĂ©o (ouvre de futures possibilitĂ©s) ;
    • Ajout d’une rĂ©solution « zĂ©ro pixels Â» (recevoir uniquement l’audio) ;
    • RecatĂ©gorisation des contenus sensibles (plus dĂ©taillĂ©e que SFW/NSFW) ;
    • Refonte de l’espace de gestion des vidĂ©os ;
    • Re-design de l’interface suite Ă  un audit de l’expĂ©rience d’utilisation (UX).
  • S’investir plus encore dans PeerTube pour lui donner plus de chances d’élargir son audience, dĂšs 2024
    • Promotion de l’écosystĂšme PeerTube (newsletter, mĂ©dias sociaux, etc.) ;
    • Travail sur une instance « vitrine Â» de PeerTube ;
    • Embauche d’un deuxiĂšme dĂ©veloppeur (depuis septembre 2023) ;
      • Triple objectif : maĂźtriser 270 000 lignes de code, animer la contribution, mais surtout

  • 
 Application mobile officielle PeerTube (fin 2024)
    • Conception d’aprĂšs un travail en design (enquĂȘte, maquettes, etc.) ;
    • Pour android, iOS (đŸ€ž)
 et dans l’idĂ©al AndroidTV ;
    • PremiĂšre version : dĂ©couvrir et regarder des vidĂ©os (recherche, playlists, abonnements, notifications).

Soutenir Framasoft

Émancip’Asso : la formation, le MOOC, le site web


Conçu en partenariat avec Animafac, le projet Émancip’Asso vise Ă  former les hĂ©bergeurs de services Ă  comprendre et accompagner les associations dans leur transition vers des outils web Ă©thiques.

Un Ă©norme travail a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© accompli cette annĂ©e, dont nous parlerons la semaine du 19 dĂ©cembre :

Illustration de Toxicloud, un monstre vaporeux et toxique avec le logo de Amazon Web Services

Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Toxicloud – Illustration CC-By David Revoy

  • Organisation de la formation en prĂ©sentiel (janvier 2023)
  • Publication du MOOC « DĂ©velopper une offre de services pour accompagner les associations dans leur transition numĂ©rique Ă©thique Â», la version enrichie de la formation en prĂ©senciel Ă  destination de toutes les personnes qui souhaitent se lancer ou s’amĂ©liorer en matiĂšre d’accompagnement.
    • MOOC en participation libre et autonome ;
    • Pour comprendre le monde associatif et ses usages numĂ©riques ;
    • Pour maĂźtriser les mĂ©thodes de l’accompagnement associatif ;
    • Pour concevoir une offre de services adaptĂ©e Ă  cet Ă©cosystĂšme et la faire connaĂźtre ;
    • Sans oublier la mise en rĂ©seau, pour mieux travailler dans la complĂ©mentaritĂ©.
  • Conception et publication du site web Émancip’Asso
    • RĂ©pertoire de prestataires pouvant accompagner les associations dans leurs dĂ©marches de transition ;
    • Espace d’entraide communautaire entre associations ;
    • AccĂšs Ă  des ressources complĂ©mentaires ;
  • La suite pour 2024
    • DĂ©veloppement du nombre d’offres d’accompagnement recensĂ©es ;
    • Campagne de promotion du dispositif auprĂšs des associations ;
    • Animation active de la communautĂ©.

Soutenir Framasoft

L’émancipation numĂ©rique, avec des outils concrets

Afin de finir l’annĂ©e en beautĂ©, nous comptons bien parler du travail de fond que nous poursuivons sur les outils pratiques et concrets que nous proposons.

Qu’il s’agisse des services « DĂ©googlisons Internet Â» ou de notre historique annuaire de logiciels libres ; ces outils permettent, chaque mois, Ă  plus d’1,5 million de personnes de s’émanciper un peu plus des gĂ©ants du Web et de leurs outils toxiques.

La semaine du 26 dĂ©cembre, si vous avez Ă©tĂ© (pas) sages, nous annoncerons :

Illustraiton de MS Blue Scream, monstre de type blob, bleu, orné du logo de Windows

Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser MS Blue Scream – Illustration CC-By David Revoy

    • Framalibre, l’annuaire du logiciel libre
      • Refonte complĂšte de l’annuaire suite Ă  des enquĂȘtes de design ;
      • Toujours collaboratif, avec modĂ©ration a priori (pour lutter contre le spam) ;
      • (sous le capot) Nouveau moteur statique, notices facilement exploitables ;
      • Interface fluide et simplifiĂ©e, adaptĂ©e aux mobiles ;
      • Recherche facilitĂ©e (barre de recherche, tags) ;
      • Recommandations de logiciels ;
      • Outil « mini sites Â» : crĂ©ez vos pages de logiciels libres Ă  recommander.
Illustration de Hydroffice, un monstre serpentin Ă  cinq tĂȘtes avec des crocs, ornĂ©es des logos des outils de la Google Suite

Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Hydroffice – Illustration CC-By David Revoy

  • Services « DĂ©googlisons Internet Â»
    • BientĂŽt 10 ans d’existence !
    • Nos statistiques annuelles d’utilisation ;
    • Travail de maintenance, sauvegardes, mises Ă  jours ;
    • Gros travail de lutte contre les spams ;
    • SuccĂšs de Framagroupes

    • 
et de la campagne de rĂ©novation des services (on a plein d’idĂ©es !)

Soutenir Framasoft

Tout le travail qu’on ne pourra pas dĂ©tailler en 7 semaines


Si vous avez mis le nez dans les 94 pages de notre rapport d’activitĂ©s 2022, vous vous en douterez : c’est trĂšs difficile de rĂ©sumer tout ce que fait notre petite association.

Or, ce n’est pas parce que nous ne consacrerons pas une semaine pour chacun des projets suivants qu’il ne s’est rien passé 

Voici donc ce que nous n’aurons pas le temps de dĂ©tailler d’ici la fin de l’annĂ©e :

  • Collectif CHATONS (hĂ©bergeurs de services web Ă©thiques)
    • DĂ©jĂ  6 ans que Framasoft consacre du temps salariĂ© Ă  animer le collectif ;
    • Organisation du camp CHATONS (aoĂ»t 2023) ;
    • C’est notre derniĂšre annĂ©e de coordination du collectif ;
    • Gros travail de transmission et d’accompagnement ;
    • Des dĂ©bats internes auto-gĂ©rĂ©s ont dĂ©jĂ  eu lieu ;
    • Framasoft reste membre du collectif, en le laissant s’autonomiser.
  • ECHO Network (projet europĂ©en d’échanges sur l’accompagnement au numĂ©rique Ă©thique des citoyen·nes)
    • Co-organisation du sĂ©minaire d’ouverture Ă  Paris (Janvier 2023) ;
    • Visite d’étude de Berlin (mars 2023) ;
    • Visite d’étude de Bruxelles (juin 2023) ;
    • Visite d’étude de Rome (septembre 2023) ;
    • Visite d’étude de Zagreb prĂ©vue pour dĂ©but dĂ©cembre 2023 ;
    • En 2024, mise en Communs des expĂ©riences partagĂ©es, dans des outils pratiques.
  • Peer.Tube (vitrine de contenus de qualitĂ© diffusĂ©s sur PeerTube)
    • Priorisation du dĂ©veloppement de PeerTube en 2023 ;
    • Travail prĂ©vu pour 2024 (promotions de contenus, instance vitrine, communautĂ© de curation
).

Soutenir Framasoft

Dessin dans le style d'un jeu vidĂ©o de combat, oĂč s'affronte un canard karatĂ©ka et un monstre affublĂ© des logos des GAFAM.

« Coin-Coin VS Datavöre Â» – Illustration CC-By David Revoy

Sept semaines pour nous aider Ă  boucler notre budget 2024

Si Framasoft peut employer non plus 10, mais dĂ©sormais 11 personnes, louer prĂšs de 57 serveurs, se dĂ©placer dans toute la France (et au delĂ ), et Ă©lever dans les communs numĂ©riques tout ce qu’elle fait
 C’est, encore et toujours, grĂące Ă  vos dons.

Vos dons sont, et restent, notre principale source de financement et celle qui nous permet d’agir librement, en toute indĂ©pendance. L’association Framasoft Ă©tant reconnue d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, un don Ă  Framasoft de 100 €, peut revenir Ă  34 € aprĂšs dĂ©ductions fiscales (pour les contribuables français·es).

Cette année encore, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de vos partages, pour nous aider à reprendre du terrain sur le Web toxique des GAFAM, et multiplier les espaces de numérique éthique.

Nous avons donc demandĂ© Ă  David Revoy de nous aider Ă  montrer cela sur notre site « Soutenir Framasoft« , qu’on vous invite Ă  visiter (parce que c’est beau) et surtout Ă  partager le plus largement possible :

Cliquez pour nous soutenir – Illustration CC-By David Revoy

Si nous voulons boucler notre budget pour 2024, il nous reste sept semaines pour rĂ©colter 200 000 € : nous n’y arriverons pas sans votre aide !

Soutenir Framasoft

Nous espérons, sincÚrement, que ce bilan et ces perspectives vous enthousiasmeront, et (si vous le pouvez), vous rendront fier·es de soutenir Framasoft.

Comment dĂ©gafamiser une MJC – un tĂ©moignage

Par : Framasoft
12 juin 2023 Ă  05:42

Nous ouvrons volontiers nos colonnes aux tĂ©moignages de dĂ©googlisation, en particulier quand il s’agit de structures locales tournĂ©es vers le public. C’est le cas pour l’interview que nous a donnĂ©e Fabrice, qui a entrepris de « dĂ©gafamiser Â» au sein de son association. Il Ă©voque ici le cheminement suivi, depuis les constats jusqu’à l’adoption progressive d’outils libres et Ă©thiques, avec les rĂ©sistances et les passages dĂ©licats Ă  nĂ©gocier, ainsi que les alternatives qui se sont progressivement imposĂ©es. Nous souhaitons que l’exemple de son action puisse donner envie et courage (il en faut, certes) Ă  d’autres de mener Ă  leur tour cette « migration Â» Ă©mancipatrice.

Bonjour, peux-tu te prĂ©senter briĂšvement pour le Framablog ?
Je m’appelle Fabrice, j’ai 60 ans et aprĂšs avoir passĂ© prĂšs de 30 annĂ©es sur Paris en tant que DSI, je suis venu me reposer au vert, Ă  la grande campagne
 Framasoft ? Je connais depuis trĂšs longtemps
 Linux ? Aussi puisque je l’ai intĂ©grĂ© dans une grande entreprise française, y compris sur des postes de travail, il y a fort longtemps


Ce n’est que plus tard que j’ai pris rĂ©ellement conscience du pouvoir nĂ©faste des GAFAM et que je dĂ©fends dĂ©sormais un numĂ©rique Libre, simple, accessible Ă  toutes et Ă  tous et respectueux de nos libertĂ©s individuelles. Ayant du temps dĂ©sormais Ă  accorder aux autres, j’ai intĂ©grĂ© une association en tant que bĂ©nĂ©vole, une asso qui compte un peu moins de 10 salariĂ©s et un budget annuel avoisinant les 400 K€.

Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur de  l’opĂ©ration de dĂ©gafamisation ?

En fait, quand je suis arrivĂ© au sein de l’association le constat Ă©tait un peu triste :

  • des postes de travail (PC sous Windows 7, 8, 10) poussifs, voire inutilisables, avec 2 ou 3 antivirus qui se marchaient dessus, sans compter les utilitaires en tout genre (Ccleaner, TurboMem, etc.)
  • une multitude de comptes Gmail Ă  gĂ©rer (plus que le nb d’utilisateurs rĂ©els dans l’asso.)
  • des partages de Drive incontrĂŽlables
  • des disques durs portables et autres clĂ©s USB qui faisaient office aussi de « solutions de partage Â»
  • un niveau assez faible de comprĂ©hension de toutes ces « technologies Â»

Il devenait donc urgent de « rĂ©parer Â» et j’ai proposĂ© Ă  l’équipe de remettre tout cela en ordre mais en utilisant des outils libres Ă  chaque fois que cela Ă©tait possible. À ce stade-lĂ , je pense que mes interlocuteurs ne comprenaient pas exactement de quoi je parlais, ils n’étaient pas trĂšs sensibles Ă  la cause du Libre et surtout, ils ne voyaient pas clairement en quoi les GAFAM posaient un problĂšme


deux mains noires tiennent une bombe de peinture verte, un index appuie sur le haut de l'objet. Plusieurs doigts ont des traces de peinture. Dans l'angle inférieur droit le logo : MJC L'aigle en blanc

Quand on lance une dĂ©gafamisation, ce n’est pas simplement pour changer la couche de peinture


 

En amont de votre « dĂ©gafamisation Â», avez-vous organisĂ© en interne des moments pour crĂ©er du consensus sur le sujet et passer collectivement Ă  l’action (lever aussi les Ă©ventuelles rĂ©sistances au changement) ? RĂ©unions pour prĂ©senter le projet, ateliers de rĂ©flexion, autres ?

Le responsable de la structure avait compris qu’il allait y avoir du mieux – personne ne s’occupait du numĂ©rique dans l’asso auparavant – et il a dit tout simplement « banco Â» Ă  la suite de quelques dĂ©mos que j’ai pu faire avec l’équipe :

  • dĂ©mo d’un poste de travail sous Linux (ici c’est Mint)
  • dĂ©mo de LibreOffice


Pour ĂȘtre trĂšs franc, je ne pense pas que ces dĂ©mos aient emballĂ© qui que ce soit


Franchement, il Ă©tait difficile d’expliquer les mises Ă  jour de Linux Mint Ă  un utilisateur de Windows qui ne les faisait de toutes façons jamais, d’expliquer LibreOffice Writer Ă  une personne qui utilise MS Word comme un bloc-notes et qui met des espaces pour centrer le titre de son document

NĂ©anmoins, aprĂšs avoir dressĂ© le portrait peu glorieux des GAFAM, j’ai tout de mĂȘme rĂ©ussi Ă  faire passer un message : les valeurs de l’association (ici une MJC) sont Ă  l’opposĂ© des valeurs des GAFAM ! Sous-entendu, moins on se servira des GAFAM et plus on sera en adĂ©quation avec nos valeurs !

Comment avez-vous organisĂ© votre dĂ©gafamisation ? Plan stratĂ©gique machiavĂ©lique puis passage Ă  l’opĂ©rationnel ? Ou par itĂ©rations et petit Ă  petit, au fil de l’eau ?

Pour montrer que j’avais envie de bien faire et que mon bĂ©nĂ©volat s’installerait dans la durĂ©e, j’ai candidatĂ© pour participer au Conseil d’Administration et j’ai Ă©tĂ© Ă©lu. J’ai prĂ©sentĂ© le projet aux membres du C.A sans vĂ©ritable plan, si ce n’est de remettre tout d’équerre avec du logiciel Libre ! LĂ  encore, les membres du C.A n’avaient pas forcĂ©ment une exacte apprĂ©hension le projet mais Ă  partir du moment oĂč je leur proposais mieux, ils Ă©taient partants !

Le plan (Ă©talĂ© sur 12 mois) :

PrioritĂ© no1 : remettre en route les postes de travail (PC portables) afin qu’ils soient utilisables dans de bonnes conditions. Certains postes de moins de 5 ans avaient Ă©tĂ© mis au rebut car ils « ramaient Â»â€Š

  • choix de la distribution : Linux Mint Cinnamon ou Linux Mint XFCE pour les machines les moins puissantes
  • choix du socle logiciel : sĂ©lection des logiciels nĂ©cessaires aprĂšs analyse des besoins / observations

PrioritĂ© no 2 : stopper l’utilisation de Gmail pour la messagerie et mettre en place des boites mail (avec le nom de domaine de l’asso), boites qui avaient Ă©tĂ© achetĂ©es mais jamais utilisĂ©es


PrioritĂ© no 3 : augmenter le niveau des compĂ©tences de base sur les outils numĂ©riques

ProritĂ© no 4 : mettre en place un cloud privĂ© afin de stocker, partager, gĂ©rer toutes les donnĂ©es de l’asso (350Go) et cesser d’utiliser les clouds des GAFAM


Est-ce que vous avez rencontrĂ© des rĂ©sistances que vous n’aviez pas anticipĂ©es, qui vous ont pris par surprise ?

Bizarrement, les plus rĂ©ticents Ă  un poste de travail Libre Ă©taient ceux qui maĂźtrisaient le moins l’utilisation d’un PC

« Nan mais tu comprends, Windows c’est quand mĂȘme vachement mieux
 Ah bon, pourquoi ? Ben j’sais pî
c’est mieux quoi
 Â»

* Quand on reprĂ©sente la plus grosse association de sa ville, il y a de nombreux Ă©changes avec les collectivitĂ©s territoriales et, on s’arrache les cheveux Ă  la rĂ©ception des docx ou pptx tout pourris
 Il en est de mĂȘme avec les services de l’État et l’utilisation de certains formulaires PDF qui ont un comportement Ă©trange

* Quand un utilisateur resté sous Windows utilise encore des solutions Google alors que nous avons désormais tout en interne pour remplacer les services Google, je ne me bats pas

* Quand certains matĂ©riels (un Studio de podcast par exemple) requiĂšrent l’utilisation de Windows et ne peuvent pas fonctionner sous Linux, c’est dĂ©sormais Ă  prendre en compte dans nos achats

* Quand Il faut aussi composer avec les services civiques et autres stagiaires qui dĂ©barquent, ne jurent que par les outils d’Adobe et expliquent au directeur que sans ces outils, leur crĂ©ation est diminuĂ©e


* Quand le directeur commence Ă  douter sur le choix des logiciels libres, je lui rappelle gentiment que le vĂ©hicule de l’asso est une Dacia et non une Tesla

* Quand on se rend compte qu’un mail provenant des serveurs Gmail est rarement considĂ©rĂ© comme SPAM par les autres alors que nos premiers mails avec OVH et avec notre nom de domaine ont eu du mal Ă  « passer Â» les premiĂšres semaines
et de temps en temps encore maintenant


 

dessin probablement mural illustrant les activités de la MJC avec un dessin symbolique : une main noire et une blanche s'associant par le petit doigt sur fond bleu. des coulures de couleurs tombent des doigts.

 

Est-ce qu’au contraire, il y a eu des changements que vous redoutiez et qui se sont passĂ©s comme sur des roulettes ?

Rassembler toutes les donnĂ©es de l’asso. et de ses utilisateurs au sein de notre cloud privĂ© (Nextcloud) Ă©tait vraiment la chose qui me faisait le plus peur et qui est « passĂ©e crĂšme Â» ! Peut-ĂȘtre tout simplement parce que certaines personnes avaient un peu « oubliĂ© Â» oĂč Ă©taient rangĂ©es leurs affaires auparavant



 et finalement quels outils ou services avez-vous remplacĂ©s par lesquels ?

  • Messagerie Google –> Messagerie OVH + Client Thunderbird ou Client mail de Nextcloud (pour les petits utilisateurs)
  • Gestion des Contacts Google –> Nextcloud Contacts
  • Calendrier Google –> Nextcloud Calendrier
  • MS Office –> LibreOffice
  • Drive Google, Microsoft, Apple –> Nextcloud pour les fichiers personnels et tous ceux Ă  partager en interne comme en externe
  • Doodle –> Nextcloud Poll
  • Google Forms –> Nextcloud Forms

NB : Concernant les besoins en crĂ©ation graphique ou vidĂ©o on utilise plusieurs solutions libres selon les besoins (Gimp, Krita, Inkscape, OpenShotVideo,
) et toutes les autres solutions qui Ă©taient utilisĂ©es de maniĂšre « frauduleuse Â» ont Ă©tĂ© mises Ă  la poubelle ! Nous avons nĂ©anmoins un compte payant sur canva.com

À combien estimez-vous le coĂ»t de ce changement ? Y compris les coĂ»ts indirects : perte de temps, formation, perte de donnĂ©es, des trucs qu’on faisait et qu’on ne peut plus faire ?

Il s’agit essentiellement de temps, que j’estime Ă  150 heures dont 2/3 passĂ©es en « formation/accompagnement/documentation Â» et 1/3 pour la mise au point des outils (postes de travail, configuration du Nextcloud).
CĂŽtĂ© coĂ»ts directs : notre serveur Nextcloud dĂ©diĂ©, hĂ©bergĂ© par un CHATONS pour 360 €/an et, c’est tout, puisque les boĂźtes mail avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© achetĂ©es avec un hĂ©bergement web mais non utilisĂ©es

Il n’y a eu aucune perte de donnĂ©es, au contraire on en a retrouvĂ© !
À noter que les anciens mails des utilisateurs (stockĂ©s chez Google donc) n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s, Ă  la demande des utilisateurs eux-mĂȘmes ! Pour eux c’était l’occasion de repartir sur un truc propre !
À ma connaissance, il n’y a rien que l’on ne puisse plus faire aujourd’hui, mais nous avons conservĂ© deux postes de travail sous Windows pour des problĂšmes de compatibilitĂ© matĂ©rielle.
Cerise sur le gĂąteau : des PC portables ont Ă©tĂ© ressuscitĂ©s grĂące Ă  une distribution Linux, du coup, nous en avons trop et n’en avons pas achetĂ© cette annĂ©e !

Est-ce que votre dĂ©gafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y rĂ©agit-il ? Est-il informĂ© du fait que c’est libre ?

Un impact direct ? Oui et non


En fait, en plus de notre dĂ©marche, on invite les collectivitĂ©s et autres assos Ă  venir « voir Â» comment on a fait et Ă  leur prouver que c’est possible, ce n’est pas pour autant qu’on nous a demandĂ© de l’aide.

Pour eux, la marche peut s’avĂ©rer trop haute et ils n’ont pas forcĂ©ment les compĂ©tences pour franchir le pas sans aide. Imaginez un peu, notre mairie continue de sonder la population Ă  coups de GoogleForms alors qu’on leur a dit quantitĂ© de fois qu’il existe des alternatives plus Ă©thiques et surtout plus lĂ©gales !

Et encore oui, bien que nous utilisions essentiellement ces outils en interne le public en est informĂ©, les « politiques Â» et autres collectivitĂ©s qui nous soutiennent le sont aussi et ils sont toujours curieux et, de temps en temps, admiratifs ! La gestion mĂȘme de nos adhĂ©rents et de nos activitĂ©s se fait au travers d’une application client / serveur dĂ©veloppĂ©e par nos soins avec LibreOffice Base. Les donnĂ©es personnelles de nos adhĂ©rents sont ainsi entre nos mains uniquement.

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?
Oui
 nos Ă©quipes continuent Ă  utiliser Facebook et WhatsApp
 Facebook pour promouvoir nos activitĂ©s, actions et contenus auprĂšs du grand public et WhatsApp pour discuter instantanĂ©ment ensemble (en interne) ou autour d’un « projet »avec des externes. Dans ces deux cas, il y a certes de trĂšs nombreuses alternatives, mais elles sont soit incomplĂštes (ne couvrent pas tous les besoins), soit inconnues du grand public (donc personne n’adhĂšre), soit trop complexes Ă  utiliser (ex. Matrix) mais je garde un Ɠil trĂšs attentif sur tout cela, car les usages changent vite


photo noir/blanc de l'entrée de la MJC, chevrons jaunes pointe vers le haut pour indiquer le sens de l'entrée. on distingue le graph sur une porte : MJC Le rond-point

Entrée de la MJC

Quels conseils donneriez-vous Ă  des structures comparables Ă  la vĂŽtre (MJC, Maison de quartier, centre culturel
) qui voudrait se dĂ©gafamiser aussi ? Des erreurs Ă  ne pas commettre, des bonnes pratiques Ă©prouvĂ©es Ă  l’usage ?

  • Commencer par dĂ©ployer une solution comme Nextcloud est une Ă©tape trĂšs fondatrice sur le thĂšme « reprendre le contrĂŽle de ses donnĂ©es Â» surtout dans des structures comme les nĂŽtres oĂč il y a une rotation de personnels assez importante (contrats courts/aidĂ©s, services civiques, volontaires europĂ©ens, stagiaires, apprentis
).
  • Pour un utilisateur, le fait de retrouver ses affaires, ou les affaires des autres, dans une armoire bien rangĂ©e et bien sĂ©curisĂ©e est un vrai bonheur. Une solution comme Nextcloud, avec ses clients de synchronisation, reprĂ©sente une mĂ©canique bien huilĂ©e dĂ©sormais et, accessible Ă  chacun. L’administration de Nextcloud peut trĂšs bien ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par une personne avertie (un utilisateur ++), c’est Ă  dire une personne qui sait lire une documentation et qui est rigoureuse dans la gestion de ses utilisateurs et de leurs droits associĂ©s. Ne vous lancez pas dans l’auto-hĂ©bergement si vous n’avez pas les compĂ©tences requises ! De nombreuses structures proposent dĂ©sormais « du Nextcloud Â» Ă  des prix trĂšs abordables.
  • À partir du moment oĂč ce type de solution est installĂ©e, basculez-y la gestion des contacts, la gestion des calendriers et faites la promotion, en interne, des autres outils disponibles (gestion de projets, de budget, formulaires
)
  • Fort de ce dĂ©ploiement et, si votre messagerie est encore chez les GAFAM, commencez Ă  chercher une solution ailleurs en sachant qu’il y aura des coĂ»ts, des coups et des pleurs
 Cela reste un point dĂ©licat compte-tenu des problĂšmes exposĂ©s plus haut
 Cela prend du temps mais c’est tout Ă  fait possible ! Pour les jeunes, le mail est « ringard Â», pour les administratifs c’est le principal outil de communication avec le monde extĂ©rieur
 LĂ  aussi, avant de vous lancer, analysez bien les usages
 Si Google vous autorise Ă  envoyer un mail avec 50 destinataires, ce ne sera peut-ĂȘtre pas le cas de votre nouveau fournisseur

  • Le poste de travail (le PC) est, de loin, un sujet sensible : c’est comme prendre la dĂ©cision de jeter Ă  la poubelle le doudou de votre enfant, doudou qui l’a endormi depuis de longues annĂ©es
 Commencez par recycler des matĂ©riels “obsolĂštes” pour Windows mais tout Ă  fait corrects pour une distribution Linux et faites des heureux ! Montrer aux autres qu’il s’agit de systĂšmes non intrusifs, simple, rapides et qui disposent d’une logithĂšque de solutions libres et Ă©thiques incommensurable !

Cela fait deux ans que notre asso. est dans ce mouvement et si je vous dis que l’on utilise FFMPEG pour des traitements lourds sur les mĂ©dias de notre radio FM associative, traitements que l’on n’arrivait pas Ă  faire auparavant avec un logiciel du commerce ? Si je vous dis qu’avec un simple clic-droit sur une image, un utilisateur appose le logo de notre asso en filigrane (merci nemo-action !). Si je vous dis que certains utilisateurs utilisent des scripts en ligne de commande afin de leur faciliter des traitements fastidieux sur des fichiers images, audios ou vidĂ©os ? Elle est pas belle la vie ?

NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas des petites remarques de-ci de-lĂ  sur l’utilisation de solutions libres plutĂŽt que de « faire comme tout le monde Â» mais ça, j’en fais mon affaire et tant que je leur trouverai une solution libre et Ă©thique pour rĂ©pondre Ă  leurs besoins alors on s’en sortira tous grandis !
Ah, j’oubliais : cela fait bien longtemps maintenant qu’il n’est plus nĂ©cessaire de mettre les mains dans le cambouis pour dĂ©ployer un poste de travail sous Linux, le support est quasi proche du zĂ©ro !

Merci Fabrice d’avoir pilotĂ© cette opĂ©ration et d’en avoir partagĂ© l’expĂ©rience au lectorat du Framablog !

 

Échirolles libĂ©rĂ©e ! La dĂ©googlisation (5)

Par : Framasoft
7 avril 2023 Ă  01:42

Voici aujourd’hui le 5e et dernier article que Nicolas Vivant consacre Ă  la dĂ©googlisation de la ville d’Échirolles (si vous avez ratĂ© les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents). Maintenant que les outils sont en place, il est temps d’envisager comment la mutualisation et la dĂ©centralisation conjuguĂ©es pourraient ouvrir de nouvelles perspectives aux citoyens et citoyennes de l’agglomĂ©ration.


Le grand absent de ce rĂ©cit est le travail important entamĂ© sur la rĂ©duction de l’impact environnemental du numĂ©rique. C’est un fil conducteur permanent pour notre action. De nombreuses choses sont faites, mais d’autres dĂ©crivent beaucoup mieux que nous les enjeux, les outils et ce qu’il convient de faire pour avancer. Leur travail nous sert de guide. J’y reviendrai dans un article (modeste et) dĂ©diĂ©.

Voir plus loin pour viser juste

Une vision pour l’avenir, ce n’est pas une prĂ©diction, ni mĂȘme une prĂ©vision. C’est simplement un axe, une direction. C’est ce qui permet, quand deux chemins existent, de faire un choix. Ce n’est Ă©videmment pas une garantie que ce choix soit le bon mais si, Ă  chaque carrefour, une direction existe qui aide Ă  se dĂ©terminer, alors nous gagnons en cohĂ©rence, en rapiditĂ© de dĂ©cision et, finalement, en efficacitĂ©.

Dans un monde oĂč la dĂ©googlisation serait une rĂ©alitĂ©, oĂč les logiciels libres seraient dominants et oĂč transparence et partage des donnĂ©es s’imposeraient comme une Ă©vidence, quel pourrait ĂȘtre l’étape suivante ? Et quelles pierres poser, dĂšs aujourd’hui, qui tendraient vers cet objectif et pourraient orienter notre action ?

La décentralisation comme facteur de résilience

Historiquement, l’internet public est une architecture dĂ©centralisĂ©e. C’est mĂȘme l’une des raisons de sa crĂ©ation : l’interconnexion de rĂ©seaux divers, dans un but de coopĂ©ration. MĂȘme si le rĂ©cit d’un internet construit comme un rĂ©seau permettant de rĂ©sister Ă  une attaque nuclĂ©aire est une lĂ©gende urbaine, les Ă©vĂ©nements rĂ©cents ont permis de vĂ©rifier que la dĂ©centralisation Ă©tait bien l’une des clĂ©s de la rĂ©silience des systĂšmes d’information.

En France, la plupart des accĂšs rĂ©sidentiels reposent sur Orange, Free, Bouygues et SFR. Quatre infrastructures qui, si elles Ă©taient attaquĂ©es, affecteraient durablement nos communications. Une Ă©tude du RIPE a montrĂ© comment l’internet ukrainien rĂ©sistait au black-out gĂ©nĂ©ral malgrĂ© les nombreuses dĂ©gradations de l Â»infrastructure. Le secret ? Une structure distribuĂ©e, dĂ©centralisĂ©e, et des fournisseurs d’accĂšs locaux partout dans le pays.

L’exemple le plus connu (et l’un des plus anciens) d’un systĂšme fĂ©dĂ©rĂ© est la messagerie Ă©lectronique. Les fournisseurs d’adresses e-mail sont innombrables mais, parce qu’ils ont choisi d’utiliser des protocoles standard, interopĂ©rables, chaque utilisateur peut Ă©changer des messages avec tous les autres. Si l’un des prestataires techniques disparaĂźt (c’est arrivĂ© plusieurs fois), il ne met pas en danger l’intĂ©gralitĂ© du systĂšme. La domination d’un acteur, en revanche, parce qu’elle repose sur la centralisation des ressources (pensons Ă  Gmail), peut fragiliser cette construction.

Mais l’angle de la rĂ©silience n’est pas le seul qu’il est intĂ©ressant d’interroger.

DĂ©centralisation et mutualisation

Dans l’esprit de la plupart de nos dĂ©cideurs, mutualisation et centralisation vont de pair, l’un des objectifs d’un effort de mise en commun des moyens Ă©tant de rĂ©aliser des Ă©conomies d’échelle. Pour un certain nombre d’applications centrales, cette promesse est tenue. Cependant, quelques inconvĂ©nients sont associĂ©s Ă  ce type de projet :

  • Ă©loignement des organes de dĂ©cision
  • perte d’autonomie dans les choix techniques ou politiques
  • moindre connaissance de l’environnement des utilisateurs
  • moindre rĂ©activitĂ© dans la mise en Ɠuvre des projets
  • 


Comment articuler coopĂ©ration (pour une plus grande efficacitĂ© dans les projets transversaux) et autonomie (pour conserver une certaine libertĂ© de choix et d’action) ?

En coopĂ©rant, des structures indĂ©pendantes peuvent crĂ©er des rĂ©seaux au service de projets d’envergure, tout en conservant leur autonomie de gestion, d’évolution et d’action. Des moyens techniques existent, et elles sont trĂšs largement implantĂ©es dans les solutions libres. ActivityPub a Ă©tĂ© officiellement publiĂ© comme recommandation du W3C le 23 janvier 2018.

Ce standard, qui permet d’interfacer des solutions diverses, est prĂ©sent dans plusieurs des logiciels utilisĂ©s par la ville d’Échirolles : Nextcloud (plateforme collaborative), Peertube (hĂ©bergement de vidĂ©os), Mastodon (rĂ©seau social) et WordPress (crĂ©ation de sites web). Ces quatre outils sont de plus en plus utilisĂ©s par les collectivitĂ©s territoriales, les ministĂšres et les partenaires de la ville, mais les fonctionnalitĂ©s de fĂ©dĂ©ration sont rarement mises en Ɠuvre, en interne comme en externe. Pourtant, les applications pourraient ĂȘtre nombreuses : partage d’annuaires/de dossiers entre collectivitĂ©s (Nextcloud), meilleure visibilitĂ© de la communication des structures associĂ©es (Peertube), crĂ©ation de sites dans le cadre de projets intercommunaux (WordPress), mise en avant des actions d’un territoire (Mastodon), etc.

La fédération comme horizon

Au sein d’Alpes NumĂ©rique Libre, le collectif de DSI de la rĂ©gion grenobloise autour des logiciels libres, le sujet est en train de naĂźtre, sans concrĂ©tisation pour le moment. La mise en place d’une fĂ©dĂ©ration des acteurs au sein d’un mĂȘme territoire gĂ©ographique pourrait ĂȘtre une premiĂšre pierre posĂ©e, une expĂ©rience intĂ©ressante du point de vue de l’action publique dont nous pourrions, peut-ĂȘtre, tirer des enseignements plus larges.

Les EPCI (Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale), comme le SITPI ou Grenoble Alpes MĂ©tropole dans notre rĂ©gion, pourraient jouer un rĂŽle moteur dans ce type d’initiative : idĂ©alement positionnĂ©s au centre des rĂ©seaux communaux, ils disposent d’une architecture parfaitement adaptĂ©e.

L’instance Mastodon colter.social, crĂ©Ă©e, hĂ©bergĂ©e et maintenue par le SITPI est, Ă  ce titre, un prĂ©curseur intĂ©ressant de ce que pourraient ĂȘtre ces fonctionnements fĂ©dĂ©ratifs. Mise Ă  disposition de l’ensemble des collectivitĂ©s territoriales, sa modĂ©ration est assurĂ©e par les agents de collectivitĂ©s qui ne sont pas forcĂ©ment adhĂ©rentes du syndicat, mais qui ont choisi de coopĂ©rer. Des outils comme Zammad ou Signal (pour des instances plus importantes, pourquoi pas un serveur Matrix ?) permettent d’organiser efficacement ce travail.

Plusieurs autres systĂšmes de mutualisation innovants pourraient ĂȘtre imaginĂ©s, alliant la mise Ă  disposition de ressources pour les petites collectivitĂ©s (un serveur PeerTube partagĂ©, par exemple) et une fĂ©dĂ©ration avec les structures de taille plus importante, chacune maintenant sa propre solution.

Nous n’en sommes pas lĂ  pour le moment, et nombreuses sont les collectivitĂ©s qui reposent sur des solutions hĂ©bergĂ©es (en mode SaaS), souvent chez des grands acteurs amĂ©ricains (Google, Microsoft, Amazon
), parce qu’elles n’ont pas les compĂ©tences ou les ressources financiĂšres permettant un autre fonctionnement.

Pas toujours trÚs bien structurées, focalisées sur leur transformation numérique, choisie ou subie, ce type de projet peut paraßtre bien éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. Mais il me semblait intéressant de faire ce travail de prospective, comme un horizon vers lequel nous pourrions, individuellement et collectivement, choisir de tendre.

→ L’épisode 1 (structuration)
→ L’épisode 2 (transformation)
→ L’épisode 3 (solutions)
→ L’épisode 4 (inclusion)
→ L’épisode 5 (vous ĂȘtes ici)

***

Retrouvez-moi sur Mastodon : https://colter.social/@nicolasvivant

Échirolles libĂ©rĂ©e ! La dĂ©googlisation (2)

Par : Framasoft
17 mars 2023 Ă  02:42

Voici le deuxiĂšme volet du processus de dĂ©googlisation de la ville d’Échirolles (si vous avez manquĂ© le dĂ©but) tel que Nicolas Vivant nous en rend compte. Nous le re-publions volontiers, en souhaitant bien sĂ»r que cet exemple suscite d’autres migrations vers des solutions libres et plus respectueuses des citoyens.


DĂ©googlisation d’Échirolles, partie 2 : la transformation numĂ©rique

par Nicolas Vivant

Le numĂ©rique est en train de vivre une rĂ©volution. Disposer d’une stratĂ©gie, mĂȘme Ă©tayĂ©e par des enjeux politiques forts, ne permet pas d’y Ă©chapper. Le monde change et il faut s’adapter, sous peine de passer Ă  cĂŽtĂ© des nombreuses possibilitĂ©s offertes par les derniĂšres technologies
 et de se noyer dans la masse de donnĂ©es que nous gĂ©nĂ©rons chaque jour. Les mots-clĂ©s du changement : collaboratif, transparence, ouverture. Mais qu’est ce que cela veut dire, concrĂštement ?

L’inĂ©vitable transformation numĂ©rique

L’informatique s’est construite, depuis les annĂ©es 90, autour d’un modĂšle que nous connaissons toutes et tous, et qui est en train de disparaĂźtre. Le poste client repose gĂ©nĂ©ralement sur :

  • Un systĂšme d’exploitation (gĂ©nĂ©ralement Windows, parfois Mac, rarement Linux)
  • Une suite bureautique (souvent Microsoft, parfois LibreOffice)
  • Un serveur de fichiers (avec un classement par arborescence et une gestion des droits centralisĂ©e)
  • Une messagerie (avec un client lourd de type Outlook, ou via une interface web) souvent couplĂ©e Ă  un agenda

L’évolution que l’on constate partout :

  • Un systĂšme d’exploitation qui devient une simple interface de connexion
  • De plus en plus de terminaux mobiles (smartphone, PC portables, tablettes)
  • Des applications qui sont le plus souvent accessibles via un navigateur web
  • Un logiciel intĂ©grant les fonctions de suite bureautique, de messagerie, d’agenda, d’édition collaborative et d’échanges textuels, audio ou vidĂ©o (souvent basĂ© sur un « cloud Â»)

Le changement culturel Ă  opĂ©rer est majeur. Les utilisateurs, aux compĂ©tences souvent durement acquises, vont devoir s’adapter et notre responsabilitĂ© est de nous assurer que cette transition ne se fera pas dans la douleur.

Des fonctionnements durablement inscrits dans notre rapport Ă  l’informatique sont repensĂ©s, sans que la question de l’adoption par les utilisateurs se pose. Exemple : l’organisation et la recherche de l’information. Aujourd’hui, la plupart des serveurs de fichiers et des systĂšmes de stockage de donnĂ©es sont organisĂ©s sous la forme d’une arborescence. Pendant trĂšs longtemps, ce classement a Ă©tĂ© le moyen le plus efficace de retrouver de l’information. Mais la masse de donnĂ©es numĂ©riques a grandi, la taille (et le nombre) des rĂ©pertoires est devenue Ă©norme, et les moteurs de recherche sont souvent inefficaces/lents (cf. la fonction « recherche Â» de l’explorateur de Windows quand il s’agit de chercher sur un serveur).

En ligne, cette question a Ă©tĂ© tranchĂ©e depuis longtemps. Aux dĂ©but de l’internet, deux moteurs de recherche dominaient le marchĂ© : Yahoo, alors basĂ© sur un classement des sites web en arborescence, par grands domaines, et Altavista (de la sociĂ©tĂ©, aujourd’hui disparue, Digital), qui fonctionnait sur le mĂȘme principe que Google avec un unique champ de recherche. La masse d’information Ă  gĂ©rer ayant explosĂ©, c’est ce dernier principe qui a prĂ©valu.

On a parfois cru que la GED (Gestion Électronique de Documents), pouvait ĂȘtre une rĂ©ponse. Mais l’effort Ă  consentir pour ajouter, souvent manuellement, les mĂ©tadonnĂ©es lui permettant d’ĂȘtre efficace Ă©tait important. Ce qu’on appelle le « big data Â» a tout changĂ©. Aujourd’hui, la grande majoritĂ© des mĂ©tadonnĂ©es peuvent ĂȘtre gĂ©nĂ©rĂ©es automatiquement par une analyse du contenu des documents, et des moteurs de recherche puissants sont disponibles. Dans ce domaine, le logiciel libre est roi (pensez Ă  Elastic Search) et des solutions, associĂ©es Ă  un cloud, permettent de retrouver rapidement une information, indĂ©pendamment de la façon dont elle est gĂ©nĂ©rĂ©e, classĂ©e ou commentĂ©e. C’est un changement majeur Ă  conceptualiser dans le cadre de la transformation numĂ©rique, et les enjeux de formation et d’information des utilisatrices et utilisateurs ne peuvent pas ĂȘtre ignorĂ©s.

S’organiser pour Ă©voluer

Si la feuille de route des Ă©lus Ă©chirollois ne nous dit pas ce qui doit ĂȘtre fait, elle met l’accent sur un certain nombre de thĂšmes qu’il va falloir prendre en compte : limitation de l’impact environnemental, rĂ©duction de toutes les fractures numĂ©riques, gestion responsable des donnĂ©es, autonomie et logiciels libres. À nous de nous adapter, en prenant garde, comme toujours, Ă  la cohĂ©rence, la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© du systĂšme d’information
 et en ne nĂ©gligeant ni l’effort de formation, ni la nĂ©cessaire communication autour de ces changements.

Dans ma commune, c’est le rĂŽle de la direction de la stratĂ©gie et de la culture numĂ©riques (souvent appelĂ©e, ailleurs, « direction de la transformation — ou de la transition — numĂ©rique Â») en lien Ă©troit avec la DSI, qui dispose des compĂ©tences opĂ©rationnelles.

Conjuguer autonomie et dĂ©ploiement de logiciels libres a un coĂ»t : celui de l’expertise technique. Sans compĂ©tences techniques fortes, le nombre de prestations explose nĂ©cessairement et vient contredire l’objectif d’un systĂšme d’information maĂźtrisĂ©, aussi bien en termes de responsabilitĂ©s qu’au niveau financier. HĂ©bergement, installation, paramĂ©trage, sĂ©curisation, maintenance et formation doivent pouvoir, autant que possible, ĂȘtre assurĂ©s en interne. Le DSI lui-mĂȘme doit pouvoir faire des choix sur la base de critĂšres qui ne sont pas seulement fonctionnels mais Ă©galement techniques. La rĂ©organisation du service est donc inĂ©vitable et l’implication de la direction des ressources humaines indispensable. Vouloir mettre en Ɠuvre une politique autour du libre sans compĂ©tences ni appĂ©tences pour le sujet serait vouĂ© Ă  l’échec.

À Échirolles, la grande proximitĂ© entre DSCN et DSI a permis de dĂ©cliner la stratĂ©gie numĂ©rique en mĂ©thodologies opĂ©rationnelles qui, mises bout Ă  bout, permettent de s’assurer que nous ne perdons pas de vue l’objectif stratĂ©gique. Pour chaque demande d’un nouveau logiciel exprimĂ©e par un service, par exemple, nous procĂ©dons comme suit :

  • Existe-t-il un logiciel en interne permettant de rĂ©pondre au besoin ? Si oui, formons les utilisateurs et utilisons-le.
  • Si non, existe-t-il un logiciel libre permettant de rĂ©pondre au besoin ? Installons-le.
  • Si non, existe-t-il un logiciel propriĂ©taire ? Achetons-le.
  • Si non, en dernier recours, crĂ©ons-le.

On mesure immĂ©diatement ce que ce fonctionnement implique au niveau du recrutement et de l’organisation : il nous faut une Ă©quipe capable de gĂ©rer cette procĂ©dure de bout en bout et donc, forcĂ©ment, une compĂ©tence en dĂ©veloppement. Nous avons donc crĂ©Ă© un « pĂŽle applicatif Â» en charge de ce travail, et recrutĂ© un dĂ©veloppeur. Et puisque la question de la contribution se pose Ă©galement, nous avons dĂ©cidĂ© que 20 % du temps de travail de ce poste serait consacrĂ© Ă  des contributions au code de logiciels libres utilisĂ©s par la ville.

À chaque mise en place d’une solution technique, la question de l’interopĂ©rabilitĂ© se pose. Partant du principe que le « cloud Â» deviendra central dans l’architecture future du systĂšme d’information, nous nous sommes penchĂ©s sur les logiciels libres qui permettraient de remplir cette fonction et nous avons fait le choix, trĂšs tĂŽt et comme beaucoup, de Nextcloud, associĂ© Ă  Collabora pour l’édition collaborative des documents. Nous nous assurons donc, depuis, que tout nouveau logiciel installĂ© dans la collectivitĂ© sera correctement interopĂ©rable avec ce logiciel quand, dans quelques annĂ©es, la transition sera achevĂ©e.

Mais nous parlerons de logiciels dans la troisiÚme partie de ce récit.

→ Retour vers l’épisode 1 : la structuration.

***

Retrouvez-moi sur Mastodon : https://colter.social/@nicolasvivant

La dĂ©googlisation du GRAP, partie 3 : Le bilan

Par : Framasoft
23 février 2023 à 03:37

On vous a partagĂ© la semaine derniĂšre la deuxiĂšme partie de La dĂ©googlisation du GRAP qui vous invitait Ă  dĂ©couvrir comment iels avaient rĂ©ussi Ă  sortir de Google Agenda et gmail. Voici donc la suite et fin de ce rĂ©cit palpitant de dĂ©googlisation. Encore merci Ă  l’équipe informatique du GRAP d’avoir documentĂ© leur dĂ©marche : c’est vraiment trĂšs prĂ©cieux ! Bonne lecture !

 

Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent


AprÚs la sortie de Google Drive remplacé par Nextcloud, Google Agenda par Nextcloud Agenda, nous avons fini par le plus gros bout en 2021-2022, sortir de Gmail et en finir avec le tentaculaire Google.

Le mardi 23 novembre, nous dĂ©branchions enfin Google. Nous voilĂ  libres ! Presque 😉

Bilan dégooglisation

AprĂšs 4 ans de dĂ©googlisation, oĂč en sommes-nous de notre utilisation de logiciels non libres ?

Dans l’équipage â›”

SystĂšme d’exploitation Libre ? Commentaire
Windows ❌ 13 personnes
Ubuntu ✅ 9 personnes
Gestion documentaire et travail collaboratif
Nextcloud Files ✅ Tout le monde depuis 2020 ✅
Nextcloud Agenda ✅ Tout le monde depuis 2021 ✅
Téléphonie et visio
3CX ❌ Tout le monde  âŒ
Nextcloud Discussions ✅
Mail et nom de domaine
Gandi
✅ Tout le monde depuis 2022 ✅
Logiciels métier
Odoo (suivi des actis, achat/revente, facturation)
✅ Pîles info, accompagnement et logistique
EBP (compta)
❌ Pîle compta
Cegid (paie) ❌ Pîle social
Gimp, Inkscape, Scribus (graphisme et mise en page)
✅ Pîle communication
BookstackApp (documentation) ✅ Tous pîles
Logiciels bureautique
Suite Office ❌
Suite LibreOffice ✅
RĂ©seaux sociaux
Facebook, Linkedin, Twitter, Eventbrite ❌
Peertube ✅

Nos pistes d’amĂ©lioration en logiciel libre sont donc du cĂŽtĂ© du systĂšme d’exploitation et des logiciels mĂ©tiers.

Les blocages sont dus :

  1. Ă  certains logiciels mĂ©tiers qui n’existent pas en logiciel libre
    → Ă  voir si on arrive Ă  dĂ©velopper certains bouts mĂ©tier sur Odoo dans les prochaines annĂ©es
  2. Ă  la difficultĂ© de se passer d’Excel pour certaines personnes grandement habituĂ©es Ă  ses logiques et son efficacitĂ©
    → Ă  voir si LibreOffice continue Ă  s’amĂ©liorer et/ou si on se forme plus sur LibreOffice

Dans la coopĂ©rative  đŸŒž

SystĂšme d’exploitation Libre ? Commentaire
Ubuntu ✅ Dans tous les points de vente
ordinateurs portables
Windows ou Mac ❌ Les autres ordinateurs portables
Gestion documentaire et travail collaboratif
Nextcloud Files ✅ Tout le monde y a accùs depuis 2020 ✅
Fournisseur mail principal
Gandi
✅ 55 %
Gmail ❌ 37 %
Ecomail  ? 4 %
Logiciels métier
Odoo (achat, revente, stock, facturation, intelligence décisionnelle)
✅ UtilisĂ© par 95 % des activitĂ©s
Autres
❌ ✅ Dur Ă  dire, mais la majoritĂ© des activitĂ©s de transformation utilise des tableaux Excel ou des logiciels dĂ©diĂ©s
Logiciels bureautique
Suite Office ❌ Pas de rĂ©fĂ©rencement fait. Aucune visibilitĂ© actuellement
Suite LibreOffice ✅

Nos pistes d’amĂ©lioration sont donc du cĂŽtĂ© des logiciels mails et des logiciels mĂ©tiers.

→ Un des gros chantiers de 2022-2023 est justement le dĂ©veloppement et la migration sur Odoo Transfo. Pas pour le cĂŽtĂ© politique du logiciel libre mais bien de l’amĂ©lioration continue d’un mĂȘme logiciel partagĂ© dans la coopĂ©rative.

→ À voir si la dĂ©googlisation de l’équipe « inspire Â» certaines activitĂ©s pour se motiver Ă  se dĂ©googliser. Nous serons lĂ  pour les accompagner et continuer Ă  porter le message Ă  qui veut l’entendre.

Bilan humain

À l’heure oĂč nous Ă©crivons (fin octobre 2022), il est trop tĂŽt pour faire le bilan de la sortie de Gmail. Nous comptons d’ailleurs envoyer un nouveau questionnaire dans quelques mois qui nous permettra d’y voir plus clair. Mais nous pouvons d’ores et dĂ©jĂ  dire que ce fut clairement l’étape la plus compliquĂ©e de la dĂ©googlisation.

Sortir d’un logiciel fonctionnel, performant et joli est forcĂ©ment compliquĂ© quand on migre vers un logiciel aux logiques diffĂ©rentes (logiciel bureau VS web par exemple) et qui souffre de la comparaison au premier abord. Pour compenser cela, nous avons fait le choix de dĂ©dier beaucoup de temps humains (nombreuses formations par mini groupes ou en individuels, rĂ©ponses rapides aux questions posĂ©es) et beaucoup de documentations et de partage de retour d’expĂ©riences.

La sortie de Google Drive et Google Agenda furent relativement douces et moins complexes que Gmail. Le logiciel Nextcloud Ă©tant assez mature pour assurer un changement plutĂŽt simple et serein.

Ça paraĂźt simple une fois Ă©noncĂ©, mais plus les gens travaillent avec un outil (Google par exemple), plus il sera difficile de les amener Ă  changer facilement d’outil.

Conseil n°5 :
Dans la mesure du possible, la meilleure des dĂ©googlisation est celle qui commence dĂšs le dĂ©but, par l’utilisation d’outils Libres. En 2022, quasiment tout logiciel a son alternative Libre mature et fonctionnel.
Si ce n’est pas possible, dĂšs que les moyens humains sont disponibles et que la majoritĂ© le veut, envisagez votre dĂ©googlisation ?

À Grap, il existe une certaine culture politique de comprĂ©hension autour des enjeux du logiciel libre et des GAFAM. Cela nous a aidĂ©. Et cela nous parait quasiment obligatoire avant d’envisager une dĂ©googlisation. Car c’est un processus long oĂč l’on a besoin du consentement – au moins thĂ©orique – des gens impactĂ©s pour que celleux-ci acceptent de se former Ă  de nouveaux outils, s’habituer Ă  de nouvelles habitudes etc.

Conseil n°6 : avant d’entamer une dĂ©googlisation, faire monter en compĂ©tences votre groupe sur les sujets autour du Logiciel Libre et des enjeux des Gafam Ă  travers des projections de films par exemple.
Voici un récap de quelques ressources.

Bilan technique

Voici nos choix de logiciels pour notre dĂ©googlisation :

  • Nextcloud pour la gestion documentaire et le travail collaboratif (agenda, visio, gestion de tĂąches)
    • complĂ©tĂ© par Onlyoffice avec une image Docker sans limitation d’usage (pendant 2 ans l’image nemskiller007/officeunleashed puis dĂ©sormais alehoho/oo-ce-docker-license)
    • sauvegarde quotidienne par le logiciel de sauvegarde Borg
  • BookstackApp et Peertube pour la documentation Ă©crite et vidĂ©o
  • Meshcentral pour la prise en main Ă  distance d’autres ordinateurs
  • Gandi pour le prestataire de mails
  • Thunderbird pour le logiciel bureau pour gĂ©rer ses mails (et K9Mail sur tĂ©lĂ©phone)

Voici nos choix d’infrastructure :

  • OVH et Online  pour la location de serveurs faisant tourner ses services (choix historique)
  • 4 serveurs :
    • 1 serveur dĂ©diĂ© Nextcloud de 2To (Gamme Start-1-L Intel Xeon E3 1220v2 @3,1 Ghz, 16Go RAM)
    • 1 serveur dĂ©diĂ© Nextcloud Test en miroir du Nextcloud
    • 1 serveur de sauvegarde (mutualisĂ© avec d’autres services de la coopĂ©rative)
    • 1 serveur dĂ©diĂ© Ă  diffĂ©rents services (Peertube, Meshcentral, Bookstackapp)

Bilan Ă©conomique

Pour calculer le coût économique de notre dégooglisation commencé en 2018, voici les chiffres retenus.

☀ Le scĂ©nario « DĂ©googlisation Â» est celui rĂ©ellement effectuĂ© depuis 2018.
Son coĂ»t comprend :

  • le temps de travail du service informatique, dĂ©coupĂ© en
    • l’aide au collĂšgue habituelle : qui subit une augmentation du fait de l’internalisation de certaines questions, notamment avec le changement de Gmail Ă  Thunderbird
    • le support et administration systĂšme des services :
      • toutes les recherches techniques (comment bien gĂ©rer les installations, sauvegardes etc.)
      • toutes les questions / rĂ©ponses par mail et tĂ©lĂ©phone
    • le « temps de dĂ©googlisation Â» qui correspond
      • les temps d’écriture de documentation et de formation
      • les mails d’annonce, de relance, de re-re-relance  đŸ˜‰
  • le coĂ»t des serveurs informatiques pour faire tourner les logiciels remplaçant les services Google et Teamviewer

đŸ€ź À l’opposĂ©, le scĂ©nario Google comprend :

  • le temps de travail du service informatique sur l’aide au collĂšgue – accĂšs stable dans le temps – qui augmente par le nombre de gens dans l’équipe, mais diminue par notre appropriation des logiciels, amĂ©liorations de l’existant, documentation etc.
  • la facturation des comptes Google Workspace
    • stable depuis 2018, Google a annoncĂ© cet Ă©tĂ© l’augmentation de ces prix. Les pauvres n’ont eu que 6 % de croissance en 2022 avec 14 milliards de dollars de bĂ©nĂ©fices. Passant donc les comptes pro de 4€ Ă  10,40€/mois Ă  partir de juin 2023.
  • la facturation hypothĂ©tique (car elle n’a jamais eu lieu) de Teamviewer Pro
    • En effet, jusqu’à juin 2019, nous utilisions Teamviewer pour aider les activitĂ©s de la coopĂ©rative Ă  distance. Mais notre utilisation intensive ne rentrait plus dans la version gratuite et Teamviewer nous bloquait l’usage du logiciel pour que l’on souscrive Ă  leur abonnement.
    • Heureusement, nous sommes passĂ©s sur des logiciels auto-hebergĂ©s et libre : RemoteHelp (un logiciel libre abandonnĂ© depuis) puis en dĂ©cembre 2020 sur Meshcentral.

En prenant en compte ces donnĂ©es, le scĂ©nario « DĂ©googlisation Â» finit par devenir moins cher que le scĂ©nario « Google Â».
Pour le coĂ»t mensuel, cela arrive dĂšs septembre 2022 (quasi Ă  la fin de la sortie de Gmail donc) !  🎉
Pour le coĂ»t cumulĂ©, cela devient rentable deux ans aprĂšs, en septembre 2024 !  đŸŽ‰

Ces chiffres s’expliquent par :

  • le coĂ»t important au dĂ©marrage de la sortie de Google Drive
    • 128h passĂ©es sur les 5 premiers mois pour valider la solution Nextcloud
  • un temps de support / administration systĂšme pour Nextcloud qui baisse progressivement
    • passant de 14h mensuels en 2019, Ă  9h en 2020, Ă  5h en 2021, Ă  3h en 2022
  • le prix de Google qui aurait augmentĂ© (mais on y a Ă©chappĂ© avant, ouf !)

Bilan politique

Nous sommes fiÚr·es en tant que coopérative de porter concrÚtement nos valeurs dans le choix de nos logiciels qui sont plus que de simples outils.

Ces outils sont porteurs de valeurs dĂ©mocratiques trĂšs fortes. Nous ne voulons pas continuer Ă  engraisser Google – et autres GAFAM – de nos donnĂ©es privĂ©es et professionnelles qui les revendent Ă  des entreprises publicitaires et des Ă©tats Ă  tendance anti-dĂ©mocratique (voir les rĂ©vĂ©lations Snowden, le scandale Facebook-Cambridge Analytica). Cela est en contradiction avec ce que nous prĂŽnons : la coopĂ©ration, de l’entraide et le lien humain.

Nous avons besoin d’outils conviviaux, modulables et modifiables selon qui nous sommes. Nous avons besoin de pouvoir trifouiller les outils que nous utilisons, comme nous pouvons trifouiller un vĂ©lo pour y rĂ©parer le frein ou y rajouter un porte-bagages. Des outils Ă©mancipateurs en somme, qui nous empouvoire et ne rendent pas plus esclave de la matrice capitaliste.

Notre dĂ©marche n’aurait pas pu avoir lieu sans le travail et l’aide de millions de personnes qui ont construit des outils Libres, des documentations Libres, des confĂ©rences et autres vidĂ©os Libres. Elle n’aurait pas eu lieu non plus sans l’inspiration de structures comme Framasoft ou la Quadrature du Net. Merci.

 đŸŽ La route est longue, la voie est libre, et sur le chemin nous y cueillerons des pommes bios et paysannes.  đŸ

Encore un grand merci aux informaticiens du GRAP pour leur travail de documentation sur cette dĂ©marche. D’autres tĂ©moignages de DĂ©googlisation ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur ce blog, n’hĂ©sitez pas Ă  prendre connaissance. Et si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancĂ©e dans une dĂ©marche similaire et que vous souhaitez partager votre expĂ©rience, n’hĂ©sitez pas Ă  nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !

 

La dĂ©googlisation du GRAP, partie 2 : Au revoir Google Agenda et Gmail

Par : Framasoft
15 février 2023 à 05:30

On vous a partagĂ© la semaine derniĂšre la premiĂšre partie de la dĂ©marche de dĂ©googlisation du GRAP qui vous invitait Ă  dĂ©couvrir comment iels avaient rĂ©ussi Ă  sortir de Google Drive. Voici donc la suite (mais pas la fin) de ce rĂ©cit de dĂ©googlisation qui nous permet de prendre conscience que ce n’est toujours facile de sortir des griffes de ces gĂ©ants de la tech. Bonne lecture !

Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent


En janvier 2020, aprĂšs plus d’un an Ă  avoir pris la dĂ©cision de passer sur Nextcloud en remplacement de Google Drive, la migration Ă©tait officiellement finie ! Mais voilĂ , nous passions encore pas mal de temps Ă  ouvrir un onglet Google pour consulter nos agendas, ainsi que nos mails pour les personnes utilisant Gmail en ligne.

/2021/ Fini Google Agenda, go Nextcloud Agenda

Fin septembre 2020, nous dĂ©cidons collectivement de passer sur l’agenda Nextcloud. Nous nous laissons 3 mois pour commencer l’annĂ©e 2021 sur le nouvel outil. Quelques personnes (notamment le pĂŽle informatique) vont alors tester en conditions rĂ©elles Nextcloud Agenda.

Le challenge est sympa car nous dĂ©cidons de faire ça en pleine migration d’Odoo de version 8 Ă  la version 12, qui est le rĂ©sultat de pas moins de 1000 heures de temps de travail et 294 tests de non rĂ©gression.

L’export de donnĂ©es de Google Agenda se passe relativement bien, et l’import sur Nextcloud Agenda aussi. Les seuls soucis viennent de soucis d’exportation d’évĂšnements rĂ©currents du cĂŽtĂ© Google. On demande alors de recrĂ©er ces Ă©vĂšnements du cĂŽtĂ© de Nextcloud Agenda.

DĂ©but 2021, la migration n’est pas possible pour trop de monde dans l’équipe : nous dĂ©cidons de nous donner du mou et de fixer une date de bascule au 29 mars 2021 aprĂšs que certains temps collectifs soient passĂ©s (l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale notamment).

Une procĂ©dure est Ă©crite pour que chaque personne s’autonomise dans sa migration, mais la majoritĂ© de la migration se fait collectivement Ă  la date choisie du 29 mars :

  • export de l’agenda Google
  • import dans l’agenda Nextcloud
  • partage de son agenda au reste de l’équipe
  • (optionnel) synchronisation de l’agenda avec Thunderbird
  • crĂ©ation des agendas partagĂ©s pour les salles de rĂ©union

Tout est documentĂ© ici : https://librairie.grap.coop/books/nextcloud/page/agenda-nextcloud

Depuis avril 2021, nous sommes donc officiellement toustes sur Nextcloud Agenda.

L’application reçoit rĂ©guliĂšrement des mises Ă  jour porteuses de fonctionnalitĂ©s bien chouettes (corbeille, recherche d’évĂšnements, recherche d’un crĂ©neau de disponibilitĂ©), ou de corrections de bugs.

/2021-22/ La transformation complĂšte : sortir de Gmail

Nous voilĂ  arrivé·es Ă  la derniĂšre Ă©tape qui nous permet de sortir des outils Google pour l’équipage (nouveau nom de l’équipe interne). La plus dure. MĂȘme si cette Ă©tape ne concerne « que Â» les membres de l’équipage, cette transformation fut la plus longue Ă  mener.

Pourquoi ? Parce que :

  • le mail est l’outil principal de la majoritĂ© des salarié·es de l’équipe qui l’utilisent toute la journĂ©e
  • Gmail est trĂšs performant, notamment dans la recherche de mail
  • certain·es personnes ont jusqu’à 10 ans d’habitudes de travail avec Gmail

D’ailleurs, on l’a constatĂ© empiriquement, les personnes les plus anciennes de Grap furent les personnes les plus compliquĂ©es Ă  faire transiter. Autant du point de vue technique (transfĂ©rer 10 ans de mail est forcement plus compliquĂ© que pour une personne arrivĂ©e rĂ©cemment) que des habitudes prises sur le logiciel.

Conseil n°1 : plus on s’y prend tĂŽt Ă  se dĂ©googliser, moins ça sera compliquĂ© dans la conduite du changement de logiciel.

đŸŒ± ÉtĂ© 2021 – Trouver la solution technique remplaçante

Gandi pour la gestion de l’hĂ©bergement de mail

Nous travaillons avec Gandi pour la majoritĂ© des activitĂ©s de Grap afin de gĂ©rer leur nom de domaine et leurs mails. Pourquoi Gandi ?

  • Gandi est engagĂ© depuis longtemps dans le respect de la vie privĂ©e
  • Gandi est une entreprise qui roule Ă  priori bien sur laquelle on peut compter sur la durĂ©e
  • Gandi a un support de qualitĂ© qui rĂ©pond rapidement Ă  toutes nos demandes (et ce fut bien utile lors des moments de doute technique pour cette dĂ©googlisation)
  • Gandi est une entreprise française qui paye Ă  priori ses impĂŽts en France  đŸ˜‰

Thunderbird comme logiciel bureau

Thunderbird va ĂȘtre notre pierre angulaire pour cette dĂ©-gmail-isation. Autant pour permettre le transfert des mails de Google Ă  Gandi, que pour travailler ses mails pour la suite. Ce fut une Ă©vidence de partir sur Thunderbird au dĂ©but.

  • Ce logiciel libre est complet. Peut-ĂȘtre mĂȘme trop complet, ce qui rend son ergonomie critiquable.
  • Ce logiciel est aussi assez ancien, ce qui lui donne une bonne robustesse. Peut-ĂȘtre trop ancien, ce qui rend son ergonomie critiquable  đŸ˜‰
  • Ce logiciel a une communautĂ© importante qui dĂ©veloppe de trĂšs nombreux modules complĂ©mentaires (Ă  voir ici) qui viennent se greffer Ă  Thunderbird pour apporter une myriade de possibilitĂ©s.

Quelques mois plus tard, aprĂšs la prise en main de certain·es utilisateur·ices, et de leur critique lĂ©gitime, on s’est senti obligĂ© de rĂ©aliser un banc d’essai (benchmark), qui validera dĂ©finitivement ce choix.

Le benchmark pour choisir notre logiciel de bureau pour la gestion des emails

Les critĂšres suivants ont Ă©tĂ© retenus :

  • logiciel libre
  • fonctionne sur Linux Ubuntu et Windows
  • communautĂ© vivante et grande
  • modĂšle Ă©conomique viable
  • installation simple
  • rempli les fonctionnalitĂ©s de base demandĂ©es par les collĂšgues (voir plus tard dans le texte)

🌿 Automne 2021 – Identifier les besoins et fonctionnalitĂ©s utilisĂ©es

Pour ĂȘtre certain de pouvoir sortir de Google, il faut s’assurer que les collĂšgues vont retrouver leurs petits, ou que l’on assume collectivement que l’on perdra des usages / fonctionnalitĂ©s en passant sur Thunderbird.

Pour cela, nous envoyons un sondage qui nous permet d’y voir plus clair sur les fonctionnalitĂ©s utilisĂ©es par l’équipe pour ajuster nos formations, documentations et recherches de modules complĂ©mentaires dans Thunderbird.

RĂ©ponse Ă  la question « Quelles fonctionnalitĂ©s mail utilises-tu actuellement ? Â»

 

RĂ©ponse Ă  la question « Quelles fonctionnalitĂ©s mail AIMERAIS-tu dĂ©couvrir ou utiliser ? Â»

Sur la question « Sur une Ă©chelle de 0 Ă  6, est-ce que tu souhaites ĂȘtre prĂ©curseur·se de ce changement ? (0 : non / 6 : trop chaud·e)« , la moyenne et la mĂ©diane est Ă  3,5. Les gens sont donc.. moyennent chaud·es en gĂ©nĂ©ral !

⚠ Voici les points les plus bloquants pour un passage sur Thunderbird selon notre analyse :

  • les mails ne sont pas gĂ©rĂ©s sous la forme de fils de conversation
  • la recherche Thunderbird est laborieuse et pas aussi prĂ©cise et rapide que Gmail
  • la peur de perdre des mails anciens
  • l’ergonomie de Thunderbird, notamment la diffĂ©rence de fluiditĂ© par rapport Ă  une page web comme Gmail

Pour rĂ©ussir ce changement de logiciel, il faut que les Ă©tapes soient claires et transparentes pour les utilisateur·ices. Cela leur permet de se projeter : « ok dans 6 mois / 1 an je change d’outil et je sais Ă  peu prĂšs ce qui m’attend ! Â».

AprÚs ce premier sondage, un calendrier a donc été partagé, indiquant les différentes dates menant à la dégooglisation de tout le monde.

đŸȘŽ Automne – Hiver 2021 – Formation et Documentation Thunderbird

4 personnes sur 20 utilisent dĂ©jĂ  Thunderbird. Pour les 16 autres, nous prĂ©voyons d’étaler les formations par petits groupes sur 3 mois : les personnes les plus intĂ©ressĂ©es commencent dĂšs mi-octobre, et les personnes les plus frileuses seront formĂ©es en janvier, ce qui nous laissera le temps d’avoir des retours, d’ajuster la formation et la documentation.

La formation suit le programme que vous pouvez retrouver ici :

  • une aide Ă  l’installation de Thunderbird et du paramĂ©trage du compte Gmail
  • une prĂ©sentation globale de l’outil
  • une prĂ©sentation des fonctionnalitĂ©s de base
  • des conseils globaux d’utilisation et la prĂ©sentation des meilleurs modules complĂ©mentaires.

La documentation va jouer un rÎle trÚs important dans la dégooglisation. Et dÚs septembre, on va mettre le paquet pour tout bien documenter.

✊ DĂ©googlisation – sortir de Gmail → https://librairie.grap.coop/books/mail/chapter/degooglisation-sortir-de-gmail
đŸ“Ș Tutos Thunderbird đŸ’» → https://librairie.grap.coop/books/mail/chapter/tutos-thunderbird

Ce travail de plusieurs mois va ĂȘtre itĂ©ratif : chaque formation apporte son lot de questions, ou de bugs, ou de besoins qu’il faut alors documenter et faire repartager Ă  tout le monde. De nombreux points mails (ou des messages informels) sont envoyĂ©s Ă  l’équipe pour leur faire part des retours, de l’avancĂ©e et des nouveaux modules complĂ©mentaires ou paramĂ©trages trouvĂ©s pour faciliter l’utilisation de Thunderbird.

🙊 Une difficultĂ© anticipĂ©e mais relou : le lien Thunderbird – Gmail

Thunderbird a des dĂ©fauts indĂ©niables. Mais dans cette dĂ©googlisation, on n’est pas aidĂ© par Gmail qui aime bien avoir des comportements
 embĂȘtants. Une de ses particularitĂ©s est le traitement des mails dans un dossier appelĂ© « Tous les messages Â». Pour citer la doc officielle de Thunderbird :

Tous les messages : contient une copie de tous les messages de votre compte Gmail, en incluant le dossier « Courrier entrant Â», le dossier « EnvoyĂ© Â» et les messages archivĂ©s.

Donc si vous avez 10 000 messages entrants et sortants, Thunderbird va tĂ©lĂ©charger 20 000 mails. Sachant qu’on retrouve tous ses mails dans Courrier entrant et EnvoyĂ©s, ce dossier ne sert donc Ă  rien. AprĂšs plusieurs semaines d’utilisation, et certains ralentissements au lancement de Thunderbird, nous avons fini par conseiller aux gens de se dĂ©sabonner de ce dossier.

D’autres conseils seront documentĂ©s par la suite ici : https://librairie.grap.coop/books/mail/page/thunderbird-et-gmail

☘ Avril 2022 – Premier bilan et questionnement technique

Le calendrier des formations a Ă©tĂ© quasiment tenu. C’est seulement en janvier que certaines formations n’ont pas eu lieu, du fait de difficultĂ©s professionnelles rencontrĂ©es dans certains pĂŽles de l’équipe. Il ne restait alors que 2 personnes Ă  former.

Mais entre temps, Quentin qui est responsable de cette dégooglisation, est parti en congés sans solde en février-mars. La décision avait été prise de ne pas se presser avant son départ et de faire le point en avril, nous y voilà.

  • 2 personnes non formĂ©es en janvier + 2 arrivĂ©es
  • Certaines personnes de l’équipe n’ont pas pris le pli et sont revenues un peu / beaucoup sur Gmail
  • Un tableau partagĂ© a fait remonter les problĂšmes soulevĂ©s :
    • La plupart peuvent ĂȘtre rĂ©glĂ©s par contournement ou par une meilleure documentation.
    • La recherche de mails est laborieuse.

Nous dĂ©cidons de :

  • former les gens qui ne l’ont pas Ă©tĂ©
  • continuer Ă  documenter et informer des meilleurs modules et petits paramĂ©trages qui changent la vie
  • s’interroger sur pourquoi certaines personnes n’ont pas pris le pli
  • demander l’avis des membres de l’équipe sur Thunderbird et la dĂ©googlisation en cours
  • faire un benchmark des solutions (voir si Thunderbird est vraiment le cheval gagnant)
  • s’assurer et valider le processus technique de bascule qu’il faudra faire (le voici)
  • prendre une dĂ©cision lors de notre comitĂ© de pilotage informatique qui arrive

Conseil n°2 : Nous prenons aussi la dĂ©cision que Quentin ne soit pas le seul porter ce projet. Il ressent une charge mentale et une certaine pression Ă  gĂ©rer les retours des personnes en difficultĂ©. Pour ne pas non plus tomber dans une posture de l’informaticien libriste qui impose le choix, et pour bien affirmer que nous prenons des choix collectivement, nous allons dĂ©-personnifier le projet. DĂ©sormais le travail sera soutenu et partagĂ© avec Sandie, et les mails signĂ©s par le pĂŽle informatique.

⚡ Mai 2022 – La recherche boostĂ©e Ă  notre rescousse !

Enfin ! Nous avons trouvĂ© un moyen de rĂ©pondre aux soucis de recherche sur Thunderbird. Avec un habile mĂ©lange de dossier virtuel et d’un module complĂ©mentaire de recherche avancĂ©e, nous parvenons Ă  lier rapiditĂ© et complexitĂ© de recherche !

Nous le documentons dans la partie 4 de ce tuto : https://librairie.grap.coop/books/mail/page/recherche-mail-booste

🍀 Juin 2022 – DeuxiĂšme bilan : on y va, on sort de Google ?

Notre comitĂ© de pilotage ne prend pas une dĂ©cision ferme. On continue juste Ă  valider de travailler sur cette dĂ©googlisation. En dehors de tous les aspects politiques, en sortant de Google, nous allons cesser de payer 2000€/an pour les comptes pros que nous avons, et c’est toujours ça de gagnĂ© dans un moment de crise Ă©conomique !

Deux mois plus tĂŽt, nous avions envoyĂ© ce formulaire Ă  l’équipe, commentĂ© par cette phrase qui rĂ©sume son intention « Vive le consentement, Ă  bas la coercition 🌞 Â» pour prendre la tempĂ©rature de l’équipe sur l’utilisation de Thunderbird. Voici notre analyse rĂ©sumĂ©e des rĂ©sultats :

🔮 les personnes n’ayant pas encore franchi l’étape Thunderbird sont :

  • une grande partie d’un pĂŽle en surcharge
  • les « ancien⋅nes Â» qui sont lĂ  depuis longtemps

🔮 les difficultĂ©s principales vis-Ă -vis de l’outil sont :

  • la recherche de mail
  • le changement d’usage ergonomique
  • des problĂšmes liĂ©s Ă  la connexion avec Google
  • des besoins spĂ©cifiques non fonctionnels (invitation Outlook)
  • des problĂšmes spĂ©cifiques rĂ©glĂ©s depuis (soucis d’antivirus, paramĂ©trage mail d’absence, etc.)

✅ l’équipe est chaude pour sortir de Google !

✅ l’équipe se sent bien accompagnĂ©e Ă  ce changement.

☑ une minoritĂ© de l’équipe (3~4 personnes) ne se sent pas sĂ©curisĂ©e ou perd quelques minutes par jour Ă  l’utilisation de Thunderbird. Ces 3~4 personnes se recoupent avec les personnes utilisant Gmail. Nous pensons qu’avec l’usage et les amĂ©liorations du logiciel, nous parviendrons Ă  amĂ©liorer ça.

⭕ les personnes revenues sur Gmail l’expliquent par :

  • « la flemme Â»
  • un mauvais timing / mauvais paramĂ©trage au dĂ©but
  • pĂŽle ou personne avec grosse charge de travail

Nous dĂ©cidons alors :

  • de rĂ©aliser deux sessions de formation Ă  la recherche boostĂ©e  âšĄ
  • de travailler sur la solution d’application smartphone adĂ©quate pour sortir de l’application Gmail
  • de redonner une formation aux 5 personnes qui n’ont pas fait le switch afin qu’elles y arrivent
  • de fixer la date de sortie de Google : cela sera la 1Ăšre ou 2Ăšme semaine d’aoĂ»t
  • de commencer Ă  crĂ©er toutes les boĂźtes mails et redirections mails nĂ©cessaires

Conseil n°3 : Nous avions 17 boĂźtes mails Ă  recrĂ©er et 80 redirections de mails assez complexes Ă  rĂ©aliser. C’est un travail fastidieux qui demande de se concentrer pour ne pas louper un mail dans la redirection mail crĂ©Ă©e. Car non, il n’existait pas d’export Google des « groupes Google Â» que nous utilisions. Le conseil est donc le suivant : partagez le travail :) Merci Sandie pour ce gros taf !

🚀 Juillet 2022 – la bonne nouvelle : Thunderbird s’amĂ©liore

Alors que nous venions de fixer le crĂ©neau de dĂ©part de Google (dĂ©but aoĂ»t), Thunderbird sort sa derniĂšre version (la 102), le 29 juin. Cette version apporte de trĂšs nombreuses amĂ©liorations ergonomiques, rendant le logiciel bien plus agrĂ©able Ă  utiliser. Et quand on utilise un logiciel toute la journĂ©e, ce n’est pas un petit dĂ©tail que de pouvoir modifier la taille d’affichage, la taille de police, les couleurs des dossiers mails ou encore une gestion des contacts totalement re-dĂ©signĂ©e. Leur annonce officielle ici.

Et les bonnes nouvelles s’enchaĂźnent :

  • Thunderbird annonce rejoindre le projet K-9 Mail pour une application libre sur Android qui va donc s’amĂ©liorer encore plus vite !
  • Et leur feuille de route de modifications futures sont trĂšs trĂšs prometteuses pour rĂ©pondre aux soucis les plus courants :
    • des fils de conversations natifs !
    • une ergonomie qui s’amĂ©liore de jour en jour avec notamment l’affichage des mails sur plusieurs lignes
    • une synchronisation de son compte qui permettrait d’avoir deux Thunderbird sur deux ordis diffĂ©rents

🌾 Voici à quoi pourrait ressembler Thunderbird en mi-2023 🌾

đŸŒČ 9 AoĂ»t 2022 – Le fil rouge sur le bouton rouge..

Depuis quelques mois, on discutait avec Gandi pour nous assurer que la procĂ©dure Ă©tait la bonne. Quel plaisir d’avoir des gens qui rĂ©pondent rapidement Ă  ces demandes. Merci ! Nous Ă©tions donc plutĂŽt prĂȘts pour ce switch. Le mardi 9 aoĂ»t Ă  22h, alors que les collĂšgues sont pour la plupart en vacances, on change les DNS du domaine grap.coop (DNS = rĂšgles techniques qui disent ce qui se passe avec grap.coop) pour dĂ©brancher Google et brancher Gandi.

Le mardi 9 aoĂ»t Ă  23h50, aprĂšs quelques tests d’envoi et de rĂ©ception de mails, j’annonce officiellement que tout semble fonctionner comme prĂ©vu. Les mails de Gandi partent bien. On reçoit bien les mails sur la nouvelle boĂźte mail. Le monde n’a pas cessĂ© de tourner. Victoire !

Grap vs Google, allégorie

🙊 Une difficultĂ© pas anticipĂ©e : l’envoi de mail par notre logiciel Odoo [tech]

En crĂ©ant toutes les boĂźtes mails sur Gandi, nous nous Ă©tions rendu compte des cas particuliers (des personnes qui avaient un compte mail mais qui n’étaient pas ou plus dans l’équipe par exemple) mais ce n’est que tardivement qu’on a rĂ©alisĂ© que la boĂźte mail serveurs <arobase> grap.coop servait de boĂźte d’envoi Ă  l’ensemble des mails du logiciel Odoo utilisĂ© par les 65 activitĂ©s. Comment cela allait se comporter en passant chez Gandi ? Deux soucis sont encore en cours :

1 – L’usurpation d’identitĂ©
  • En fait, chaque activitĂ© envoie ses bons de commandes et factures depuis Odoo. Odoo utilise une seule boĂźte mail serveurs grap.coop mais lors de l’envoi, prend l’identitĂ© de l’activitĂ© qui envoie un mail.
  • Cette « usurpation d’identitĂ© Â» Ă©tait bien acceptĂ©e car nous Ă©tions chez Google. Mais avec le passage chez Gandi, cette usurpation d’identitĂ© n’est plus acceptĂ©e par les boĂźtes mail Ă  la rĂ©ception si celles-ci sont chez Google.
  • L’activitĂ© a un mail d’envoi gĂ©rĂ© par Gandi → envoi par serveurs qui est gĂ©rĂ© par Gandi → OK
  • L’activitĂ© a un mail d’envoi gĂ©rĂ© par Google / OVH / Ecomail etc. → envoi par serveurs qui est gĂ©rĂ© par Gandi → NOK si Ă  la rĂ©ception la personne utilise Google.

La solution future : amĂ©liorer l’envoi de mail sur Odoo pour que chaque activitĂ© puisse envoyer avec les informations de sa vraie boĂźte mail.

2 – Les mails envoyĂ©s par les serveurs <arobase> grap.coop ne sont pas automatiquement enregistrĂ©s dans le dossier EnvoyĂ©s
  • À priori, l’envoi de mail n’est pas totalement bien dĂ©veloppĂ© et il manque quelques informations dans le mail pour que celui-ci soit bien mis dans le dossier EnvoyĂ©s.
  • Mais avec Google, cela fonctionnait. Il devrait rĂ©ussir Ă  comprendre qu’un mail partait de sa boite mail, et il le plaçait le mail dans le dossier EnvoyĂ©s. Ce qui Ă©tait pratique pour vĂ©rifier que le mail Ă©tait bien parti.

La solution future : amĂ©liorer l’envoi de mail sur Odoo pour que le mail arrive dans le dossier EnvoyĂ©s.

🙊 Un comportement pas anticipĂ© : Google, le mort-vivant

MalgrĂ© la dĂ©connexion technique du nom de domaine grap.coop avec Google, il Ă©tait encore possible de se connecter Ă  Gmail et d’envoyer des mails. Alors certes, les rĂ©ponses n’arrivaient plus sur Gmail, mais cela permettait encore aux irrĂ©ductibles de rĂ©sister au changement ! 😛

Surtout, mĂȘme aprĂšs avoir supprimĂ© le compte Google sur Thunderbird (n’ayant alors que le compte Gandi), un paramĂ©trage technique (le serveur SMTP d’envoi) faisait que les mails envoyĂ©s l’étaient par le serveur Google.

Donc au moment de la suppression rĂ©elle du compte Google, l’envoi par Thunderbird Ă©tait bloquĂ©. Ce n’est pas un gros souci, mais nous avons documentĂ© le petit changement Ă  faire.

🐱 Septembre 2022 – La fin de la route est longue, mais la voie est libre

AprĂšs la dĂ©googlisation technique, place Ă  la derniĂšre Ă©tape, supprimer rĂ©ellement les comptes Google. Chaque personne devait suivre un tutoriel nommĂ© « Google dĂ©branchĂ© 💃đŸ•ș La suite ✌ Â» comportant ces Ă©tapes :

  • đŸ§č Nettoyer derriĂšre soi
  • đŸšȘ Fermer la porte
  • 🔧 S’assurer que l’on envoie ses mails avec les bons paramĂ©trages
  • đŸ«‘ Embellir son nouveau jardin
  • đŸ“« DĂ©couvrir le webmail (logiciel en ligne) de Gandi
  • đŸ“± Connecter son ordiphone
  • đŸ’„ Quitter dĂ©finitivement Google

Il a fallu 2 mois pour que les 30 personnes concernĂ©es suivent rĂ©ellement ce tutoriel – voire rattrapent leur « retard Â» pour sortir leur mail de Google. Ce fut l’une des Ă©tapes les plus chronophages en termes de relance, de suivi personnel, de questions / rĂ©ponses, de gestion de cas particuliers (certaines personnes n’avaient pas pu transfĂ©rer leur mail Ă  cause d’une connexion Internet trop faible par exemple). C’est aussi Ă  ce moment que l’on devait bien vĂ©rifier qu’aucune autre donnĂ©e n’était encore stockĂ©e sur Google Drive / Google Photos / Agenda etc., ce qui a ralenti quelques personnes.

Conseil n°4 : pour motiver chaque personne Ă  passer le pas, communiquer de façon informelle et encourageante !

💀 Octobre 2022 – Au revoir Google, tu ne vas pas me manquer

MĂȘme si nous avons tout fait pour ĂȘtre coercitifs, certaines personnes ont besoin de date limite pour prioriser leur travail. Trois semaines avant, la date butoir du 07 octobre est donc fixĂ©e pour motiver les derniĂšres personnes.

🎄 Novembre 2022 – Jusqu’au bout !

La premiĂšre date butoir et les nombreuses relances n’ont pas suffi Ă  faire remonter en prioritĂ© n°1 Ă  tou·te·s les collĂšgues de sortir de Gmail.

Comme nous ne sommes pas des grands mĂ©chants, et que nous comprenons les difficultĂ©s et calendrier de chacun·e, nous redonnons du rab : le mardi 23 novembre. La veille de la fĂȘte des 10 ans de Grap, cela semble une date symbolique et assez lointaine pour rĂ©ellement partir. Pour de bon.

Le mardi 23 novembre, Ă  13h35, nous Ă©tions 5 Ă  nous rĂ©unir autour d’un ordinateur, observant ce moment
 un peu stressant, comme quand on part d’un lieu en espĂ©rant n’y avoir rien oubliĂ©. À 13h43, Google Ă©tait derriĂšre nous.  âœŠ

To be continued


Dans la troisiĂšme (et derniĂšre) partie, nous continuerons notre rĂ©cit de dĂ©googlisation en faisant le bilan de cette dĂ©marche. A la semaine prochaine !

Si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancĂ©e dans une dĂ©marche similaire et que vous souhaitez partager votre expĂ©rience, n’hĂ©sitez pas Ă  nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !

La dĂ©googlisation du GRAP, partie 1 : La sortie de Google Drive

Par : Framasoft
9 février 2023 à 04:06

A l’étĂ© 2020, nous avons commencĂ© Ă  publier une sĂ©rie d’articles faisant le rĂ©cit de dĂ©marches de transitions numĂ©riques Ă©thiques rĂ©alisĂ©es au sein de plusieurs organisations. Nous avons menĂ© les interviews de 3 structures (WebAssoc, l’Atelier du Chat PerchĂ© et la maison d’édition Pourpenser) et puis
 ça s’est arrĂȘtĂ©. Il y avait sĂ»rement quelque chose de plus urgent Ă  faire ensuite
 ou peut-ĂȘtre que le second confinement fin 2020 nous a dĂ©motivĂ©. Peu importe la raison en fait, l’important est qu’on s’y remette !

On a donc sautĂ© sur l’occasion lorsque le GRAP (Groupement RĂ©gional Alimentaire de ProximitĂ©), une coopĂ©rative rĂ©unissant des activitĂ©s de transformation et de distribution dans l’alimentation bio-locale, a publiĂ© le rĂ©cit de sa dĂ©googlisation. Nous reproduisons ici ce long texte en trois parties pour vous partager leur expĂ©rience.

 

De 2018 à cette fin 2022, nous avons travaillé à Grap à notre dégooglisation. Nous vous proposons ce long texte en trois parties pour vous partager notre expérience.

Son premier intĂ©rĂȘt est de laisser une trace du travail fourni et d’en faire le bilan.
Le deuxiĂšme intĂ©rĂȘt est de partager cette expĂ©rience Ă  d’autres structures qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure.

Nous partageons dans ce texte les processus mis en place, les différentes étapes de cette dégooglisation, les difficultés rencontrées et quelques conseils.

Pour toute question ou retour, vous pouvez contacter le pĂŽle informatique de Grap : pole-informatique <arobase> grap.coop

Bonne lecture et longue vie aux outils numĂ©riques Ă©mancipateurs et Libres !  đŸšČ

Au début de Grap en 2012


Il y a 10 ans, Grap naissait en tant que SCIC – SociĂ©tĂ© CoopĂ©rative d’IntĂ©rĂȘt Collectif. En 2012 est Ă©crite une 1Ăšre version du prĂ©ambule des statuts qui dĂ©crit l’intĂ©rĂȘt collectif qui rĂ©unit les associé·e·s de la SCIC. Ce prĂ©ambule prĂ©sentait alors que Grap aller « Contribuer au dĂ©veloppement d’activitĂ©s Ă©conomiques citoyennes et dĂ©mocratiques, c’est-Ă -dire [
] travaillant dans une logique de partage des savoirs, en phase avec la philosophie Creative Commons Â».

Cette 1Ăšre rĂ©fĂ©rence au monde du Libre est complĂ©tĂ©e et enrichie 5 ans plus tard Ă  l’occasion d’une rĂ©vision du prĂ©ambule des statuts, en 2017. DĂ©sormais le prĂ©ambule des statuts indique que Grap entend :

Contribuer au dĂ©veloppement d’activitĂ©s Ă©conomiques citoyennes et dĂ©mocratiques [
] promouvant l’économie des biens communs, c’est Ă  dire :

  • Travailler dans une logique de partage des savoirs, en phase avec la philosophie Creative Commons
  • Promouvoir, contribuer et utiliser des logiciels libres au sens de la Free Software Foundation ; minimiser l’utilisation de logiciels sous licences privatives
  • Promouvoir, contribuer et utiliser des solutions informatiques qui n’exploitent pas de façons commerciales les donnĂ©es des utilisateurs et qui respectent leurs vies privĂ©es

Notre dĂ©marche de dĂ©googlisation s’inscrit donc dans la continuitĂ© des choix politiques portĂ©s par les associé·e·s de la coopĂ©rative depuis sa crĂ©ation. Par dĂ©googlisation, nous entendons ici le remplacement des logiciels propriĂ©taires – qu’ils soient dĂ©tenus par les GAFAM ou non – par des logiciels Libres.

DĂšs le dĂ©but, il est dĂ©cidĂ© d’internaliser une partie de l’informatique au sein de l’équipe qui rend les services aux activitĂ©s de la coopĂ©rative. [À Grap, nous utilisons le terme d’activitĂ© pour dĂ©signer les entreprises associĂ©es Ă  Grap et les activitĂ©s Ă©conomiques de la CoopĂ©rative d’ActivitĂ©s et d’Emploi]. La majoritĂ© du temps informatique sera dĂ©diĂ© au dĂ©veloppement du progiciel libre OpenERP (nommĂ© dĂ©sormais Odoo) pour gĂ©rer la premiĂšre activitĂ© d’épicerie (3 P’tits Pois Ă  Lyon) de la coopĂ©rative.

Par pragmatisme Ă©conomique et choix stratĂ©gique, les autres outils de la coopĂ©rative ne sont pas choisis par le critĂšre de logiciel Libre ou non. Ainsi, la coopĂ©rative va utiliser Google Drive, Google Mail, Google Agenda, et aussi d’autres logiciels spĂ©cifiques comme EBP pour la compta ou Cegid Quadra pour la paie.

2018-2020/ Sortir de Google Drive pour Nextcloud

AprĂšs le dĂ©part d’un des cofondateurs et d’un informaticien en 2014, le service informatique va fonctionner avec 1 seule personne jusqu’à fin 2017. Sylvain Le Gal va alors consolider le pĂ©rimĂštre existant (gestion d’une eBoutique, dĂ©veloppements spĂ©cifiques Ă  l’alimentaire dans OpenERP, connexion avec des balances client·es et migration de OpenERP 7.0 Ă  Odoo 8.0).

Fin 2017, l’embauche de Quentin Dupont permet de gagner en temps de travail disponible et d’agrandir le pĂ©rimĂštre des services du pĂŽle informatique.

đŸŒ» L’étĂ© 2018 pour valider l’alternative Ă  Google Drive

Le choix du logiciel remplaçant se fait trĂšs facilement : Nextcloud est LA solution Libre qui s’impose autant par sa prise en main relativement simple pour des utilisateur·ices de tout niveau, que par l’engouement de sa communautĂ© et son administration alors maĂźtrisĂ©e par le pĂŽle informatique.

Il faut quand mĂȘme s’assurer que toutes les fonctionnalitĂ©s utilisĂ©es actuellement trouvent leur Ă©quivalent. GrĂące aux diffĂ©rentes applications existantes sur Nextcloud, les diffĂ©rents besoins se retrouvent bien couverts.

🌾 À l’automne 2018, on prend la dĂ©cision de sortir de Google Drive

Un changement de logiciel peut ĂȘtre l’occasion de revoir ses pratiques. Nous en profitons pour revoir notre arborescence de fichiers et de dossiers. Nous crĂ©ons alors :

  • Un compte Nextcloud par :
    • personne physique de l’équipe interne
    • personne physique des activitĂ©s qui ont des mandats particuliers (administrateur·ice au CA par exemple)
    • activitĂ© de la coopĂ©rative (donc par « personne morale Â») et non pas par personne physique de la coopĂ©rative pour diffĂ©rentes raisons :
        • de nombreuses activitĂ©s partagent rĂ©ellement leurs ordinateurs tout au long de la journĂ©e
        • aucun intĂ©rĂȘt Ă  ce que chaque personne ait son compte, cela rajouterait une dose Ă©norme de suivi de crĂ©ation de compte, de support, etc.
        • ce choix vient avec une limite : l’accĂšs aux documents personnels avec le pĂŽle social n’est pas possible
  • Un « groupe Â» Nextcloud pour chaque groupe autonome
    • un groupe par pĂŽle de l’équipe interne
    • un groupe par mandat : DG, CA
    • un groupe par activitĂ© de la coopĂ©rative – regroupant le compte de la personne morale + les comptes des personnes physiques de cette activitĂ© qui ont des mandats particuliers.
  • Des dossiers communs pour travailler collaborativement
    • entre pĂŽles de l’équipe
    • entre membres de la coopĂ©rative
    • entre mandataires (DG ou CA)
structure des dossiers NC au GRAP

La structure de dossiers présentée en nov. 2018 et qui est en place depuis.

Avec Nextcloud, nous avons donc pu créer une architecture plutÎt simple pour les utilisateur·ices mais permettant de répondre aux complexités du travail collaboratif entre des profils bien différents.

GrĂące aux droits d’accĂšs paramĂ©trables finement, le Nextcloud permet ainsi d’offrir plus de transparence et de collaboration dans la coopĂ©rative, que ce soit par les dossiers partagĂ©s totalement ou, Ă  l’inverse, les dossiers dont l’accĂšs n’est possible qu’en lecture sans possibilitĂ© de modifier.

💼 2019 – 2020 : la dĂ©googlisation de 150 personnes dans 50 activitĂ©s

Google Drive n’est pas seulement utilisĂ© par l’équipe interne. L’outil est partagĂ© Ă  l’ensemble de la coopĂ©rative. C’est Ă  dire Ă  une cinquantaine – Ă  l’époque – d’activitĂ©s indĂ©pendantes, allant de l’entrepreneuse seule Ă  la petite Ă©quipe de 10 personnes.

Il faut donc embarquer tout le monde dans ce changement.

  • Politiquement/thĂ©oriquement pas de soucis. Les mĂ©faits de Google sont connus de la majoritĂ© des gens et thĂ©oriquement, nous n’avons jamais eu de dĂ©saccords sur l’idĂ©e de sortir de Google Drive.
  • En pratique, Google Drive s’avĂšre ĂȘtre plutĂŽt lourd Ă  l’utilisation, pas bien maĂźtrisĂ© ni maĂźtrisable, surtout concernant la gestion des partages qui est un vĂ©ritable enfer (« Qui est le fichu propriĂ©taire de ce fichier dont le propriĂ©taire originel est parti de la structure / n’a plus de compte Google ? Â»).

En allant sur Nextcloud, nous allions maĂźtriser – et donc ĂȘtre responsables – des donnĂ©es de la coopĂ©rative, nous allions retrouver de la souverainetĂ© et de la compĂ©tence sur le sujet.

Au printemps 2019, nous changeons aussi d’outil de documentation. Pour sa simplicitĂ© d’utilisation et son ergonomie gĂ©nĂ©rale, nous choisissons le logiciel Libre BookstackApp. Depuis, notre librairie tourne toujours aussi bien et hĂ©berge notre documentation informatique mais aussi toute la documentation stable de la coopĂ©rative.

Depuis 2020, la documentation informatique est librement consultable ici : https://librairie.grap.coop/shelves/informatique

đŸ’© Une premiĂšre difficultĂ© : l’export des donnĂ©es de Google

L’export fut en effet trĂšs compliquĂ©, trop compliquĂ© pour un logiciel conçu par l’une des entreprises les plus puissantes au monde. L’export des donnĂ©es d’un Google Drive (Ă  l’époque en tout cas) est extrĂȘmement long et trĂšs peu sĂ©curisant : Google fournit l’export en archives coupĂ©es en plusieurs parties (du style « ARCHIVE-PART01 Â» « ARCHIVE-PART02 Â»), archives dont une partie
 pouvait ĂȘtre manquante (ex : on a la partie 01, 02, 04, 05 mais pas la partie 03), nĂ©cessitant de refaire un export entier.

Nous avons donc passé de nombreuses heures à exporter les données, puis nous les avons sécurisées sur un disque dur externe, avant de les envoyer sur notre Nextcloud.

🚀 Et tu formes formes formes, c’est ta façon d’aimer

Pour réussir à dégoogliser la coopérative, pas de miracle, on a enchaßné la formation des activités une à une, en mutualisant des formations par territoire géographique.

Chaque formation durait environ 1h30. En 2019, nous avons passĂ© environ 150 heures de travail Ă  la formation, l’accompagnement et la documentation de cette Ă©tape de dĂ©googlisation (+ les heures techniques, voir bilan financier Ă  la fin de ce rĂ©cit). L’ensemble de la documentation – qui est un travail continu – est consultable ici : https://librairie.grap.coop/books/nextcloud

En janvier 2020, soit plus d’un an aprĂšs la dĂ©cision de passer sur Nextcloud, la migration Ă©tait officiellement finie ! 🎉

🙊 Une difficultĂ© pas anticipĂ©e : les limitations d’Onlyoffice pour les commandes groupĂ©es

Tout allait bien dans la dĂ©googlisation progressive de la coopĂ©rative. Au cours de l’annĂ©e 2019, la moitiĂ© de la coopĂ©rative utilise dĂ©sormais Nextcloud au lieu de Google Drive !

Un des avantages de la coopĂ©rative pour les activitĂ©s est de pouvoir mutualiser de nombreux sujets. Un de ces sujets est l’approvisionnement en produits artisanaux en circuits courts grĂące Ă  une logistique interne – Coolivri. Cette logistique s’appuyait Ă  l’époque sur un GROS fichier tableur en ligne sur Google Drive.

Le 2 aoĂ»t 2019, une premiĂšre commande groupĂ©e d’oranges et d’agrumes est lancĂ©e sur le Nextcloud et toutes les prochaines commandes groupĂ©es vont dĂ©barquer sur le Nextcloud, gĂ©rĂ© par l’application Onlyoffice.

Et c’est vers cette pĂ©riode que l’on se rend compte que l’application disponible d’Onlyoffice a une limitation : pas plus de 20 personnes connectĂ©es simultanĂ©ment sur l’ensemble des fichiers collaboratifs du nuage ! À l’époque nous devions avoir une soixantaine d’utilisateur·ices et une Ă©quipe interne qui l’utilise toute la journĂ©e : ce n’était pas tenable.

mĂšme limitations OnlyOffice

Cette limitation n’est pas technique, mais bien un choix dĂ©libĂ©rĂ© de l’entreprise dĂ©veloppant le logiciel pour amener Ă  payer une licence permettant d’accĂ©der au logiciel sans limitation. Un modĂšle freemium en soi. Cette question du modĂšle Ă©conomique et de ce qu’est un « vrai Â» logiciel libre est bien sĂ»r compliquĂ©, et amĂšnera de nombreux dĂ©bats dans les forums de discussion de Nextcloud.

Fin 2019, nous nous questionnons rĂ©ellement sur le fait de payer cette licence (coĂ»t Ă  l’époque : ~1500€ en une fois pour 100 utilisateur·ices simultanĂ©es).

AprĂšs avoir Ă©cumĂ© les Internets, contactĂ© toutes les structures amies qui auraient la mĂȘme problĂ©matique, la solution vient finalement de la communautĂ© elle-mĂȘme qui est partagĂ©e sur le fait de contourner cette limitation qui constitue le modĂšle Ă©conomique de l’entreprise dĂ©veloppant Onlyoffice. Un dĂ©veloppeur bĂ©nĂ©vole a rĂ©ussi Ă  reproduire le logiciel (lĂ©galement car le logiciel est Libre) en enlevant cette limitation !

Depuis, nos commandes groupĂ©es ont Ă©tĂ© rapatriĂ©es sur Odoo grĂące Ă  un gros dĂ©veloppement interne, en faisant un outil beaucoup plus rĂ©silient et solide. Et nous continuons d’utiliser Onlyoffice dans des versions communautaires trouvĂ©es par ci par lĂ .

Google en 2022 s’inquiùte 😉

To be continued


Dans la seconde partie, nous continuerons notre rĂ©cit de dĂ©googlisation, nous permettant de nous dĂ©barrasser de Google Agenda puis du mastodonte.. Gmail !

Si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancĂ©e dans une dĂ©marche similaire et que vous souhaitez partager votre expĂ©rience, n’hĂ©sitez pas Ă  nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !

Frama.space : du cloud pour renforcer le pouvoir d’agir des associations

Par : Framasoft
15 novembre 2022 Ă  03:14

Framasoft souhaite mettre Ă  disposition, d’ici 3 ans,  jusqu’à 10 000 espaces « cloud Â» collaboratifs, gratuitement, Ă  destination des associations et collectifs militants. 40 Go et de nombreuses fonctionnalitĂ©s Ă  se partager entre 50 comptes sur un espace de type https://monasso.frama.space. Voici pourquoi nous nous lançons ce dĂ©fi technique, humain, et politique.

« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🩆🩆 Â»Les actions de notre nouvelle feuille de route Ă©tant financĂ©es par vos dons (dĂ©fiscalisables Ă  66 %), vous pouvez en trouver un rĂ©sumĂ© complet sur le site Soutenir Framasoft.

âžĄïž Lire la sĂ©rie d’articles de cette campagne (oct. – dĂ©c. 2022)

BasĂ© sur la solution collaborative libre Nextcloud, votre espace Frama.space vous permettra de gĂ©rer (sur votre ordinateur ou smartphone) :

  • des fichiers de tous types et de les partager
  • des agendas, publics ou privĂ©s
  • des contacts
  • des photos (partageables sous forme d’albums)
  • des projets (mĂ©thode Kanban)
  • de la documentation (en mode wiki)
  • des visioconfĂ©rences (jusqu’à une dizaine de personnes)
  • l’édition en ligne ou Ă  plusieurs, de documents bureautiques (textes, feuilles de calculs, prĂ©sentations, etc.)

Tout ça gratuitement.

Gif de Barack Obama faisant un mic drop

Mais derriĂšre cet objectif technique dĂ©jĂ  ambitieux (et coĂ»teux : soutenez-nous !), un autre, politique, l’est plus encore : nous voulons accroĂźtre les capacitĂ©s de collaboration numĂ©rique libre de ces structures, afin de renforcer leur pouvoir d’agir.

 

Soutenir ce projet

 

Image d'accueil du service Frama.space, avec une choupi-licorne (choupicorne ?) soufflant des bulles de liberté et de collaboration.

Page d’accueil du service Frama.space. Illustration CC by-sa David Revoy

 

Pourquoi Frama.space ?

Pour comprendre la volontĂ© de Framasoft d’investir autant d’énergie dans un projet aussi ambitieux, il va nous falloir prendre un peu de hauteur et de recul historique sur la question associative.

D’abord, nous affirmons sans ambage que nous constatons, ces derniĂšres annĂ©es, une volontĂ© politique de l’État de
 dĂ©politiser le champ associatif.

Les gouvernements et les institutions n’apprĂ©cient que moyennement de voir des militant·es associatifs leur rĂ©clamer des comptes, les bousculer pour lever le voile et Ă©lever la voix sur les indignitĂ©s et injustices. Qu’il s’agisse d’environnement, de logement, de santĂ© publique, etc., les associations sont, depuis la loi de 1901, l’un des fers de lance des luttes sociales.

Afin de leur ĂŽter cette Ă©pine du pied, nous assistons depuis des annĂ©es Ă  une forme de « ringardisation Â» du statut associatif par les grandes institutions publiques. Pour cela, elles n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  supprimer les emplois aidĂ©s, Ă  rĂ©duire le montant des subventions ou Ă  les orienter sur du financement « d’investissement Â» en finançant des appels Ă  projets spĂ©cifiques, plutĂŽt que du financement de « fonctionnement Â» (participant par exemple aux salaires ou aux frais associatifs, et donc plus pĂ©renne). Le discours ambiant et mĂ©diatique dĂ©crĂ©dibilise peu Ă  peu le rĂŽle et les actions des associations, actrices du contrat social.

À cela s’ajoute un mouvement de « marchandisation Â» des associations. Elles sont d’une part de plus en plus mises en concurrence, notamment par la communication qui devient un Ă©lĂ©ment central — parfois au dĂ©triment des actions associatives — pour pouvoir ĂȘtre plus visibles et compenser la perte de subventions par des crowdfundings, collectes, et campagnes. Framasoft n’y Ă©chappe d’ailleurs pas.

D’autre part, le courant de l’entrepreneuriat social engage les associations Ă  copier les modĂšles de l’entreprise privĂ©e jugĂ©e plus efficace, plus moderne, plus innovante


Enfin, de belles saloperies et machineries comme les « contrats Ă  impacts Â» transforment les associations en blanchisseuses sociales des entreprises du CAC40.

Schéma du Contrat à Impact Social

Vous avez bien compris ce schĂ©ma (officiel) du « Contrat Ă  Impact Social Â» : ce sont des entreprises (pardon « des investisseurs privĂ©s Â» ) qui dĂ©cident quelles sont les associations (pardon « acteurs sociaux Â» ) Ă  soutenir, et vont financer leur action (pardon « besoin social Â» ). Mais cette action sera remboursĂ©e par l’État (pardon « puissance publique Â» ), donc avec nos impĂŽts, Ă  l’entreprise en cas de « succĂšs Â» đŸ˜± . Vous voyez venir les problĂšmes que cela pose ? Parce que nous, oui ! Ce fonctionnement dit tellement de choses sur notre sociĂ©tĂ© et sa façon de percevoir les associations qu’il mĂ©riterait un article Ă  part entiĂšre.

 

MĂšme Drake : "Signer un Contrat Ă  Impact Social" non. "Faire vivre le contrat social" : oui.

 

Mais en plus d’assĂ©cher les capacitĂ©s d’action des associations, il y a maintenant la volontĂ© de les faire « marcher au pas Â», par exemple en les contraignants Ă  signer des textes tels que le « Contrat d’Engagement RĂ©publicain Â» , aux contours flous et sujet Ă  interprĂ©tation, dans lequel les associations doivent s’engager formellement Ă  respecter les lois et les symboles de la RĂ©publique sous peine de se voir refuser toute subvention publique. Cela place de facto toute structure qui, par exemple, refuserait de chanter la Marseillaise, dans une situation oĂč elle pourrait perdre des financements publics.

Pour rĂ©sumer, on peut dire qu’il y a une volontĂ© Ă  ne garder que les « bonnes Â» associations : celles qui se tiennent sages et ne viennent pas questionner les pouvoirs en place. Une espĂšce de paternalisme, si ce n’est de caporalisation, de la part de l’État envers le mouvement associatif. Pas de souci pour les collectivitĂ©s Ă  soutenir un club de bridge, ou une association sportive d’aĂŻkido. Mais pour les associations d’aide aux migrants, ou pour une association de dĂ©fense de l’environnement, l’État semble avoir actĂ© que toute structure qui ne va pas dans le sens de sa politique est nĂ©cessairement contre lui, et devient potentiellement ennemie.

DĂ©politisation, caporalisation, ringardisation, marchandisation sont autant d’attaques contre les libertĂ©s associatives, et donc contre leur capacitĂ© Ă  faire Ă©voluer le contrat social et la sociĂ©tĂ© toute entiĂšre.

mùme du choix entre deux boutons. Bouton 1 "se vendre aux entreprises", bouton 2 : "se prosterner devant l'État" En dessous, les associations ne savant pas sur quel bouton appuyer.

Or, nous pensons que dans un monde oĂč les crises se multiplient, et sont amenĂ©es Ă  se multiplier encore, l’importance des actions de la sociĂ©tĂ© civile, et notamment des associations, permettent d’envisager des rĂ©ponses rĂ©ellement innovantes et rĂ©silientes, adaptĂ©es aux terrains, proches des citoyen⋅nes, impliquĂ©es, et Ă©loignĂ©es des propositions tiĂšdes et centralisĂ©es portĂ©es par les gouvernements (ex. : numĂ©ros verts, Grenelle de MachinTruc, 
) ou le systĂšme capitaliste (ex : greenwashing, start-ups « Ă  impact Â», tech « for good Â»â€Š).

Framasoft est une association, fiĂšre de son statut, et souhaite soutenir — autant que possible et dans la mesure de ses moyens — les associations les plus fragiles, mais dont la sociĂ©tĂ© a radicalement besoin.

Mais
 quel rapport avec le numĂ©rique ?

Aujourd’hui, les pratiques collaboratives numĂ©riques peuvent permettre aux associations d’ĂȘtre plus rĂ©actives et efficaces, en actionnant des rĂ©seaux et des personnes plus rapidement, en facilitant l’implication de bĂ©nĂ©voles ou de partenaires, en permettant de mieux rĂ©partir les pouvoirs et la responsabilitĂ©, en encourageant la transparence, etc.

Cependant, ces collectifs et associations sont parfois Ă  la peine avec les outils numĂ©riques, qui permettent parfois (ce n’est pas systĂ©matique) d’accroĂźtre leur pouvoir d’agir. Notamment, elles disposent rarement de parcours de formation adaptĂ©s Ă  leurs besoins ou leurs moyens et elles doivent composer avec des niveaux de compĂ©tences numĂ©riques trĂšs diffĂ©rents dans leurs structures.

Par ailleurs, mĂȘme lorsqu’elles ont des connaissances et des facilitĂ©s avec le numĂ©rique, elles sont poussĂ©es Ă  utiliser des outils toxiques (ex : Google Workspace, Microsoft 365, Zoom, etc) dont elles n’ont pas rĂ©ellement la maĂźtrise, et qui, surtout, sont rarement en cohĂ©rence avec leurs objectifs et leurs valeurs.

FormulĂ© autrement : les associations sont souvent consommatrices d’un numĂ©rique pensĂ© par des acteurs qui veulent crĂ©er un monde dont les associations ne veulent pas. La rĂ©ciproque est aussi vraie : le monde rĂȘvĂ© par ces acteurs du numĂ©rique ne veut pas d’associations puissantes, politiques, proposant d’autres façons de vivre ensemble.

En effet ces entreprises (notamment les GAFAM) ont une vision du monde trĂšs libĂ©rale oĂč l’argent compte plus que la gĂ©nĂ©rositĂ©. OĂč le succĂšs compte plus que la solidaritĂ©. OĂč un profit immĂ©diat vaut plus qu’un impact Ă  long terme sur la planĂšte.

Leurs outils comportent donc, dans leur code mĂȘme, une partie de cette vision du monde. Et les utiliser revient non seulement Ă  renforcer le pouvoir de ces entreprises et Ă  leur donner raison, mais empĂȘche aussi le dĂ©veloppement de pratiques adaptĂ©es Ă  des structures dont l’objet n’est pas la croissance ou le profit.

Les associations sont passĂ©es en « mode survie Â»

Les associations sont coincĂ©es entre ces entreprises qui les utilisent pour blanchir leurs pratiques, et l’État qui a rompu la confiance avec elles en jouant du bĂąton et de la carotte. Elles sont passĂ©es en mode « survie Â».

Nous pensons qu’il s’agit rĂ©el danger pour une sociĂ©tĂ© bien portante et une dĂ©mocratie vivante. Mais c’est peut-ĂȘtre, aussi, une occasion d’agir.

Alors : on fait quoi ?

On prend un risque.

On tire la langue au diable. On lui montre qu’on existe, qu’on est lĂ , et qu’on est prĂȘt Ă  en dĂ©coudre, comme Ă  se lever et se casser. Qu’il ne nous impressionne pas. Qu’on est libres.

Pour Framasoft, Ă  notre modeste hauteur, cela se traduit par un acte qu’on pense politique, une « recette Â» en quatre Ă©tapes : 1) rendre visibles les alternatives ; 2) faciliter leur dĂ©couverte et leur usage ; 3) aider Ă  faire Ă©merger des communautĂ©s ; 4) participer avec humilitĂ© Ă  leur donner du pouvoir, de la confiance, et soyons dingues – un peu d’espoir.

C’est ce que pratique Framasoft depuis 20 ans (Framalibre, Framakey, Framabook, etc), et sans doute plus encore ces 10 derniĂšres annĂ©es avec notre campagne « DĂ©googlisons Internet Â».

Et c’est ce que nous comptons faire dans les prochaines annĂ©es avec notre feuille de route « Collectivisons Internet / Convivialisons Internet Â» (COIN COIN pour les intimes), qui s’adresse particuliĂšrement aux associations et collectifs militants.

Banquet simple, dans une jardin partagĂ©, oĂč des animaux mascottes du libre sont servis par des canards

Collectivisons, convivialisons – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

 

Dans ce cadre, si on applique la recette ci-dessus Ă  une offre d’espace « cloud associatifs Â» cela pourrait se traduire comme suit.

1) Rendre visible Nextcloud

Le service Frama.space repose sur la suite collaborative libre Nextcloud. Il existe plusieurs logiciels libres pour faire du « cloud Â», mais aucun ne nous semble aussi riche en fonctionnalitĂ©s et en promesses que celui-ci.

Partage de fichiers, agendas, gestion de tĂąches et de projets, documentations collectives, visio-confĂ©rences, 
 Nextcloud, mĂȘme s’il est perfectible, permet de rĂ©pondre immĂ©diatement Ă  un grand nombre de besoins.

Cependant, si vous prenez au hasard 100 personnes dans la rue, il est peu probable que plus de 5 (et encore, on est sympas) vous disent avoir dĂ©jĂ  entendu parler de ce logiciel. D’ailleurs, si vous faites partie des 95 %, rassurez-vous, la suite est justement faite pour vous :)

1ïžâƒŁ Donc, notre premiĂšre mission sera de faire connaĂźtre et d’accroĂźtre la notoriĂ©tĂ© de Nextcloud aux personnes francophones. Par des confĂ©rences de sensibilisation, des webinaires, des ateliers, la production de vidĂ©os et tutoriels ou
 en offrant la possibilitĂ© d’utiliser gracieusement Nextcloud via le service Frama.space.

Graphique (en allemand) présentant les parts de marché des suites collaboratives en ligne en 2022. Microsoft 365 représente 48,1%, Google Apps 46,4%, "Autres" 4,2%. Sources : Statista, Enlyft

Bon, c’est de l’allemand certes, mais le graphique est plutĂŽt parlant : sur les marchĂ©s des suites collaboratives en ligne en 2022, Microsoft 365 reprĂ©sente 48,1 %, Google Apps 46,4 %, « Autres Â» 4,2 %. Nextcloud ne reprĂ©sentant lui mĂȘme qu’un petit pourcentage de ces 4,2 %. Duopole, vous avez dit ?

 

2) Faciliter l’accùs à Nextcloud

Il existe dĂ©jĂ  des centaines d’hĂ©bergeurs proposant une offre Nextcloud. De Gandi Ă  OVH ou Hetzner (pour les « gros Â» hĂ©bergeurs), d’IndieHosters Ă  Zaclys, en passant par Paquerette (pour les membres du collectif CHATONS).

Mais, dĂšs qu’il s’agit d’avoir accĂšs Ă  un espace collaboratif dĂ©diĂ© (pour une entreprise, une association, une collectivitĂ©), il faut ĂȘtre prĂȘt Ă  payer. Et c’est bien normal : libre ne veut pas dire gratuit, et ces hĂ©bergeurs ont des coĂ»ts (humains, matĂ©riels et financiers) qu’ils doivent bien rĂ©percuter.

Cependant, le problĂšme financier reste entier pour les petites associations ou les collectifs militants que nous Ă©voquions en dĂ©but d’article. Certaines ont un budget infĂ©rieur Ă  1 000€ par an pour leurs actions, et ne peuvent tout simplement pas consacrer 10 % ou 20 % de ce budget Ă  un outil numĂ©rique. Donc : elles utilisent massivement Microsoft 365 ou Google Workspace (souvent en version limitĂ©e gratuite, ou Ă  prix cassĂ©).

À Framasoft, nous sommes convaincu⋅es qu’il faut faire comprendre le prix des choses, mais nous sommes aussi convaincu⋅es que le prix ne doit pas ĂȘtre la barriĂšre qui empĂȘche les gens de s’émanciper. Nous avons donc mis en place sur Frama.space une infrastructure technique capable d’accueillir gratuitement des milliers d’espaces Nextcloud (type https://mon-asso.frama.space), Ă  destination des structures qui n’ont pas ou peu de moyens.

Une licorne dĂ©guisĂ©e en cosmonaute (avec une passoire sur la tĂȘte) marche sur les nuages et souffle des bulles. Dans ces bulles, on retrouve des cubes symbolisant le travail en commun (dossiers, boite Ă  outils, livres, machine Ă  Ă©crire, boulier, etc.).

Frama.space – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Un autre frein identifié au passage au libre, est la relative difficulté technique à mettre en place et à maintenir une solution logicielle. Avec Frama.space, la gestion technique de votre espace est déléguée à Framasoft. Nous nous chargeons de fournir une instance à jour, correctement sécurisée, directement utilisable, et à la maintenir dans le temps.

Ces espaces Frama.space comportent la plupart des outils nécessaires pour collaborer entre membres, y compris une suite bureautique collaborative en ligne (par défaut Collabora Online), mais le référent du Frama.space pourra lui préférer OnlyOffice).

Pour prĂ©server le modĂšle Ă©conomique des entreprises ou CHATONS dĂ©jĂ  en place, nous limiterons cette offre Ă  des structures ayant des besoins mesurĂ©s (50 comptes max, 40Go d’espace tous utilisateurs confondus) et des moyens modestes (c’est-Ă -dire n’étant pas prĂȘtes Ă  franchir le cap de payer chez un autre hĂ©bergeur).

2ïžâƒŁ C’est pourquoi notre seconde mission est de mettre gratuitement Ă  disposition, sur les trois ans Ă  venir, jusqu’à 10 000 espaces Nextcloud, pour des petites structures associatives ou militantes.

Capture Ă©cran montrant le fonctionnement de Collabora Online au sein de Nextcloud

Les espaces Frama.space sont livrĂ©s avec Collabora Online par dĂ©faut (OnlyOffice en alternative), ce qui permet une collaboration Ă  plusieurs au sein d’un mĂȘme document bureautique (texte, tableur, prĂ©sentation, etc)

3) Aider à faire émerger une communauté Nextcloud francophone

Nextcloud est un logiciel complet, mais parfois complexe (« Comment synchroniser mon agenda sur mon smartphone ? Â», « Comment faire pour partager mon budget prĂ©visionnel en ligne ? Â» « Comment rĂ©diger collaborativement le compte-rendu de notre AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale ? Â»).

Il existe de nombreuses documentations en ligne. Mais encore faut-il les trouver, et pouvoir se les approprier. Par ailleurs, certaines personnes sont Ă  l’aise avec les documentations Ă©crites, d’autres avec les courtes vidĂ©os explicatives, d’autres encore prĂ©fĂšrent ĂȘtre accompagnĂ©es par des formations.

Or, aujourd’hui, alors que Nextcloud compte plus de 40 millions d’utilisateur⋅ices dans le monde, il n’existe pas rĂ©ellement de communautĂ© francophone autour de ce logiciel. Il existe certes des espaces plutĂŽt rĂ©servĂ©s aux personnes administrant techniquement le logiciel, mais reconnaissons qu’il ne s’agit pas vraiment de lieux d’entraide destinĂ©s aux personnes dĂ©couvrant le logiciel.

Par ailleurs, chaque hĂ©bergeur et utilisateur a tendance Ă  exploiter ses espaces Nextcloud « dans son coin Â». Nous voudrions d’une part qu’ils puissent se connaĂźtre, partager leurs expĂ©riences (leurs difficultĂ©s comme leurs succĂšs). Mais nous souhaitons aussi pouvoir rĂ©flĂ©chir collectivement aux apports que cette communautĂ© souhaiterait apporter au logiciel. Par exemple, pouvoir importer une liste d’utilisateurs sans passer par la ligne de commande, amĂ©liorer l’onboarding, c’est-Ă -dire l’accueil des nouveaux utilisateurs, etc. Discuter ensemble de nos besoins communs nous permettra d’amĂ©liorer ensemble Nextcloud pour qu’il corresponde mieux Ă  nos attentes et nos pratiques.

3ïžâƒŁ C’est pourquoi notre troisiĂšme mission consistera Ă  faire Ă©merger une communautĂ© Nextcloud francophone, notamment par le biais d’un forum d’entraide.

Capture Ă©cran du forum d'entraide de Frama.space

https://forum.frama.space : le forum d’entraide Frama.space, et plus largement autour des usages de Nextcloud

4) Utiliser Nextcloud comme outil d’empuissantement

Vous l’aurez compris, notre objectif est ici avant tout politique : fournir des planches, des marteaux et des clous Ă  des associations, afin qu’elles puissent construire et dĂ©velopper leurs projets, leurs envies, sans ĂȘtre liĂ©es Ă  des entreprises dont la vision du monde est aux antipodes de la leur.

Le fait que Frama.space ne s’adresse qu’à des petites associations ou collectifs permet aussi d’envisager d’autres possibilitĂ©s intĂ©ressantes.

Par exemple, cela nous permet d’envisager de mettre les associations en contact entre elles beaucoup plus facilement, puisqu’elles utiliseront le mĂȘme outil (petite parenthĂšse technique : Nextcloud est un outil fĂ©dĂ©rĂ©, c’est Ă  dire qu’il est simple de « connecter Â» entre eux diffĂ©rents espaces associatifs pour partager par exemple des dossiers privĂ©s pour une action ou des communiquĂ©s de presse en communs).

Cela nous permet aussi de faire circuler de l’information relative aux questions associatives trĂšs facilement (par exemple en informant sur un nouveau texte de loi, sur une mobilisation spĂ©cifique, etc.).

Par ailleurs, en interrogeant rĂ©guliĂšrement les utilisatrices et utilisateurs par le biais de courtes enquĂȘtes, Framasoft pourra dĂ©velopper, ou faire dĂ©velopper, de nouvelles fonctionnalitĂ©s Ă  Frama.space. Par exemple, en intĂ©grant une application de gestion de membres et cotisations, ou une application de comptabilitĂ© basique. Notre volontĂ© est de faire en sorte que l’outil corresponde au mieux aux besoins rĂ©els et exprimĂ©s des personnes qui utilisent Frama.space.

Enfin, nous souhaitons permettre Ă  chacune et chacun d’amĂ©liorer sa capacitĂ© Ă  collaborer et Ă  coopĂ©rer. Nous savons qu’il faudra, pour cela, faire Ă©voluer certaines pratiques. Par exemple, il existe de nombreux outils de prises de notes collaboratives (de Google Docs Ă  Framapad, en passant par
 Nextcloud), mais combien d’associations expĂ©rimentent au quotidien une situation de rĂ©union Ă  distance ? Une transparence radicale de l’information ? Une gestion de projet en ligne ?

Nous pensons que Frama.space peut ĂȘtre une formidable porte d’entrĂ©e pour rĂ©flĂ©chir (avec d’autres ?) Ă  ces changements de pratiques, sans pour autant laisser sur le carreau celles et ceux qui ont du mal avec les outils numĂ©riques.

L’objectif Ă©tant ici de faire en sorte que Frama.space ne soit pas qu’un simple outil numĂ©rique de plus, mais plutĂŽt le support Ă  l’expĂ©rimentation de pratiques numĂ©riques nouvelles, qui pourront se reflĂ©ter dans des changements au sein de l’organisation (par exemple en finir avec Le-prĂ©sident-tout-puissant, ou La-secrĂ©taire-qu’on-cantonne-aux-compte-rendus).

4ïžâƒŁ Notre quatriĂšme mission (le boss de fin de jeu) sera donc d’accompagner les bĂ©nĂ©ficiaires de Frama.space vers un accroissement de leurs compĂ©tences coopĂ©ratives, afin d’amplifier leur pouvoir d’agir.

Vidéo (© Nextcloud GmbH) de présentation de Nextcloud Hub, représentative des outils que vous pourrez retrouver dans Frama.space (hors Nextcloud mail).

Agrandir la taille du gĂąteau

Une autre façon de comprendre Frama.space, c’est que Framasoft ne souhaite pas prendre une part du gĂąteau du « marchĂ© de Nextcloud Â» : nous ne vendons rien, et nous souhaitons au contraire que l’écosystĂšme autour de Nextcloud se dĂ©veloppe et se renforce, y compris pour les structures commerciales.

Nous essayons plutît d’agrandir la taille du gñteau, pour que chaque entreprise ou chaton puisse en avoir une part raisonnable.

Nous pensons en effet qu’en augmentant significativement la base d’utilisateur⋅ices de Nextcloud Ă  l’aide de Frama.space, qu’en travaillant les aspects entraide et accompagnement, et qu’en favorisant les dĂ©veloppements et amĂ©liorations du logiciel, cela crĂ©dibilisera cette solution libre par rapport Ă  celles de Microsoft ou de Google.

Comment ça va se passer ?

Bien. Enfin
 on l’espĂšre !

Tout d’abord, si vous ĂȘtes un ou une responsable d’une association correspondant aux critĂšres de sĂ©lection, vous pouvez d’ores et dĂ©jĂ  candidater. Nous prĂ©voyons d’ouvrir quelques centaines d’espaces d’ici fin dĂ©cembre 2022, puis nous ferons une pause de 3 mois environ dans les inscriptions afin de stabiliser les choses, rĂ©colter les premiers retours, et apporter les corrections et amĂ©liorations les plus demandĂ©es.

Si la candidature de votre association correspond aux critĂšres mais n’est pas validĂ©e, pas de souci : nous rouvrirons les inscriptions rĂ©guliĂšrement Ă  partir du second trimestre 2023 afin d’atteindre 10 000 espaces actifs fin 2025. Inscrivez-vous Ă  la Newsletter Framaspace pour avoir les dates des pĂ©riodes d’inscription.

Si vous ĂȘtes une entreprise, une Ă©cole, une mairie, une « grosse Â» association, alors nous sommes sincĂšrement dĂ©solé·es, mais nous ne pouvons vous accueillir sur Frama.space. Cependant, comme nous vous le disions, de nombreuses autres alternatives Ă  Frama.space existent ! Voir notamment cette rĂ©ponse dans notre Foire Aux Questions qui pourra vous orienter.

Une fois votre candidature validĂ©e (le processus Ă©tant manuel, cela peut prendre jusqu’à 30 jours !), vous recevrez un lien vous permettant de vous identifier sur votre espace (de type https://mon-asso.frama.space) et commencer Ă  utiliser votre espace Frama.space. Vos membres pourront s’y inscrire (par lien d’invitation) ou vous pourrez directement crĂ©er leurs comptes.

Par dessus les nuages un groupe de licornes volent et ont des activités que l'on peut avoir dans le cloud (lire, compter, clamer, faire de la musique, peindre, planter des graines, partager des fichiers, chercher, réparer, etc.)

Frama.space accueil – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Mais


À ce stade, nous ne pouvons que vous fĂ©liciter de nous avoir lu jusqu’ici. :) Cependant, nous imaginons qu’il vous reste pas mal de questionnements.

« Quelles sont les applications utilisables ? Â», « Comment protĂ©gez-vous mes donnĂ©es et mes utilisateurs ? Â», « Comment personnaliser mon espace ? Â», « Frama.space, c’est centraliser des donnĂ©es, mais je croyais que Framasoft voulait dĂ©centraliser Internet ? ! Â»

Nous avons tentĂ© de rĂ©pondre Ă  ces questions (et bien d’autres) dans notre Foire Aux Questions. N’hĂ©sitez pas Ă  aller y jeter un Ɠil. Si vous n’y trouvez pas votre rĂ©ponse, posez nous vos questions en commentaire de cet article, nous tĂącherons d’y rĂ©pondre de notre mieux.

DĂ©couvrir Frama.space

Nous avons besoin de vous

Nous pensons qu’un service rĂ©alisĂ© par une association pour des associations a du sens.

Frama.space est, techniquement, le projet le plus ambitieux mené par Framasoft à ce jour.

C’est aussi le plus coĂ»teux. C’est aussi une des raisons qui explique que, contrairement aux services « DĂ©googlisons Internet Â» type Framapad ou Framadate, nous ne pouvons pas l’ouvrir sans limite ni discrimination.

Offrir jusqu’à 10 000 espaces, pouvant accueillir jusqu’à 500 000 personnes, c’est clairement une prise de risque financiùre pour Framasoft.

Surtout quand nous voulons les offrir, justement, Ă  un public dĂ©sargentĂ©. Ajoutez Ă  cela des crises sociales, Ă©nergĂ©tiques, Ă©conomiques qui ont dĂ©jĂ  mis plus que le pied dans la porte, et vous comprendrez que ce projet se fera trĂšs probablement Ă  perte pour Framasoft. Nous rappelons que 98 % des ressources de l’association provient de vos dons.

Barre de dons de Framasoft au 15 novembre 2022 à 33821 € sur 200000€.

À l’heure oĂč nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 166 200 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.

Nous avons donc besoin de votre soutien pour rĂ©ussir le pari Frama.space, mais nous pensons sincĂšrement qu’un service rĂ©alisĂ© par une association pour des associations a du sens.

Si vous le pensez aussi, que vous bĂ©nĂ©ficiez d’un Frama.space ou pas, nous avons donc besoin de votre soutien, dĂšs maintenant, afin de nous « aider Ă  aider Â» ces milliers de structures non seulement Ă  quitter les GAFAM et Ă  mettre leurs outils en cohĂ©rence avec leurs valeurs, mais aussi et surtout Ă  mieux agir, Ă  mieux coopĂ©rer, Ă  mieux crĂ©er du lien. À mieux faire sociĂ©tĂ©, ensemble.

🩆 DĂ©couvrir Frama.space đŸŠ† Soutenir ce projet

(MĂ©dias : lire notre communiquĂ© de presse)

❌
❌