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Entrevue avec Christophe Grenier, développeur de testdisk et photorec

testdisk et photorec sont deux outils libres (GPLv2+) formidables
 que l’on souhaite pourtant ne jamais avoir Ă  utiliser ! En effet, les deux sont dĂ©diĂ©s Ă  la rĂ©cupĂ©ration de donnĂ©es aprĂšs une panne matĂ©rielle, ou une bĂ©vue.

TestDisk

Le premier est axé supports de stockage et leurs partitions, le second orienté récupérations de fichiers (mais il est loin de se limiter aux images).

Cocorico : le dĂ©veloppeur de ces outils est français, et il a bien voulu rĂ©pondre Ă  notre sollicitation d’entrevue :).

Bonjour Christophe ! Pouvez-vous prĂ©senter votre parcours ?

Quand j’ai commencĂ© Ă  dĂ©velopper testdisk, mon premier outil de rĂ©cupĂ©ration de donnĂ©es, j’étais encore Ă©tudiant en Ă©cole d’ingĂ©nieur.
Maintenant, cela fait plus de 20 ans que je suis diplĂŽmĂ© de l’ESIEA, j’interviens d’ailleurs dans son MastĂšre SpĂ©cialisĂ© SĂ©curitĂ© et Information des systĂšmes depuis 2004.
AprĂšs avoir travaillĂ© dans la sĂ©curitĂ© informatique, j’ai travaillĂ© autours des systĂšmes Linux, du rĂ©seau et de la sĂ©curitĂ©.
Depuis un peu plus de 10 ans, je suis directeur d’exploitation pour un hĂ©bergeur parisien.
Dans le cadre de mon auto-entreprise, je fais de la récupération de données.

Comment avez-vous dĂ©marrĂ© ce projet ?

Un ami dĂ©veloppeur professionnel sous Windows venait d’acheter un nouveau disque dur et pour Ă©viter d’avoir trop de lettres de lecteurs (C:, D:, E:, 
) avait dĂ©cidĂ© de rĂ©duire le nombre de partitions de son disque de donnĂ©es ; ce disque contenait 3 partitions.
Il a sauvegardĂ© les donnĂ©es, supprimĂ© les 3 partitions, en a crĂ©Ă© 2 et — au moment de restaurer les donnĂ©es — il s’est rendu compte qu’il avait Ă©tĂ© trop vite et qu’il lui manquait la sauvegarde d’une des partitions.
Sachant que j’avais des connaissances sur le partitionnement des PC (je m’étais intĂ©ressĂ© au fonctionnement des virus de boot qui se logeaient dans le premier secteur des disques durs), il m’a contactĂ©.

ArmĂ© d’un Ă©diteur hexadĂ©cimal, il nous avait fallu la journĂ©e pour reconstruire manuellement la table des partitions et rĂ©cupĂ©rer ces donnĂ©es. Un peu plus tard ayant appris les rudiments de la programmation en C, je me suis dit qu’il devait ĂȘtre possible d’automatiser la rĂ©cupĂ©ration des partitions et c’est ainsi qu’est nĂ© testdisk en 1998.

Pour photorec, il a fallu attendre mon premier appareil photo numĂ©rique en 2002. Ayant peur de perdre des photos (effacement par mĂ©garde de photos non sauvegardĂ©es, reformatage de la mauvaise carte mĂ©moire
), avant mĂȘme de partir en voyage, j’ai bricolĂ© un programme en C sous Linux capable de rĂ©cupĂ©rer les photos et vidĂ©os prises par mon appareil photo. C’est ainsi que photorec est nĂ© pour rĂ©cupĂ©rer des photos. Il a gardĂ© son nom mĂȘme s’il rĂ©cupĂšre des centaines de formats de fichier diffĂ©rents.

Quels sont les points marquants qui ont, selon vous, marquĂ© l’évolution de ces logiciels ?

Les points principaux ayant permis le succĂšs de ces logiciels sont :

  • de rendre ces logiciels multiplateformes pour PC : MS-Dos et Linux, puis Windows. La prise en charge de macOS est venu bien plus tard et a eu peu d’impact.
  • de distribuer ces logiciels gratuitement. L’utilisation d’une licence opensource (GPL v2+) m’a aussi permis d’avoir quelques contributions.
  • d’ĂȘtre plutĂŽt Ă  l’écoute des utilisateurs et d’enrichir les formats de fichiers gĂ©rĂ©s par photorec. Certains sont vraiment exotiques.
  • de la documentation en plusieurs langues Ă  une Ă©poque oĂč les traductions automatiques Ă©taient quasi-inexploitables. Mais aujourd’hui, la documentation principale de plus de 60 pages est en anglais.

Un point marquant a Ă©tĂ© la reconnaissance officielle de l’utilisation de ces logiciels par des organismes Ă©tatiques.

testdisk a Ă©tĂ© conçu pour un public technique, j’ai eu des retours de diffĂ©rents sociĂ©tĂ©s de rĂ©cupĂ©ration de donnĂ©es de part le monde l’utilisant mais en gĂ©nĂ©ral, elles ne souhaitent pas communiquer sur leur utilisation de logiciels (libres ou du commerce).

Un tournant a eu lieu en 2014 quand le NIST, dans le cadre du Computer Forensics Tool Testing Program (CFTT), a testé et publié ses résultats sur les capacités de photorec. En comparant les résultats de chaque outil, on découvre que photorec a les meilleurs résultats (1Úre place ex aequo).
Ainsi, photorec figure dans le catalogue de logiciels que les agences d’États amĂ©ricains peuvent utiliser.

photorec apparaüt dans les diapositives de la formation SecNum Academie de l’ANSSI.

Pourquoi un seul paquet pour deux logiciels, ou pourquoi pas un seul logiciel ?

Quand on parle de testdisk et photorec, il y a aussi fidentify, un outil en ligne de commande qui permet de tester rapidement l’identification de fichiers en utilisant les mĂȘmes parsers que photorec, sans oublier qphotorec, une version graphique de photorec.

Selon les distributions, vous pouvez avoir un package testdisk comprenant testdisk, photorec et fidentify et un package qphotorec pour qphotorec.

testdisk utilise un accĂšs en Ă©criture au disque, photorec n’utilise qu’un accĂšs en lecture. photorec est plus facile d’utilisation que testdisk, c’est presque du next/next/next, il ne fait que du « file carving Â» (rĂ©cupĂ©ration de fichiers par identification des entĂȘtes).

Quelles sont les fonctionnalitĂ©s les plus attendues que vous pensez implĂ©menter ?

La vĂ©rification formelle du code des parsers de photorec est ce qui m’a le plus occupĂ© ces derniĂšres annĂ©es, je continue de travailler dessus.
Je n’ai pas prĂ©vu d’implĂ©menter de nouvelles fonctionnalitĂ©s dans l’immĂ©diat.

Avez-vous des retours d’utilisateurs, des remerciements de personnes qui ont pu grĂące Ă  ces outils retrouver une partie de leur vie numĂ©rique, ou de grincheux ?

Perdre une partie de sa vie numérique est trÚs stressant.
De fait, j’ai Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  des grincheux trĂšs agressifs dont un cas extrĂȘme de menaces rĂ©pĂ©tĂ©es de mort de la part d’un individu qui n’avait pas pu rĂ©cupĂ©rer ses donnĂ©es. Les hĂ©bergeurs de ses messageries successives ont agi rapidement lorsque j’ai signalĂ© ses messages, mais je me suis posĂ© la question Ă  ce moment-lĂ  si cela valait bien la peine de m’investir autant pour risquer cette violence numĂ©rique.

Les retours positifs des utilisateurs et leurs remerciements sont ce qui a permis de me motiver à continuer de développer sur toutes ces années ce projet.
À une Ă©poque, je recevais quotidiennement des mails de remerciements et/ou des donations. C’est moins frĂ©quent dĂ©sormais, mais c’est peut-ĂȘtre parce que les sauvegardes vers le cloud sont beaucoup plus courantes et qu’ainsi les gens ont moins recours Ă  la rĂ©cupĂ©ration de donnĂ©es.

Effectivement, perdre une partie de sa vie numĂ©rique est trĂšs stressant, avez-vous des conseils Ă  donner sur la sauvegarde ?

Ce sont des conseils trÚs généraux :

  • que cela soit au niveau personnel ou au niveau professionnel, il est important de vĂ©rifier le pĂ©rimĂštre de la sauvegarde. Si vous n’aviez plus que votre derniĂšre sauvegarde, que vous manquerait-il ?
  • testez une restauration de donnĂ©es
  • si possible, multipliez les sauvegardes (sauvegarde avec historique ou versionning, pas une simple synchronisation)
  • dans l’idĂ©al, plusieurs lieux de sauvegarde.

Sur ces projets, y a-t-il d’autres contributeurs ?

testdisk et photorec reçoivent principalement des contributions ponctuelles. J’en profite pour remercier toutes les personnes qui m’ont aidĂ© pour les traductions, pour avoir partagĂ© des fichiers dans des formats exotiques, ou pour avoir contribuĂ© au code.
Merci aussi aux personnes ayant participĂ© Ă  la modĂ©ration du forum et au modĂ©rateur actuel !

Y a-t-il des fonctionnalitĂ©s importantes qui ne seront pas dĂ©veloppĂ©es, et pourquoi ?

À moins de recevoir des contributions, je ne pense pas pousser davantage le support mac.
Le chiffrement des disques sous Windows va devenir la norme, comme c’est le cas sous macOS. Je pense que cela va freiner le dĂ©veloppement de testdisk et photorec. La rĂ©cupĂ©ration va devenir bien plus complexe en exigeant un dĂ©chiffrement prĂ©alable.

Des souvenirs marquants de cette expĂ©rience ?

Je crois que l’une des anecdotes qui m’a le plus amusĂ© est celle que j’ai reçue en janvier 2007 : dans un premier mail, l’utilisateur explique qu’un appareil photo a Ă©tĂ© volĂ© dans sa voiture, mais qu’une semaine plus tard, la police a trouvĂ© le coupable et a pu restituer l’appareil photo. Le contenu avait Ă©tĂ© effacĂ©, mais grĂące Ă  photorec, l’utilisateur avait rĂ©cupĂ©rĂ© plus de 300 photos.

Currently I am recovering over 300 photos using PhotoRec that my sister in law took over the holidays. Our car was broken into and the camera was stolen. A week later the police found the guy! They found the camera, but it had been wiped.
I had read about recovering photo's from flash cards via a story on slashdot, and now here I am.

Quelques heures plus tard, j’ai reçu la suite de l’histoire :

I have recovered some pictures that look to be taken by the thief [
]
I am submitting a CD of the data I have recovered to the Detective involved in the case. My little camera was involved in a much larger theft, so hopefully the pictures they took will help nail them all!

Le voleur avait utilisĂ© l’appareil photo, photorec a permis de rĂ©cupĂ©rer des photos ayant beaucoup intĂ©ressĂ© le dĂ©tective en charge du dossier : celui-ci espĂšre dĂ©couvrir les autres personnes impliquĂ©es dans un vol de plus grande envergure.

Avez-vous eu des Ă©changes avec des Ă©diteurs de logiciels similaires (opensource ou propriĂ©taires) ?

photorec a été victime de plusieurs contrefaçons.

Dans un cas, un fabricant de carte mĂ©moire a distribuĂ© un logiciel de rĂ©cupĂ©ration de donnĂ©es, ce fabricant avait sous-traitĂ© le dĂ©veloppement qui avait « optimisé » son temps de dĂ©veloppement en rĂ©cupĂ©rant le code source de photorec, remplaçant tous les entĂȘtes de copyright et ajoutant une interface graphique.
AprÚs avoir contacté le fabricant, celui-ci a fait rétablir les copyrights manquants et le code a été distribué en GPLv3.

Dans d’autres cas, des dĂ©veloppeurs ont volontairement publiĂ© des contrefaçons qu’ils revendaient. AprĂšs avoir fait fermer leur hĂ©bergement plusieurs fois, ils ont fini par trouver un hĂ©bergeur bullet-proof, un hĂ©bergeur qui ne rĂ©pondait plus aux plaintes


Concernant le forum, avez-vous dĂ©jĂ  rencontrĂ© des difficultĂ©s avec le respect du code de conduite ?

La modĂ©ration sur le forum est obligatoire, les spammeurs sont trĂšs nombreux et inventifs en rĂ©utilisant par exemple du contenu d’autres sujets. Aucun code de conduite n’a Ă©tĂ© formalisĂ©.
Le forum ne tient plus que grĂące Ă  la prĂ©sence d’un modĂ©rateur, je ne sais pas si cette partie du projet va perdurer.

Quel est votre modĂšle Ă©conomique ?

Le projet est né comme un projet personnel et reste géré comme tel.
Je travaille chez Global Service Provider, une société de services et hébergement informatique, qui me permet de disposer gracieusement (Merci à eux) de machines virtuelles (VM), sauvegarde, monitoring pour le projet.
Diverses donations ponctuelles couvrent les frais des différents noms de domaine, mon équipement informatique personnel


Au niveau personnel, quels logiciels libres utilisez-vous, sur quel systĂšme d’exploitation ?

À l’exception des raspberry pi sous Raspbian, les diffĂ©rents ordinateurs de la maison sont sous Fedora Linux.
J’utilise gnome comme environnement graphique, alpine et roundcube pour la messagerie, vim comme Ă©diteur de texte, du docker avec moby, gcc, python


Et au niveau professionnel ?

Mon ordi portable est aussi Fedora Linux.
Les serveurs Linux que mon équipe et moi gérons sont principalement sous AlmaLinux et Debian.

J’utilise tous les jours ansible (automatisation des configurations), git (versionning), netbox (gestion de datacenters), oxidized (sauvegarde rĂ©seau), mediawiki (documentation)


Merci pour votre disponibilitĂ©, et pour ces merveilleux outils !

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Argos Panoptùs, l’interview

Par : Numahell
16 mai 2024 Ă  07:37

Pour Framaspace, Framasoft a fait développer un outil de supervision de sites web nommé Argos PanoptÚs (ou juste Argos pour aller plus vite).

DĂ©veloppĂ© par Alexis MĂ©taireau, dĂ©veloppeur entre autres du gĂ©nĂ©rateur de site statique Pelican, et de l’outil de gestion de dĂ©penses Ă  plusieurs « I Hate money Â» (repris dans l’app cospend sur Nextcloud), le besoin a Ă©tĂ© dĂ©fini par Luc Didry, l’administrateur systĂšme de Framasoft.

Luc et Alexis rĂ©pondent Ă  nos questions dans cet interview, pour plus d’information concernant Argos vous pouvez consulter l’article dĂ©diĂ©.

Bonjour Ă  tous les deux :) Ici on connaĂźt dĂ©jĂ  Luc puisque c’est notre admin sys prĂ©fĂ©rĂ©, mais Alexis, peux-tu nous dire qui tu es pour le framablog ?

Alexis : Bonjour, Framasoft, et merci pour la discussion ! Et bien, c’est parti pour l’exercice de la prĂ©sentation alors.

Je suis un dĂ©veloppeur de bientĂŽt 40 ans, intĂ©ressĂ© par les dynamiques collectives, le logiciel libre et la protection des donnĂ©es personnelles, depuis quelques annĂ©es maintenant. Par le passĂ© j’ai pu publier et maintenir quelques outils comme Pelican, un gĂ©nĂ©rateur de sites statiques et I hate money, pour gĂ©rer les dĂ©penses partagĂ©es. J’ai travaillĂ© quelques annĂ©es pour Mozilla sur la partie synchronisation et chiffrement des donnĂ©es (Firefox Sync, Kinto) et sur quelques autres outils.

J’ai quittĂ© le dĂ©veloppement « pro Â» entre 2018 et 2023. Durant ces annĂ©es j’ai eu la chance / le privilĂšge de pouvoir monter une brasserie sur Rennes avec un ami. Nous avons essayĂ© de faire vivre les valeurs de la collaboration (plutĂŽt que celles de la compĂ©tition). Cela est restĂ© trĂšs proche des valeurs du logiciel libre, nos recettes et les plans de nos machines Ă©tant par exemple publiĂ©s sur notre site web.

À l’étĂ© 2023 j’ai dĂ©cidĂ© de quitter la brasserie pour Ă  la fois refaire du dĂ©veloppement et travailler sur les outils de la prise de dĂ©cision collective, et la gestion des conflits dans les collectifs. C’est Ă  ce moment que nous sommes rentrĂ©s en contact avec Luc pour travailler sur Argos.

Pouvez-vous nous prĂ©senter l’outil Argos sur lequel vous avez travaillĂ© ? À quel besoin rĂ©pond-il pour Framaspace ?

Alexis : Argos est un outil de supervision de sites web. L’idĂ©e est assez simple : surveiller que les sites vont bien, et gĂ©nĂ©rer des alertes quand c’est utile, en envoyant des notifications par email ou autre.

La spĂ©cificitĂ© d’Argos est de pouvoir gĂ©rer un nombre de sites important. Framaspace, en grossissant, expose pas loin de 900 domaines au public, qui parfois tombent en panne. Je crois que le rĂ©el besoin derriĂšre Argos Ă©tait de simplifier la vie de Luc (vous saviez qu’il n’y avait qu’un seul adminsys chez Framasoft ? ! !) et de lui permettre d’avoir une meilleure vision globale de l’état du service.

Les vĂ©rifications concernent les statuts du site web, mais aussi l’état des certificats SSL, par exemple, et quelques vĂ©rifications spĂ©cifiques.

Luc : On surveillait dĂ©jĂ  plus de 200 sites via notre outil de supervision (Shinken), mais celui-ci, avec toutes les autres sondes de supervision de notre infrastructure, avait bien de la peine Ă  repasser toutes les 5 minutes sur les sites. Ce qui faisait qu’on pouvait se rendre compte qu’un site Ă©tait tombĂ© au bout de trop de temps.

Avec Framaspace, je savais que j’aurai des centaines (et Ă  terme des milliers) de sites Ă  surveiller en plus, sachant qu’un site est la cible de plusieurs vĂ©rifications, comme dit par Alexis. Il fallait donc un outil dĂ©diĂ©.

Les outils existants comme statping-ng ou Uptime Kuma prĂ©sentent un dĂ©faut rĂ©dhibitoire : vouloir afficher l’état de chaque site en mĂȘme temps sur l’interface web. Ça va bien quand on a quelques sites, pas quand on en a des centaines (l’outil peine Ă  envoyer les donnĂ©es de centaines de sites).

C’est de lĂ  qu’est nĂ©e l’idĂ©e d’Argos, qui a le bon goĂ»t de n’afficher qu’un rĂ©sumĂ© de l’état des sites par dĂ©faut.

 

4 blocs avec des statuts (inconnu, ok, avertissement, erreur) et pour chacun, un nombre correspondant.

Capture d’écran de la page de statut d’Argos

 

Si on regarde de plus prĂšs les coutures, on voit que c’est dĂ©veloppĂ© en langage Python avec une base de donnĂ©es en PostgreSQL. Laissez-moi deviner : Alexis a choisi Python et Luc a choisi PostgreSQL ?

Alexis : Ah, je vois que tu nous connais un peu, mais figure toi que mĂȘme pas ! J’aurais aimĂ© plaider coupable pour le coup, mais Luc cherchait spĂ©cifiquement quelqu’un qui savait faire du Python, et c’est comme ça qu’on s’est rencontrĂ©. J’ai proposĂ© d’utiliser le framework FastAPI Ă  la place de Flask parce que ça nous permettait de faire de l’asynchrone de maniĂšre plus simple, et d’utiliser les fonctionnalitĂ©s de typage de Python.

Luc : Pour Framaspace, j’ai Ă©tĂ© plus ou moins obligĂ© de faire du Python car Salt, l’orchestrateur utilisĂ© pour dĂ©ployer les espaces est en Python : je pouvais, en utilisant ce langage, l’utiliser comme une bibliothĂšque, sans utiliser de bidouilles sales.

Comme Argos a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans le cadre de Framaspace, j’ai voulu garder le mĂȘme langage de programmation, pour avoir un tout cohĂ©rent.

Python n’est pas un langage si pire que ça. Il n’est pas amusant, mais ça fait le job. Peut-ĂȘtre aussi que je vieillis : j’utilise de plus en plus Python pour des scripts. Peut-ĂȘtre qu’écrire des scripts ne m’amuse plus, et que je veux les Ă©crire vite pour passer Ă  autre chose.

MĂšme the Rock qui conduit - Et ton machin va ĂȘtre en Perl, comme d'hab - Non j'ai choisi Python cette fois The rock se retourne, interloquĂ©

La question habituelle de libriste : pourquoi avez-vous choisi de dĂ©velopper un outil dĂ©diĂ©, il n’existait pas d’outils libres pour de la supervision ? Quelles sont ses spĂ©cificitĂ©s ?

Alexis : Je te laisse rĂ©pondre Luc, c’est toi qui a affinĂ© le besoin :-)

Luc : Ah bah zut, j’ai dĂ©jĂ  rĂ©pondu au-dessus 😅

L’avantage d’avoir notre propre outil nous permet aussi de le tordre pour nos besoins spĂ©cifiques. Ainsi Argos envoie-t-il des notifications Ă  notre serveur Gotify. IntĂ©grer un tel canal de communication dans un outil existant aurait pu prendre du temps (comprendre le code, faire une PR, attendre une release
).

En lisant la doc, ça a l’air tout simple Ă  utiliser par rapport Ă  d’autres outils ! ! Comme administrateur⋅ice systĂšme du dimanche aprĂšs-midi, si je veux surveiller l’état de mes sites, est-ce qu’il y a des piĂšges ou des choses Ă  savoir ?

Alexis : Je pense que ça pourrait tout Ă  fait permettre de surveiller l’état de quelques sites, bien que peut-ĂȘtre surdimensionnĂ©. Argos a besoin de lancer un serveur, une base de donnĂ©es et des agents. Est-ce bien utile pour un⋅e adminSys du dimanche ? Peut-ĂȘtre !

Luc : Franchement, je pense qu’il peut ĂȘtre utilisĂ© aussi bien par une grosse organisation que par un·e adminSys du dimanche. La configuration est simple, l’installation pas trĂšs compliquĂ©e, et il n’a pas l’air de consommer beaucoup de ressources.

Alexis tu Ă©tais en mode prestation pour dĂ©velopper, comment s’est passĂ©e la relation avec Framasoft ?

Alexis : Franchement, c’était une surprise totale, et un plaisir du dĂ©but Ă  la fin. On a d’abord pu se faire quelques appels avec Luc pour clarifier les besoins, je me suis retrouvĂ© avec une liste de fonctionnalitĂ©s de base, et j’ai avancĂ© comme ça.

Quand j’avais besoin j’ai pu Ă©changer avec Luc qui Ă©tait toujours assez rĂ©actif, et j’ai pu lever quelques blocages. J’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© rĂ©pondre Ă  un besoin concret, en ayant l’utilisateur final au bout du fil pour clarifier les choses.

Par la suite, on a pu se faire quelques sessions ensemble, Ă  la fois de prĂ©sentation de l’outil, puis de pair-programming pour accompagner Luc sur certains aspects quand c’était utile, l’idĂ©e Ă©tant que ce soit lui qui prenne la main sur le projet.

C’était en fait ma premiĂšre mission en tant que « prestataire Â», je crois que je suis trĂšs bien tombĂ© !

Luc : Pareil de mon cĂŽtĂ©, c’était trĂšs agrĂ©able de bosser avec toi !

Est-ce que vous pensez que ça peut ĂȘtre utilisĂ© dans d’autres contextes que Framaspace ?

Alexis : je pense que ça peut ĂȘtre utilisĂ© dans d’autres contextes bien sĂ»r. Je pense aux « fermes de sites Â», comme par exemple ce que peut faire NoBlogs en Allemagne, mais de maniĂšre gĂ©nĂ©rale c’est utile d’avoir un outil simple d’accĂšs pour faire de la supervision. Bosser lĂ -dessus m’a donnĂ© envie de permettre de faire de la supervision « en tant que service Â», pour des collectifs pour qui ce serait utile, mais
 j’imagine que c’est une autre histoire.

Luc : CarrĂ©ment ! Pas seulement pour des fermes de sites mais partout oĂč on a besoin d’une supervision qui passe trĂšs rĂ©guliĂšrement. On peut avoir des vĂ©rifications effectuĂ©es toutes les minutes, ce qui peut ĂȘtre utile sur des sites qui ne doivent pas tomber. Et un grand nombre de sites ne devrait pas faire peur Ă  Argos : on peut multiplier le nombre d’agents (le logiciel qui s’occupe d’effectuer les vĂ©rifications et d’en remonter le rĂ©sultat au serveur), et le choix de PostgreSQL comme base de donnĂ©es a (aussi) Ă©tĂ© fait parce que c’est un SGBD robuste qui peut encaisser de la charge de travail.

Et est-ce que vous imaginez une suite, avec une feuille de route ou des invitations Ă  contribuer ?

Luc : Il y a dĂ©jĂ  des idĂ©es de dĂ©veloppements futurs pour amĂ©liorer Argos, mais ça n’est pas urgent : la premiĂšre version est dĂ©jĂ  tout Ă  fait fonctionnelle.

Alexis : J’aime bien l’idĂ©e de ne pas avoir de feuille de route trop prĂ©cise pour le futur, ce qui nous permet de se concentrer sur des besoins rĂ©els et de ne pas en faire une usine Ă  gaz. Si vous l’utilisez et que vous avez des retours Ă  faire, ou bien si vous souhaitez contribuer, n’hĂ©sitez pas. C’est pensĂ© pour ĂȘtre simple Ă  Ă©tendre, donc n’hĂ©sitez pas Ă  jeter un Ɠil et Ă  proposer des changements.

Si vous avez encore des choses Ă  dire :)

Alexis : Coucou Numahell, chouette de te recroiser par ici aprĂšs ces quelques annĂ©es :-)

Luc : Merci Ă  toi, Alexis, pour le temps bĂ©nĂ©vole que tu as consacrĂ© Ă  Argos aprĂšs ta prestation !

Pour aller plus loin

Podcast Projets Libres ! Des humain⋅es derriĂšre les projets !

Par : Framasoft
27 février 2024 à 10:08

Le podcast est un mĂ©dia particuliĂšrement consommĂ© en France, comme le rappelait l’interview de Benjamin Bellamy de Castopod en mai 2022 sur ce mĂȘme blog (aussi disponible en
 podcast !). Il permet d’écouter une interview en faisant la vaisselle, des crĂȘpes, ou du roller (mais pas en milieu urbain – ceci est un message de la sĂ©curitĂ© routiĂšre). Cela veut dire, par exemple, que vous pouvez Ă©couter cette interview de Pouhiou et Booteille sur le projet PeerTube par
 Walid de Podcast Projets Libres ! tout en changeant le joint de culasse de votre ordinateur ! C’est dingue cette coĂŻncidence, non ? !

Un petit micro interview un grand micro. CC-BY-SA JJJJOOOOOOOOOOEEEEEEEEEEEPINO

Peux-tu te prĂ©senter ? Qui es-tu ? D’oĂč viens-tu ? Quelle est ta couleur prĂ©fĂ©rĂ©e ?

Je m’appelle Walid Nouh, mon surnom est wawa (ou wawax).

J’ai dĂ©couvert l’informatique (et le roller) Ă  l’ñge de huit ans. Depuis, je n’ai jamais arrĂȘtĂ© :)

J’habite actuellement en rĂ©gion parisienne et je travaille dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire dans la rĂ©paration et le reconditionnement de gros Ă©lectromĂ©nager.

Ma couleur préférée est le noir.

À quel moment, dans ton parcours, as-tu croisĂ© le logiciel libre ?

Durant mes annĂ©es d’IUT. En cours, nous avions des ordinateurs sous Red Hat Linux.

Mon premier ordinateur personnel sous Linux c’était en 2000, il tournait sur une MandrakeLinux.

C’est Ă  la sortie de mes Ă©tudes que j’ai vraiment dĂ©couvert le libre et compris que c’était ce que j’allais faire dans les annĂ©es Ă  venir.

C’est lors de ma premiĂšre expĂ©rience professionnelle, dans une ESN nommĂ©e Atos, que j’ai eu l’occasion de rejoindre le Centre Open Source de la compagnie, et de rencontrer d’autres personnes passionnĂ©es et qui avaient l’habitude de contribuer sur des projets libres.

Pourquoi le format podcast ?

Le podcast est ma maniĂšre prĂ©fĂ©rĂ©e de consommer de l’information. J’écoute entre 10 et 20 heures de podcasts par semaine


J’aime le fait que le format est libre, qu’on peut trouver des podcasts de niche, et que l’on peut aller trùs en profondeur dans les sujets.

Je suis un trĂšs grand fan des podcasts longs (entre 45 minutes et deux heures), j’ai d’ailleurs du mal Ă  Ă©couter des Ă©pisodes de 15 minutes.

On peut vraiment faire ce qu’on veut en Ă©coutant un podcast – ici, un astronaute jouant avec l’apesanteur en Ă©coutant un podcast

D’ailleurs, tes podcasts font trĂšs pros (format, montage) : des astuces ou bons logiciels Ă  conseiller ?

Chaque Ă©pisode me prend 6 Ă  10 heures de travail  !

Pour arriver à ce résultat je passe énormément de temps à me documenter, écouter des podcasts ou vidéos, afin de réaliser une trame.

Je soumets ensuite cette trame au(x) invitĂ©(s), afin qu’ils puissent se prĂ©parer ou ajuster celle-ci.

Cette phase prĂ©paratoire peut prendre des semaines, car elle est nourrie par mes rencontres, rĂ©flexions ou lectures. Chaque Ă©pisode commence, pour moi, par la dĂ©couverte du sujet et un questionnement sur l’angle que je veux donner Ă  l’interview, et comment celle-ci s’inscrit dans la suite des prĂ©cĂ©dentes.

Pour le montage j’utilise Audacity, c’est trùs classique (il faut que j’essaye Ardour
).

Pour la mise en ligne je passe par la plateforme libre Castopod, qui est trÚs bien et nativement connectée au Fediverse.

Si je devais donner des conseils :

  1. bien rĂ©flĂ©chir Ă  sa ligne Ă©ditoriale, ce que l’on veut faire, et en quoi ses Ă©pisodes vont se distinguer de ce qui existe dĂ©jĂ  dans l’univers du podcast.
  2. ĂȘtre clair sur l’objectif de son podcast : est-ce que l’on veut un podcast plutĂŽt “live” ? (donc sans montage par la suite). Est-ce qu’on se fixe des limites en temps Ă  passer par Ă©pisode ?
  3. est-ce que tu veux vivre ou te rĂ©munĂ©rer avec ton podcast ? (Auquel cas renseigne-toi bien, regarde ce que font les autres pour trouver un modĂšle qui te convient).

De mon cĂŽtĂ©, je me suis fixĂ© plusieurs rĂšgles :

  1. la durĂ©e de l’épisode n’est pas un problĂšme
  2. je ne m’interdis aucun sujet : le podcast reflĂšte mes intĂ©rĂȘts. Je suis conscient que certains Ă©pisodes ne vont pas intĂ©resser la majoritĂ© des gens, mais du moment que j’ai envie de le faire, alors il n’y a pas de raison de s’en priver :)
  3. je ne m’astreint Ă  aucun calendrier de sortie fixe (mĂȘme si j’aime bien le format de 2 par mois, mais ça risque de glisser plutĂŽt vers 1 toute les trois semaines)
  4. je fais le minimum en termes de communication sur les réseaux sociaux et je laisse faire le bouche-à-oreille
  5. des Ă©pisodes peuvent ĂȘtre super techniques et d’autres grand public, Ă  mon apprĂ©ciation

Pourquoi le sujet du libre et non celui du roller ?

J’ai commencĂ© les podcasts il y a deux ans par collaborer sur un podcast de roller, nommĂ© Balado Roller. Dans ce podcast nous interviewons des personnes qui ont contribuĂ© Ă  l’essor du roller. J’ai commencĂ© par y ĂȘtre invitĂ©, puis co-animateur et aujourd’hui je rĂ©alise une partie des montages des Ă©pisodes auxquels je participe. Son audience est bien supĂ©rieure Ă  celle de Projets Libres ! et nous savons qu’il est Ă©coutĂ© par les professionnels de ce sport.

Le podcast Projets libres !, reprend le mĂȘme concept mais appliquĂ© Ă  ma seconde passion, qui est le logiciel libre. La diffĂ©rence c’est que pour celui de roller nous sommes deux, et nous nous appuyons sur un site qui existe depuis 20 ans.

Pour Projets Libres !, je suis tout seul, c’est moi qui fait tout de A Ă  Z, suivant mes propres dĂ©sirs (je suis assez perfectionniste).

Une autre diffĂ©rence est que sur nos interviews roller, le travail de prĂ©paration a soit Ă©tĂ© dĂ©jĂ  fait en amont sur le site rollerenligne.com au fil des annĂ©es, soit il est minimal car nous connaissons personnellement la plupart de nos invitĂ©s. Sur Projets Libres ! je dois faire beaucoup plus de recherche pour Ă©viter de dire des bĂȘtises, et aussi pour ĂȘtre sĂ»r de la qualitĂ© de l’échange de l’on va avoir.

Comment choisis-tu qui tu vas interviewer ? En fonction des affinitĂ©s ? Parce que tu utilises le logiciel ou projet ? Du buzz ?

C’est une combinaison de plusieurs facteurs :

  1. mes propres passions, sujets de fond. Principalement : la cartographie des projets francophones, les financements des projets, les transports, le Fediverse, les forks et les ERPs
  2. les personnes qui me contactent pour me proposer un sujet ou une mise en relation
  3. les rencontres que je fais sur les salons ou conférences, et qui alimentent mes réflexions
  4. les outils que j’utilise et dont je suis fan
  5. mon travail, dans le mĂ©tier du reconditionnement, qui m’amĂšne Ă  vouloir creuser certains sujets qui m’intĂ©ressent

J’essaye de n’interviewer que des personnes qui sont au coeur des projets. Ma stratĂ©gie est de proposer un contenu original, que j’espĂšre de qualitĂ©, et que les personnes concernĂ©es feront tourner dans leur communautĂ©. Je ne souhaite pas faire de publicitĂ©. Ma communication est plutĂŽt du type LinuxFR que du type LinkedIn.

Je fais des podcasts en français car c’est ma langue natale et aussi parce qu’il y  a dĂ©jĂ  de trĂšs bons podcasts en anglais.

J’en profite d’ailleurs pour indiquer que des statistiques publiques du podcast sont disponibles ici : https://statistics.projets-libres.org/

Dans tes podcasts, tu te concentres sur l’histoire humaine derriĂšre les projets : c’est important pour toi ?

Pas de logiciel libre sans femmes et hommes !

J’ai eu la chance d’ĂȘtre un professionnel du logiciel libre, actif dans l’univers francophone pendant plus de 10 ans, d’ĂȘtre core developer sur un logiciel, d’avoir participĂ© au fork d’un autre, d’avoir travaillĂ© en ESN spĂ©cialisĂ©es dans le libre. Partout oĂč je suis passĂ© j’ai rencontrĂ© des femmes et des hommes passionnĂ©s par le libre et ses valeurs.

C’est en partie ce que je cherche Ă  mettre en valeur, en m’appuyant sur ma propre expĂ©rience.

Pour faire simple, je cherche Ă  produire le contenu que j’aimerais entendre. Je suis souvent frustrĂ© Ă  la fin d’une interview car personnellement j’aurais posĂ© d’autres questions, ou creusĂ© d’autres sujets !

Mes podcasts ont pour but d’ĂȘtre complĂ©mentaires avec ceux qui existent dĂ©jĂ , que j’écoute rĂ©guliĂšrement et que j’aprĂ©cie.

Qui aimerais-tu interviewer pour un prochain Ă©pisode ?

J’ai comme projet d’essayer interviewer toutes les associations historiques du libre.

L’idĂ©e serait de pouvoir faire une cartographie ou une frise temporelle de l’apparition des unes par rapport aux autres.

Je vais aussi me concentrer sur la notion de fork, et ce que cela veut dire au niveau humain (pour les personnes qui forkent, et pour les mainteneurs qui se font forker).

Bref, j’ai dĂ©jĂ  une feuille de route pour les 6 mois Ă  venir ^^

Page Castopod de Projets Podcasts Libres !

Quels sont les dĂ©fis Ă  venir pour le podcast ?

  1. Durer. Je me suis fixé 1 an sous cette forme et seul. Le podcast est un travail journalier, qui me prend presque tout mon temps libre.
    En 2024, il va falloir que je constitue une équipe, pour aider à monter en qualité et garder un rythme raisonnable.
  2. La paritĂ© femme/homme dans les interviews. Ce n’est pas si simple, mais j’y travaille et c’est trĂšs important pour moi.
  3. Se renouveler, d’avoir toujours des bonnes personnes avec du contenu intĂ©ressant.
  4. Il va falloir que je me finance mes besoins en me basant sur le don : je ne suis pas intĂ©ressĂ© par mettre la publication ou du sponsoring dans le podcast. Comment donc faire en sorte que les gens acceptent de me financer, sans que cela ne me demande plus de travail supplĂ©mentaire (par exemple faire du contenu exclusif pour ses donateurs). Dans une dĂ©marche bĂ©nĂ©vole, tout contenu que je produis est du temps que je ne passe pas pour d’autres projets ou dans ma vie personnelle
  5. RĂ©aliser un Ă©pisode avec sa transcription : c’est un dĂ©fi permanent, car cela ajoute plusieurs heures de travail par Ă©pisode :)

La transcription des Ă©pisodes doit effectivement prendre un temps fou. C’est important pour toi ?

C’est une des premiĂšres choses qui m’a Ă©tĂ© demandĂ©, et j’avais mis le sujet de cĂŽtĂ© car je ne pouvais pas tout faire. C’est en lisant le manifeste de Julie Moynat, relayĂ© par FrĂ©dĂ©ric Couchet que j’ai remis le sujet au goĂ»t du jour.

La transcription a plusieurs fonctions :

  1. permettre aux gens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas écouter le podcast de suivre notre conversation. Je dois avouer que, dans le cadre de mon travail, je déteste les tutoriels vidéos car tu ne peux pas rechercher dedans pour trouver exactement ce que tu veux

  2. elle améliore le référencement du texte
  3. elle participe Ă  la dĂ©marche “de ne pas juste avoir un podcast” mais d’avoir un media

Techniquement je passe par un service (non libre) de transcription. Je dois ensuite retravailler les phrases pour en faire un texte lisible. Cela pose des questions sur le niveau de retravail, entre avoir un texte en bon français et garder le sens et l’atmosphĂšre de l’interview. J’ai bien essayĂ© de demander une IA de me corriger les phrases sans les modifier, mais je n’ai pas encore atteint le bon rĂ©sultat. J’ai des Ă©changes avec Benjamin Bellamy de Castopod, car c’est un de leurs axes de travail actuel.

N’étant pas un professionnel, la correction transcription d’un Ă©pisode d’un heure me prend 2 Ă  3 heures de travail (avec la mise en forme sur le site). C’est une des raisons pour lesquelles je pense changer le rythme de sortie des Ă©pisodes.

Je voudrais faire quelques remerciements :

  • ma femme qui supporte tous mes enregistrements et mes conversations autour du podcast !
  • mes amis et collĂšgues pour les idĂ©es, Ă©coutes et commentaires
  • mon ami Emilien Martinoty pour son aide et pour crĂ©ation et maintenance du site
  • l’équipe de Castopod pour la migration sur leur plate-forme et les discussions rĂ©guliĂšres
  • tous les invitĂ©s qui m’ont fait confiance
  • pour finir toute l’équipe framasoft pour leur accueil et la promotion de mon podcast

Quelques liens :

Piwigo, la photo en liberté

Par : Framasoft
28 mars 2023 Ă  02:08

Nous avons profitĂ© de la sortie d’une nouvelle version de l’application mobile pour interroger l’équipe de Piwigo, et plus particuliĂšrement Pierrick, le crĂ©ateur de ce logiciel libre qui a fĂȘtĂ© ses vingt ans et qui est, c’est incroyable, rentable.

 

 

 

Salut l’équipe de Piwigo ! Nous avons lu avec intĂ©rĂȘt la page https://fr.piwigo.com/qui-sommes-nous

Moi je note que « Piwigo Â» c’est plus sympa que « PhpWebGallery Â», comme nom de logiciel. Enfin, un logiciel libre qui n’a pas un nom trop tordu. Qu’est-ce que vous pouvez nous apprendre sur Piwigo, le logiciel ?

Piwigo est un logiciel libre de gestion de photothĂšque. Il s’agit d’une application web, donc accessible depuis un navigateur web, que l’on peut Ă©galement consulter et administrer avec des applications mobiles. Au-delĂ  des photos, Piwigo permet d’organiser et indexer tout type de mĂ©dia : images, vidĂ©os, documents PDF et autres fichiers de travail des graphistes. Originellement conçu pour les particuliers, il s’est au fil des ans trouvĂ© un public auprĂšs des organisations de toutes tailles.

 

Le logo de Piwigo, le logiciel

 

La gestation du projet PhpWebGallery dĂ©marre fin 2001 et la premiĂšre version sortira aux vacances de PĂąques 2002. Pendant les vacances, car j’étais Ă©tudiant en Ă©cole d’ingĂ©nieur Ă  Lyon et j’ai eu besoin de temps libre pour finaliser la premiĂšre version. Le logiciel a tout de suite rencontrĂ© un public et des contributeurs ont rejoint l’aventure. En 2009, « PhpWebGallery Â» est renommĂ© « Piwigo Â» mais seul le nom a changĂ©, il s’agit du mĂȘme projet.

Les huit premiĂšres annĂ©es, le projet Ă©tait entiĂšrement bĂ©nĂ©vole, avec des contributeurs (de qualitĂ©) qui donnaient de leur temps libre et de leurs compĂ©tences. Le passage d’étudiant Ă  salariĂ© m’a donnĂ© du temps libre, vraiment beaucoup. Je faisais pas mal d’heures pour mon employeur mais en comparaison avec le rythme prĂ©pa/Ă©cole, c’était trĂšs tranquille : pas de devoirs Ă  faire le soir ! Donc Piwigo a beaucoup avancĂ© durant cette pĂ©riode. Devenu parent puis propriĂ©taire d’un appartement, avec les travaux Ă  faire
 mon temps libre a fondu et il a fallu faire des choix. Soit j’arrĂȘtais le projet et il aurait Ă©tĂ© repris par la communautĂ©, soit je trouvais un modĂšle Ă©conomique viable et compatible avec le projet pour en faire mon mĂ©tier. Si je suis ici pour en parler douze ans plus tard, c’est que cette deuxiĂšme option a Ă©tĂ© retenue.

En 2010 vous lancez le service piwigo.com ; un logiciel libre dont les auteurs ne crĂšvent pas de faim, c’est plutĂŽt bien. Est-ce que c’est vrai ? Avez-vous trouvĂ© votre modĂšle Ă©conomique ?

 

Le logo de Piwigo, le service

 

Pour ce qui me concerne, je ne crĂšve pas du tout de faim. J’ai pu rapidement retrouver des revenus Ă©quivalents Ă  mon ancien salaire. Et davantage aujourd’hui. J’estime vivre trĂšs confortablement et ne manquer de rien. Ceci est trĂšs subjectif et mon mode de vie pourrait paraĂźtre « austĂšre Â» pour certains et « extravagant Â» pour d’autres. En tout cas moi cela me convient :-)

Notre modĂšle Ă©conomique a un peu Ă©voluĂ© en 12 ans. Si l’objectif est depuis le dĂ©part de se concentrer sur la vente d’abonnements, il a fallu quelques annĂ©es pour que cela couvre mon salaire. J’ai eu l’opportunitĂ© de rĂ©aliser des prestations de dev en parallĂšle de Piwigo les premiĂšres annĂ©es pour compenser la croissance lente des ventes d’abonnements.

Ce qui a beaucoup changĂ© c’est notre cible : on est passĂ© d’une cible B2C (Ă  destination des individus) Ă  une cible B2B (Ă  destination des organisations). Et cela a tout changĂ© en terme de chiffre d’affaires. Malheureusement ou plutĂŽt « factuellement Â» nous plafonnons depuis longtemps sur les particuliers. Nos offres Entreprise quant Ă  elles sont en croissance continue, sans que l’on atteigne encore de plafond. Nous avons donc dĂ©cidĂ© de communiquer vers cette cible. Piwigo reste utilisable pour des particuliers bien sĂ»r, mais ce sont prioritairement les organisations qui vont orienter notre feuille de route.

GrĂące Ă  la rĂ©orientation de notre modĂšle Ă©conomique, il a Ă©tĂ© possible de faire grossir l’équipe.

Donc on a Piwigo.org qui fournit le logiciel libre que chacun⋅e peut installer Ă  condition d’en avoir les compĂ©tences, et Piwigo.com, service commercial gĂ©rĂ© par ton Ă©quipe et toi. Vous vous chargez de la maintenance, des mises Ă  jour, des sauvegardes.

Qui est vraiment derriĂšre Piwigo.com aujourd’hui ? Et combien de gens est-ce que ça fait vivre ?

Une petite Ă©quipe mĂȘlant des salariĂ©s, dont plusieurs alternants, des freelances dans les domaines du support, de la communication, du design ou encore de la gestion administrative. Cela reprĂ©sente 8 personnes, certaines Ă  temps plein, d’autres Ă  temps partiel. J’exclus le cabinet comptable, mĂȘme s’il y passe du temps compte tenu du nombre de transactions que les abonnements reprĂ©sentent


Qu’est-ce qui est lourd ?

Certains aspects purement comptables de l’activitĂ©. La gestion de la TVA par exemple. Non pas le principe de la TVA mais les rĂšgles autour de la TVA. Nous vendons en France, dans la zone Euro et hors zone Euro : Ă  chaque situation sa rĂšgle d’application des taxes. Les PCA (produits constatĂ©s d’avance) sont aussi une petite source de tracas qu’il a fallu gĂ©rer proprement. Jamais je n’aurais imaginĂ© passer autant de temps sur ce genre de sujets en lançant le projet commercial.

Qu’est-ce qui est cool ?
Constater que Piwigo est leur principal outil de travail de nombreux clients. On comprend alors que certains choix de design, certaines optimisations de performances font pour eux une grande différence au quotidien.

 

CrĂ©ation d’un⋅e utilisateur⋅ice

 

Nous avons lancĂ© depuis quelques semaines une sĂ©rie d’entretiens utilisateurs durant lesquels des clients nous montrent comment ils utilisent Piwigo et c’est assez gĂ©nial de les voir utiliser voire dĂ©tourner les fonctionnalitĂ©s que l’on a dĂ©veloppĂ©es.

D’un point de vue vraiment personnel, ce que je trouve cool c’est qu’un projet dĂ©marrĂ© sur mon temps libre pendant mes Ă©tudes soit devenu crĂ©ateur d’emplois. Et j’espĂšre un emploi « intĂ©ressant Â» pour les personnes concernĂ©es. Qu’elles soient participantes Ă  l’aventure ou utilisatrices dans leur mĂ©tier. Je crois vraiment au rĂŽle social de l’entreprise et je suis particuliĂšrement fier que Piwigo figure dans le parcours professionnel de nombreuses personnes.

Votre liste de clients https://fr.piwigo.com/clients est impressionnante


Oui, je suis d’accord : ça claque ! et bien sĂ»r tout est absolument authentique. Évidemment on n’affiche qu’une portion microscopique de notre liste de clients.

Recevez-vous des commandes spĂ©cifiques des gros clients pour dĂ©velopper certaines fonctionnalitĂ©s ?

Pourquoi des « gros Â» ? Certaines entreprises « pas trĂšs grosses Â» ont des demandes spĂ©cifiques aussi. Bon, en pratique c’est vrai que certains « gros Â» ont l’habitude que l’outil s’adapte Ă  leur besoin et pas le contraire. Donc parfois on adapte : en personnalisant l’interface quasiment toujours, en dĂ©veloppant des plugins parfois. C’est moins de 5 % de nos clients qui vont payer une prestation de dĂ©veloppement. Vendre ce type de prestation n’est pas au cƓur de notre modĂšle Ă©conomique mais ne pas le proposer pourrait nuire Ă  la vente d’abonnements, donc on est ouverts aux demandes.

Est-ce que vous refusez de faire certaines choses ?

D’un point de vue du dĂ©veloppement ? Pas souvent. Je n’ai pas souvenir de demandes suffisamment farfelues
 pardon « spĂ©cifiques Â» pour qu’on les refuse a priori. En revanche il y a des choses qu’on refuse systĂ©matiquement : rĂ©pondre Ă  des appels d’offre et autre « marchĂ©s publics Â». Quand une administration nous contacte et nous envoie des « dossiers Â» avec des listes de questions Ă  rallonge, on s’assure qu’il n’y a pas d’appel d’offre derriĂšre car on ne rentrera pas dans le processus. Nous ne vendons pas assez cher pour nous permettre de rĂ©pondre Ă  des appels d’offre. Je comprends que les entreprises qui vendent des tickets Ă  50k€+ se permettent ce genre de dĂ©marche administrative, mais avec notre ticket entre 500€ et 4 000€, on serait perdant Ă  tous les coups. Le « coĂ»t administratif Â» d’un appel d’offre est plus Ă©levĂ© que le coĂ»t opĂ©rationnel de la solution proposĂ©e. C’est aberrant et on refuse de rentrer lĂ -dedans.

Bien que nous refusions de rĂ©pondre Ă  cette complexitĂ© administrative (trĂšs française), nous avons de nombreuses administrations comme clients : ministĂšre, mairies, conseils dĂ©partementaux, offices de tourisme
 Comme quoi c’est possible (et lĂ©gal) de ne pas gaspiller de l’énergie et du temps Ă  remplir des dossiers.

Y a-t-il beaucoup de particuliers qui, comme moi, vous confient leurs photos ? Faites pĂ©ter les chiffres qui dĂ©coiffent !

Environ 2000 particuliers sont clients de notre offre hĂ©bergĂ©e. Ils sont bien plus nombreux Ă  confier leurs photos Ă  Piwigo, mais ils ne sont pas hĂ©bergĂ©s sur nos serveurs. Notre derniĂšre enquĂȘte en 2020 indiquait qu’environ un utilisateur sur dix Ă©tait client de Piwigo.com [donc 90% des gens qui utilisent le logiciel Piwigo s’auto-hĂ©bergent ou s’hĂ©bergent ailleurs, NDLR] .

Si on Ă©largit un peu le champ de vision, on estime qu’il y a entre 50 000 et 500 000 installations de Piwigo dans le monde. Avec une Ă©norme majoritĂ© d’installations hors Piwigo.com donc. Difficile Ă  chiffrer prĂ©cisĂ©ment car Piwigo ne traque pas les installations.

 

La page d’administration de Piwigo

 

Pour des chiffres qui « dĂ©coiffent Â», je dirais qu’on a fait 30 % de croissance en 2020. Puis encore 30 % de croissance en 2021 (merci les confinements
) et qu’on revient Ă  notre rythme de croisiĂšre de +15 % par an en 2022. Dans le contexte actuel de difficultĂ© des entreprises, je trouve qu’on s’en sort bien !

Autre chiffre qui dĂ©coiffe : on n’a pas levĂ© un seul euro. Aucun business angel, aucune levĂ©e de fonds auprĂšs d’investisseurs. Notre croissance est douce mais sereine. Attention pour autant : je ne dĂ©nigre pas le principe de lever des fonds. Cela permet d’aller beaucoup plus vite. Vers le succĂšs ou l’échec, mais beaucoup plus vite ! Rien ne dit que si c’était Ă  refaire, je n’essaierais pas de lever des fonds.

Encore un chiffre respectable : Piwigo a soufflĂ© sa vingtiĂšme bougie en 2022. Le projet a connu plusieurs phases et nous vivons actuellement celle de la professionnalisation. Beaucoup de projets libres s’arrĂȘtent avant et disparaissent car ils ne franchissent pas cette Ă©tape. Si certains voient dans l’arrivĂ©e de l’argent une « trahison Â» de la communautĂ©, je trouve au contraire que c’est sain et gage de pĂ©rennitĂ©. Lorsque les fondateurs d’un projet ont besoin d’un modĂšle Ă©conomique viable pour payer leurs propres factures, vous pouvez ĂȘtre sĂ»rs que le projet ne va pas ĂȘtre abandonnĂ© sur un coup de tĂȘte.

Est-ce que les rĂ©seaux sociaux axĂ©s sur la photographie concurrencent Piwigo ? On pense Ă  Instagram mais aussi Ă  Pixelfed, Ă©videmment.

J’ai regardĂ© rapidement ce qu’était Pixelfed. Ma conclusion au bout de quelques minutes : c’est un clone opensource Ă  Instagram, en mode dĂ©centralisĂ©.

Piwigo n’est pas un rĂ©seau social. Pour certains utilisateurs, Piwigo a perdu de son intĂ©rĂȘt dĂšs lors que Facebook et ses albums photos sont arrivĂ©s. Pour d’autres, Piwigo constitue au contraire une solution pour ceux qui refusent la centralisation/uniformisation telle que proposĂ©e par Facebook ou Google. Enfin pour de nombreux clients pro (photographes ou entreprises) Piwigo est un outil Ă  usage interne de l’équipe communication pour organiser les ressources mĂ©dia qui seront ensuite utilisĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux. Il faut comprendre que pour les chargĂ©s de communication d’un office de tourisme, mettre sa photothĂšque sur Facebook n’a aucun sens. Ils ou elles publient quelques photos sur Facebook, sur Instagram ou autres, mais leur photothĂšque est organisĂ©e sur leur Piwigo.

Bref, mĂȘme si les premiĂšres annĂ©es je me suis demandĂ© si Piwigo Ă©tait encore pertinent face Ă  l’émergence de ces nouvelles formes de communication, je sais aujourd’hui que Piwigo n’est pas en concurrence frontale avec ces derniers mais qu’au contraire, l’existence de ces rĂ©seaux nĂ©cessite pour les marques/entreprises qu’elles organisent leurs photothĂšques. Piwigo est lĂ  pour les y aider.

Quelles sont les diffĂ©rences ?

La toute premiĂšre des choses, c’est la temporalitĂ©. Les rĂ©seaux sociaux sont excellents pour obtenir une exposition forte et Ă©phĂ©mĂšre de votre « actualitĂ© Â». À l’inverse, Piwigo va exceller pour vous permettre de retrouver un lot de photos parmi des centaines de milliers, organisĂ©es au fil des annĂ©es. Piwigo permet de gĂ©rer son patrimoine photo (et autres mĂ©dias) sur le temps long.

L’autre aspect important c’est le travail en Ă©quipe. Un rĂ©seau social est gĂ©nĂ©ralement conçu autour d’une seule personne qui administre le compte. Dans Piwigo, plusieurs administrateurs collaborent (Ă  un instant T ou dans la durĂ©e) pour construire la photothĂšque : classification, indexation (tags, titre, descriptions
)

Enfin, certaines fonctionnalitĂ©s n’ont tout simplement rien Ă  voir. Par exemple, dans un rĂ©seau social le cƓur de mĂ©tier va ĂȘtre d’obtenir des likes. Dans un Piwigo, vous allez pouvoir mettre en place un moteur de recherche multicritĂšres avec vos propres critĂšres. Par exemple on a un client qui fabrique des matĂ©riaux acoustiques. Ses critĂšres de recherche sont collection, coloris, lieu d’implantation
 Cela n’aurait aucun sens sur l’interface uniformisĂ©e d’un Instagram.

Qui apporte des contributions Ă  Piwigo ? Est-ce que c’est surtout la core team ?

Cela a beaucoup changĂ© avec le temps. Et mĂȘme ce qu’on appelle aujourd’hui « Ă©quipe Â» n’est plus la mĂȘme chose que ce qu’on appelait « Ă©quipe Â» il y a 10 ans. Aujourd’hui, l’équipe c’est essentiellement celle du projet commercial. Pas uniquement mais quand mĂȘme pas mal.

On a donc beaucoup de contributions « internes Â» mais ce serait trop simplificateur d’ignorer l’énorme apport de la communautĂ© de contributeurs au sens large. DĂ©jĂ  parce que l’état actuel de Piwigo repose sur les fondations crĂ©Ă©es par une communautĂ© de dĂ©veloppeurs bĂ©nĂ©voles. Ensuite parce qu’on reçoit bien sĂ»r des contributions sous forme de rapports de bugs, des pull-requests mais aussi grĂące Ă  des bĂ©nĂ©voles qui aident des utilisateurs sur les forums communautaires, les bĂȘta-testeurs
 sans oublier les centaines de traducteurs.

Petite anecdote dont je suis fier : Rasmus Lerdorf, crĂ©ateur de PHP (le langage de programmation principalement utilisĂ© dans Piwigo) nous a plusieurs fois envoyĂ© des patches pour que Piwigo soit compatibles avec les derniĂšres versions de PHP.

 

Quel est votre lien avec le monde du Libre ? (<troll>y a-t-il un monde du Libre ?</troll>)

Je ne sais pas s’il y a un « monde du libre Â». Historiquement Les contributeurs sont d’abord des utilisateurs du logiciel qui ont voulu le faire Ă©voluer. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse de fervents dĂ©fenseurs du logiciel libre.

Franchement je ne sais pas trop comment rĂ©pondre Ă  cette question. Je sais que Piwigo est une brique de ce monde du libre mais je ne suis pas sĂ»r que l’on conscientise le fait de faire partie d’un mouvement global. Je pense qu’on est pragmatique plutĂŽt qu’idĂ©ologique.

 

En tant que client, je viens de recevoir le mail qui annonce le changement de tarif. Pouvez-vous nous expliquer l’origine de cette dĂ©cision ?

LĂ  on est vraiment sur l’actualitĂ© « Ă  chaud Â». Le changement de tarif pour les nouveaux/futurs clients a fait l’objet d’une longue rĂ©flexion et prĂ©paration. Je dirais qu’on le prĂ©pare depuis 18 mois.

 

Si j’ai bien compris la clientĂšle particuliĂšre est un tout petit pourcentage de la clientĂšle de Piwigo.com ?

Les clients de l’ancienne offre « individuelle Â» reprĂ©sentent 30 % du chiffre d’affaires des abonnements pour 91 % des clients. J’exclus les prestations de dev, qui sont exclusivement ordonnĂ©es par des entreprises. Donc « tout petit pourcentage Â», ça dĂ©pend du point de vue :-)

Est-ce que l’offre de stockage illimitĂ© devient trop chĂšre ?

En moyenne sur l’ensemble des clients individuels, on est Ă  ~30 Go de stockage utilisĂ©. La mĂ©diane est quant Ă  elle de 5Go. Si la marge financiĂšre dĂ©gagĂ©e n’est pas folle, on ne perd pas d’argent pour autant, car nous avons rĂ©ussi Ă  ne pas payer le stockage trop cher. Pour faire simple : on n’utilise pas de stockage cloud type Amazon Web Services, Google Cloud ou Microsoft Azure. Sinon on serait clairement perdant.

Ceci est vrai tant qu’on propose de l’illimitĂ© sur les photos. Sauf que la premiĂšre demande au support, devant toutes les autres, c’est : « puis-je ajouter mes vidĂ©os ? Â», et cela change la donne. Hors de question de proposer de l’illimitĂ© sur les vidĂ©os. De l’autre cĂŽtĂ©, on entend et on comprend la demande des utilisateurs concernant les vidĂ©os. Donc on veut proposer les vidĂ©os, mais il faut en parallĂšle introduire un quota de stockage.

Ensuite nous avions un souci de cohĂ©rence entre l’offre individuelle (stockage illimitĂ© mais photos uniquement) et les offres entreprise (quota de stockage et tout type de fichiers). La solution qui nous paraĂźt la meilleure est d’imposer un quota pour toutes les offres, mais un quota gĂ©nĂ©reux. L’offre « Perso Â» est Ă  50 Go de stockage, donc largement au-delĂ  de la conso moyenne.

Enfin la principe de l’illimitĂ© est problĂ©matique. En 12 ans, la perception du grand public sur le numĂ©rique a Ă©voluĂ©. Je parle spĂ©cifiquement de la consommation de ressources que le numĂ©rique reprĂ©sente. Le cloud, ce sont des serveurs dans des centres de donnĂ©es qui consomment de l’électricitĂ©, etc. En 2023, je pense que tout le monde a intĂ©grĂ© le fait que nous vivons dans un monde fini. Ceci n’est pas compatible avec la notion de stockage infini. Je peux vous assurer que certains utilisateurs n’ont pas conscience de cette finitude.

Est-ce que des pros ont utilisĂ© cette offre destinĂ©e aux particuliers pour « abuser Â» ?

Il y a des abus sur l’utilisation de l’espace de stockage, mais pas spĂ©cialement par des pros. On a des particuliers qui scannent des documents en haute rĂ©solution par dizaine de milliers pour des tĂ©raoctets stockĂ©s
 On a des particuliers qui sont fans de telle ou telle star de cinĂ©ma et qui font des captures d’écran chaque seconde de chaque film de cet acteur. Ne rigolez pas, cela existe.

En revanche on avait un soucis de positionnement : l’offre « individuelle Â» n’était pas trĂšs appropriĂ©e pour les photographes pros mais l’offre entreprise Ă©tait trop chĂšre. On a maintenant des offres mieux Ă©tagĂ©es et on espĂšre que cela sera plus pertinent pour ce type de client.

Enfin on a des entreprises qui essaient de prendre l’offre individuelle en se faisant passer pour des particuliers. Et lĂ  on est obligĂ©s de faire les gendarmes. On a mĂȘme dĂ©tectĂ© des « patterns Â» de ses entreprises et on annulait les commandes « individuelles Â» de ces clients. J’en avais personnellement un petit peu ras le bol :-)

Les nouvelles offres, mĂȘme « Perso Â» sont accessibles mĂȘme Ă  des multinationales. Évidemment, les limites qu’on a fixĂ©es devraient naturellement les orienter vers nos offres Entreprise (nouvelle gĂ©nĂ©ration) voire VIP.

 

Est-ce qu’il s’agissait d’une offre qui se voulait temporaire et que vous avez laissĂ© filer parce que vous Ă©tiez sur autre chose ?

 

Pendant 12 ans ? Non non, le choix de proposer de l’illimitĂ© en 2010 Ă©tait rĂ©flĂ©chi et « Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e Â». Les besoins et les possibilitĂ©s et surtout les demandes ont changĂ©. On s’adapte. On espĂšre ne pas se tromper et si c’est le cas on fera des ajustements.

L’important c’est de pas mettre nos clients au pied du mur : ils peuvent renouveler sur leur offre d’origine. On a toujours proposĂ© cela et on ne compte pas changer cette rĂšgle. C’est assez unique dans notre secteur d’activitĂ© mais on y tient.

Nous avons vu que votre actualitĂ© c’était la nouvelle version de Piwigo NG. Je crois que vous avez besoin d’aide. Vous pouvez nous en parler ?

Nous avons plusieurs actualitĂ©s et effectivement cĂŽtĂ© logiciel, c’est la sortie de la version 2 de l’application mobile pour Android. Piwigo NG (comme Next Generation) est le rĂ©sultat du travail de RĂ©mi, qui travaille sur Piwigo depuis deux ans. AprĂšs avoir voulu faire Ă©voluer l’application « native Â» sans succĂšs, il a crĂ©Ă© en deux semaines un prototype d’application mobile en Flutter. Ce qu’il avait fait en deux semaines Ă©tait meilleur que ce que l’on galĂ©rait Ă  obtenir avec l’application native en plusieurs mois. On a donc dĂ©cidĂ© de basculer sur cette nouvelle technologie. Un an aprĂšs la sortie de Piwigo NG, RĂ©mi sort une version 2 toujours sur Flutter mais avec une nouvelle architecture « plus propice aux Ă©volutions Â». Le fameux « il faut refactorer tous les six mois Â», devise des dĂ©veloppeurs Java.

En effet nous avons besoin d’aide pour bĂȘta-tester cette version 2 de Piwigo NG. Plus nous avons de retours, plus nous pouvons la stabiliser.

Pour aller plus loin

PVH Ă©ditions et Ludomire : Ă©ditĂ©s, libĂ©rĂ©s

Par : Framasoft
22 mars 2023 Ă  07:31

Le 12 janvier dernier, PVH Ă©ditions a annoncĂ© la libĂ©ration de sa collection Ludomire. Vu la faible frĂ©quence de ce genre de dĂ©marche dans le milieu de l’édition traditionnelle, nous avons eu envie d’aller interroger ce courageux Ă©diteur suisse.

Rencontre avec un Ă©diteur qui libĂšre

Bonjour, pourriez-vous tout d’abord prĂ©senter rapidement PVH Ă©ditions, son histoire et catalogue ?

PVH Ă©ditions est une maison d’édition franco-suisse spĂ©cialisĂ©e dans la science-fiction, la fantasy et le fantastique, qu’on appelle parfois « littĂ©rature de l’Imaginaire Â» mais je prĂ©fĂšre dire SFFF qui rend mieux compte de tous les genres et sous-genres qu’il renferme. Notre activitĂ© Ă©ditoriale a dĂ©marrĂ© en 2014, mais nous nous sommes rĂ©ellement professionnalisĂ©s fin 2020. C’est Ă  ce moment oĂč tout s’est accĂ©lĂ©rĂ© : en deux ans nous avons doublĂ© la taille de notre catalogue, embauchĂ© six personnes et obtenu un contrat de diffusion auprĂšs de CED-CEDIF (distribution Pollen).

Pendant les premiĂšres annĂ©es, nous avons beaucoup expĂ©rimentĂ© : livre de voyage, jeu de sociĂ©tĂ©, etc. Mais en 2021, nous avons resserrĂ© notre catalogue qui comprend essentiellement la collection Ludomire (16 romans et recueils de nouvelles), la collection Bretteur (4 romans et recueils de contes), quelques coĂ©ditions en jeu de rĂŽle (Mississippi et Oreinidia) et des essais dĂ©calĂ©s autour de Bitcoin (Objective Thune et La monnaie Ă  pĂ©tales).

Couverture de Ceux qui changent

MalgrĂ© les Ă©volutions de ces derniĂšres annĂ©es, l’ADN de PVH Ă©ditions reste celle du dĂ©but : il s’agit d’un projet artistique un peu fou de deux amis, Christophe GĂ©rard et moi. Le caractĂšre bicĂ©phale et binational s’incarne dans deux structures : PVH Ă©ditions, dirigĂ© par moi-mĂȘme Ă  NeuchĂątel en Suisse, et PVH Labs, dirigĂ© par Christophe Ă  Montboillon en Haute-SaĂŽne (France). L’équipe de quatre personnes de PVH Ă©ditions se charge du dĂ©veloppement Ă©ditorial : Ă©dition de livres, projets de traduction, etc. Celle de PVH Labs, quatre personnes Ă©galement, se charge du dĂ©veloppement software, de la commercialisation dans l’UE et un studio de production de nouveaux formats pour nos romans.

Ainsi en ce dĂ©but 2023, nous commençons une nouvelle phase de la pĂ©rennisation de notre structure. L’enjeu est de faire connaĂźtre nos auteurs et nos livres et mener Ă  bien deux projets d’envergure : les dĂ©veloppements et le lancement de notre boutique en ligne p2p, La Bookinerie, et de nos Romans augmentĂ©s. Ces deux projets, basĂ©s sur des logiciels libres, sont liĂ©s Ă  la libĂ©ration de la collection Ludomire.

Vous avez dĂ©cidĂ© de basculer une partie de votre catalogue, Ă  savoir la collection Ludomire, sous licence libre, comment est nĂ©e cette envie, et pourquoi le faire ?

L’envie a toujours Ă©tĂ© lĂ . La question devrait ĂȘtre : pourquoi ne l’avons-nous pas fait avant ? Pour ma part, je m’intĂ©resse aux logiciels libres depuis bien longtemps et j’en utilise autant que possible. Je me suis beaucoup intĂ©ressĂ© aux licences Creative Commons bien avant d’ĂȘtre Ă©diteur. J’ai suivi les expĂ©riences crĂ©atives de Ploum et Thierry Crouzet sur leurs blogs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si j’ai Ă©ditĂ© certaines de leurs Ɠuvres. DĂšs 2020, nous avons inscrit dans notre ligne Ă©ditoriale notre « intĂ©rĂȘt pour la culture libre Â». En 2021, nous avons lancĂ© le format print@home sous licence CC BY-NC-SA. La libĂ©ration des Ɠuvres s’inscrit dans notre ADN, dans une suite logique.

Couverture de One Minute

Alors je la pose : pourquoi ne l’avez-vous pas fait avant ?

Quand on a dĂ©marrĂ© l’édition, on avait beaucoup de choses Ă  apprendre, Ă  mettre en place. Notre objectif Ă©tait avant tout de sortir des beaux livres et de rentrer dans nos sous. Rester dans les clous est clairement un confort, on discute avec d’autres Ă©diteurs, on reprend les modĂšles de contrats que l’on nous partage. L’utilisation de licences libres n’était pas une prioritĂ©, mĂȘme si c’était une envie.

J’avais Ă©galement le sentiment que libĂ©rer des Ɠuvres, comme ça, sans projet, ça aurait Ă©tĂ© un peu bidon. Pourquoi libĂ©rer des Ɠuvres si on continue Ă  fonctionner de la mĂȘme maniĂšre que quand on utilisait un copyright ? Je pense que j’avais besoin de rĂ©flĂ©chir au sens d’une telle dĂ©marche selon le prisme de l’éditeur. Nous avions Ă©galement besoin d’arriver Ă  un point de stabilitĂ© chez PVH Ă©ditions qui nous permette de nous investir dans une telle transformation. Et surtout, je voulais inscrire cette libĂ©ration dans un projet Ă©ditorial ambitieux et cohĂ©rent.

C’est ainsi que notre diffusion en France et en Belgique (signĂ©e en juillet et en place depuis novembre 2022) a apportĂ© le temps et la stabilitĂ© qui m’a permis de prĂ©parer cette libĂ©ration pendant le deuxiĂšme semestre 2022. En dĂ©cembre, nous avons obtenu un financement public important pour la mise en place de notre boutique en ligne p2p, La Bookinerie, sur 2023 et 2024. À prĂ©sent, si j’ose dire, je dĂ©roule un programme mĂ»rement rĂ©flĂ©chi.

Vous parlez de la question des rĂ©percussions avec les partenaires, quel accueil a reçu votre idĂ©e ? Comment ont rĂ©agi les collĂšgues Ă©diteurs ? David Revoy avait eu pas mal de souci Ă  l’époque de la premiĂšre Ă©dition chez GlĂ©nat de Pepper & Carrot, vous n’ĂȘtes pas inquiets ?

Pour le moment, je n’ai pas de retour nĂ©gatif. Mon diffuseur semble intriguĂ© et il y voit une opportunitĂ© pour encore mieux mettre en valeur la collection Ludomire auprĂšs des libraires. DerniĂšrement, j’ai eu des discussions avec un Ă©diteur europĂ©en pour faire traduire certaines Ɠuvres, et il m’a dit : « No problem, I like copyleft Â». J’ai Ă©galement l’impression que le choix d’une telle licence peut ĂȘtre bien vu pour obtenir de l’argent public, mĂȘme si je pense qu’ils s’en fichent un peu. C’est plutĂŽt encourageant non ?

Clairement, j’avais certaines inquiĂ©tudes mais je n’en ai plus vraiment. En rĂ©alitĂ©, on en fait une Ă©normitĂ© mais j’ai surtout l’impression que la plupart des gens se fichent bien de la licence. C’est surtout dans des projets d’adaptation que ça aura de l’importance. Je vous tiendrai au courant.

Couverture de L’hĂ©ritage des sombres

Pour beaucoup, libĂ©rer des Ɠuvres, cela revient Ă  dire qu’elles sont gratuites. Vous venez de l’édition traditionnelle, n’ĂȘtes pas des utopistes et avez dĂ» faire quelques calculs. Comment envisagez-vous les choses, financiĂšrement parlant ?

Bien entendu que j’ai fait mes calculs (mĂȘme si parfois on navigue au doigt mouillĂ©). En rĂ©alitĂ©, il Ă©tait important d’assurer une base solide : une belle collection proposĂ©e en librairie, des sorties rĂ©guliĂšres dĂ©jĂ  planifiĂ©es. La libĂ©ration de la collection Ludomire n’aura pas d’effet nĂ©gatif sur ce socle. Le fait que le livre sera disponible gratuitement en version numĂ©rique n’aura pas d’influence sur les ventes en librairie. C’est ce que j’ai aussi constatĂ© avec les Ɠuvres de Ploum, qui invitait (avec ma bĂ©nĂ©diction) Ă  tĂ©lĂ©charger gratuitement les e-books. Ça n’a pas empĂȘchĂ© Printeurs d’ĂȘtre notre meilleure vente e-book.

Clairement, je pense que cette libĂ©ration ne peut qu’avoir un effet bĂ©nĂ©fique : gagner en visibilitĂ© dans les mĂ©dias, toucher de nouveaux publics, renforcer l’engagement de nos lecteurs. La Bookinerie, qui sera en gros un outil de crowdfunding autohĂ©bergĂ© et sans intermĂ©diaire, pourrait ĂȘtre une source financiĂšre complĂ©mentaire. On est clairement dans l’expĂ©rimentation.

Vous avez choisi la licence CC BY SA, qui place les Ɠuvres dans les Communs, et qui est donc plus complexe Ă  intĂ©grer dans des circuits classiques, alors que d’autres licences libres moins engagĂ©es existaient (CC BY notamment). Qu’est ce qui a motivĂ© ce choix ?

Nous avons publiĂ© un article pour expliquer le choix de notre licence. J’y explique en gros que selon moi pour un Ă©diteur, il y a le choix du copyright ou le choix du copyleft. Le CC BY n’offre aucun avantage et permet la prĂ©dation. En tant qu’éditeur, notre mĂ©tier consiste Ă  exploiter des Ɠuvres et leurs dĂ©rivĂ©s, soit on les conserve jalousement, soit on espĂšre que d’autres nous aideront Ă  les exploiter. Laisser la possibilitĂ© Ă  d’autres de refermer la licence ne nous est donc d’aucune aide.

AprĂšs oui, c’est aussi un choix engagĂ©. Si cela ne tenait qu’à moi, la propriĂ©tĂ© intellectuelle serait abolie, c’est selon moi un archaĂŻsme. Mais c’est aussi un choix pragmatique qui permet de me dĂ©marquer des autres Ă©diteurs de SFFF. J’ai Ă©galement l’intime conviction que le monde de l’édition a besoin de se rĂ©inventer pour survivre. La propriĂ©tĂ© intellectuelle ne sert que les grands acteurs qui ont les moyens de le dĂ©fendre. Comme challenger, nous avons tout Ă  gagner de sortir du cadre.

Couverture de À l’orĂ©e de la ville

Vous allez trĂšs loin dans la mise en commun, en proposant une version Ă  imprimer soi-mĂȘme. Pourquoi aller jusque lĂ  ?

Parce que nous nous intĂ©ressons Ă  tous les lecteurs potentiels et que plus de la moitiĂ© des francophones sont en Afrique. Dans cette rĂ©gion du monde, l’accĂšs au livre est compliquĂ© pour des raisons logistiques et Ă  cause du pouvoir d’achat. Le print@home, inspirĂ© par la difficile accessibilitĂ© de nos livres pendant le premier confinement, est un moyen d’offrir un accĂšs imprimĂ© Ă  nos livres pour ces populations. Il sera l’un des formats au cƓur de notre boutique online p2p, La Bookinerie.

Et en rĂ©alitĂ©, si on rĂ©flĂ©chit bien Ă  la dĂ©cision de libĂ©rer une Ɠuvre, le but est de la rendre accessible soi-mĂȘme dans tous les formats pertinents et d’en ĂȘtre la source originelle. C’est ainsi qu’on peut cultiver un public et promouvoir les autres Ɠuvres dans les mĂȘmes formats. La logique commerciale change, je pense. Mais c’est l’expĂ©rience qui permettra d’y rĂ©pondre.

Couverture de La Couronne boréale

Avez-vous un workflow basĂ© sur des outils libres, Ă©galement ? Si oui, envisagez-vous de le partager ?

La boutique online p2p est un projet de logiciel libre. Il sera bien entendu partagĂ© dĂšs qu’il aura une version stable. Nous dĂ©veloppons Ă©galement des romans augmentĂ©s avec le logiciel Ren’Py et nous allons dĂ©velopper des fonctionnalitĂ©s nouvelles Ă  nos frais qui seront partagĂ©es Ă©galement.

En interne, nous utilisons autant que possible Ubuntu et des logiciels libres, mais ce n’est pas trĂšs structurĂ©. J’espĂšre en faire une seconde Ă©tape dans le projet de libĂ©ration de nos collections et de nos outils. Mais, la prioritĂ© est dĂ©jĂ  de mener Ă  bien la premiĂšre Ă©tape et survivre. Mais il est Ă©vident que tout ce que nous dĂ©velopperons de solide sera partagĂ© : contrats, logiciels, procĂ©dures, etc.

Parmi les auteurices impliquĂ©s, on retrouve des personnes comme Aquilegia Nox, Thierry Crouzet ou Ploum que tu as citĂ©s et qui avaient dĂ©jĂ  rĂ©flĂ©chi aux licences libres. Comment se sont dĂ©roulĂ©s les Ă©changes avec celleux qui dĂ©couvraient ? Quelles Ă©taient leurs plus grandes interrogations, leurs plus grandes craintes ?

Effectivement, Thierry, Ploum et Aquilegia Nox sont des vĂ©tĂ©rans dans le domaine. Il n’y a pas eu besoin de beaucoup d’efforts pour les convaincre. Mais, pour les autres auteurs·rices, ça a Ă©tĂ© finalement assez facile aussi. Ils nous font confiance. Il y a deux questions qui reviennent souvent : Qu’est-ce que ça change ? Ben pas grand chose en rĂ©alitĂ©. Dans un contrat d’édition classique, l’auteur cĂšde tous les droits (Ă  l’exception des droits moraux inaliĂ©nables) Ă  l’éditeur. Ils perdent de facto le contrĂŽle de leur Ɠuvre et ses adaptations, Ă  discrĂ©tion de leur Ă©diteur. L’édition sous licence libre leur redonne en partie ce droit. En gros, avant ils perdaient le contrĂŽle de leur Ɠuvre et ses adaptations, maintenant ils perdent toujours le contrĂŽle mais ils rĂ©cupĂšrent le droit de se rĂ©approprier l’Ɠuvre sans l’accord de l’éditeur. C’est donc une amĂ©lioration.

La seconde question concerne les dĂ©tournements immoraux de l’Ɠuvre. Sur ce point, je leur dis qu’ils conservent le droit moral pour s’opposer Ă  des utilisations scandaleuses. Mais je les prĂ©viens surtout que dans les faits, c’est trĂšs compliquĂ© d’empĂȘcher des adaptations scandaleuses. MĂȘme Disney n’arrive pas Ă  les empĂȘcher
 Il faut surtout dĂ©dramatiser et Ă©viter l’effet Streisand.

Couverture de Printeurs

Avez-vous des espoirs, des attentes, sur ce qui pourrait advenir des Ɠuvres ainsi libĂ©rĂ©es ? Parmi les auteurices, en connaissez-vous qui souhaitent profiter de cette opportunitĂ© pour enrichir, dĂ©velopper leur travail originel ?

Je n’ai pas vraiment d’attente car je ne veux pas ĂȘtre déçu. Je pense que la plupart des dĂ©veloppements ou adaptations des Ɠuvres libĂ©rĂ©es viendront des impulsions de PVH Ă©ditions ou des auteur·rices. L’approfondissement des Ɠuvres fait partie de notre ligne Ă©ditoriale, on y travaille indĂ©pendamment du type de licence. Nous avons toujours encouragĂ© nos auteurs Ă  le faire et nous sommes toujours ouverts Ă  aider Ă  l’éclosion de projets connexes.

DerniĂšrement, ce n’était pas sur un roman de la collection Ludomire mais sur l’essai La monnaie Ă  pĂ©tales nous avons reçu la contribution d’une interprĂ©tation audio du texte. Nous avons ouvert la licence de ce livre audio en CC BY-SA et il sera diffusĂ© sur la chaĂźne youtube de l’interprĂšte. Ce serait gĂ©nial d’avoir de telles initiatives pour la collection Ludomire et j’espĂšre qu’on pourra s’y associer de la mĂȘme maniĂšre.

Mais mon expĂ©rience et mon instinct me disent que des initiatives personnelles externes sont rares, je pense qu’il faut surtout chercher Ă  dĂ©velopper un rĂ©seau professionnel et un corpus libre commun, oĂč tout le rĂ©seau peut piocher dedans pour dĂ©velopper ses propres projets. Je me dis que c’est ainsi que le copyleft pourra peut-ĂȘtre rĂ©vĂ©ler tout son potentiel.

Couverture de Hoc est corpus

Comme souvent dans nos interviews, avez-vous envie de rĂ©pondre Ă  une question qui ne vous a pas Ă©tĂ© posĂ©e ? Vous pouvez le faire en conclusion.

On a parlĂ© de beaucoup de licence, de projets mais nous n’avons pas parlĂ© des livres. Et la premiĂšre source de fiertĂ© dans cette collection Ludomire n’est pas sa licence mais sa qualitĂ© littĂ©raire. Et comme vous m’en donnez l’occasion, je vais vous la prĂ©senter.

Le coffret Les Chroniques des Regards perdus, de Pascal Lovis, est une sĂ©rie d’heroic fantasy. Best-seller suisse, il s’agit de deux romans et une nouvelle qui sĂ©duiront les lecteurs qui aiment l’aventure et des fils narratifs entrecroisĂ©s. Pour les amateurs de fantasy, c’est une valeur sure.
Le mĂȘme auteur a Ă©crit Ă©galement le diptyque Terre hantĂ©e. Il s’agit d’une Ɠuvre de science-fiction tirant ses inspirations de films oĂč la rĂ©alitĂ© ne semble pas ĂȘtre ce qu’elle est tel que The Truman Show et Matrix. Une plume efficace et expĂ©rimentĂ©e.

Le roman Printeurs et le recueil de nouvelles Le stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetĂ©s que nous rĂ©serve le futur sont les Ɠuvres du libriste et blogueur Ploum, Lionel Dricot. Il s’agit d’Ɠuvres engagĂ©es qui aborde avec un humour parfois grinçant, parfois absurde les travers de nos sociĂ©tĂ©s consumĂ©ristes basĂ©es sur le capitalisme de surveillance. Allez-y les yeux fermĂ©s, vous allez passer un bon moment !

Le coffret ONE MINUTE de Thierry Crouzet est sans doute l’opus le plus extraordinaire de la collection. Ouvrage de science-fiction inclassable, il dĂ©crit la minute la plus cruciale de l’humanitĂ© du point de vue de 380 personnes diffĂ©rentes Ă  travers le monde. Comme un tableau impressionniste, chaque trĂšs court chapitre reprĂ©sente un point dans une fresque qui se rĂ©vĂšle au fur et Ă  mesure que l’on tourne les pages. Il y aborde et combine de maniĂšre surprenante des thĂ©matiques classiques de la SF, tel que le premier contact extraterrestre, la singularitĂ© informatique, l’hyperconnexion et le rapport de l’humanitĂ© avec la nature. Cette sĂ©rie est une expĂ©rience de lecture unique.

La sĂ©rie AdjaĂŻ aux mille visages, d’Aquilegia Nox, prĂ©sente la vie chaotique et aventureuse d’un changelin dans le roman Ceux qui changent. Avec naturel, il aborde des questions de transidentitĂ©, de tolĂ©rance et de rapport au corps, tout en proposant un parcours de vie pleine de rebondissement et d’intrigues. Dans le recueil de nouvelles Ceux qui viennent, l’autrice approfondit son univers en y prĂ©sentant d’autres lieux, d’autres cultures et d’autres personnages au destin exceptionnel. Une exploration bouleversante.

D’autres livres sortiront en mars et mai, tel qu’Hoc est corpus, roman historique fantastique pendant les croisades au royaume de JĂ©rusalem, ou La couronne borĂ©ale, aventure littĂ©raire et loufoque d’une bande d’archĂ©ologues Ă  la recherche d’un artefact lĂ©gendaire (ils n’ont pas de fouet, mais il y a un chat).

Vous pourriez bien dĂ©couvrir nos livres chez votre libraire et, si ce n’est pas le cas, il pourra vous les commander. Ils sont Ă©galement en vente en e-book et en papier sur notre site.

Et promis, on vous tiendra au courant de nos projets liĂ©s Ă  l’art et le logiciel libres.

Pour aller plus loin

DĂ©mystifier les conneries sur l’IA – Une interview

Par : Goofy
22 février 2023 à 16:54

Cet article a Ă©tĂ© publiĂ© Ă  l’origine par THE MARKUP, il a Ă©tĂ© traduit et republiĂ© selon les termes de la licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives
Publication originale sur le site themarkup.org

DĂ©mystifier le buzz autour de l’IA

Un entretien avec Arvind Narayanan

par JULIA ANGWIN
Si vous avez parcouru tout le battage mĂ©diatique sur ChatGPT le dernier robot conversationnel qui repose sur l’intelligence artificielle, vous pouvez avoir quelque raison de croire que la fin du monde est proche.

Le chat « intelligent Â» de l’IA a enflammĂ© l’imagination du public pour sa capacitĂ© Ă  gĂ©nĂ©rer instantanĂ©ment des poĂšmes, des essais, sa capacitĂ© Ă  imiter divers styles d’écrits, et Ă  rĂ©ussir Ă  des examens d’écoles de droit et de commerce.

Les enseignants s’inquiĂštent de la tricherie possible de leurs Ă©tudiants (des Ă©coles publiques de New York City l’ont dĂ©jĂ  interdit). Les rĂ©dacteurs se demandent si cela ne va pas faire disparaĂźtre leur travail (BuzzFeed et CNET ont dĂ©jĂ  utilisĂ© l’IA pour crĂ©er des contenus). Le journal The Atlantic a dĂ©clarĂ© que cela pourrait « dĂ©stabiliser les professions de cadres supĂ©rieurs Â». L’investisseur en capital-risque Paul Kedrosky l’a qualifiĂ© de « bombe nuclĂ©aire de poche Â» et blĂąmĂ© ses concepteurs pour l’avoir lancĂ© dans une sociĂ©tĂ© qui n’y est pas prĂȘte.

MĂȘme le PDG de l’entreprise qui a lancĂ© ChatGPT, Sam Altman, a dĂ©clarĂ© aux mĂ©dias que le pire scĂ©nario pour l’IA pourrait signifier « notre extinction finale Â».

Cependant pour d’autres ce buzz est dĂ©mesurĂ©. Le principal scientifique chargĂ© de l’IA chez Meta’s AI, Yann LeCun, a dĂ©clarĂ© Ă  des journalistes que ChatGPT n’a « rien de rĂ©volutionnaire Â». Le professeur de langage informatique de l’universitĂ© de Washington Emily Bender prĂ©cise que « la croyance en un programme informatique omniscient vient de la science-fiction et devrait y rester Â».

Alors, jusqu’à quel point devrions-nous nous inquiĂ©ter ? Pour recueillir un avis autorisĂ©, je me suis adressĂ©e au professeur d’informatique de Princeton Arvind Narayanan, qui est en train de co-rĂ©diger un livre sur « Le charlatanisme de l’IA Â». En 2019, Narayanan a fait une confĂ©rence au MIT intitulĂ©e « Comment identifier le charlatanisme del’IA Â» qui exposait une classification des IA en fonction de leur validitĂ© ou non. À sa grande surprise, son obscure confĂ©rence universitaire est devenue virale, et ses diapos ont Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©es plusieurs dizaines de milliers de fois ; ses messages sur twitter qui ont suivi ont reçu plus de deux millions de vues.

Narayanan s’est alors associĂ© Ă  l’un de ses Ă©tudiants, Sayash Kapoor, pour dĂ©velopper dans un livre la classification des IA. L’annĂ©e derniĂšre, leur duo a publiĂ© une liste de 18 piĂšges courants dans lesquels tombent rĂ©guliĂšrement les journalistes qui couvrent le sujet des IA. Presque en haut de la liste : « illustrer des articles sur l’IA avec de chouettes images de robots Â». La raison : donner une image anthropomorphique des IA implique de façon fallacieuse qu’elles ont le potentiel d’agir dans le monde rĂ©el.

Narayanan est Ă©galement le co-auteur d’un manuel sur l’équitĂ© et l’apprentissage machine et dirige le projet Web Transparency and Accountability de l’universitĂ© de Princeton pour contrĂŽler comment les entreprises collectent et utilisent les informations personnelles. Il a reçu de la Maison-Blanche le Presidential Early Career Award for Scientists and Engineers [N. de T. : une distinction honorifique pour les scientifiques et ingĂ©nieurs qui entament brillamment leur carriĂšre].

Voici notre échange, édité par souci de clarté et briÚveté.

Angwin : vous avez qualifiĂ© ChatGPT de « gĂ©nĂ©rateur de conneries Â». Pouvez-vous expliquer ce que vous voulez dire ?

Narayanan : Sayash Kapoor et moi-mĂȘme l’appelons gĂ©nĂ©rateur de conneries et nous ne sommes pas les seuls Ă  le qualifier ainsi. Pas au sens strict mais dans un sens prĂ©cis. Ce que nous voulons dire, c’est qu’il est entraĂźnĂ© pour produire du texte vraisemblable. Il est trĂšs bon pour ĂȘtre persuasif, mais n’est pas entraĂźnĂ© pour produire des Ă©noncĂ©s vrais ; s’il gĂ©nĂšre souvent des Ă©noncĂ©s vrais, c’est un effet collatĂ©ral du fait qu’il doit ĂȘtre plausible et persuasif, mais ce n’est pas son but.

Cela rejoint vraiment ce que le philosophe Harry Frankfurt a appelĂ© du bullshit, c’est-Ă -dire du langage qui a pour objet de persuader sans Ă©gards pour le critĂšre de vĂ©ritĂ©. Ceux qui dĂ©bitent du bullshit se moquent de savoir si ce qu’ils disent est vrai ; ils ont en tĂȘte certains objectifs. Tant qu’ils persuadent, ces objectifs sont atteints. Et en effet, c’est ce que fait ChatGPT. Il tente de persuader, et n’a aucun moyen de savoir Ă  coup sĂ»r si ses Ă©noncĂ©s sont vrais ou non.

Angwin : Qu’est-ce qui vous inquiĂšte le plus avec ChatGPT ?

Narayanan : il existe des cas trĂšs clairs et dangereux de mĂ©sinformation dont nous devons nous inquiĂ©ter. Par exemple si des personnes l’utilisent comme outil d’apprentissage et accidentellement apprennent des informations erronĂ©es, ou si des Ă©tudiants rĂ©digent des essais en utilisant ChatGPT quand ils ont un devoir maison Ă  faire. J’ai appris rĂ©cemment que le CNET a depuis plusieurs mois maintenant utilisĂ© des outils d’IA gĂ©nĂ©rative pour Ă©crire des articles. MĂȘme s’ils prĂ©tendent que des Ă©diteurs humains ont vĂ©rifiĂ© rigoureusement les affirmations de ces textes, il est apparu que ce n’était pas le cas. Le CNET a publiĂ© des articles Ă©crits par une IA sans en informer correctement, c’est le cas pour 75 articles, et plusieurs d’entre eux se sont avĂ©rĂ©s contenir des erreurs qu’un rĂ©dacteur humain n’aurait trĂšs probablement jamais commises. Ce n’était pas dans une mauvaise intention, mais c’est le genre de danger dont nous devons nous prĂ©occuper davantage quand des personnes se tournent vers l’IA en raison des contraintes pratiques qu’elles affrontent. Ajoutez Ă  cela le fait que l’outil ne dispose pas d’une notion claire de la vĂ©ritĂ©, et vous avez la recette du dĂ©sastre.

Angwin : Vous avez dĂ©veloppĂ© une classification des l’IA dans laquelle vous dĂ©crivez diffĂ©rents types de technologies qui rĂ©pondent au terme gĂ©nĂ©rique de « IA Â». Pouvez-vous nous dire oĂč se situe ChatGPT dans cette taxonomie ?

Narayanan : ChatGPT appartient Ă  la catĂ©gorie des IA gĂ©nĂ©ratives. Au plan technologique, elle est assez comparable aux modĂšles de conversion de texte en image, comme DALL-E [qui crĂ©e des images en fonction des instructions textuelles d’un utilisateur]. Ils sont liĂ©s aux IA utilisĂ©es pour les tĂąches de perception. Ce type d’IA utilise ce que l’on appelle des modĂšles d’apprentissage profond. Il y a environ dix ans, les technologies d’identification par ordinateur ont commencĂ© Ă  devenir performantes pour distinguer un chat d’un chien, ce que les humains peuvent faire trĂšs facilement.

Ce qui a changĂ© au cours des cinq derniĂšres annĂ©es, c’est que, grĂące Ă  une nouvelle technologie qu’on appelle des transformateurs et Ă  d’autres technologies associĂ©es, les ordinateurs sont devenus capables d’inverser la tĂąche de perception qui consiste Ă  distinguer un chat ou un chien. Cela signifie qu’à partir d’un texte, ils peuvent gĂ©nĂ©rer une image crĂ©dible d’un chat ou d’un chien, ou mĂȘme des choses fantaisistes comme un astronaute Ă  cheval. La mĂȘme chose se produit avec le texte : non seulement ces modĂšles prennent un fragment de texte et le classent, mais, en fonction d’une demande, ces modĂšles peuvent essentiellement effectuer une classification Ă  l’envers et produire le texte plausible qui pourrait correspondre Ă  la catĂ©gorie donnĂ©e.

Angwin : une autre catĂ©gorie d’IA dont vous parlez est celle qui prĂ©tend Ă©tablir des jugements automatiques. Pouvez-vous nous dire ce que ça implique ?

Narayanan : je pense que le meilleur exemple d’automatisation du jugement est celui de la modĂ©ration des contenus sur les mĂ©dias sociaux. Elle est nettement imparfaite ; il y a eu Ă©normĂ©ment d’échecs notables de la modĂ©ration des contenus, dont beaucoup ont eu des consĂ©quences mortelles. Les mĂ©dias sociaux ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour inciter Ă  la violence, voire Ă  la violence gĂ©nocidaire dans de nombreuses rĂ©gions du monde, notamment au Myanmar, au Sri Lanka et en Éthiopie. Il s’agissait dans tous les cas d’échecs de la modĂ©ration des contenus, y compris de la modĂ©ration du contenu par l’IA.

Toutefois les choses s’amĂ©liorent. Il est possible, du moins jusqu’à un certain point, de s’emparer du travail des modĂ©rateurs de contenus humains et d’entraĂźner des modĂšles Ă  repĂ©rer dans une image de la nuditĂ© ou du discours de haine. Il existera toujours des limitations intrinsĂšques, mais la modĂ©ration de contenu est un boulot horrible. C’est un travail traumatisant oĂč l’on doit regarder en continu des images atroces, de dĂ©capitations ou autres horreurs. Si l’IA peut rĂ©duire la part du travail humain, c’est une bonne chose.

Je pense que certains aspects du processus de modĂ©ration des contenus ne devraient pas ĂȘtre automatisĂ©s. DĂ©finir oĂč passe la frontiĂšre entre ce qui est acceptable et ce qui est inacceptable est chronophage. C’est trĂšs compliquĂ©. Ça demande d’impliquer la sociĂ©tĂ© civile. C’est constamment mouvant et propre Ă  chaque culture. Et il faut le faire pour tous les types possibles de discours. C’est Ă  cause de tout cela que l’IA n’a pas de rĂŽle Ă  y jouer.

Angwin : vous dĂ©crivez une autre catĂ©gorie d’IA qui vise Ă  prĂ©dire les Ă©vĂ©nements sociaux. Vous ĂȘtes sceptique sur les capacitĂ©s de ce genre d’IA. Pourquoi ?

Narayanan : c’est le genre d’IA avec laquelle les dĂ©cisionnaires prĂ©disent ce que pourraient faire certaines personnes Ă  l’avenir, et qu’ils utilisent pour prendre des dĂ©cisions les concernant, le plus souvent pour exclure certaines possibilitĂ©s. On l’utilise pour la sĂ©lection Ă  l’embauche, c’est aussi cĂ©lĂšbre pour le pronostic de risque de dĂ©linquance. C’est aussi utilisĂ© dans des contextes oĂč l’intention est d’aider des personnes. Par exemple, quelqu’un risque de dĂ©crocher de ses Ă©tudes ; intervenons pour suggĂ©rer un changement de filiĂšre.

Ce que toutes ces pratiques ont en commun, ce sont des prĂ©dictions statistiques basĂ©es sur des schĂ©mas et des corrĂ©lations grossiĂšres entre les donnĂ©es concernant ce que des personnes pourraient faire. Ces prĂ©dictions sont ensuite utilisĂ©es dans une certaine mesure pour prendre des dĂ©cisions Ă  leur sujet et, dans de nombreux cas, leur interdire certaines possibilitĂ©s, limiter leur autonomie et leur ĂŽter la possibilitĂ© de faire leurs preuves et de montrer qu’elles ne sont pas dĂ©finies par des modĂšles statistiques. Il existe de nombreuses raisons fondamentales pour lesquelles nous pourrions considĂ©rer la plupart de ces applications de l’IA comme illĂ©gitimes et moralement inadmissibles.

Lorsqu’on intervient sur la base d’une prĂ©diction, on doit se demander : « Est-ce la meilleure dĂ©cision que nous puissions prendre ? Ou bien la meilleure dĂ©cision ne serait-elle pas celle qui ne correspond pas du tout Ă  une prĂ©diction ? Â» Par exemple, dans le scĂ©nario de prĂ©diction du risque de dĂ©linquance, la dĂ©cision que nous prenons sur la base des prĂ©dictions est de refuser la mise en libertĂ© sous caution ou la libĂ©ration conditionnelle, mais si nous sortons du cadre prĂ©dictif, nous pourrions nous demander : « Quelle est la meilleure façon de rĂ©habiliter cette personne au sein de la sociĂ©tĂ© et de diminuer les risques qu’elle ne commette un autre dĂ©lit ? Â» Ce qui ouvre la possibilitĂ© d’un ensemble beaucoup plus large d’interventions.

Angwin : certains s’alarment en prĂ©tendant que ChatGPT conduit Ă  “l’apocalypse,” pourrait supprimer des emplois et entraĂźner une dĂ©valorisation des connaissances. Qu’en pensez-vous ?

Narayanan : Admettons que certaines des prĂ©dictions les plus folles concernant ChatGPT se rĂ©alisent et qu’il permette d’automatiser des secteurs entiers de l’emploi. Par analogie, pensez aux dĂ©veloppements informatiques les plus importants de ces derniĂšres dĂ©cennies, comme l’internet et les smartphones. Ils ont remodelĂ© des industries entiĂšres, mais nous avons appris Ă  vivre avec. Certains emplois sont devenus plus efficaces. Certains emplois ont Ă©tĂ© automatisĂ©s, ce qui a permis aux gens de se recycler ou de changer de carriĂšre. Il y a des effets douloureux de ces technologies, mais nous apprenons Ă  les rĂ©guler.

MĂȘme pour quelque chose d’aussi impactant que l’internet, les moteurs de recherche ou les smartphones, on a pu trouver une adaptation, en maximisant les bĂ©nĂ©fices et minimisant les risques, plutĂŽt qu’une rĂ©volution. Je ne pense pas que les grands modĂšles de langage soient mĂȘme Ă  la hauteur. Il peut y avoir de soudains changements massifs, des avantages et des risques dans de nombreux secteurs industriels, mais je ne vois pas de scĂ©nario catastrophe dans lequel le ciel nous tomberait sur la tĂȘte.

Comme toujours, merci de votre attention.

À bientît,
Julia Angwin
The Markup

On peut s’abonner ici Ă  la lettre hebdomadaire (en anglais) du magazine The Markup, envoyĂ©e le samedi.

Contra Chrome : une BD dĂ©capante maintenant en version française

Par : Goofy
8 septembre 2022 Ă  06:25

Il y a loin de la promotion du navigateur Chrome Ă  ses dĂ©buts, un outil cool au service des internautes, au constat de ce qu’il est devenu, une plateforme de prĂ©dation de Google, c’est ce que permet de mesurer la bande dessinĂ©e de Leah,

Contra Chrome est un vĂ©ritable remix de la BD promotionnelle originale (lien vers le document sur google.com) que Leah Elliott s’est Ă©vertuĂ©e Ă  dĂ©tourner pour exposer la vĂ©ritable nature de ce navigateur qui a conquis une hĂ©gĂ©monie au point d’imposer ses rĂšgles au Web.

Nous avons trouvé malicieux et assez efficace son travail qui a consisté à conserver les images en leur donnant par de nouveaux textes un sens satirique et pédagogique pour démontrer la toxicité de Google Chrome.

La traduction qui est aujourd’hui disponible a Ă©tĂ© effectuĂ©e par les bĂ©nĂ©voles de Framalang et par Calimero (qui a multipliĂ© sans relĂąche les ultimes rĂ©visions). Voici en mĂȘme temps que l’ouvrage, les rĂ©ponses que Leah a aimablement acceptĂ© de faire Ă  nos questions.

 

Bonjour, peux-tu te présenter briÚvement pour nos lecteurs et lectrices

Je m’appelle Leah et je suis autrice de bandes dessinĂ©es et artiste. J’ai une formation en art et en communication, et je n’ai jamais travaillĂ© dans l’industrie technologique.

Est-ce que tu te considĂšres comme une militante pour la prĂ©servation de la vie privĂ©e ?

Eh bien, le militantisme en matiĂšre de vie privĂ©e peut prendre de nombreuses formes. Parfois, c’est ĂȘtre lanceur d’alerte en fuitant des rĂ©vĂ©lations, parfois c’est une bande dessinĂ©e, ou la simple installation d’une extension de navigateur comme Snowflake, avec laquelle vous pouvez donner aux dissidents des États totalitaires un accĂšs anonyme Ă  un internet non censurĂ©.

Dans ce dernier sens, j’espĂšre avoir Ă©tĂ© une militante avant de crĂ©er Contra Chrome, et j’espĂšre l’ĂȘtre encore Ă  l’avenir.

Comment t’es venue l’idĂ©e initiale de rĂ©aliser Contra Chrome ?

Ça s’est fait progressivement.

Lorsque la bande dessinĂ©e Chrome de Scott McCloud est sortie en 2008, je n’avais qu’une trĂšs vague idĂ©e du fonctionnement d’Internet et de la façon dont les entreprises rĂ©coltent et vendent mes donnĂ©es. Je me figurais essentiellement que je pouvais me cacher dans ce vaste chaos. Je pensais qu’ils rĂ©coltaient tellement de donnĂ©es alĂ©atoires dans le monde entier qu’ils ne pouvaient pas espĂ©rer me trouver, moi petite aiguille dans cette botte de foin planĂ©taire.

Et puis les rĂ©vĂ©lations de Snowden ont Ă©clatĂ©, et il a dit : « Ne vous y trompez pas Â», en dĂ©voilant tous les ignobles programmes de surveillance de masse. C’est alors que j’ai compris qu’ils ne se contenteraient pas de moissonner le foin, mais aussi des aiguilles.

Depuis, j’ai essayĂ© de m’éduquer et d’adopter de meilleurs outils, dĂ©couvrant au passage des logiciels libres et open source respectueux de la vie privĂ©e, dont certains des excellents services proposĂ©s par Framasoft.

Lorsque j’ai retrouvĂ© la bande dessinĂ©e de McCloud quelque temps aprĂšs les rĂ©vĂ©lations de Snowden, j’ai soudain rĂ©alisĂ© qu’il s’agissait d’un vĂ©ritable trĂ©sor, il ne manquait que quelques pages


Qu’est-ce qui t’a motivĂ©e, Ă  partir de ce moment ?

L’indignation, principalement, et le besoin de faire quelque chose contre un statu quo scandaleux. Il y a un dĂ©calage tellement affreux entre la sociĂ©tĂ© que nous nous efforçons d’ĂȘtre, fondĂ©e sur des valeurs et les droits de l’homme, et les Ă©normes structures d’entreprises barbares comme Google, qui rĂ©coltent agressivement des masses gigantesques de donnĂ©es personnelles sans jamais se soucier d’obtenir le consentement Ă©clairĂ© de l’utilisateur, sans aucune conscience de leurs responsabilitĂ©s sur les retombĂ©es individuelles ou sociĂ©tales, et sans aucun Ă©gard pour les consĂ©quences que cela a sur le processus dĂ©mocratique lui-mĂȘme.

En lisant Shoshana Zuboff, j’ai vu comment ce viol massif de donnĂ©es touche Ă  la racine de la libertĂ© personnelle de chacun de se forger sa propre opinion politique, et comment il renforce ainsi les rĂ©gimes et les modes de pensĂ©e autoritaires.

Trop de gens n’ont aucune idĂ©e de ce qui est activĂ© en continu 24 heures sur 24 au sein de leur propre maisons intelligente et sur les tĂ©lĂ©phones de leurs enfants, et je voulais contribuer Ă  changer ça.

Certains aspects de la surveillance via le navigateur Chrome sont faciles Ă  deviner, cependant ta BD va plus en profondeur et rĂ©vĂšle la chronologie qui va des promesses rassurantes du lancement Ă  la situation actuelle qui les trahit. Est-ce que tu as bĂ©nĂ©ficiĂ© d’aide de la part de la communautĂ© des dĂ©fenseurs de la vie privĂ©e sur certains aspects ou bien as-tu menĂ© seule ton enquĂȘte ?

Comme on peut le voir dans les nombreuses annotations Ă  la fin de la bande dessinĂ©e, il s’agit d’un Ă©norme effort collectif. En fin de compte, je n’ai fait que rassembler et organiser les conclusions de tous ces militants, chercheurs et journalistes. J’ai Ă©galement rencontrĂ© certains d’entre eux en personne, notamment des experts reconnus qui ont menĂ© des recherches universitaires sur Google pendant de nombreuses annĂ©es. Je leur suis trĂšs reconnaissante du temps qu’ils ont consacrĂ© Ă  ma bande dessinĂ©e, qui n’aurait jamais existĂ© sans cette communautĂ© dynamique.

Pourquoi avoir choisi un « remix Â» ou plutĂŽt un dĂ©tournement de la BD promotionnelle, plutĂŽt que de crĂ©er une bande dessinĂ©e personnelle avec les mĂȘmes objectifs ?

En relisant la BD pro-Google de McCloud, j’ai constatĂ© que, comme dans toute bonne bande dessinĂ©e, les images et le texte ne racontaient pas exactement la mĂȘme histoire. Alors que le texte vantait les fonctionnalitĂ©s du navigateur comme un bonimenteur sur le marchĂ©, certaines images me murmuraient Ă  l’oreille qu’il existait un monde derriĂšre la fenĂȘtre du navigateur, oĂč le contenu du cerveau des utilisateurs Ă©tait transfĂ©rĂ© dans d’immenses nuages, leur comportement analysĂ© par des rouages inquiĂ©tants tandis que des Ă©trangers les observaient Ă  travers un miroir sans tain.

Pour rendre ces murmures plus audibles, il me suffisait de rĂ©arranger certaines cases et bulles, un peu comme un puzzle Ă  piĂšces mobiles. Lorsque les Ă©lĂ©ments se sont finalement mis en place un jour, ils se sont mis Ă  parler d’une voix trĂšs claire et concise, et ont rĂ©vĂ©lĂ© beaucoup plus de choses sur Chrome que l’original.

Lawrence Lessig a expliquĂ© un jour que, tout comme les essais critiques commentent les textes qu’ils citent, les Ɠuvres de remixage commentent le matĂ©riel qu’elles utilisent. Dans mon cas, la BD originale de Chrome expliquait prĂ©tendument le fonctionnement de Chrome, et j’ai transformĂ© ce matĂ©riel en une BD qui rend compte de son vĂ©ritable fonctionnement.

Est-ce que tu as enregistrĂ© des rĂ©actions du cĂŽtĂ© de l’équipe de dĂ©veloppement de Chrome ? Ou du cĂŽtĂ© de Scott Mc Cloud, l’auteur de la BD originale ?

Non, c’est le silence radio. Du cĂŽtĂ© de l’entreprise, il semble qu’il y ait eu quelques opĂ©rations de nettoyage Ă  la Voldemort : Des employĂ©s de Google sur Reddit et Twitter, se sont conseillĂ© mutuellement de ne pas crĂ©er de liens vers le site, de ne pas y rĂ©agir dans les fils de discussion publics, exigeant mĂȘme parfois que les tweets contenant des images soient retirĂ©s.

Quant Ă  Scott, rien non plus jusqu’à prĂ©sent, et j’ai la mĂȘme curiositĂ© que vous.

Ton travail a suscitĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt dans diverses communautĂ©s, de sorte que les traductions plusieurs langues sont maintenant disponibles (anglais, allemand, français et d’autres Ă  venir
). Tu t’attendais Ă  un tel succĂšs ?

Absolument pas. Le jour oĂč je l’ai mis en ligne, il n’y a eu aucune rĂ©action de qui que ce soit, et je me souviens avoir pensĂ© : « bah, tu t’attendais Ă  quoi d’autre, de toutes façons ? Â». Je n’aurais jamais imaginĂ© le raz-de-marĂ©e qui a suivi. Tant de personnes proposant des traductions, qui s’organisaient, tissaient des liens. Et tous ces messages de remerciement et de soutien, certaines personnes discutent de ma BD dans les Ă©coles et les universitĂ©s, d’autres l’impriment et la placent dans des espaces publics. Ça fait vraiment plaisir de voir tout ça.

Il y a une sorte de rĂ©confort Ă©trange dans le fait que tant d’ĂȘtres humains diffĂ©rents, de tous horizons et de tous les coins de la planĂšte, partagent ma tristesse et mon horreur face au systĂšme du capitalisme de surveillance. Cette tristesse collective ne devrait pas me rendre heureuse, et pourtant elle me donne le courage de penser Ă  un avenir trĂšs diffĂ©rent.

Quel navigateur utilises-tu au lieu de Chrome ? Lequel recommanderais-tu aux webnautes soucieux de prĂ©server leur vie privĂ©e ?

Je suis peut-ĂȘtre allĂ©e un peu loin dĂ©sormais, mais je pratique ce que je prĂȘche dans la BD : pour 95 % de ma navigation, j’utilise simplement le navigateur Tor. Et lorsque Tor est bloquĂ© ou lorsqu’une page ne fonctionne pas correctement, j’utilise Firefox avec quelques modifications et extensions pour amĂ©liorer la confidentialitĂ©.

Donc gĂ©nĂ©ralement, que je cherche des recettes de muffins, que je vĂ©rifie la mĂ©tĂ©o ou que je lise les nouvelles, c’est toujours avec Tor. Parce que j’ai l’impression que le navigateur Tor ne peut prendre toute sa valeur que si suffisamment de personnes l’utilisent en mĂȘme temps, pour qu’un brouillard suffisamment grand de non-sens triviaux entoure et protĂšge les personnes vulnĂ©rables dont la sĂ©curitĂ© dĂ©pend actuellement de son utilisation.

Pour moi, c’est donc une sorte de devoir civique en tant que citoyenne de la Terre. De plus, je peux parcourir mes recettes de muffins en ayant la certitude qu’il ne s’agit que d’un navigateur et non d’un miroir sans tain.

Merci Leah et Ă  bientĂŽt peut-ĂȘtre !


Cliquez sur l’image ci-dessous pour accĂ©der Ă  la version française de Contra chrome

 

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